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In Her Words: Christine Muhlke on Tea and Belonging

5 years ago by

Comment est-ce possible qu’une de mes traditions de fin d’année préférées ait commencé comme une blague ? Voilà le contexte : il y a longtemps, en 2001, j’ai écrit un essai pour le magazine pour hommes Details sur la brutalité des femmes entre elles (c’est-à-dire, sur moi). A l’époque, je n’avais quasiment que des amis masculins et au travail, je venais juste de sortir d’un méchant bizutage dirigé par une femme qui m’avait mise à terre. J’étais en plein divorce, mon cher cousin venait de mourir dans les attaques du World Trade Center et j’avais quitté mon travail. J’étais à la recherche à la fois de réconfort et de distraction.

Je me suis donc naturellement lancée dans une crise de pâtisserie frénétique. J’étais tombée amoureuse du nouveau livre de cuisine de la révolutionnaire chef pâtissière Claudia Fleming, The Last Course. (N’essayez pas de le chercher sur Amazon, il n’est plus disponible et les rares exemplaires atteignent quelques centaines de dollars.) J’avais aussi marqué quelques recettes de soirées dans le numéro de Food & Wine de décembre. J’ai annoncé à l’homme que je voyais : “Je vais organiser une “Tea party” au féminin !” “Une Tea party au féminin ?” Il s’est étranglé de rire. “Et combien de femmes est-ce que tu connais ?”

Et voilà la blague : je n’avais pas de groupe d’amies femmes. Voilà le ressort de la blague, ça et l’idée d’être une “lady” qui avait une “tea party”. Mais plus qu’une plaisanterie avec quelques amuse-bouches et des petits soufflés au fromage (mais qu’est-ce que je pensais ?), je voulais prouver que je connaissais plus de femmes que je ne le pensais et que, peut-être, elles m’aimaient bien.

Je me suis perdue dans les joies des listes, de façon temporaire. Elaborer un menu était facile. Noter les différents plats de service dont j’aurais besoin était étonnamment apaisant. En revanche, je me suis heurtée à un mur en faisant la liste des invitées. Julia, Angela, Christine, Lisa… Non, Lisa a déménagé à S.F. Susanna ? Elle était à L.A. Hum. Lynn ! Jessica ? Oui ! Elle avait édité mon article et nous avions sympathisé sur notre isolation mutuelle par rapport à notre propre genre. Je crois que j’ai envoyé dix invitations.

Par un dimanche de décembre ensoleillé, 30 minutes avant l’heure d’arrivée des sept invitées qui avaient répondu présent, j’ai regardé fièrement la table que j’avais dressée. C’était la première fois que j’avais besoin d’utiliser la rallonge de la table en verre d’inspiration Wallpaper* achetée avec mon ex. J’avais mis sur la rallonge le service à thé des années 60 ramené d’Amsterdam l’automne précédent ainsi que les coupes à champagne de ma grand-mère. Je suis allée dans la cuisine pour couper le gravlax mariné dans le thé quand j’ai entendu un gros bruit. La rallonge qui était en équilibre fragile s’était retournée. Tout ce qui était dessus gisait maintenant en morceaux sur le sol. J’ai pleuré un instant puis j’ai appelé Angela qui n’habitait pas loin. En tant qu’organisatrice de soirée expérimentée, j’étais sûre qu’elle aurait quelques verres en plus.

Angela était là avant que je n’ai le temps de me retourner, pour m’aider à nettoyer et à redresser la table. C’est ce que font les amis j’imagine. Même si c’était un peu bizarre au début – les invitées ne se connaissaient pas – l’après-midi a été un succès. Toute la nourriture a été engloutie (et les soufflés ont fonctionné !) et nous sommes restées à parler bien après l’heure de fin indiquée sur l’invitation. De nouvelles amitiés se sont formées et les conversations ont commencé.

Donc je l’ai refait. Et refait. En réalité, il n’y a que l’année juste après la naissance de mon fils où je ne l’ai pas fait – et même là, il a fallu qu’on m’en dissuade. Je ne crois pas être la seule à attendre avec impatience cette Tea party dès que les températures baissent. Je commence à réfléchir à ce que je vais préparer. (Un changement important : alors qu’au début, j’étais tyrannique et voulais tout préparer moi-même, je me suis progressivement détendue pour envoyer les recettes choisies à quelques personnes et maintenant, je demande à tout le monde d’apporter du champagne ou des desserts et je ne prépare que quatre ou cinq choses moi-même). Je note la liste des nouvelles amies avec qui je me sens suffisamment à l’aise pour les inviter chez moi et je m’autorise brièvement à être bitchy et à ne pas inviter d’anciennes invitées qui ne sont pas restées en contact dans l’année. Après tout : pour des raisons d’espace, je ne peux inviter que 40 personnes. Mais je pourrais facilement en inviter deux fois plus.

