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My Better Half

6 years ago by

Photos Sonia Sieff

En octobre, je me suis réveillée avec une douleur assez aigüe que toute femme âgée de plus de 18 ans saura identifier comme étant une infection urinaire. J’ai ingurgité des litres de jus de cranberry et je me suis précipitée chez la généraliste du quartier où j’ai tout de suite informé la secrétaire médicale que j’avais une infection urinaire et que j’adorerais avoir ces pilules magiques qui engourdissent la vessie et donc cette sensation incessante de devoir aller faire pipi qui peut rendre dingue. Mais pour me voir prescrire lesdits médicaments, il fallait que je fournisse un échantillon d’urine. Pas de problème. Sauf que : mon échantillon d’urine indiquait que je n’avais pas d’infection urinaire.

Putain. Qu’est-ce que mon mec m’a refilé ?

C’est bien sûr le premier truc qui m’est venu à l’esprit. J’ai aussi dû avoir des envies de meurtre mais heureusement pour lui, c’est à ce moment-là qu’une doctoresse d’âge mûr est apparue pour un examen approfondi. Voici notre conversation :

Doctoresse : Est-ce que vous vous êtes examinée avant de venir ?

Moi à la doctoresse : Oui, bien sûr.

Ma voix intérieure : Non mais pourquoi est-ce que je ferais un truc pareil… Si je suis venue, c’est pour que vous le fassiez.

Doctoresse : Vous avez remarqué quelque chose d’anormal ?

Moi à la doctoresse : Non, tout va bien. Si ce n’est cette douleur lancinante.

Ma voix intérieure : Euh… quand est-ce que j’ai inspecté mon sexe pour la dernière fois ? Je crois que j’ai dû faire ça une fois avec un miroir, comme devoirs pour le cours de biologie. Donc en 4ème ? Oui, ça doit être ça.

Doctoresse : Vous êtes sûre que vous n’avez rien vu ou senti d’anormal dont vous voudriez me parler avant que je vous examine ?

Moi : C’est une moule ordinaire.

Voix dans ma tête : Toute cette inspection, c’est un peu à mon mec de la faire, non ? Il passe plus de temps que moi dans cette zone. Ce serait plus efficace.

Je crois que la doctoresse n’a pas trop aimé ma blague sur les moules parce qu’elle a arrêté de me poser des questions et placé mes pieds dans les étriers. J’étais donc dans une position où il est impossible de garder sa dignité, les fesses au bord de la table d’examen. C’est là qu’elle m’a sorti, “Vous avez une mycose. C’est un diagnostic visuel. Votre vulve ne devrait pas ressembler à ça.”

Ah oui. Bien sûr. Je sais. Attendez… est-ce que je le sais vraiment ? A quoi ma vulve est-elle censée ressembler ? Est-ce qu’elle a poussé depuis ce dernier examen, en 4ème ? Je crois que j’ai peur de ma vulve, parce que même quand elle me supplie de m’occuper d’elle, je n’arrive pas à l’examiner rapidement pour voir ce qui ne va pas. Pourtant, j’accorde à peu près 30 min d’observation à mon visage et mon corps tous les matins pendant que je me lave le visage, les dents, que j’applique sérums, crèmes, potions, lotions qui devraient me permettre de vieillir harmonieusement. Si j’ai une nouvelle tâche de rousseur au milieu du dos… je la vois tout de suite. C’est vous dire si j’observe mon corps.

Enfin, apparemment, j’oublie juste l’endroit le plus important. J’ai dû l’observer en tout et pour tout 10 minutes quand j’étais au collège, et la plus grande partie de ces 10 minutes ont été un peu suicidaires puisque je n’arrivais pas à comprendre comment un mec pouvait avoir envie de s’approcher de… ça. Je ne voyais pas de bouton de rose, encore moins de pétales, tout ça ressemblait beaucoup plus à une plante carnivore !

Je suis assez à l’aise avec ma vulve et mon vagin pour mettre des tampons sans applicateur mais je refuse de faire de la spéléo pour vérifier les fils de mon DIU (pour moi, c’est le job de mon mec, et puis je me dis que s’il bougeait, je le sentirais, vu comme j’ai souffert quand on me l’a posé).

La doctoresse m’a conseillé de passer plus de temps avec moi-même, ce qui m’a donné envie de partir en courant (certainement pas la réaction mature à avoir quand un professionnel de la santé vous demande de prêter attention à votre santé vaginale).

Je crois qu’il est temps que je grandisse un peu.

