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BEAUTY GONE TOO FAR

5 years ago by

L’ épilation brésilienne ne suffisait pas.

“Si nous faisions toute la zone, ton copain adorerait” m’a dit J. Sister, une des sept du salon du même nom, après m’avoir fait un maillot brésilien.

Ce qu’elle suggérait, après avoir enlevé tous les poils pubiens du haut des jambes et de la zone autour de mon vagin, c’était de faire la même chose autour de mon anus. Je crois que je n’avais même pas de copain à l’époque, mais la force de ce qu’elle sous-entendait m’a fait réfléchir.

Je m’étais fait une épilation brésilienne une ou deux fois. Une procédure douloureuse et inutile mais tout le monde le faisait donc je l’ai fait aussi, dans le salon qui était censé l’avoir importée à Manhattan. Je n’avais pas songé à ajouter l’autre orifice mais en deux temps trois mouvements, mes genoux se sont retrouvés à côté de mes oreilles.

La J. Sister (je ne me souviens plus laquelle) avait fait du bavardage oisif une forme d’art, et m’expliquait en détails pourquoi le maillot brésilien était si bien et si sexy, et que je ne n’aurais plus jamais aucune sorte de “buisson” en bas quand, après une bande particulièrement agressive, elle a arrêté et s’est tue.

“Argh.”

“Quoi ?” ai-je demandé, alors qu’elle m’empêchait de reposer mes cuisses sur la table, avec les pieds en l’air.

Elle a ri et dit “Oh, rien. C’est juste que vous avez un petite marque ici, c’est tout.”

Ma marque était une framboise relativement grosse, située juste à côté de mon anus, de quoi vous faire réfléchir (ou arrêter de réfléchir) pour une trentenaire célibataire et sexuellement active.

En le regardant ensuite dans ma salle de bain, miroir de poche à la main, je me suis dit que non seulement j’avais l’air d’une pré-adolescente, et plus encore, une pré-ado sujette aux incidents inexplicables.

Je n’ai jamais particulièrement prêté attention à la pigmentation de ma vulve, mais cet incident s’est avéré révélateur : l’épilation brésilienne était douloureuse et cette nouvelle marque était ridicule. Je ne l’ai plus jamais fait.

L’expérimentation est une des raisons pour lesquelles nous aimons tant les produits de beauté. La promesse de découverte d’un nouveau look donne des frissons et, que nous adorions ou non le résultat, le changement est plus ou moins temporaire donc le risque est limité. C’est pour ça que jouer dans l’arène de la beauté sans aucune retenue est si tentant. Je me considère personnellement comme une joueuse prudente qui pratique une ferme sélection. Comme pour la bourse ou les courses de chevaux, je parie sur les valeurs sûres et je laisse passer les choix risqué, ce qui explique pourquoi j’ai toujours, avec bonheur, mes sourcils.

J’ai finalement trouvé l’épilation laser, un processus qui, certes, prend beaucoup de temps, sans parler de beaucoup d’argent (surtout si vous souhaitez faire toute la zone sous la ceinture), mais le processus est, pour reprendre une expression judiciaire, bien établi en droit. Je l’ai fait il y a 13 ans et mes gambettes sont toujours aussi douces que des fesses de bébé. Mon ticket de métro est plus ou moins revenu mais nous nous contentons plutôt de la taille occasionnelle. J’imagine que maintenant que je suis mariée, certains vont penser que je me laisse aller mais, en ce qui concerne les traitements beauté, voilà le truc. Nous apprenons quelque chose sur nous-mêmes en les essayant – et plus précisément, quelles sont nos priorités et là où cela ne nous dérange pas de ne rien faire. Quand mes racines grises apparaissent, je deviens très parano à l’idée de les laisser sans les traiter, mais je n’en ai franchement rien à faire de la situation de mes poils en bas.

