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In Her Words: Jun On Buddhism

5 years ago by

Je suis née à Séoul, en Corée, mais je n’y ai vécu que très peu de temps. Bien que nous ayons quitté mon pays de naissance quand j’avais 7 ans, mon héritage m’a influencée au plus profond de mon être et m’a aidée à construire ma vision du monde ensuite.

Cette période a été cruciale pour mon développement et les aspirations qui m’ont guidée plus tard dans ma vie. Ma grand-mère était une bouddhiste pratiquante très dévote, elle allait au temple toutes les semaines. J’avais l’habitude de l’accompagner. J’adorais ma grand-mère et j’appréciais beaucoup ces moments avec elle. J’appréciais aussi beaucoup le temple. On y trouvait surtout des vieilles femmes. Je me sentais vraiment soutenue et aimée. La-bas, je passais la plupart de mon temps dans la cuisine avec les femmes qui préparaient à manger pour ma communauté bouddhiste. On me disait de préparer du nori (des algues très fines que je devais saler et griller) et de fourrer des raviolis. Cela me donnait l’impression de faire partie de quelque chose de plus grand que ce qui était en train de se passer à ce moment-là. En préparant à manger, je me plongeais dans un héritage de femmes et de traditions culinaires et de recettes coréennes transmises depuis des générations avant moi. C’était une sorte de transmission et je m’imprégnais de tout.

Pendant les fêtes, les nouvelles années, chu suk (les récoltes) et les commémorations annuelles de nos ancêtres, il fallait que je fasse pareil. Je passais du temps avec mes proches, mes tantes et les personnes âgées et on me mettait au travail pour que je prépare différentes sortes de cuisines traditionnelles coréennes. Je n’étais pas très sûre de l’âge de ces traditions et de ces recettes mais j’avais l’impression qu’elles étaient une chose spéciale qui me donnait un sentiment d’appartenance, mon âme était nourrie.

Pendant mon adolescence et au début de l’âge adulte, quand je vivais à New York, que j’allais en école d’art et que je voulais devenir commissaire d’exposition, j’ai oublié ces rituels profondément nourrissants puisque ma vie tournait principalement autour de passions plus immédiatement gratifiantes. Les sports à sensation étaient mes rituels. Je consacrais la plupart de mon temps libre à mes passions de sport d’extérieur, comme le motocross, le surf, l’entraînement et les combats de boxe thaï. Ce n’est qu’après avoir déchiré mon labrum deux fois en surfant que j’ai commencé à chercher des moyens de guérir et de récupérer puisque je ne pouvais plus faire aucune des activités que j’aimais.

Pendant cette quête, j’ai retrouvé les chemins vers mon enfance, les rituels et les pratiques. Pendant ma convalescence, j’ai commencé à aller dans un monastère bouddhiste zen dans les montagnes Catskills, il m’était très familier à cause de mon enfance mais en même temps très différent puisque c’est en adulte que j’y allais. Maintenant que je n’étais plus une enfant, je devais endosser un rôle plus important dans la vie du monastère. Pour commencer, je devais pratiquer le samu. La méditation n’est pas suffisante à la pratique du zen, il faut aussi le samu, le travail volontaire. Une partie de ce travail comprenait des choses très peu reluisantes comme nettoyer la salle de bains, nettoyer des douches envahies par la mousse depuis des années, nettoyer les tuyaux d’eaux usées, construire un barrage. Comme beaucoup de gens, ça ne m’intéressait pas beaucoup. Ce n’est pas que je pensais que j’étais au-dessus de ça, c’est que, alors que je cherchais un nouvel objet de passion, ces tâches ne me satisfaisaient pas. Je complotais secrètement pour abandonner ce travail peu tentant et réussir à arriver dans la cuisine. Le travail de cuisine, ça, je pouvais le faire. J’ai dit en passant que j’avais un peu de formation culinaire professionnelle, ce qui n’était pas complètement faux, j’avais pris des cours au Culinary Institute et ils m’ont mise au travail. Au début, le travail consistait majoritairement en nettoyage de vaisselles et de légumes. La nourriture cuisinée au monastère devait être à la fois délicieuse et simple. Les repas ressemblaient à ceux de mon enfance, faits de produits de saison aux saveurs sublimées par très peu de condiments. Pendant les repas, on nous donnait trois bols et des baguettes emballées comme dans un origami. La présentation de la nourriture est aussi importante que la nourriture elle-même. Globalement, la nourriture ne devait pas distraire du but global mais devait apporter un répit bienvenu aux moines. Après avoir aidé au monastère quelques années, l’abbé m’a demandé de devenir chef cuistot. Je ne savais absolument pas pourquoi cette tâche m’était demandée, ou comment j’allais réussir, mais je savais qu’il fallait que j’accepte ce challenge si l’abbé pensait que j’en étais capable. J’avais aussi l’impression de ne pas avoir de choix. Ce que j’avais appris, pendant les années où j’étais assistante, c’était que cuisiner faisait partie de mes pratiques spirituelles. Il fallait que je sois présente dans tous les aspects de la cuisine, en nettoyant les légumes, en coupant, en préparant, en assaisonnant. Pour moi, il ne s’agissait pas de suivre une recette, c’était une expérience profonde, un abandon complet. Être présente dans le processus, indépendamment du résultat. Il fallait être complètement silencieux et devenir “un” avec la nourriture. Pendant ce temps, j’étais capable de convoquer mon passé et les rituels que j’avais expérimentés.
Par un heureux hasard, alors que je créais des recettes que je cuisinais comme chef cuistot, j’étais aussi étudiante et prenais des cours de phytothérapie à l’Open center, un centre d’éducation prônant une approche globale.

