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7 years ago by

S’associer avec quelqu’un, surtout dans un cadre professionnel, ça crée toujours une dynamique intéressante. S’associer avec quelqu’un, surtout dans un cadre professionnel, ça crée toujours une dynamique intéressante. (On s’est récemment exprimées à ce sujet avec Garance !!) Donc quand j’ai rencontré Erin à Washington pour notre rencontre-débat Pardon My French et que je lui ai dit que j’aimerais faire une Career Interview avec elle, elle m’a proposé de l’interroger avec son associée, Melody.

On n’avait jamais fait d’entretien à deux voix, mais je me rends compte, et notamment pour les entrepreneurs, à quel point il est important d’avoir un associé pour bâtir le projet auquel on croit. Donc aujourd’hui, voici à nouveau Erin Allweiss, avec pour la première fois son associée Melody Serafino. Ensemble, elles ont monté une boîte de communication et de RP, The No. 29, qui s’intéresse particulièrement aux clients qui ont une approche innovante et un impact social, et qui contribuent à faire de la planète un monde meilleur.

_________________

Où avez-vous grandi ?
Erin : J’ai grandi à la Nouvelle Orléans.
Melody : Dans l’ouest du Massachussetts.

Que faisaient vos parents ?
Erin : Avocats, tous les deux. Et je voulais devenir avocat en droit de l’environnement.

Melody : Mon père travaille dans les services financiers, et ma mère était mère au foyer.

Que rêviez-vous de faire plus tard quand vous étiez petites ?
Melody : J’ai toujours eu une imagination débordante. Je me souviens que je jouais à la maîtresse dans le sous-sol chez mes parents. Je vouais un vrai culte à ma maîtresse de CE2 et je voulais être maîtresse d’école, comme elle. Je crois que c’est en partie parce que j’aime tout contrôler, et que je suis un peu autoritaire. Donc j’adorais ça. C’est l’un de mes plus anciens souvenirs. On pouvait passer des heures à jouer à ça dans le sous-sol.
Erin : Tu n’étais pas autoritaire. C’était juste une impression !
Melody : Oui. [rires]

Quand avez-vous déménagé à New York ?
Melody : Je viens régulièrement à New York depuis que je suis toute petite, j’ai de la famille qui vit ici et aussi les meilleurs amis de mes parents. Je suis allée à New York bien plus souvent qu’à Boston.
Je suis allée à la fac dans le Sud du Connecticut, et j’ai fait un stage à New York pendant mes études, donc j’avais déjà un peu appréhendé la ville. Et je me suis installée ici deux semaines après avoir fini mes études.
Erin : Je me suis installée à New York il y a six ans et demi. J’ai étudié à Boston puis travaillé à Washington pendant cinq ans et demi.

J’ai accepté ce stage sur un coup de tête, comme j’avais travaillé pour eux pendant mes études, j’espérais que ça se transformerait en vrai poste. Et deux semaines après, c’était le cas ! J’ai pris un gros risque, et ça a payé.

Erin, où as-tu étudié ? Dans quelle filière ?
Erin : A Tufts, j’ai un diplôme en Etudes environnementales et Affaires internationales.

Vous avez fait des stages pendant vos études ? C’était important pour vous ?
Melody : Oui, j’ai fait trois stages pendant mes études. J’ai travaillé pour le Late Night with Conan O’Brien quand c’était encore basé à New York. J’ai aussi travaillé pour une chaîne d’infos locale. Et j’ai travaillé pour le service des relations publiques de mon université, j’ai fait ce stage parce que j’avais du temps libre. J’avais fini une grande partie de mes cours et je croyais que ça allait être hyper ennuyeux, mais j’ai eu une tonne de travail. J’ai dû écrire, j’ai dû comprendre le paysage médiatique. J’ai beaucoup appris, même si je n’étais pas très emballée.

