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Natalie Kuhn on Leaning into Discomfort

4 years ago by

Photos Julia Robbs

Natalie Kuhn a grandi à LA avant de passer 14 ans à New York pour étudier le théâtre et la danse, travailler off-Broadway et danser dans les tournées de musiciens comme David Byrne et Karen O. Devenue aujourd’hui vice-présidente de la programmation et professeure fondatrice à The Class by Taryn Toomey, elle enseigne au moins 4 fois par semaine tout en supervisant des centaines de cours par an, sur place et à l’international, avec des cours en studio ou des rassemblements de presque 1 500 personnes.

J’ai rencontré Natalie pour la première fois dans un cours à Santa Monica et je suis tout de suite tombée sous son charme. Sa voix rauque, hypnotisante de “fille cool” donnait le ton tandis que son charme Côte Ouest et son humour new-yorkais me motivaient (en riant) même si l’entraînement était extrêmement physique. En partant, elle a partagé avec nous l’oeuvre d’un de ses auteurs préférés, le poète David Whyte. J’étais émue aux larmes (tout le monde sait qu’on pleure beaucoup à The Class), pas seulement par ses mots mais aussi par la profondeur et la présence qu’elle dégageait à cet instant précis. Après cette expérience, j’ai voulu en savoir plus. Où avait-elle acquis cette sagesse ? Comment fait-elle pour rester toujours présente, à la fois pour elle-même et pour les autres ? Quel est son secret ?

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D’où viens-tu et comment as-tu rejoint The Class ?

En ce moment, j’ai l’impression que personne ne vient vraiment de LA. Je suis une Los Angelino, j’y suis née et j’y ai grandi dans une famille travaillant dans les métiers du service. Ma mère était religieuse et s’est reconvertie plus tard en maîtresse d’école tandis que mon père est un médecin incroyablement brillant et généreux. Notre famille a un penchant naturel à la psychologie : mon père a d’abord fait des études de psychologie avant de choisir la médecine et ma mère s’est plongée pendant 25 ans dans le travail de Jung, ma soeur est une psychanalyste disciple de Jung et même si mon frère travaille dans la tech, il fait partie des gens les plus clairvoyants et intuitifs que je connaisse. J’ai étudié le théâtre à la fac, et plus précisément les différentes manière de découvrir et exprimer des émotions à travers le mouvement dans le monde entier. Après avoir passé des années dans les théâtres off-Broadway ou à danser pour des groupes de rock, j’ai rencontré par hasard en 2013 une femme appelée Taryn Toomey à Lululemon. Ma vie a changé à ce moment-là. Je suis devenue adepte de cette pratique qui est aujourd’hui connue comme The Class.

Comment peut-on être en quête d’authenticité et de vérité à une époque où tout est si visible et filtré ?

On dirait que tout le monde fait tout en ce moment – et le fait bien – et en plus, oui, ils se sont réveillés avec cette tête. Alors nous faisons pareil parce que, comme tous les êtres humains, nous voulons nous intégrer. Nous faisons “tout ce qu’il faut” – nous écoutons le podcast d’Oprah, nous buvons du matcha et nous méditons avec Headspace 5 minutes par jour. C’est comme ça qu’on soigne sa #spiritualité à notre époque moderne, n’est-ce-pas ?

Nous avons tendance à toujours faire ou dire les choses qui vont préserver l’image que nous voulons donner de nous-même au monde. Avec l’avènement d’Instagram, nous avons commencé à faire comme si nous avions à gérer nos propres campagnes de PR. Mais le moment où nous arrivons vraiment à mieux nous connaître, à savoir ce à quoi on tient ou à quoi on s’identifie vraiment, c’est lorsque le merveilleux matcha éclabousse toute notre chemise… ou encore pire.