Je me formais en homéopathie et en médecine des plantes. J’ai commencé à incorporer la phytothérapie à ma cuisine en créant des recettes pour le monastère. La combinaison de ces deux activités a fini par me conduire à lancer Eir, une gamme de produits pour la peau saine et naturelle dédiée aux gens sportifs. J’avais appris les nombreux bénéfices produits par l’association de beaucoup d’ingrédients naturellement présents, et avec ma formation de cuisinière pour le monastère, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas d’autres produits de beauté sur le marché tourné aussi rigoureusement vers la simplicité de la nature. Et comme avec l’exigence de la présentation de nourriture au monastère, j’ai créé des emballages qui reflètent la qualité des ingrédients.

Au fur et à mesure que je m’acheminais vers Eir, je me remettais encore de mes blessures. La pratique de la méditation était très éprouvante et me faisait au mal au début, à force de rester assise de longues heures. Aux débuts de Eir, je préparais des crèmes, des baumes et des huiles pour m’aider à gérer la douleur. Quand les gens ont appris ce que je faisais, j’ai commencé à partager mes produits avec les moines zen et les pratiquants qui me rejoignaient au centre. Ces individus méditaient pendant des heures ou des journées et avaient autant besoin de mes produits que moi. Au-delà des douleurs de la vie monastique, j’ai appris qu’une des nonnes s’était brûlé les mains en renversant du thé. Je me suis rendu compte que je pouvais lui faire un baume anti-inflammatoire avec de l’arnica et de la lavande pour soigner sa douleur. J’ai assemblé le baume dans ma chambre et elle est venue me voir le lendemain pour me dire que le baume avait stoppé la douleur de la brûlure. La rumeur de ma passion a commencé à se répandre et j’ai pu aider d’autres gens. J’ai fait un baume pour les coupures et les nonnes sont venues me le demander, afin de pouvoir l’utiliser après s’être rasé le crâne. Rapidement, les produits que je fabriquais sont devenus indispensables pour ceux qui étaient dans la confidence au monastère, l’abbé inclus. Je me suis dit que si je pouvais autant aider les gens qui vivaient dans un monastère, d’autres seraient vraisemblablement aussi intéressés par mes produits.

Quand je parle des débuts d’Eir, je parle de ma vie de surfeuse, à créer des produits dans ma cuisine à Montauk. J’ai gardé confidentielles les visites au monastère, entre les mois et les weekends, parce que cette pratique a été quelque chose de si personnel et si sacré pour moi, et aussi parce que j’ai eu du mal à parler de mon expérience spirituelle. Les expériences au monastère ont toujours été compartimentées parce que j’ai l’impression d’être dans un autre monde, où le banal n’a plus d’importance. La mode, les followers Instagram, les histoires de vie, les revenus, le succès. C’est une expérience qui me semble tellement nourrir mon âme, nourrir le fantôme affamé qui est à l’intérieur de moi, à l’intérieur de nous tous. Je me sens très chanceuse d’avoir trouvé un endroit qui peut me donner ce sentiment d’être chez moi et nourrie.

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Jun Lee is the Founder of Eir NYC. For more info about the line and to check out the products, look here. She is an avid surfer and has become a student of green medicine. Follow along with her on Instagram, here!

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