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How To / Meditate

5 years ago by

Je me sens un peu intimidée au moment d’écrire une introduction pour Susan Piver. Pas parce que c’est le grand méchant loup – plutôt le contraire. Parce que je la respecte et que je l’admire tellement que je ne vois pas comment réussir à la décrire à sa juste valeur en 250 mots. Dans notre podcast Pocket Pardon My French sur la découverte de soi, j’ai parlé de la grande avancée que j’ai faite pendant la retraite, et c’est à Susan que je la dois.

Susan était, techniquement, notre “guide de méditation” pendant la retraite, mais elle était tellement plus que ça. Elle nous guidait non seulement à travers la méditation, mais aussi à travers les émotions qui apparaissaient au grand jour pendant ces méditations. Et elle le faisait avec tant de grâce, d’intégrité et de sagesse que nous avions toute envie qu’elle devienne notre gourou de vie personnelle à la fin de la semaine.

Je voulais partager avec vous le noyau dur de la sagesse de Susan. J’ai donc pris mon téléphone pour lui poser quelques questions sur sa pratique de la méditation et sur la manière dont on peut se lancer pour commencer sa propre pratique de la méditation.

Si après avoir lu ces lignes, vous vous rendez compte que vous avez besoin de Susan dans votre vie – et vous allez vous en rendre compte – vous pouvez la retrouver dans sa communauté de méditation en ligne, The Open Heart Project, sa retraite de 7 jours de méditation dans les Rocheuses, Open Heart, Clear Mind et son dernier livre, The Four Noble Truths of Love.

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Comment et quand as-tu découvert la méditation ?
J’ai découvert la méditation il y a longtemps, il y a presque 25 ans. Et ce n’était pas à la mode à l’époque.

J’avais eu un très grave accident de voiture auquel personne ne pensait que j’allais survivre et la guérison a été très longue. J’avais besoin d’aide pour gérer le traumatisme parce que l’accident m’a transformée en une personne que je ne reconnaissais pas. J’étais en colère, j’étais impatiente et je ne comprenais pas ce qui se passait, je savais simplement que je ne reconnaissais pas mon propre esprit, quand je suis tombée, par un heureux hasard, sur des livres qui parlaient de méditation bouddhiste et de la tradition tibétaine qui m’ont vraiment parlé. J’ai commencé à pratiquer et aujourd’hui encore, je pratique selon l’exacte tradition que j’ai découverte il y a presque 25 ans.

Quels sont les bienfaits que tu as ressentis au début et qui t’ont fait prendre conscience que tu avais besoin d’incorporer davantage cette forme spécifique de méditation à ta vie quotidienne ?
Ces bienfaits sont très intéressants et ils sont plutôt opposés à la manière dont ils sont décrits dans les médias, des gens qui ont l”air “zen” et qui ne souffrent pas vraiment – ce ne sont pas les effets de la méditation que j’ai perçus. J’étais tout aussi bouleversée qu’avant, les choses qui me blessaient avant continuaient à me blesser et les choses qui me donnaient du plaisir continuaient tout autant à m’en donner mais j’avais désormais une impression d’espace autour de moi qui me permettait de choisir la manière dont j’allais répondre. Un peu comme si, au lieu de me faire me sentir en paix en permanence, ça me permettait d’être davantage en contact direct avec l’essence de mes expériences et donc de pouvoir choisir de meilleures réponses, par opposition aux réponses instinctives, aux choses étranges que j’imaginais dans ma tête.

Tu enseignes une forme de méditation avec les yeux ouverts, pourquoi ? Quels sont les différences et les bienfaits de la méditation avec les yeux ouverts ?
Il y a en effet des pratiques avec les yeux fermées et des pratiques, selon ton expression, avec les yeux ouverts, et toutes les deux sont géniales mais elles ont des effets différents. Quand on s’assoit les yeux fermés, on peut avoir l’impression de se refermer sur soi, et c’est parfois absolument nécessaire, c’est de la folie cette vie, mais ensuite, quand cette méditation s’achève il faut rouvrir les yeux et revenir à la réalité et cela peut donner l’impression d’avoir laissé son calme méditatif et sa pleine conscience derrière soi, sur le coussin de méditation.

Au lieu de pouvoir le garder avec soi dans sa vie, là où c’est vraiment nécessaire. On n’en a pas besoin sur le coussin de méditation, on en a besoin en travaillant, en tombant amoureuse, dans les ruptures, ce genre de choses. Au contraire, quand on pratique les yeux ouverts, l’impression de séparation entre l’expérience de la méditation et la vie quotidienne est moins forte et c’est ce qui compte. Il est plus “facile” de méditer les yeux fermés – si le but de la méditation était de s’améliorer en méditation, nous serions tous assis les yeux fermés. Mais le fait d’être bon n’a pas d’importance, ce n’est pas ce qu’on recherche. On essaie de s’améliorer pour rester nous-mêmes dans nos vies. Si on avance dans sa vie en voulant être attentif et conscient, mais qu’à chaque fois il faut fermer les yeux pour le faire, on voit bien que ce n’est pas pratique, potentiellement dangereux et pas franchement utile. Mais le fait de pratiquer là, avec les choses comme elles sont et les yeux ouverts, aide vraiment.