C’est une bonne expérience ! Ça a dû être très enrichissant.
Melody : Oui, au moins ça aide à découvrir ce qu’on ne veut pas faire. J’étais persuadée que je me destinais à la télévision, mais j’ai eu beau adorer y travailler, je n’ai jamais senti que c’était fait pour moi. C’était trop superficiel. J’étais tout en bas de l’échelle, et je savais déjà que ça serait le cas pendant encore de nombreuses années. Ça me tenait à cœur, mais pas au point de subir ça.

Vous avez fini vos études en même temps, quels ont été vos premiers jobs en sortant de la fac ?
Erin : J’ai eu une expérience assez similaire – j’ai toujours voulu m’installer à New York. A Boston, en sortant de la fac, on m’a proposé un job et je l’ai refusé. C’était un poste d’auxiliaire juridique. A la place, j’ai déménagé à Washington pour travailler pour Oxfam. J’ai accepté ce stage sur un coup de tête, comme j’avais travaillé pour eux pendant mes études, j’espérais que ça se transformerait en vrai poste. Et deux semaines après, c’était le cas ! J’ai pris un gros risque, et ça a payé.

Tu peux nous en dire un peu plus sur Oxfam ?
Erin : C’est une organisation de solidarité internationale, fondée en Grande-Bretagne… Un peu comme la Croix-Rouge ici. Ils travaillent sur le terrain et aident les gens à sortir de leur condition sociale.
Du coup, même si j’avais vraiment envie d’aller à New York, j’ai pris le risque d’aller à Washington. J’ai pris un job en plus de mon stage, mais deux semaines après, c’est devenu un vrai poste. Ma première mission, c’était au sommet du G8 pendant les concerts du Live 8 – j’ai pris l’avion avec Bono !

Incroyable !
Erin : C’était formidable ce groupe d’activistes. Et puis ensuite, je me suis lancée dans une toute autre carrière, j’étais loin d’imaginer ce qui m’attendait.

La fac de droit était toujours d’actualité pour toi à ce moment-là ?
Erin : Oui.

Qu’est-ce qui t’a fait changer d’avis ?
Erin : J’ai travaillé à Capitol Hill, pour un membre du Congrès, et je me suis lancée dans la communication parce que ça me plaisait vraiment. J’aime écrire, travailler avec la presse – surtout les journalistes de l’environnement et les journalistes politiques. C’était une expérience très enrichissante.

Ensuite, j’ai travaillé pour le Natural Resources Defense Council, une organisation environnementale très connue pour ses contentieux. A la fac de droit, on étudie très souvent des dossiers « NRDC vs… ». Les avocats que j’ai rencontrés auraient été capables de travailler dix ans pour changer ne serait-ce qu’une ligne du Clean Air Act [loi environnementale]. Je n’avais pas ça en moi. Je suis très impatiente, et c’est super dans le job que je fais maintenant, parce que je peux publier un article quand je veux, au plus près de l’actualité, et avec un peu de chance, changer la façon dont les gens perçoivent un problème environnemental ou une marque qui fait quelque chose de différent. C’est pour ça que je ne suis pas allée en fac de droit.

Avant, il y avait vraiment des préjugés sur les gens qui militaient pour ces causes. Ça a quasiment disparu.

D’où vient votre intérêt pour le développement durable et l’environnement ?
Melody : Ça remonte à l’enfance, mes parents m’ont toujours encouragée à donner et à m’investir pour des causes. Je me suis toujours impliquée dans la vie de la communauté. Et plus largement, dans le domaine social – j’ai travaillé chez Ronald McDonald House, dans les refuges pour sans-abris. A la fac, j’ai participé à un programme péri-scolaire pour les enfants touchés par le VIH et le SIDA. J’ai fait du volontariat à l’étranger. Ça a toujours fait partie intégrante de ma personnalité.
A l’époque où on était au lycée et à la fac, il n’y avait pas autant de jobs que maintenant, où l’impact social et le développement durable sont inscrits dans l’ADN des entreprises, parce qu’ils doivent l’être, parce que maintenant les gens attendent ça des marques qu’ils aiment. A l’époque, soit tu travaillais pour une ONG ou une organisation non lucrative, soit tu travaillais pour une entreprise. Mais si tu t’intéressaiss à ces choses-là, tu devais trouver un moyen de faire ça seul, sur ton temps personnel. Une des choses qui nous a poussées à créer No.29, c’était notre passion commune pour le développement durable, l’impact social, et on savait qu’il y avait de multiples façons d’associer ça à notre amour des médias et au travail avec les journalistes.
Erin : Et à l’art, au design.
Melody : Oui, l’art, le design, et réunir tout ça au sein d’une même entreprise.
Erin : Et puis j’ai grandi à la Nouvelle-Orléans, donc je suis préoccupée par le réchauffement climatique depuis que j’ai neuf ans. [rires]