Nous pensons peut-être consciemment que nous avons une certaine caractéristique. Mais c’est dans les moments de trouble que nous pouvons vraiment réussir à nous connaître. Quand la voiture ne démarre pas, quand on perd un contrat, quand nos proches tombent malades. “Je vais bien, je vais bien, je vais bien” jusqu’à ce que je ne me sente plus en sécurité, protégé et aimé. “Je vais bien, je fais de la méditation”, jusqu’à ce je perde le contrôle de la situation. Et là, on réagit.

Quel a été un des “pires” moments de ta vie ? Qu’est-ce qui t’a poussée à réagir ?

Le moment de ma vie le plus extrême – un de mes “pires” moments – c’est quand ma mère est morte. On ne s’y attendait absolument pas. Elle n’était pas à l’hôpital. Elle n’était pas malade. Elle n’était pas blessée. Elle s’apprêtait à faire une sieste et quelque chose s’est passé, dans son coeur ou dans son cerveau (nous ne saurons jamais), et elle est morte d’un coup, dans sa chambre.

Dans ces moments extrêmes, on n’a pas d’autre choix que de se faire face à soi-même. J’ai vu toutes les manières dont j’ai exprimé ou non ma souffrance. J’ai vu comment j’ai laissé d’autres personnes prendre soin de moi, comment j’ai pris soin d’autres personnes. Dans les semaines qui ont suivi, j’ai vu comment nous avons pris soin les uns des autres en famille et comment nous nous sommes éloignés. C’est sûr que renverser du matcha va révéler votre tendance à l’agacement et à la frustration, mais un événement qui change votre vie va révéler vos caractéristiques pures, brutes, indubitablement humaines, de celles qu’on ne peut pas cacher sous un filtre. Quand ce qui faisait partie de votre quotidien n’est plus disponible, c’est là qu’on en apprend beaucoup sur qui nous sommes et ce vers quoi nous nous tournons pour nous ressourcer. Pour apprendre à vivre tout en sachant que notre vie ne sera plus jamais la même.

Quelle leçon en as-tu tirée qui pourrait aider d’autres personnes ?

Nous avons tous des histoires différentes mais je pense que tout le monde peut se souvenir d’un moment de réaction inconsciente – que ce soit quand quelqu’un remet en cause votre opinion dans une réunion, vous fait une queue de poisson ou quand votre partenaire oublie de faire telle chose. La révélation ne tient pas à la réaction elle-même mais à ce que la réaction protège : l’idée que vous avez de vous-même. Quand l’idée qu’on se fait de nous-même est mise en danger, nous faisons ce qu’il faut pour la protéger. Donc, si vous renversez du matcha, ça vous donne l’air imparfaite, ce qui déclenche votre besoin d’être perçue comme stable, compétente, accomplie, ce qui rend l’image que vous avez de vous-même instable, ce qui déclenche une réaction.

Cette chose qui nous dérange, c’est nous, sous sa forme la plus pure. Elle ne nous montre pas la personne que nous pensons consciemment être, mais la personne que nous pensons inconsciemment être.

Et c’est le début du travail.

Sous mon masque de “personne spirituelle”, je suis quelqu’un qui a besoin d’être aimée de tous. J’ai besoin d’avoir encore plus de succès. J’ai besoin de souffrance parce que sa familiarité me rassure. Et si vous OSEZ remettre en cause cette idée que j’ai de moi, l’environnement rassurant que je me suis créé, alors vous allez connaître mon courroux.

C’est dans la réaction que nous pouvons découvrir ce à quoi nous tenons vraiment. Qu’est-ce qui se manifeste ? La part de nous qui tient désespérément à la perfection ? Celle qui rabaisse les autres pour se protéger ? Ou celle qui a honte au lieu de s’accepter ? Quelle part de nous était mise en danger. C’est la part de nous encore identifiée avec quelqu’un ou quelque chose au-delà de notre vraie nature.

Comment appliques-tu ces leçons à The Class ?