Néanmoins, il y a ces occasions où la promesse d’une mâchoire plus ferme ou d’une cuisse plus douce est trop tentante pour résister. En 1998, je suis allée voir un ostéopathe qui traitait la cellulite avec la mésothérapie, une science consistant à injecter une mixture d’ingrédients pharmaceutiques et homéopathiques dans la couche de gras sous la peau. Il administrait les injections avec ce qui ressemblait grosso modo, par l’apparence et le son, à une agrafeuse, même si ça ne faisait pas vraiment mal. Je me souviens que j’étais couchée sur le ventre sur la table d’examen et que le bruit de “clic clac clic clac” descendait et remontait sur mes cuisses.

Environ une demi-heure plus tard, je suis sortie en ayant l’impression que Ronda Rousey venait de faire plusieurs rounds sur mes cuisses. Ceci dit, elles étaient beaucoup plus douces et j’étais enthousiaste. Mais le lendemain, en sortant du lit pour aller dans la salle de bain, ma jambe droite m’a soudainement lâchée et je suis tombée au coin de mon lit.

“Ce n’est jamais arrivé avant”, jurait le docteur au téléphone, la voix tendue par le stress.

“Et ça n’arrivera plus jamais non plus”, me suis-je dit.

Je suis allée faire vérifier l’état de ma jambe et, un ou deux jours plus tard, je ne boitais plus et je n’avais plus non plus de cellulite. Ça a été un moment révélateur : qu’allais-je choisir : la capacité à marcher ou avoir de la cellulite ? Je blague ! Quand j’ai raconté ça à mon éditrice, elle m’a fait promettre de ne plus jamais y retourner (comme pour la plupart des traitements que j’ai expérimentés, c’était pour un article) et j’ai tenu ma promesse. Et gardé ma cellulite.

Une tentative beauté qui va trop loin n’arrive pas non plus qu’aux autres. Quand un produit de coloration temporaire pour les cheveux à faire chez soi m’a promis de cacher mes cheveux gris, j’ai volontiers enfilé les gants en plastique et j’ai regardé le mode d’emploi. Je ne m’étais jamais coloré les cheveux et j’étais à la fois excitée et stressée.

Quand j’ai regardé mes cheveux après avoir enlevé la serviette, j’ai murmuré le même mot que J. Sister des années auparavant “Argh”. Pourquoi mes reflets blonds étaient-ils couleur cuivre ?

J’ai couru chez ma coloriste et il lui a fallu des heures et toute son habileté pour enlever les tons cuivrés et me redonner ma chevelure blonde. Pour finir, seules deux mèches sont restées obstinément roses mais beaucoup ont pensé que c’était volontaire.

“J’adore ton petit truc rose doré”, m’a dit une amie pour me complimenter. Quand je lui ai raconté l’histoire, elle a répondu “Oh, je pensais que c’était juste ta signature pour l’été !”

Et donc, pendant quelques semaines, les gens ont pensé que j’étais le genre de personne à se peindre des mèches roses dans les cheveux. C’était une position intéressante, mais pas assez pour l’ajouter à mon répertoire beauté.

Ce qui m’amène au fait que parfois, nous avons besoin d’essayer un look ou une procédure pour voir si ça marche, et si ça marche sur nous. Quand, il y a quelques années, j’ai décidé de me faire une frange, je m’étais préparée à la détester. (Je l’ai fait pour mon mari qui était intriguée par une photo de moi avec une frange, pendant ma vingtaine. Il venait d’avoir un accident de ski et avait des béquilles donc j’ai généreusement demandé à Serge Normant de me faire une frange, au nom du bonheur de mon mari. Vous saisissez ?). Dans les faits, en me coupant les cheveux, il m’a enlevé presque 10 ans et nous l’avons beaucoup aimée tous les deux pendant quelques années jusqu’au jour où nous avons indépendamment décidé qu’il était temps d’arrêter. C’était une séparation à l’amiable.

Le botox est seul vice que je n’arrive pas à abandonner malgré notre histoire tumultueuse. Une fois, j’ai reçu des injections de la part d’un des plus grands chirurgiens new-yorkais et quelques jours plus tard, ma soeur m’a regardé et m’a dit “Tu as l’oeil gauche tombant”.