Oh ? Comment as-tu découvert ça ?
Erin : J’étais une enfant assez sombre. A 10 ans, j’ai réalisé que je ne deviendrais jamais centenaire et que mon âge s’écrirait avec deux chiffres pour les restants de mes jours. Tous les enfants sont excités à l’idée d’avoir 10 ans, pas moi. Je suis à la fois optimiste et pessimiste. Regardez le monde actuel ; on vit une époque vraiment effrayante. Les enjeux environnementaux sont alors devenus une vraie passion. Ma deuxième passion, c’était de lancer une ligne de vêtements éco-responsable. J’étais passionnée de mode, et à l’époque ça n’allait pas avec l’écologie. C’était ça ou bien devenir avocat en droit de l’environnement.

Passionnant !
Erin : Oui, j’ai toujours eu ça en moi et j’ai continué de travailler sur ces projets. C’est vraiment marrant de constater que maintenant, les gens se préoccupent davantage de design et de développement durable. Et on a pu se lancer grâce à tout ça.
Melody : Oui, ces sujets sont devenus plus sexy. Avant, il y avait vraiment des préjugés sur les gens qui militaient pour ces causes. Ça a quasiment disparu.

Une chose qu’on a toujours faite, c’est nous entourer de gens qui maîtrisent ce qu’on ne maîtrise pas, nous entourer d’experts.

Melody, qu’as-tu fait après la fac ?
Melody : J’ai commencé par travailler dans une toute petite agence de relations publiques, d’environ 15 personnes à l’époque. C’était un peu marche ou crève. J’étais surexcitée. J’étais tellement contente d’avoir un job, de vivre à New York et de pouvoir payer mon loyer, même si 90% de mon salaire y passait. Je ne pouvais pas sortir, juste payer mon loyer. [rires] Dans cette petite agence, on travaillait beaucoup avec les médias, les magazines. J’y suis restée presque trois ans puis j’ai trouvé un job dans une autre agence, et c’est là que j’ai rencontré Erin.

