nicolas-ouchenir

10 years ago by

C’est assez difficile de ne pas craquer pour Nicolas. Il y a son talent de calligraphe bien sur, mais aussi cette chaleur et cette générosité, hyper solaire, qui font qu’on a juste envie de passer du temps en sa compagnie.

C’est l’une des choses qui m’a marquée le plus dans son parcours. Cette capacité à faire des rencontres et à se laisser guider par elles.

C’est un peu l’histoire de ma vie aussi – me rendre compte après un an à la fac de lettres que tous mes amis étaient des artistes m’a permis de comprendre qui j’étais et de faire des choix. Ce qui me touche beaucoup aussi, c’est cette passion pousser un art un peu oublié, un peu comme l’illustration, qui couvrait les pages des magazines auparavant et est si rare aujourd’hui. Bon, et puis on a tous les deux des origines en commun et s’il y a une chose qui compte beaucoup pour moi, c’est de dire que d’où que l’on vienne et où que l’on commence, il n’y a pas de barrières tant que l’on suit ses passions.

Je vous laisse lire l’interview de Nicolas !

Quel était ton métier de rêve quand tu étais enfant ?
Quand j’étais enfant, je voulais être boucher. Je ne sais pas vraiment pourquoi.

D’où vient ta famille ? Où as-tu grandi ?
Je suis né dans une famille de la classe moyenne. Mon père est kabyle d’Algérie, il est né dans les montagnes. Ma mère vient du sud de la France, des Pyrénées. Ce sont tous les deux des montagnards. Ils ont quitté leurs familles très jeunes pour s’installer à Paris tous les deux – c’était très difficile à l’époque.
Donc je suis né dans une petite famille, à Oberkampf. Maintenant c’est un quartier très trendy de Paris, mais avant ce n’était pas du tout comme ça. Je suis allé dans une école privée, mais je commençais déjà à faire des graffitis et ce genre de chose à l’époque.

Que font tes parents ?
Ma mère travaille dans l’administration et mon père est serrurier. Mais j’ai toujours eu une éducation artistique car mes parents sont fous de cinéma, de théâtre. Ils ont tout appris seuls, ils n’ont jamais fait partie d’un groupe d’intellectuels, mais ils lisaient énormément. J’ai toujours eu l’habitude de visiter des galeries et des musées avec eux.

Etais-tu un bon élève ?
J’étais bon élève parce que je ne jouais pas trop avec les autres enfants. J’étais assez solitaire. Je suis allé dans des écoles de curé. La mentalité de mes parents était « Tu fais ce que tu veux tant que tu rapportes des bonnes notes. »

J’ai eu mon baccalauréat, puis j’ai fait une grande école de commerce car je ne savais pas quoi faire d’autre.
J’ai fait un stage dans la finance mais ça ne m’a pas plu. C’est pourquoi j’ai décidé d’aller travailler dans une galerie, parce que ça m’avait toujours intrigué. Donc c’est ce que j’ai fait.
J’ai rencontré César Pape, un grand collectionneur très fortuné. Nous avons ouvert une galerie juste derrière l’Académie Française, et c’est comme ça que j’ai rencontré du monde, comme Monsieur Pierre Bergé, par exemple. J’avais environ 20 ans, à cette époque. Avant ça, je ne connaissais personne dans le milieu.

Qu’ont pensé tes parents de ce changement ?
Mes parents me font totalement confiance. Pour eux, si tu rentres dans quelque chose par choix et que tu n’es pas content, c’est de ta faute.

Que faisais-tu exactement à la galerie ?
Chez César Pape, je m’occupais du côté financier, du business. Je manageais, je mettais en place les listes des collectionneurs que je rencontrais. J’ai mis en place toute un système de gestion de stock. On n’exposait que des œuvres d’artistes déjà morts, et on avait aussi de l’immobilier.

Donc tu as toujours été intéressé par l’art ? Comment as-tu appris l’art et son histoire ?
Je connaissais les sculptures du Louvre, le musée d’Orsay, les Nouveaux Réalistes, les grandes écoles… parce que j’y allais avec mes parents et que ça m’intéressait. Toute cette culture-là, je l’avais acquise grâce à mes parents. Ensuite, je me suis fait ma propre culture en rencontrant les gens.

Le déclic, ça a été une exposition Warhol, l’une des premières faites à Paris. Des dessins de souliers. J’attendais pour un rendez-vous et je me suis mis à recopier ce que je voyais sur les impressions, les étiquettes que j’avais devant les yeux.

Pourquoi n’es-tu pas resté à la galerie ?
Le problème c’est que les grands collectionneurs ont du mal à se séparer de leurs œuvres, donc je me suis rendu compte que j’étais plus dans un musée qu’une galerie. Et comme j’avais tout mis en place, je suis parti.