Et puis, dans la mesure où certaines personnes souffrent de traumatismes, et vous savez que je m’inclus dans ce groupe, être assis les yeux fermés peut faire très peur donc être assis les yeux ouverts est plus rassurant.

Comment faire pour ne penser à rien, la simple idée de ne penser à rien déclenche de l’anxiété chez beaucoup de gens, ils commencent à penser à tout en même temps. Comment coaches-tu les gens lorsqu’ils ont du mal à se calmer ?
Bien sûr, moi aussi je serais anxieuse si quelqu’un me disait de m’asseoir et de ne penser à rien, c’est impossible. L’esprit existe pour penser, de même que les yeux existent pour voir et si quelqu’un me disait de m’asseoir et d’ouvrir les yeux en essayant de rien voir, ce serait l’équivalent de s’asseoir en essayant de ne penser à rien. Ça ne marche pas comme ça. La bonne nouvelle à propos de la méditation, c’est qu’il ne s’agit pas de se calmer, il n’y a pas besoin d’avoir un esprit large ou en paix et il n’y a très clairement pas besoin de ne penser à rien, c’est la plus grande idée reçue sur la méditation. Il s’agit plutôt de s’asseoir avec son esprit tel qu’il est, un peu comme on pourrait s’asseoir avec un ami qu’on veut apprendre à connaître – tiens, il est contrarié, maintenant il est heureux, là il a peur, il s’ennuie, on devient ami avec soi-même grâce à cette pratique qui n’a rien voir avec l’idée de se dire à soi-même de se taire. Ça ne fait pas partie des consignes de la méditation. Donc que tous ceux qui ont peur d’essayer de ne penser à rien ou de libérer leur esprit de “pensées” se rassurent, non seulement, c’est inutile mais en plus, ça ne fait pas partie de la pratique. La pratique consiste à rester avec ses pensées telles qu’elles sont en se concentrant sur sa respiration. On développe une relation différente avec ses pensées au lieu d’essayer de les arrêter ou de les changer.

A chaque fois que je lis les écrits de quelqu’un sur la méditation et qu’ils expliquent qu’il faut nettoyer son esprit de toutes pensées, ça me met en colère parce que ce n’est pas bienveillant, ce n’est pas réaliste, ça n’aide pas et ça intimide les gens, comme tu le fais remarquer, en leur faisant croire “Je ne peux pas y arriver, je pense à un milliard de choses, aucune chance que j’arrive à m’asseoir et à arrêter”, vous ne devriez même pas essayer.

How To / Meditate

Pendant la retraite, tu nous as fait découvrir une forme de méditation marchée où nous marchions à la queue-leu-leu en méditant. Pourquoi voulais-tu que nous fassions cette expérience ? Et comment peut-on intégrer la méditation marchée à sa pratique ?
La méditation marchée est une manière d’essayer de faire le lien entre la pratique de la méditation assise avec la pleine conscience dans sa vie parce que, dans la vie, on marche. Cela aide à se représenter à quoi cela peut ressembler de sortir de la pièce de médiation pour avancer dans sa vie en restant présent.

C’est une première raison, et l’autre raison, c’est de prouver que l’on peut pratiquer la “pleine conscience” de manières différentes puisque tout ce qu’il faut, c’est se concentrer sur ce qu’on fait donc, quand on est assis et qu’on respire, on se concentre sur ça, quand on marche, on se concentre sur ça. C’est une pratique profonde et merveilleuse en lien avec ma définition préférée de la méditation comme synchronisation entre le corps et l’esprit alors qu’ils sont habituellement éloignés l’un de l’autre.

Un peu comme quand votre corps veut dormir mais que votre esprit commence à penser à des mails et vous maintient éveillé. Mais dans la méditation marchée, on met clairement l’emphase sur le pont entre l’esprit et le corps parce que l’esprit se concentre sur le mouvement du corps, et ils se trouvent donc synchronisés. Comme dans le yoga, qui signifie union, vous unissez votre esprit et votre corps. Il s’avère que c’est la solution au stress et à beaucoup d’autres des problèmes qui nous assaillent.

Dans ma tradition bouddhiste, j’ai appris que le stress, quelle que soit sa cause, naît d’une séparation entre l’esprit et le corps, et c’est tout. Je trouve que cela donne de l’espoir parce qu’il n’y a pas besoin de résoudre tous les problèmes de sa vie ou de s’éloigner de nombreuses choses pour se sentir moins stressée, j’ai simplement besoin de concentrer mon esprit sur ce que mon fait mon corps. Cela implique parfois simplement de faire quelque chose qu’on aime – si vous aimez cuisiner, faire du jardinage, courir ou embrasser, vous connaissez les activités dans lesquelles votre esprit et votre corps veulent naturellement s’associer et il y a une impression d’aisance et d’intégration qui permet de se sentir stable. La méditation marchée met donc l’accent sur ces aspects de ma pratique.