Comment vous êtes-vous rencontrées ?
Erin : J’ai déménagé à New York, j’ai pris un vrai risque en venant dans cette boîte – c’était une petite agence à l’époque. Ma première mission, c’était sur les conférences TED, c’était vraiment passionnant. On s’est rencontrées là, on a fini par partager le même bureau. On a tout de suite accroché. Le genre de relation où on se comprend sans avoir besoin de parler, où on se complète, et on a décidé de lancer notre propre projet.
En ce moment, il y a beaucoup de jeunes qui veulent monter leur boîte directement en sortant de la fac. Mais je suis convaincue que rien ne vaut l’expérience qu’on acquiert en travaillant pour quelqu’un – laisser quelqu’un vous transmettre son savoir avant de voler de vos propres ailes.
Melody : J’adhère à 100%. J’ai fait du mentorat auprès de beaucoup d’étudiants, et c’est l’une des premières choses que je leur disais. Tout le monde a envie d’être le prochain Mark Zuckerberg. Maintenant, tout le monde a l’impression que c’est possible de créer sa société et de réussir. Mais les faits sont là : la plupart de ces sociétés n’auront aucun avenir.
Pour moi il y a beaucoup d’avantages dans le fait d’avoir travaillé pour quelqu’un, d’avoir dû être tenace et endurante, d’avoir commencé en bas de l’échelle puis gravi les échelons un à un, d’avoir travaillé sous les ordres de quelqu’un : on apprend des rudiments de management. Parce qu’on a beau être brillant et avoir une idée exceptionnelle, ça ne veut pas dire qu’on sait diriger une société.
Mais je ne dis pas qu’on était des expertes en la matière. On a vraiment dû apprendre sur le tas, mais une chose qu’on a toujours faite, c’est nous entourer de gens qui maîtrisent ce qu’on ne maîtrise pas, nous entourer d’experts. Que ce soit sur le plan financier, pour les impôts, ou pour la gestion quotidienne de l’entreprise.
Erin : Ça aide aussi à déterminer ce qu’on ne veut pas faire, ce qui est tout aussi important. Je ne savais pas qu’un tel job existait. Et tous les gens que j’ai rencontrés au cours de ma carrière – j’ai travaillé pour Oxfam, pour le NRDC, sur une campagne politique, dans notre ancienne société, et bien ce réseau existe encore. Donc je dirais aussi qu’il faut avoir un comportement convenable avec tous les gens avec lesquels on travaille, parce qu’ils constituent votre futur carnet d’adresses. Et ça, bien sûr, on ne l’obtient pas en commençant par lancer sa propre boîte. En ce moment, c’est marrant, vu l’actualité politique, je revois beaucoup de gens avec qui j’ai travaillé à Washington et on travaille ensemble. Encore un argument pour ne pas se lancer trop tôt.
Et puis il faut rester ouvert à toutes les opportunités qui se présentent. Je n’ai jamais voulu travailler dans la politique. C’était vraiment le dernier endroit où j’aurais voulu être. Et une opportunité s’est présentée, ce membre du Congrès était une personne tellement hors-du-commun que j’ai accepté, et ça a probablement été l’expérience la plus enrichissante de toute ma vie.

On doit être persuadées qu’ils feront de ce monde un monde meilleur, et qu’on sera fières de raconter leur histoire. Mais il faut qu’il y ait une histoire à raconter. Et tout le monde n’est pas prêt à affronter la médiatisation.

Tu faisais quoi là-bas ?
Erin : C’est assez drôle. J’ai postulé sur le poste d’assistant junior, et je ne l’ai pas eu. Ensuite un poste de directeur des communications s’est libéré. J’avais 23 ans, je croyais que je n’arriverais jamais à décrocher ce poste. Mais je l’ai eu ! Ils m’ont embauchée. J’ai élaboré leur plan média, j’ai appliqué ce que j’avais appris, et ils m’ont donné ma chance.
Melody : L’autre chose à garder à l’esprit, c’est aussi d’accepter de travailler dans des structures plus petites. A part pendant mes stages, je n’ai jamais travaillé dans une grosse entreprise. Maintenant, en sortant de la fac, beaucoup d’étudiants ne jurent que par les marques, parce que c’est ce qu’ils connaissent et c’est ce qui confère une crédibilité. Mais en travaillant pour des sociétés plus petites, on a plus de chances de gravir les échelons, on n’est pas juste un numéro. On nous donne plus de responsabilités. Les gens reconnaissent vraiment la valeur de votre travail. On ne peut pas se cacher donc on doit travailler plus dur, mais au final, c’est bien plus gratifiant.
No.29, votre société, est une agence de communication. Que faites-vous exactement ?
Erin : Je crois que ma mère essaye encore de comprendre ce que je fais dans la vie !
En gros, on observe, on essaye de saisir l’air du temps – par exemple, imaginons qu’une marque veuille se lancer à New York. Personne ne les connaît, on fait des recherches dans le paysage médiatique, on cherche où ils pourraient s’intégrer et quels journalistes pourraient être intéressés et faire un article sur eux. On fait très attention à ne choisir que des projets auxquels on croit et ensuite on travaille beaucoup sur les dossiers qu’on envoie aux journalistes quand on leur demande si ça les intéresse et s’ils pourraient faire un papier sur ça. On n’envoie que de la qualité.
Melody : Notre réflexion va même plus loin que ça. Oui, on veut obtenir de bons papiers pour nos clients, c’est notre gagne-pain. Mais on va plus loin : y a-t-il des partenariats qui feraient sens pour nos clients, ou d’autres personnes dans notre réseau qui pourraient aider à augmenter la notoriété de la marque ? Y a-t-il des conférences dans lesquelles ils devraient intervenir ? Pourraient-ils écrire une tribune sur un sujet particulier ?
Erin : On essaye de trouver comment traduire au mieux le message de nos clients, pour que les gens le comprennent. On travaille sur des questions très complexes – que ce soit la politique ou bien le travail d’une archéologue de l’espace, comme celle avec laquelle on travaille actuellement, qui a remporté le TED Prize. Comment explique-t-on ça aux gens qui ne connaissent rien à la question ? On doit trouver comment vulgariser sans trahir la science. Les faits parlent d’eux-mêmes, mais on croit aussi qu’en donnant accès à l’information, en la diffusant, les gens vont pouvoir s’y intéresser.