Et grandir, ça voulait aussi dire apprendre à mieux m’occuper de mon sexe. Apparemment, mon gel nettoyant à la lavande est en cause. La doctoresse m’a expliqué que les gels parfumés pouvaient nuire au pH naturel et avoir un effet décapant. En plus de médicaments, elle m’a recommandé de laver ma vulve exclusivement à l’eau à partir de maintenant.

HEIN ? QUOI ?

NON.

IMPOSSIBLE.

Bon, ok, j’ai du mal. Mais apparemment, ça fonctionne un peu comme un four auto-nettoyant, et le truc le plus sain à faire c’est d’utiliser de l’eau. Mais pourquoi est-ce que je ne savais pas tout ça ? Pourquoi est-ce que personne ne m’en a parlé ? Est-ce que c’est encore un truc lié à la pudibonderie américaine ? Si c’est le cas, c’est problématique, parce que là, on parle de la façon de prendre soin de son corps ! (Vous saviez que les Européens apprennent à leurs enfants à appliquer de la lotion tonique au quotidien. A leurs enfants ! Moi, j’ai dû attendre d’avoir 23 ans et le visage couvert de kystes, et c’est une femme vêtue d’une blouse blanche de chez Kiehl’s qui me l’a conseillé. Et dire que pour certains, c’est aussi indispensable que le dentifrice au quotidien.)

Bref, après cet incident, j’ai commencé à davantage parler de santé vaginale et j’ai remarqué que les réactions des femmes autour de moi était un peu les mêmes que lorsque je leur demandais leur avis sur le botox. Non, elles refusent toujours d’en parler.

On crée un véritable tabou autour de ces sujets à force de ne pas en parler… On les rend honteux. Autre exemple, l’avortement. Une femme sur trois y a recours au cours de sa vie, mais aborder le sujet continue à choquer.

En janvier 2017, j’ai fait le trajet de NY à Washington pour marcher avec des milliers d’autres femmes et former une marée de pussy hats roses. J’ai défilé pour protéger les droits de mon corps, et notamment mon utérus et mon sexe.

C’est quand même ironique, rétrospectivement, de me dire que j’étais prête à défiler pour une partie de mon corps que je n’ose pas contempler dans un miroir. Maintenant, je suis fière de dire que grâce à mon RV miroir mensuel, je sais à quoi ressemble ma vulve, et que je serais même capable de la distinguer entre mille.

La prochaine étape : demander à voir mon col au moment de mon frottis annuel. Oui. C’est possible. Une fois le spéculum en place, on peut placer un miroir qui vous permet de faire connaissance avec son col de l’utérus. Pas mal, hein ?

En attendant, je fais de mon mieux pour sensibiliser mon entourage aux vagins et aux vulves, pour lutter contre ce tabou sociétal qui affecte tant de femmes. Mais oui, allez, parlons de nos vulves !!

_________________

Image d’ouverture issue du magnifique livre de Sonia Sieff, Les Francaises..

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25 comments

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  • Last time I went for a pap smear I was told that my cervix was middle-aged! I did not need to know that!

  • hahaha! This made me laugh. My friend, who is 35 and pregnant, is mortified that all her charts are marked AMA, aka Advanced Maternal Age.

  • Luisa Fernanda 21 février 2018, 10:49 / Répondre

    Thank you!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! « We are creating a stigma around such things by not talking about them — we are making them taboo and shameful », I’m really taking these words as a navigation map. Very powerfull words indeed.

  • I was just recently told to wash only with water, and I was similarly shocked! Why is this information not more widespread??!! (No pun intended.)

  • People used to get yeast infections when that vaginal spray was popular. All you need is water, no chemicals please.

  • Ok, so it’s time to feature some midwives on AD. And maybe y’all are too young to remember The Vagina Monologues, so it might be time to bring Eve Ensler on here too. Because this is all important information, and yes, you should know and love your vulva!

  • oh Garance! C’est vrai que parler de sa vulve est difficile mais qu’est ce que c’est bon de te lire à nouveau.

  • Europeans don’t tell their kids to use toners….

  • Yeah, I came here to say that same thing. I’m European and I definitely didn’t hear about toner until I was maybe 15, at which point I did start using it daily. As for the only-washing-the-lady-bits-with-water part, well that I’ve known since I was a kid. I think it helps to have bidets, it becomes more of a normal thing to just wash with water and nothing else.