Plusieurs des femmes du groupe originel sont venues à chaque tea party. Certaines ne se voient que ce dimanche et transportent leur thé dans un coin pour discuter pendant des heures. Certaines qui ont déménagé programment leurs visites à N.Y.C en fonction de cette Tea party. De nouvelles amitiés se sont formées, des contacts ont été créés, des verres et encore des verres de champagne (et parfois des tasses de thé) ont été bus. Les bruits de la conversation – et les rires, les gloussements de joie – résonnent comme un concert pour moi. Cela m’emplit de joie et d’un sentiment intangible de réussite que je garde pendant tout l’hiver. Chacune rentre chez soi avec des restes et de nouveaux rendez-vous et contacts dans leur téléphone. Le plus beau compliment, en 2017 ? Tout le monde s’amusait tellement que personne n’a pensé à poster quoi que ce soit sur les réseaux sociaux.

L’année dernière, une amie m’a convaincue d’embaucher une jeune artiste pour m’aider, de sorte que je puisse vraiment participer à ma propre soirée. J’étais stupéfaite et même un peu intimidée de voir mon appartement peuplé de tant de femmes intelligentes, cools et fortes de tous âges. Le tsunami de #metoo commençait juste. Il y avait dans l’appartement une énergie combative mais chaleureuse. C’était vraiment un endroit sûr, comme si les hommes s’étaient eux-mêmes interrompus. “Ok les meufs, nous n’avons que trois heures pour détruire le patriarcat” a lancé mon amie Vanessa, en ne plaisantant qu’à moitié. Les petits groupes se sont formés immédiatement après les bonjours, avec des groupes bourdonnant partout, pas seulement dans mon salon mais aussi sur mon lit, sur le lit de mon fils, dans les couloirs et même dans la salle de bain. La Tea Party venait d’atteindre un nouveau de signification et même, si j’ose le dire, d’importance. Je suis impatiente de voir ce qui va se passer cette année.

En fait, il y a eu un autre mois de décembre sans Tea party. A l’automne 2015, je m’étais séparée de mon deuxième époux et je venais d’emménager dans un nouvel appartement. Mes amies m’ont convaincue de ne pas en organiser puisque cela aurait été trop de travail de préparer l’appartement et que je voulais rester discrète sur ce que je vivais. A la place, mon cercle le plus proche – celles suffisamment proches pour être au courant – est venu un dimanche de décembre où mon fils n’était pas là. Elles ont apporté du champagne, des scones, des petits amuses-bouches, une perceuse et de quoi accrocher des photos, des plantes, des bougies, tout le nécessaire. En quelques heures, elles avaient accroché mes oeuvres d’art, installé une étagère dans la salle de bain, aménagé la chambre de mon fils. Toutes ces tâches qui se seraient accumulées et m’auraient déprimée. En quelques heures à peine, mes amies avaient transformé mon appartement en foyer.

A un moment, après plusieurs toasts émouvants, j’ai levé les yeux et j’ai vu Liz et Lithe en train d’étudier le guide de montage d’un tabouret IKEA. “Voilà à quel point on t’aime”, a dit Liz en riant.

D’une blague à un système de soutien essentiel dans ma vie, je ne considère plus cette Tea party comme une fête. C’est une preuve vibrante des amitiés que j’ai construites avec des femmes incroyables pendant presque deux décennies. Et malgré tout ce que j’ai pu faire dans ma carrière pendant ce temps, elles me semblent beaucoup plus importantes. Et endurantes.

Voilà quelques-unes de mes recettes préférées pour une Tea party au féminin (sans soufflés, c’est promis).
Port-Glazed Walnuts with Stilton
Dorie Greenspan’s World Peace Cookies
Violet Bakery’s Butterscotch Caramel Blondies
Suzanne Goin’s Meyer Lemon Tart

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Christine Muhlke est la créatrice de la newsletter Xtine (inscrivez-vous ici) et éditrice à Bon Appétit. Elle vient juste de sortir un guide des vins écrit en collaboration avec le sommelier du Bernardin.

8 comments

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  • It’s genuinely helpful to see an example of how women build networks. Thank you.

  • Kristin Odijk 26 novembre 2018, 6:37 / Répondre

    This is beautiful! I do this too and there is nothing like the bonding between like-minded souls on these afternoons. The inspiration for my ladies’ afternoon tea was a friend who was a single mum who invited all the women she wanted to see to and didn’t have the chance too to her home on a Friday night. The difference was that she had close male friends who were the waiters. They dressed in black and white and served Champagne etc throughout the night. None of the men that I knew were interested in serving at my gatherings so I ditched that idea and just invited the women that I wanted to have more time to connect with. The list is getting smaller and it feels right. A couple of years ago when I had breast cancer I invited partners and children too – all of the people that cared so much for myself and my family. This year it was my 50th birthday and a friend bought a sabre and taught me how to slice the top off Champagne bottles. That was fun! I’ll be doing this forever. Thank you for reminding me how special these gatherings are.

  • Female friendships are LIFE! So glad you didn’t give up on them after your bad experience with women.

  • This is so amazing. You have me in tears. I love hearing of women supporting women, of friendships growing and lasting a lifetime. Love this!

  • Perhaps the best column of yours I’ve read. Thank you.

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