Atelier Doré

Ensemble, Tara Lamont-Djite et Paul-Simon Djite sont mon animal totem. Je ne me suis jamais aussi bien entendue avec un couple avant. Bien sûr, on peut être ami avec l’un des deux, mais rarement avec les deux. Mais ces deux-là s’accordent parfaitement. Tara est élégante, minimaliste et pragmatique, avec un comportement très doux. Paul est excentrique, un peu rebelle et expansif, dans le meilleur sens du terme. Ensemble ils forment une petite bulle de bonheur et de créativité dont je veux absolument faire partie, en tant que collaboratrice et amie. Je suis donc, comme vous vous en doutez, extrêmement heureuse de vous présenter ce charmant couple (et je vous vois tous les deux pour dîner demain soir, verre de vin à la main !).

Votre style en trois mots.

Tara : chic, minimaliste, classique

Paul : Some Assembly Required (la série Netflix)

La pièce la plus précieuse que tu possèdes ?

Paul : mon T-shirt avec la couverture Sasha Grey A4 de Richardson

Tara : Mon Chanel 2.55. Il a une grande valeur sentimentale et m’a accompagnée à travers le monde.

Une figure de référence pour le style ?

Tara : Giorgia Tordini, évidemment. Il y d’autre femmes dont j’ADORE le style et que j’admire (Lee Radziwill, Audrey Hepburn, Lauren Santo Domingo, Carolyn Bessette Kennedy) mais au quotidien, Giorgia.

Des pièces que vous ne portez jamais ?

Tara : Je ne porte jamais de vêtements avec les épaules dégagées, ou quoi que ce soit qui montre mon ventre et rarement des couleurs vives. Oh, et les doudounes ! Je refuse d’en acheter.

Paul : des cache-tétons.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Tara : On travaillait tous les deux dans un grand magasin à Sydney et notre intérêt commun pour la mode nous a rapprochés.

Paul : C’était une expérience unique. Quelque chose de spécial s’est passé pendant notre rencontre. C’est sûr. Nos yeux se sont croisés et c’était comme une scène de film lorsqu’on est transporté dans l’âme des acteurs et qu’on y voit le fil de leur vie et des évènements. Comme si le temps me disait que Tara allait jouer un rôle spécial dans ma vie.

Pensez-vous que votre passion pour la mode et les arts créatifs joue un rôle crucial dans le succès de votre vie à deux ? Et si oui, comment ?

Paul : Notre amour partagé de la mode a aidé à consolider notre union. Comme de l’eau sur de la lave fondue. Notre amour a été gravé dans la pierre grâce au Vogue français de Carine Roitfeld dans la dernière décennie. Le succès ? Elle m’a appris qui était Christian Louboutin et pourquoi le travail de Nicolas Ghesquière chez Balenciaga était si important. Crucial ? Oui !

Tara : C’est drôle parce que ses connaissances ont vite surpassé les miennes et il en sait sans doute plus que moi aujourd’hui. Je pense que la mode nous a rassemblés et que cela reste un intérêt partagé mais ce qui joue vraiment un rôle crucial, c’est plutôt le respect mutuel que nous ressentons – professionnellement et personnellement – et les capacités de communication que nous avons développées avec le temps. Je trouve ça très beau de pouvoir travailler avec son partenaire, et c’est ça qui est unique à mes yeux.

Que préférez-vous dans le style de votre partenaire, et en quoi cela vous a-t-il influencés ?
Tara : J’adore la capacité de Paul à faire des mélanges auxquels je n’aurais jamais pensé (et encore moins suggéré) avec un résultat formidable. C’est comme ça que j’imagine Miuccia Prada préparer un défilé : tout le monde se regarde, dubitatif. Et ensuite, lorsqu’elle a fini, ils sont tous en mode “C’EST INCROYABLE. C’EST UN STYLE UNIQUE”. Il m’a vraiment aidée à prendre plus de risques et à essayer des choses que je n’aurais pas essayées autrement mais que j’adore maintenant.

Paul : J’adore le style de Tara, travaillé et sophistiqué, over-chic. Cela me permet d’être un peu plus excentrique puisqu’elle fait contrepoint, en contrebalançant mon look.

A la fois en tant que créatifs actifs dans le secteur en pleine mutation des médias digitaux, et en tant que jeunes entrepreneurs, quelle est la clé du succès selon vous ? Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus dans l’industrie aujourd’hui, et y a-t-il des choses d’il y a dix ans qui vous manquent ?

Tara : Je ne sais pas si on peut dire que nous avons déjà du “succès” et je pense que c’est un élément clé de notre approche. L’idée que nous pouvons toujours en faire plus – travailler plus, avoir de meilleures idées, être plus créatifs – nous motive pour continuer à nous améliorer et à grandir. Nous refusons tous les deux depuis toujours d’accepter “non” pour réponse et pensons qu’il faut continuer. Ce qui me manque ? Le respect pour une approche moins frénétique de la mode et pour les compétences techniques et artisanales, plus lentes à produire, mais qui apportaient quelque chose en plus. Ce qui m’enthousiasme le plus aujourd’hui, c’est la technologie. L’industrie de la mode est très lente à se saisir des nouveautés et il y a encore beaucoup de marges d’innovation. Je ne pense pas aux montres connectées ou à des sacs à main-podomètres mais à toutes les manières dont nous pouvons intégrer la technologie et les usages du digital dans d’autres secteurs de la mode, comme les médias ou le design.

Paul : La clé du du succès est d’être à la fois ferme et souple. Pas comme un chêne, plutôt un palmier. Un palmier survit à l’orage, un chêne non.

Je suis enthousiaste face à la carence de talents digitaux dans l’industrie. Je veux voir comment je peux changer ça et surfer sur une nouvelle vague d’innovation digitale dans le monde.

Ma naïveté et ma croyance dans la capacité infinie à être créative de la mode me manque. Attraper un magazine en pensant que les photos sont magiques me manque. Si on repense au milieu des années 2010, Karl Templer à
Interview, Carine au Vogue France, Peter Lindbergh au Vogue Italie. Tout ça me fascinait. Peut-être que la créativité est devenue stagnante, standardisée aujourd’hui… Peut-être ai-je tort, vous me direz… Je veux dire, je l’adore mais combien de temps va-t-on encore pouvoir célébrer la “créativité” de Peter Lindbergh alors qu’il prend les mêmes photos depuis 30 ans ? Je me demande si c’est vraiment créatif. Est-ce que la vraie créativité n’est pas plutôt la capacité à toujours réinventer son esthétique ? Comme Madonna. Est-ce que la créativité n’est pas la capacité à combiner talents et imagination pour créer quelque chose de nouveau ? Peter a du talent, évidemment. Mais de l’imagination ? Si on regarde… Vous voyez, toutes ces questions sont nouvelles et ma naïveté enfantine, mon admiration mystique pour une industrie vraiment créative, ce sont des sentiments magiques qui me manquent.