Atelier Doré

Attention : cet article traite d’agression sexuelle et peut heurter les personnes sensibles à ce sujet.

On me dit de me calmer.

On me dit qu’on ne me parlera pas tant que je ne serai pas calmée.

On me demande pourquoi je hurle.

On me demande pourquoi je suis si fâchée.

On me dit qu’on ne peut pas me prendre au sérieux, à cause de ma colère.

Je suis une survivante d’agression sexuelle.

J’ai été harcelée sexuellement au cours de ma vie, par des étrangers comme par des connaissances.

Dans des bars bondés, en plein jour, dans des coins sombres.

Par des hommes comme Donald Trump qui ont pensé que mon corps était à leur disposition pour l’attraper.

Par des hommes comme Brock Turner, dont je n’ai pas osé ruiner la vie après qu’ils ont détruit la mienne.

Par des hommes comme Brett Kavanaugh, qui se sont réveillés sobres, sans aucun souvenir et donc sans reproches.

Quand est-ce que leur genre et leur race arrêteront de les protéger ?

Quand considérera-t-on que ma vie vaut autant que la leur ?

Quand arrêterons-nous de chanter leurs louanges ?

J’ai rempli des rapports de police et j’ai intériorisé ma honte.

Je traverse la rue pour marcher dans la lumière, je demande à mes copines de m’envoyer un texto quand elles sont rentrées.

Je suis furieuse, putain, parce que nous n’avons rien demandé de tout ça.

Je hurle, putain, parce que j’ai encore l’impression qu’on ne m’entend pas.

Je hurle parce que Dr. Christine Blasey Ford n’en a pas le droit.

Il faut qu’on la perçoive comme cette “femme gentille”, comme l’a décrite le sénateur Lindsey Graham.

Mais Brett Kavanaugh a le droit de hurler.

Il a le droit de couper la parole.

Il a le droit d’être en colère.

Et bientôt, il aura le droit de contrôler mon corps.

Leurs pieds vont s’enfoncer encore un peu plus dans nos nuques.

Je ne m’excuserai pas de ma colère, parce que j’étouffe.

Je ne m’excuserai pas pour ma voix qui vous rend mal à l’aise, parce que je suis celle qui a le droit d’être en colère.
Au contraire, je vous demande, où est votre colère ? Bien au chaud derrière vos privilèges ?