The Escape of a Bath
5 years ago by
Vous vous souvenez peut-être de la charmante Allison Baar et de son article sur la poésie ici. Eh bien, nous avons décidé de la faire revenir pour parler en détails de son rituel préféré pour s’échapper… les bains.
Je crois fermement au pouvoir des bains. Je sais que tout le monde n’est pas d’accord – ou en tout cas c’est ce qu’ils pensent – mais je suis convaincue que c’est parce qu’ils n’ont pas essayé le type de bain dont je parle. Le type de bain qui ne conduit pas seulement à une peau plus douce mais aussi à une transcendance métaphysique. Bien sûr, j’adore les bains avec l’exfoliation, le masque, les magazines, la musique acoustique, tout ce qu’il faut, mais surtout, pour moi, le bain est un espace sacré, un temple, un lieu de méditation. Je suis très mauvaise en méditation, je commence à m’ennuyer et à gigoter sur mon coussin à essayer de vider mon esprit. Mais mettez-moi dans de l’eau parfumée à la lavande et je ferme tout de suite les yeux pour me perdre dans mes visualisation créatives (je suis une orbe dorée ?), mes récitations intérieures de mantras positifs (ils varient selon l’angoisse que j’essaie de résorber au moment du bain en question) et mon travail sur ma respiration (n’oublie pas de respirer !), tant que l’eau est chaude.
Je suis une opportuniste des bains. Je ne peux pas résister à une bonne baignoire et je suis connue pour avoir demandé à une hôtesse de dîner si je pouvais aller faire trempette après avoir vu une belle baignoire en marbre ou une superbe baignoire en porcelaine sur pieds. J’ai échappé à de nombreuses crises d’angoisse causées par ma peur en société en m’enfermant pour pouvoir plonger dans la baignoire, au grand désespoir de tous ceux qui faisaient la queue pour faire pipi. Je crois qu’ils pensaient que j’étais en train de me droguer, sinon ils n’auraient pas fait autant de bruit en frappant à la porte. Et comme je viens de récemment acquérir l’objet de mes plus grands fantasmes de bain, la baignoire en extérieur, assez grande pour deux, j’invite mes amis à venir se baigner chez moi s’ils se sentent déprimés ou simplement pour les remercier. Il n’y a rien de tel qu’un bain préparé pour vous avec amour, avec des sels, des huiles, l’eau à la parfaite température, les bougies et la musique sont un plus. Personnellement, j’adore Philip Glass et Bessie Smith, mais je change la sélection selon mon humeur.
Ces derniers temps, j’ai souffert de déprime hivernale (ça fait si longtemps qu’il fait froid) et j’ai pris plusieurs bains par jour. Je sais que j’en suis quasiment au stade Margot Tenenbaum, c’est vrai, et même si je reconnais que c’est irresponsable d’un point de vue écologique, je crois que mon bien-être mental doit contrebalancer les choses, façon effet papillon. Purifier son corps est réellement une façon de purifier son âme.
Dans l’histoire mondiale du bain, depuis le hammam turc jusqu’au sento japonais en passant par les bains russes et le jimjilbang coréen, la purification du corps est un rituel qui vous encourage à vous débarrasser de la saleté du monde matériel, et vous invite à la guérison et à l’absolution grâce à la purification par l’eau. Personnellement, je recherche ces espaces quand mon esprit n’en peut plus, quand j’ai besoin de trouver un havre de paix, loin du chaos de notre monde moderne. J’ai remarqué que, souvent, nous cherchons du réconfort dans le familier, dans les espaces qui nous rappellent les premiers endroits où nous nous sommes échappés, ceux qui nous ont toujours semblé sûrs. J’ai grandi dans une maison en désordre, bruyante et inconfortable où j’avais très peu d’intimité. La salle de bains était la seule pièce de la maison où j’avais le droit de fermer la porte pour m’échapper dans mon propre monde. Quand j’était petite, je mettais un grand plateau sur la baignoire pour pouvoir dessiner et manger des pancakes (il ne faut pas penser à l’image des spaghettis dans Gummo, je me voyais plutôt comme Winona Ryder dans Mermaids) et ne pas penser au chaos de ma vie familiale compliquée. Adolescente, le bain est devenu l’endroit où je pouvais me cacher de ma belle-mère diabolique, lire des romans dont les pages gondolaient, rêver de mes béguins et écouter beaucoup de jazz, parce que c’est ce que je voyais les gens écouter dans des films. Aujourd’hui, quand je voyage, je m’intéresse à la culture locale des bains comme un moyen de m’intégrer, pour me retrouver comme un être humain au milieu d’autres êtres humains à accomplir cette activité profondément humaine. A nous laver et à nous détendre. Dans des bains, passer des heures à s’occuper de soi n’est pas bizarre. C’est même pour ça que tout le monde est là. On se frotte, on se plonge dans l’eau, on prend des bains de vapeur, on se rince et on recommence. Et on sort, beau et régénéré.