L’objectif de The Class, c’est de faire attention au moment où ça devient difficile. Nous utilisons la difficulté physique : burpees, jumping jacks, musculation. L’inconfort physique est identique à l’inconfort que nous ressentons au quotidien. Nous le répétons en permanence : on s’entraîne pour la vraie vie à The Class. Nous amenons les étudiants au moment où ils réagiraient et nous leur demandons d’être attentifs à ce moment précis. C’est là que nous avons une chance de pouvoir abandonner notre attachement inconscient à une fausse image de nous-même. L’attention déjoue l’identification.

Et cette partie de nous qui observe depuis un point de vue éloigné peut se détendre parce que nous avons créé une distance entre nous et le trouble plutôt que de nous laisser encercler par lui. Nous sommes en train de grandir. Et il faut le célébrer.

Et vous n’avez pas besoin de faire face à une crise de premier plan pour tirer profit de The Class. Toute cette pratique est centrée sur votre capacité à grandir, à vous développer – à tout moment, tout âge, dans toutes circonstances.

Que penses-tu du bien-être aujourd’hui ? D’après-toi, que signifie ce mot lourd de sens et cette industrie de milliards de dollars ?

Difficile à dire. On peut trouver plein de choses qui promettent le “bien-être”. Mais les coûteux sels pour le bain ne servent pas à grand chose si vous vous contentez de ressasser vos préoccupations dans le bain. En réalité, le bien-être est avant tout une question de présence. Donc si vous voulez en boire, en mettre dans votre bain ou sur votre corps, faites-le consciemment.

Quelle est ta méthode, ton raisonnement pour t’aider à rester positive ? Et est-ce que ça pourrait aider d’autres personnes à suivre ton exemple ?

Parfois, je regarde mon emploi du temps et je me sens tout de suite anxieuse. Pour m’aider à rester positive et saine d’esprit dans ces moments, je me souviens que je fais tout ce que je peux à ce moment précis – pas plus, pas moins. Je ne crois pas au multi-tasking, le cerveau ne marche pas comme ça. Donc je me redis que “cet instant est comme ça”, et pas autrement. C’est quand on voudrait qu’il soit différent qu’on commence à souffrir. C’est un début.

11 comments

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  • What a great interview. Thank you.
    ‘Reacting’ is when we are coming from the head and thinking, and ‘Responding’ is from the heart and feeling, and The Class seems to me to be helping one with the acceptance of ‘what is’ rather than resisting it. What a wonderful programme to have started up. I try to do this consciously as often as I identify the uncomfortable/painful situation and it takes practise! However, it really is worth getting this as otherwise we can end up carrying around SO much stuff that doesn’t serve us and then just going into the usual default action of reacting and resisting. It’s feeling the feelings as they come up and just observing them and sometimes its painful but it doesn’t last. Those situations we deal with in this way, came in with pain and they have to go with pain too but it’s so worth learning how to accept this and then not attaching to it and letting it go.

  • check JING’s New In clothes.

  • Anna Soko?owska 8 août 2019, 3:16 / Répondre

    What a great interview with a great person.

    This is why I come here :)

  • Jorge Alexandre Teixeira 8 août 2019, 3:17 / Répondre

    If you ever stop by Lisbon… just give me a holler !!!
    Just Kidding !!! GOD Bless you , Natalie !!!

  • Great information sharing and very useful tips i really inspire after reading this post.

  • Thank you for a great interview. Getting to know ourselves in this thoughtful and insightful way changes and gives us a better relationship with ourselves and the people in our lives. Thank you!

  • Love this so much. Thank you!

  • Crystal Tejera 8 août 2019, 2:02 / Répondre

    So inspired by the class and founders. It’s a wonderful, wonderful tool! Love this article! Truth!

  • Loved this article. Thank you!

  • Such a deeply resonant and beautiful interview, Thank you. Natalie, especially love your returning us to our true selves and questioning the root of the reactive ego self. More Please!!! ????

  • Ben Sherman 24 août 2019, 6:44 / Répondre

    What a great interview. Thank you. Good work!

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