Comment est né No. 29 ?
Erin : On était en déplacement à LA, pour travailler pour le TED. On s’est regardées et on s’est dit qu’on pouvait faire ça toutes seules. Et si on créait notre propre agence ? Et voilà, c’était fait.
Melody : Oui, on était arrivées au moment où on se demande quelle va être la prochaine étape, et ça n’avait aucun sens de repartir à zéro dans une nouvelle boîte. On sentait qu’on avait construit un réseau et on savait ce qu’on faisait à ce moment-là. On s’est dit : ok, on est sûres de ce qu’on fait. On peut le faire !
Erin : On voulait pouvoir choisir les personnes avec qui on travaillait. On a toujours été toutes les deux très pragmatiques. Ça ne veut pas dire qu’on ne travaille qu’avec des organisations à but non lucratif. On travaille aussi avec des marques de vêtements. Mais on voulait pouvoir sélectionner ceux qu’on allait représenter.

Et puis, on travaille tellement bien ensemble. De toute ma vie, c’est probablement la relation la plus facile à vivre que j’aie jamais vécue.

A la tête d’une entreprise, une collaboration qui fonctionne, c’est la clé du succès. C’est ce que je ressens avec G. Comment avez-vous réalisé que vous étiez faites pour travailler ensemble ? Vous pouvez nous expliquer comment vous fonctionnez ?
Melody : On a eu la chance de pouvoir travailler ensemble, de partager le même bureau et de tout le temps échanger nos idées. Chacune sait comment l’autre fonctionne et ce qu’elle pense. La transition s’est faite en douceur, sans effort. Les entrepreneurs sont parfois à la recherche du partenaire idéal. C’est comme le dating. Tu testes différentes personnes pour voir si ça fonctionne. Et nous…
Erin : On n’a pas eu à passer par cette étape.
Melody : On considère notre amitié comme une base. On a toutes les deux plus ou moins le même parcours. Chacune sait comment l’autre fonctionne. Et on sait aussi comment on se complète mutuellement dans notre travail.
Eryn : On est tellement semblables et différentes à la fois. On a eu beaucoup de chance, une belle amitié est née de cette relation de travail, donc pas besoin de dating. Et d’après ce que je vois autour de moi, ça n’arrive pas à beaucoup de gens. Et, on touche du bois, on ne s’est jamais disputées. Pas une seule fois. Je ne me serais jamais lancée toute seule. C’est tellement agréable de pouvoir échanger des idées avec quelqu’un. Ou de savoir que quelqu’un est là pour vous soutenir…
Melody : Oui, c’est une relation équilibrée. Basée sur la confiance. C’est le plus important. Comme dans un mariage ou dans n’importe quelle relation, la confiance doit être la base. Si ce n’est pas le cas, ne vous investissez pas dans cette relation. Parce que dans certains domaines, on doit pouvoir être sûr que l’autre gère, comme les finances et les impôts, ce genre de choses ennuyeuses.