Je me suis déjà fait frotter vigoureusement la peau au point qu’elle devienne rose, à vif et aussi douce qu’un bébé, par des Coréennes énergiques en culottes et en soutiens-gorge noirs. Et j’ai passé des heures à alterner entre des bains d’armoise, à transpirer quasiment jusqu’à m’évanouir dans des saunas de cèdre, puis dans des hammams, à peine consciente avant d’aller récupérer dans des pièces entièrement construites en sel rose de l’Himalaya (parfait pour les poumons !) ou en jade légèrement chaud. A Los Angeles, le passage par le K Spa comme on l’appelle est un rite de passage d’intimité entre copines. Un endroit où être nues ensemble, tranquilles ensemble, des corps de tous âges et de toutes cultures, engagés dans une simple activité de détoxification.
J’ai laissé un gros Russe me flageller avec des bâtons, plus précisément un bouquet de branches de chêne et de bouleau, utilisé pour un “massage” (est-ce que c’est techniquement un massage quand on se fait fouetter par des branches) juste pour améliorer la circulation. J’ai sué tout un weekend de mauvaises décisions dans un sauna russe à 90 degrés, avant d’éradiquer toutes les toxines vaseuses qui sortent de mes pores élargis en plongeant dans une piscine froide à 7 degrés.
Mon rituel de bains préféré, celui qui est le plus adapté pour mon style de bains à la maison, c’est la version japonaise. Que ce soit à la maison, dans une baignoire Ofuro, ou dans un Sento, un bain public, ou un Onsen, une source d’eau chaude naturelle, l’idée de rituels est toujours profondément ancrée. Pour commencer, il faut se laver le corps dans un espace distinct du bain, enlever les peaux mortes et préparer le corps, tout beau tout neuf, à entrer dans l’eau. Sur le principe, ce n’est plus un espace pour se laver activement mais pour la contemplation. L’eau sera améliorée avec des sels, des herbes et des huiles, tout particulièrement dans la profonde baignoire en cèdre Ofuro. Une fois que les sens sont calmés par la chaleur et l’eau, le bain permet à l’esprit de se détendre dans un espace d’unité sensuelle.
Parfois, il faut commencer par le physique pour activer l’émotionnel. Ma mère me donne un rouge à lèvres et un Vogue et me dit de me laver les cheveux quand je suis agitée. Avant, je pensais qu’elle me trouvait superficielle ou qu’elle ne pensait pas que j’avais de vrais problèmes mais mes larmes étaient réelles (le rouge à lèvres ne peut pas guérir ça maman !) mais maintenant, je peux reconnaître la validité de ses méthodes. Prends soin de ton corps, fais-toi belle, que tu te sentes femme et le reste suivra. Il faut faire confiance au courant comme on dit. Ou prends un bain et efface toute la mémoire cellulaire des peaux mortes (mortes, c’est l’heure de passer à autre chose) et tu seras comme neuve.
Préparer une vraie cérémonie de bains dans le confort de sa maison demande pas mal de travail. Il faut bien nettoyer la baignoire et ramasser toutes les culottes qui se sont accumulées par terre pendant la semaine (je ne suis pas la seule ?) pour nettoyer les énergies. J’aime prendre une douche et récurer mon corps et ma baignoire en même temps. Puis, en rentrant dans la baignoire, je m’occupe de l’ambiance, j’enlève tous les produits de soin disgracieux de ma ligne de vision, j’allume de l’encens, des bougies. Parfois, quand je m’aime vraiment, je roule ma serviette comme si j’étais dans un spa. Un peignoir (j’aime voler le mien dans les bons hôtels mais c’est techniquement un peu immoral donc je ne vous y encourage évidemment pas) est un vrai luxe pour la sortie du bain quand, en me sentant encore psychédélique à cause de la chaleur, je me couche dans la salle de bains embuée à la lumière des bougies, rouge, rayonnante et endormie par la chaleur, la respiration et le calme. Et je laisse mon esprit flotter encore dans cet espace vide récemment acquis. J’en émerge avec le visage un peu rouge mais l’air 10 ans plus jeune, les yeux gonflés à cause de trois jours de larmes avant mes règles, calme désormais, mon sourire plus doux, mon aura dorée rayonnante et recentrée. Ça en vaut complètement la peine.
