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Passages

4 years ago by

Passages

“Faites de votre vie un rêve et de votre rêve une réalité.”
~ Antoine de Saint-Exupéry

Combien de temps le glas doit-il sonner pour faire le compte d’une vie ?

Dix minutes – dans le cas du carillon de l’église Saint-Martial, la cathédrale du 19e siècle de Montmorillon, une petite ville pittoresque de France. C’est le temps que ça a pris par ce calme matin de septembre, pendant qu’une brise légère traversait la place de l’église, atténuant le son des cloches et que quelques pigeons volaient en cercle. Les parents du défunt se sont regroupés à l’entrée de la cathédrale tandis que les porteurs du cercueil descendaient les marches vers le corbillard qui attendait. Et pendant ce temps sonnait le glas, chaque note suspendue dans l’air, comme un souvenir.

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Je n’étais pas loin, assise sur un vieux banc de pierre à côté du monument aux morts, le monument dédié aux villageois morts pendant la Première Guerre mondiale, et j’observais la scène.

Je n’arrivais pas à me souvenir d’un moment où je m’étais sentie plus vivante, ou plus consciente de la manière dont je souhaitais vivre. La juxtaposition entre le chagrin qui m’entourait et la joie qui m’habitait n’était pas loin de me submerger par sa simplicité.

Je venais de voyager à l’autre bout du monde et j’attendais l’agent immobilier qui allait sous peu ouvrir la porte d’une aventure qui, à peine quelques mois plus tôt, n’existait pour moi que dans les grands romans sur l’envie de voyager écrits par des femmes à la recherche d’une seconde chance pour vivre et aimer. Mais je n’étais pas à la recherche d’une seconde chance ou de désirs inassouvis ; j’avais déjà la vie que je voulais et j’ai malgré tout eu le courage de poursuivre un très vieux rêve, en sachant que ça allait changer ma vie et la vie de ceux que j’aimais.

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Tout a commencé en juin quand, par une matinée par ailleurs ordinaire, alors que notre maison bruissait des mouvements familiaux, j’ai décidé de traîner et de savourer la dernière goutte de café. Et j’ai rapidement regardé les nouvelles annonces sur un site français d’annonces immobilières, un exercice que je m’autorisais depuis plusieurs années, incapable de renoncer à l’impossible. A cet instant, quelque chose a bougé légèrement sous mes pieds nus et a séparé l’espace qui m’entourait en deux parties distinctes : avant qu’une maison en France ne me trouve et après.

L’annonce disait : “Maison deux-pièces rénovée avec goût en plein coeur de Montmorillon, parfaite maison de vacances”. Mais c’est la voix de la photo que j’ai entendue. Sur mon écran se trouvait une petite maison de ville de 200 ans, avec une façade de pierres blanches et vue sur la place de l’église. L’architecture charentaise était pleine de charme et les murs épais me chuchotaient des histoires du 18e siècle. Trois portes-fenêtres ornaient la façade, deux au rez-de-chaussée et une à l’étage, avec un petit balcon que je pouvais imaginer plein de roses et de lavande.

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J’étais si sûre de moi que je pouvais à peine respirer, un peu comme la certitude que je pourrais tracer chaque trait des visages de mes filles même si j’étais née aveugle. Je savais que j’étais faite pour ouvrir ces volets pour laisser entrer une nouvelle vie, la lumière, des rires dans une maison qui avait déjà abrité tant de vies, où je pourrais mesurer le temps qui m’a été imparti à l’aune du glas qui sonnait maintenant devant moi. Cette maison, cette cathédrale, ces ponts médiévaux et cette ville connue comme la cité de l’écrit – tout m’appelait comme pour dire “ça aussi, ça fait partie de ton histoire.”

C’est pour ça qu’au moment où les arbres qui m’entouraient ont commencé à prendre des teintes ambrées, je me suis retrouvée assise sur la place de l’église, dans une ville médiévale en France, à écouter des cloches intemporelles honorer une vie qui venait de s’achever et me rappeler que ma propre vie se passait en ce moment, à cette heure, à cet instant. Ce rêve. Et j’ai compris, très clairement, que je ne pouvais rien faire d’autre que commencer une nouvelle page de cette histoire pour passer à un nouveau chapitre.

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Suzanne Sonneborn est avocate et artiste, elle possède un amour profond pour la France, ancré dans tous les aspects de sa vie. Elle vit à Michigan avec sa famille et retourne aussi souvent que possible dans leur petit trésor à Montmorillon en France.

2 comments

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  • Jorge Alexandre Teixeira 5 septembre 2019, 3:46 / Répondre

    Delightful !!! *_*

  • James Fraser 2 janvier 2020, 12:26 / Répondre

    If I did not already live in Montmorillon I would be beating a path to its door after reading your piece. I run an English-language bookshop in the Cité de l’Ecrit so I suppose I am prejudiced! The Glass Key will welcome you back on your next visit.

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