Qu’est-ce qui se cache derrière ce No. 29 ?
Erin : Ann Friedman a écrit une chronique – Le Pouvoir du nombre 29. Elle nous explique que tout au long de l’histoire, des femmes ont accompli des choses remarquables à 29 ou 30 ans. Elle a aussi écrit un article sur le fait de ne pas considérer les RP comme un ghetto rose. J’ai adoré ! Et aussi le fait que ce soit un nombre, un âge, celui qu’on avait quand on a décidé de se lancer. Ensuite, d’autres personnes nous ont envoyé des infos (par exemple, en numérologie, 29 signifie une communication honnête, directe et franche). Donc c’était évident. Et puis un matin, on était sorties courir et j’ai vu le nombre 29 sur un store, très New York style. Ça a achevé de me convaincre. Et voilà, No. 29 était là.

Qu’est-ce que vous faites exactement ?
Erin : On s’occupe des relations médias pour des entreprises, des particuliers et des organisations. On a aussi des partenariats et on fait un peu de marketing. En somme, on élabore des stratégies pour les gens. On travaille avec TED Prize et TEDx. Avec Veja, une marque de sneakers française. Avec l’artiste Oliver Jeffers, avec le Natural Resources Defense Council… et bien d’autres encore !

Vous choisissez vos clients selon quels critères ? Quel est le plus important pour vous ?
Erin : On a besoin d’être séduites par leur projet.
Melody : Oui, on a besoin d’être séduites par ce qu’ils font. Et on doit être persuadées qu’ils feront de ce monde un monde meilleur, et qu’on sera fières de raconter leur histoire. Mais il faut qu’il y ait une histoire à raconter. Et tout le monde n’est pas prêt à affronter la médiatisation.

Quels sont vos rôles respectifs au sein de l’agence ?
Erin : Ils sont identiques – on supervise le travail de nos clients. On dirige l’agence, on monte les dossiers, on travaille beaucoup ensemble.Melody s’occupe de toute la partie financière. [rires]
Melody : Seulement par défaut, pas par plaisir !

Vous travaillez avec combien de personnes ?
Melody : En ce moment, on est quatre dans l’équipe. Parfois on est cinq.

Notre mantra : on ne se comporte pas comme des connards et on ne travaille pas avec les connards. La vie est trop courte.

Une journée-type pour vous ?
Melody : Ça varie pas mal. Parfois, tu crois que ta journée est bien calée, avec des réunions programmées. Et puis un imprévu arrive, et alors… [rires]

Erin : On commence toutes les deux la journée par un peu de sport.Rien de bien violent. En tout cas, ça commence par ça, puis café et NPR pour moi. Toujours. C’est un rituel immuable. A part ça, ça dépend d’où on se trouve. Lundi par exemple, on lance les plates-formes TED Prize donc je travaille sur ça.
Melody : Je reviens tout juste de Sundance où un client VR, Condition One, a présenté un film qui complète le propos d’Al Gore dans Inconvenient Sequel : ils nous emmènent au Groënland observer la fonte de la banquise. On est littéralement au bout du monde et on se prend en pleine face les conséquences du réchauffement climatique. J’y ai passé 4 jours avec un membre de notre équipe, à présenter le film à la presse et à organiser des interviews, du travail de terrain, faire découvrir aux gens leur travail.
Notre travail nous emmène aux quatre coins du monde, donc on doit se répartir les projets. On adorerait faire tout ça ensemble, mais ce n’est plus possible désormais.

Dans votre relation, comment est-ce que vous trouvez votre équilibre ? A quoi ressemble la dynamique de votre duo ?
Erin : Je crois que l’expression chaos créatif correspond assez à ma façon de travailler. On retrouve ça chez toi, mais tu es bien plus apaisante. Je suis souvent en mode : Qu’est-ce qui nous arrive encore ?! Et elle plutôt du genre : C’est bon, on gère. Elle est sereine. Tu confirmes ?

Melody : Oui, je crois que je gère la pression de façon plus sereine. Et le fait d’aller à la gym le matin, ça me calme pour le reste de la journée. [rires] Ça me permet aussi de régler plus facilement des choses qui sans ça m’auraient vraiment stressée.