Loved reading this!
I am a big lover of baths as well. I live in a busy city and have two small children and whenever I need a break, I do my little (ok not so little) bathing ritual and just SIT there. My husband does not understand how I can spend 2,5 hours in the bathroom, naked, without entertainment and will sometimes come up to ask if I need anything (should I bring you your Phone? Do you want the iPad? Do you want wine?! Surely you want something to read?) (Answers: No, No, Yes!, No). Always come out of that room feeling invigorated.
Not very ecological bathing these days.
Hello. Please don’t hate me for being that person, but « wax and wane » means « to undergo alternate increases and decreases. » The moon, for example, waxes and wanes as it goes through its phases. The phrase just doesn’t make sense here. Perhaps « wax poetic on » or even just « reflect on »?
Thank you!
Thank you, Stephanie, for being that person. I’m glad I’m not the only one :-)
Can I say just how much I loved this piece? It made me so very happy! I, too, love the bath so much. I recently became reacquainted with my favorite ritual because I’m finally renting a home with a bathtub that I feel like I can get clean enough to bathe in. My least favorite part of the ritual is the precleaning – oftentimes I dread it so much that I avoid it. I had never thought of doing a cleaning shower beforehand. Genius!
I love the bath bombs from Lush. The essential oils leave my skin feeling so silky and I love that they tint the water, too. I took an amazing, long luxurious bath just last night and, wow, it was so soul healing in ways that I just can’t describe. I like to get the water so hot that I almost can’t stand it and then lay on my bed in my towel with a fan on high afterwards while drinking ice cold water until my body temperature falls to a more manageable level. It’s so awesome!
I really feel like the very best parts of life are so simple. For me, a hot bath and a long, long walk with my dogs are the very best parts of living. I love that they are basically free (expensive Lush bath bombs aside!) and are available to me anytime I am willing to prioritize myself and my needs above the din of demands I always seem to have on my life and my time. I never regret a bath or a walk!
Beautiful piece! So witty and warm and right. Highly motivated to bathe more now! Thanks for this.
A hot relaxing bath is what I wait for after a long day. But I’m also on the “bathes is like sit in your own filth” side! So I have to take a shower after my bath no matter how relaxing that was or how my skin was soft :D actually, nothing gets my skin so soft like my Egyptian loofa which I use in my daily showers, so I get the best of both worlds, baths for reflecting, and showers for squeaky soft feeling (yes that’s a thing). Here’s a post about Egyptian loofas https://www.fashionparadoxes.com/how-to-exfoliate-skin-egyptian-loofah/
Il est troublant et si rare mais très agréable à la fois, de se retrouver dans une personne que l’on connaît pas. Merci ces deux articles tant sur la poésie que sur les bains.
Peut être cette adresse vous plaira (je n’ai aucun lien avec le lieu)
https://www.etangs-corot.com/spa-caudalie/
Thank you for this wonderful article. I just came out of the bathroom after taking a long bath (during which I talked to my mother on the telephone for half an hour). I was lying in my bed and asking myself: Why is it that I’m addicted to taking baths? Why is it that from November to March I take a bath almost every evening? This can’t be sane. Then I read this beautiful confession, and I found out: (1) Yes, it can be sane. For my mind, my soul and my body. (2) I’m not the only person in the world addicted to baths. Finally there’s someone who understands me.
I live in Hamburg, a wonderful city with much rain, much wind, a lot of clouds. Taking a bath is the perfect consolation for living in one of the most beautiful cities of the world, but full of all varieties of the color grey.
You can certainly see your expertise in the work you write.
The world hopes for even more passionate writers such as you
who are not afraid to say how they believe. Always follow your
heart.