  • Veronica 21 février 2018, 1:52

    Hey ladies! Teenagers are « kids » to me! I was speaking to the fact that it’s at least introduced to you as as teenager in Europe. In the U.S. it’s more like when you’re 25 and that’s only if you seek it out. Never considered a part of your daily routine. I wish bidets in the U.S. were a normal thing!

  • Agreed.
    I’m from The Netherlands and had never heard of toner before reading this post.

  • Haha! I had the same reaction! (like, what are your sources here?) And come on, you can’t generalize Europeans. But apart from that, great post and keep on shouting on rooftops about vulvas! We need that :)

  • Most people’s bathrooms in Europe (at least the ones where I live) have bidets and are visibly stocked with bottles of ph-balanced soap labeled for « sensitive areas. » I don’t know if people talk about it per se, but at least it’s all there out in the open! Also after Trump got elected I vowed to start being more open about the abortion I had in my mid-20s. Obviously I don’t go around telling people I’ve just met, but all my friends and family know it happened, it was the right decision, it wasn’t traumatic (because I got excellent care and didn’t have a Republican state Legislature trying to interfere with the decision), and I have never regretted it.

  • Great foray into this topic. We really are pretty Victorain sometimes when it comes to women’s health.

    I love Rosemary Gladstar’s book « Herbal Healing for Women ». She gives so many alternatives for UTI’s , yeast infections and all the other imbalances we come across over the years. Rosemary and Dr. Christiana Northrup are probably the most open about our health and how to love our bodies.

  • Y’all need to get a copy of Our Bodies Ourselves. It was standard issue for hip chicks in the 70s. Plus a speculum.

    And, yes, I have had an abortion, and I am fine.

    Talk about everything.

  • Love this post. Veronica you rule!

  • I’m not so sure about shouting from rooftops ;)
    I grew up informed as it was considered part of hygiene! and here in Italy there are sections in supermarkets dedicated to washes for this part of body so it’s pretty normal, I’m surprised to read how little you(or Americans?) know about this., it is so important to know this part of your body and not be ashamed and I agree now the movement should be let’s tell our younger girls this stuff and normalize it.

  • Love this post, especially as an ob/gyn resident!!! Just FYI, you don’t need a yearly pap. Between the ages of 21-30, its a pap every three years, and between 30 and 65, you can space them out to every 5 years if you get HPV « co-testing. » After 65, if everything was normal, you can stop!

  • Has this changed recently? This year was the first a doctor ever mentioned this to me, while she was looking at me like I was crazy for having had a pap every year for the last 17 years – but I was always told this was necessary for birth control prescription refills!

  • If you must use anything other than water, try to avoid things with lavender. This is just personal experience, but it’s supposed to be anti-fungal, and perhaps, I don’t know, upsets the fungal balance down there? I hadn’t had a yeast infection in years, used lavender soap in the bath (for my feet and armpits! only!) and had a yeast infection the next day. Possibly coincidence, but I’m never going near the stuff again.

  • Hi Veronica, sorry you had this experience. I had an IUD in place in 2005 and then found myself pregnant, it was nerve racking as the IUD remained for my full pregnancy, I had no issues but it did not come out with the placenta. I gave birth to a healthy baby girl who is now 11 and my shining star! I had to go back for a scan a month after the delivery and the coil was back in the place it should have been all along.
    I do not say this to scare you but I never checked the strings, the coil was a flexi-t copper coil without hormones and I know my case is uncommon.
    I think it is always best to know your body… yourself! Best of luck, natural is always best.

  • Je lis « les joies d’en bas » écrit par deux gynécologues norvégiennes, on y apprend beaucoup sur le sexe féminin

  • J’ai l’impression qu’en France il est « facile » d’en parler. Du moins avec mes amies ont parlent de nos pertes, du fait de ne pas utiliser de savon sur sa vulve et tout pleins de choses comme ça :).
    Après je pense que ça dépend la façon dont on a été éduqué, et si on est pudique ou non !

  • What a terrific post! We must start talking about these things if not for any other reason then for health purposes! I’m ashamed to say that I still don’t exactly know what the vulva is (is it a synonym of vagina?)… and I’m in my 30s. I wonder what my gynaecologist would say if I told him I wanted to see my cervix – I’ve never heard of it being done here in Belgium.

  • Seriously laughing. Why on earth would you not inspect your vulva? She is your friend. My friends and I chat about caring for our lady parts all the time. It might seem odd ball behavior, but the more you ask the more you do learn. My response….Use the bidet, wash her with a pH balanced soap and rinse away!

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