Pas vraiment ce qu’on voudrait entendre.

“Il est arrivé la même chose à ma mère”, m’a dit en riant le chirurgien quand je lui ai dit. “Je ne fais ça qu’avec les personnes que j’aime !”

Je n’ai jamais revu ce médecin mais j’ai continué le Botox. L’avantage de ce produit anti-rides, c’est qu’un effet tombant ou d’autres résultats déplaisants peuvent souvent être rectifiés avec d’autres injections. Cela semble paradoxal mais, grâce à la complexité de notre musculature faciale, c’est vrai.

Maintenant que j’ai la cinquantaine, l’affaissement, les rides et le rembourrage supplémentaire continuent d’augmenter dans les zones où j’aimerais que ça ne soit pas le cas. Et, avec l’âge, il faut mieux prévenir. Bien sûr, je suis d’autant plus tentée par les promesses des procédures avancées mais il faut encore que j’y réfléchisse sérieusement, particulièrement pour celles qui comportent de hauts risques. A la place, je reste dans le petit bain et je limite mes expérimentations aux choses inoffensives comme le nail art, les extensions de cils ou les tatouages temporaires.

Voilà le mot essentiel. (Non, pas “tatouages”. “Temporaire”). On apprend beaucoup sur soi, confrontée à la promesses de nouveaux traitements beauté, et j’ai appris que je suis encore un peu un grand bébé. Les bébés sont attirés par ce qui brille, comme les gels pour les ongles ou les ombres à paupières vert néon, mais ce bébé-là a appris que les gels pour les ongles ne s’enlèvent pas aussi facilement que les fards à paupières verts. J’adore expérimenter à condition que cela puisse être enlevé facilement, facilement couvert ou même qu’on puisse en rire, comme une tache de naissance délicatement placée.

Les réseaux sociaux n’existaient pas à l’époque, heureusement pour moi.

12 comments

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  • You just make me feel better! It was so fun! Thank you for sharing!

  • This is a good funny read, while showing that not all that beauty crao out there should be tried. I have some similar stories on my own. :-)

  • This is a good funny read, while showing that not all that beauty crap out there should be tried. I have some similar stories on my own. :-)

  • Please ask Jane to write many, many more things. She’s hilarious and unafraid of sharing the gory details. I love it.

  • Terrifying but funny read. However, for the record, at 58 I haven’t done ANY of these things and never will. Just. Can’t. Go. There. I’ll take my wrinkles, non-Brazilian-ed vaginal area, and grey hair.

  • I just loved it!
    Therefore I love you al here: honest and open writing.
    And also the writing of a woman at my age.
    Please Jane, keep writing! We have a lot to tell!

    Patricia

  • She said cooter, LOL.

  • Article intéressant,
    mais parfois bizarrement traduit de l’anglais vers le français ;)

  • Thank you for making me laugh!! That was a good morning’s start.

  • This was such a lovely read so refreshing! I loved the way you so honestly put your beauty journey.

  • Charming writing and looking forward to more. Would be great to go even deeper into this subject. I understand that you work in beauty where the pressure is even more extreme to look younger but damn, I am going to own my age, and believe me that hurts in the job and dating market. The pressure of the consumer, the extreme competition and ageism in the US is terrifying. (I know this is a beauty and fashion site that exists on marketing. I would love to see this addressed here.) I live in the East Village in NYC and to see the hyper-groomed young girls who really view their value as sexual objects first. All the extreme maintenance keeping up with the trends is so sad. Your twenties should be about freedom, not conforming to impossible beauty standards. So much time, money and energy spent on emulating the media ideals. Then movies and tv! Was used to seeing actors get buffed and puffed as their fame escalates and they become even more of a commodity, but now actors, both male and female get loaded up with the lip collagen and botox. I actually started laughing at the second installment of a major action picture, when the two leads went in for the big kiss it was like two ducks in the closeup.

  • Thanks for the laughs, and for making me re-live some of the same episodes!
    Love your glasses, where are they from?

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