Pour ce qui est de l’intégration à sa propre pratique, il faut un guide. Si cela vous intéresse, vous pouvez regarder une vidéo Youtube, apprendre comment faire et puis le faire chez vous pour voir comment vous vous sentez… à ne pas faire en traversant la rue… (rires).

Que conseilleriez-vous pour commencer à quelqu’un qui n’a jamais essayé la méditation ? Est-ce que vous recommandez de télécharger des applications ? De trouver un enseignant et une communauté ?
Pour commencer, je conseillerais d’apprendre la pratique auprès de quelqu’un qui a reçu une formation pour l’enseigner. En d’autres termes, pas seulement quelqu’un qui a mis au point quelque chose et qui essaie maintenant de vous la vendre. Quelqu’un qui s’inscrit dans un héritage. Et je pense que les applications peuvent être formidables. Elles peuvent donner de bonnes instructions. La plupart des gens trouvent difficile le fait de continuer leur pratique simplement en écoutant des enregistrements chaque jour. En enseignant à des dizaines de milliers de personnes comment méditer, j’ai maintenant appris que savoir comment faire ne suffit pas, il faut rendre cette pratique durable. Il faut trouver une manière d’enquêter sur ce qui se passe pour vous, une manière de contempler et de digérer les effets, parce que cela change la personne que vous êtes. Et surtout, c’est une question de communauté, ce que je trouve très intéressant et surprenant. Mais même en repensant à notre retraite, il y a quelque chose de vraiment unique dans le fait d’être assise avec d’autres personnes, on se sent plus stable et inspirée. Ces trois éléments sont nécessaires : de bons conseils, une manière de contempler son expérience et une vraie communauté, que ce soit en personne ou en ligne. C’est pour ça que j’ai créé Open Heart Project, ma communauté de méditation en ligne. Elle apprend aux gens comment méditer tout en fournissant les deux autres éléments : une façon de regarder comment vous pratiquez et une façon de pratiquer avec d’autres. Il y a maintenant 20 000 personnes du monde entier qui font partie de cette communauté ni religieuse ni dogmatique. Et comme tu le sais, puisque nous avons pratiqué ensemble, c’est très simple et ouvert. Je pense que tous ceux qui veulent le faire le peuvent.

Tu insistes sur le fait d’écrire de manière libre dans un journal après la méditation, même seulement l’espace d’une minute. Pourquoi es-tu à ce point fan de la tenue d’un journal intime libre pour accompagner la méditation ?
Ecrire des flux de conscience est un pont très intéressant – un peu comme la méditation guidée – entre la pratique assise et le retour dans la vie. Pour commencer, écrire est une activité physique. Je recommande d’écrire à la main même si vous pouvez écrire à l’ordi si vous n’aimez pas écrit à la main. Je me suis rendu compte à de nombreuses reprises que cela permet de faire ressortir la sagesse la plus profonde. Habituellement, nous sommes consumés par nos pensées : qu’est-ce que je vais faire ? Qu’est-ce que je vais dire ? Comment est-ce que je m’y prends ici ? Et c’est génial, apprendre à avoir l’esprit pratique, avoir ce genre de pensée dans notre vie. Mais quand on commence à écrire tout ce qui nous passe par la tête, cela ouvre une sorte de liberté. Vous ne vous dites pas : “Je vais écrire” ça”, vous vous dites simplement : “Je vais écrire ce qui me passe par la tête”. Et cet espace consacré à vos pensées, c’est une manière très puissante de faire ressortir votre plus grande sagesse. Je ne sais pas pourquoi c’est comme ça mais je l’ai vu et revu – et pas seulement chez moi mais chez les millions de personnes qui font ça – et ça marche.

6 comments

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  • And all this time I thought you had to stop thinking and I hated meditation for that because as she says it’s impossible !!!
    Now, because of your article it seems more interesting to me.

  • I love being in the mountains with my dog on our daily walks.I can feel my body,breath fresh air,look at nature and experience streams of consciousness and wisdom.How grateful am I to experience that in my regular day to day life,hugely grateful!!!!!

  • Very clear and earnest intro to meditating. That whole « clear your mind » thing is SUCH nonsense. And although it’s been repeated again and again that it’s NOT what meditation is about, that commonplace is still floating around, clouding understanding and creating an absurd barrier to practice. It’s also refreshing to read someone who’s not « selling » meditation as a way to be a better/more efficient/achieving person (just like yoga’s primary purpose never was to improve to shape of your butt, argh!).

  • La meilleure facon de mediter pour moi est de me fondre dans la nature et ne faire qu’une avec ce qui m’entoure. La sensation est extra-ordinaire !

  • Thanks for this wonderful post! I’ve thought about doing meditation for a while and attempted a few times but it was difficult to CLEAR MY MIND. Thanks for breaking that misunderstanding!

    Anna
    http://www.sketchingandreading.com

  • This is so beautiful :) Thank you x

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