Parfois, c’est vraiment nécessaire d’envisager les choses sous cet angle. Ce qui m’aide aussi vraiment, c’est de partir en vacances une fois par an (je checke quand même mon téléphone tous les jours). Ça m’aide à prendre du recul, de sortir complètement de cet environnement. Dernièrement, j’étais au Ghana, j’ai enseigné dans une école, et je me suis autorisée une totale déconnexion (en partie parce qu’on avait des coupures chaque jour). [rires] C’est des moments comme ceux-là qui me rappellent que tout va bien se passer, qu’ailleurs dans le monde, chaque jour, des gens font face à des situations bien plus terribles et à des challenges bien plus grands, et que dans mon job, je dois prendre les choses avec sérénité.

Dans votre travail, quel a été votre plus grand challenge, tant sur le plan personnel que professionnel, au sein de votre agence ?
Erin : La gestion du temps, et je dois encore faire des progrès dans ce domaine. Il y a tellement de gens qui veulent des tas de choses différentes, on doit vraiment apprendre à équilibrer tout ça pour être que sûre que tout… Non, en fait, on ne peut pas tout faire seul. Et certaines contraintes, notamment technologiques, rendent tout ça encore plus intense.

Melody : Pour moi, ça a été d’apprendre à lâcher prise. Accepter de déléguer. On a vraiment une équipe géniale en ce moment ; maintenant, je peux me permettre de prendre du recul, et m’offrir du temps et de l’espace pour réfléchir. On en parle tous les ans, c’est un objectif qui revient régulièrement, prendre du temps, pour repenser notre stratégie, pour anticiper. Quels sont nos objectifs ? Mais on n’y arrive jamais, on est dans l’instant, on fait notre maximum pour nos clients.

Depuis la création de votre agence, quels ont été vos plus gros succès ?
Erin : On est des entrepreneurs, pour de vrai, ça dure depuis trois ans et je suis très fière quand je regarde tous les clients qu’on a, tous les gens avec qui on travaille et surtout, on prend toujours du plaisir à faire ça.

Concentrez-vous sur ce qui vous plaît le plus. Trouvez un moyen de travailler dans ce domaine parce que ça va vous pousser à travailler dur et ça va être très formateur.

Vous avez des mentors ?
Erin : J’ai eu plusieurs mentors, et je suis toujours en contact avec eux. Par exemple mon amie Laura, qui travaille encore chez Oxfam, c’est grâce à elle que je suis arrivée dans la communication. Un membre du NRDC qui, il y a peu, dirigeait le service communication du Département de l’Energie, et qui tweete encore des infos sur le Département de l’Energie sous l’administration Obama. J’ai appris auprès de tant de journalistes et de gens dans la communication…

Melody : Pareil pour moi. Tout au long de ma carrière, plein de gens m’ont aidée, d’anciens clients ont promu mon travail et continuent de recommander notre agence et prennent même de mes nouvelles de temps en temps, juste pour voir comment ça va. Mon père a l’âme d’un entrepreneur, et il m’a toujours encouragée. Il a toujours cru que je pourrais accomplir tout ce que je voulais, peu importe le domaine. Il m’a toujours encouragée à faire les choses que j’aime et à ne pas me soucier de combien d’argent je gagne… Juste suivre mon chemin, et tout ira pour le mieux.
Il a aussi été un super conseiller financier quand on a créé l’agence, je n’ai pas fait d’école de commerce et parfois, je suis un peu submergée par la quantité de travail à accomplir. J’ai toujours peur de commettre des erreurs dans ce domaine, ce n’est pas intuitif pour moi. Je suis plus une créative qu’une pro d’Excel.
Erin : Mes parents sont nos conseillers juridiques depuis le début. Ça ressemblait un peu à une entreprise familiale quand on a commencé.
Melody : C’était important pour nous, on avait besoin de pouvoir faire confiance à ceux qui nous entouraient. Et évidemment, les gens en qui tu as le plus confiance, c’est ta famille.

Le meilleur conseil qu’on vous ait donné ?
Erin : Ne conseille rien que tu n’aies expérimenté par toi-même.

Evidemment !
Erin : On a décidé, c’est une longue histoire, que notre mantra serait : on ne se comporte pas comme des connards et on ne travaille pas avec les connards. La vie est trop courte.
Melody : On a écrit un manifeste quand on a commencé No. 29, on le fait lire à tous nos nouveaux employés et on essaye vraiment de s’y tenir. Ça tient sur une page et ça, c’est un de nos principes fondamentaux.
Erin : C’est même le premier.
Melody : Le premier, avec, entre autres, parcourir le monde pour élargir nos horizons et être plus créatifs.

Un conseil pour les gens qui voudraient se lancer dans la communication, ou qui essayent de s’investir dans quelque chose de plus social ?
Erin : Je dirais : concentrez-vous sur ce qui vous plaît le plus. Trouvez un moyen de travailler dans ce domaine parce que ça va vous pousser à travailler dur et ça va être très formateur.
J’ajouterais : en sortant de la fac, ne vous inquiétez pas pour l’argent. Vous devez payer votre loyer. Vous pouvez trouver un coloc. Vous y arriverez. Par contre, quand vous aurez une famille, ce sera différent, ça deviendra important. Mais au début, l’argent n’a pas d’importance. Il vous faut juste de quoi vivre et plus tard, quand vous devrez choisir entre deux jobs et que la différence de salaire sera de 5000$, choisissez celui qui vous emballe le plus.
Melody : Il faut en vouloir toujours plus. Rappelez-vous, surtout si vous sortez tout juste de la fac, peu importe le nombre de stages que vous avez faits, vous n’avez aucune expérience. Soyez le premier à proposer vos services, on vous remarquera. C’est comme ça que les gens se font remarquer et c’est comme ça qu’on arrive rapidement au top.

Vos rêves pour l’avenir ?
Melody : Continuer à nous développer. Pas pour devenir une multinationale de mille employés, mais je me dis qu’on en arrive au stade assez excitant où notre travail commence à être reconnu, notamment en raison de tout ce qui se passe dans le monde. Et continuer aussi de développer notre travail à l’international.
Erin : Je suis assez d’accord. C’est passionnant de se développer, de s’implanter dans différentes villes, et de ne garder que les projets qui nous intéressent. Dans l’idéal, on reste une petite entreprise, on ne veut vraiment pas devenir une grosse boîte. On veut s’impliquer quand les projets de tous nos clients, c’est aussi une des bases de notre proposition, on veut faire partie de l’équipe de nos clients. C’est tellement gratifiant – ils nous apportent tant.

6 comments

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  • Such a great interview. But a thing to keep in mind when in partnership with a friend/friends: put all business in writing/contract and keep everything persona…personal. And by that I mean, protect the friendship at all costs, even when the business side of things starts to tug on your egos, and it will.
    http://www.sheknows.com/living/articles/1069701/burgeoning-business-basics-for-dreamers

  • It’s great to see people like this doing such meaningful work, and to learn how they got there and created a business. Mixing business and passion/ethics is possible.

  • This is definitely a hot topic. While reading this interview, I received an email from another newsletter with an article about the problem of brands calling themselves « sustainable. » I understand the purpose of this article was to discuss Erin and Melody’s careers, which was quite refreshing. It would be interesting to know what parameters they use to determine who they will work with. Coming from a scientific research background, I wish I had known more about this from my Career Development Office when I was exploring « alternative careers » that didn’t involve the bench. I don’t think it’s a bad idea to create connections with undergraduate and graduate school CDOs to get the word out that this is an important and viable option. Final question, in regards to those in their mid-career. What are their recommendations for those wanting to switch careers or apply their skills differently? Thank your for this piece!

  • Love these career interviews. Please keep them coming. Yes, 29 is the magic number. I started my website designed to help young South Africans choose the right career, last year and I was 29 then. You found great partners in each other Erin and Melody.

  • These interviews are great. Please keep them coming. I enjoyed reading the NYMag article referred to as well: http://nymag.com/thecut/2014/08/power-of-29-an-ode-to-being-almost-30.html

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