C’est là que j’ai rencontré Jean-Gabriel Mitterrand, propriétaire de la JGM Galerie. Là, les artistes étaient tous vivants, je les ai rencontrés, j’ai vu leur progression dans les ateliers, pu monter des expositions au niveau international. Grâce aux expositions et à la reconnaissance de la galerie, on a déménagé dans un hôtel particulier.
J’ai rencontré les aristocrates, les politiques, surtout lors de dîners… J’ai tenu à ce que mes collectionneurs viennent de milieux et d’horizons différents. Et j’ai toujours trouvé qu’on les invitait mal. Ça a commencé comme ça.

Le déclic, ça a été une exposition Warhol, l’une des premières faites à Paris. Des dessins de souliers. J’attendais pour un rendez-vous et je me suis mis à recopier ce que je voyais sur les impressions, les étiquettes que j’avais devant les yeux. J’étais au téléphone et j’ai commencé à écrire sur des enveloppes – j’ai toujours eu une belle écriture. Je me suis dit : « Ça vient de me prendre 5 secondes et ça rend bien. »
J’ai décidé de passer la soirée à la galerie, tout seul, avec une bouteille de vin et de la musique et je me suis fait tout le listing de notre prochain vernissage. Il y avait 1 800 invités. Et j’ai adoré. Je suis sorti à 4 h du matin, j’ai décidé de marcher pour rentrer chez moi et je me suis dit : « Putain, j’adore ça. »

Le lendemain on a tout envoyé et on a eu 98% de réussite, de gens qui sont venus. On a fait une exposition où au bout de la première heure, tout était vendu.
Une semaine après, on a fait un dîner pour remercier les gens et j’ai refait la même chose. Je n’avais jamais reçu des illustrations faites en calligraphie. Jean-Gabriel si, mais moi je ne m’étais jamais posé la question de faire ça.

Comment es-tu devenu connu pour ton travail ?
Par le bouche-à-oreille. Les gens ont demandé à Jean-Gabriel qui écrivait ses enveloppes. Je me suis amusé à faire les seating cards pour les dîners avec une écriture différente pour chacun et je me suis aperçu que tout le monde repartait avec. C’était génial.
Je me suis dit que c’était quelque chose de spécial. Après, on a vu que les gens venaient avec leur invitation, tandis que d’habitude tu ne la ramènes pas, c’est juste pour t’informer [que le vernissage va avoir lieu].

À la galerie, j’ai rencontré Nikki de Saint Phalle, avec qui j’ai lié une amitié très forte parce que je suis allé la voir pas mal de fois à Guadalajara, dans son atelier. J’ai toujours été impressionné par son travail artisanal.

Je suis parti au Brésil pour faire le point, j’ai quitté la galerie, je ne savais plus quoi faire de ma vie. J’allais bien mais je bossais beaucoup trop, je gagnais très bien ma vie, tout allait super bien… Comme une crise d’adolescence, quoi.

Là-bas, j’ai rencontré plein de gens mais j’ai dépensé tout mon argent en 2 semaines, en shopping, cours de samba, fêtes.

Je n’avais plus un sou… J’ai appelé mes parents pour qu’ils me paient un billet retour mais ils m’ont dit : « Tu te démerdes ». Du coup, je suis devenu professeur à l’Alliance Française pour payer ma chambre.
J’ai rencontré la directrice de l’association « Les Enfants du Cœur » là-bas, une grande dame riche et célèbre.

Elle m’a invité à dîner chez elle et c’est là que j’ai rencontré Patricia Carta, la directrice du Vogue Brésil à l’époque. J’ai travaillé comme assistant de production puis dans les RP, parce que j’essayais de monter des trucs à coté pour voir s’il y avait des possibilités avec les grandes marques.

Puis j’ai rencontré Dominique Borromei, une artiste-peintre hallucinante, complétement folle. On a partagé un appart à Rio et elle m’a appris à dessiner, avec sa folie et son alcoolisme, et à utiliser le pinceau. Elle m’a appris à sortir ce que j’avais en moi, parce que j’étais très triste mais je n’arrivais pas à exprimer mes émotions et sentiments parce que je suis trop timide.

Quand elle est morte d’un cancer, ça a été un deuxième coup dur. Elle m’a fait promettre sur son lit de mort à Dijon de continuer à faire des lignes et des rythmes, que c’était ça, mon travail. J’avais cette promesse-là à tenir.

Comment t’es-tu à nouveau retrouvé à Paris ?
Je suis reparti au Brésil et je me suis remis au travail mais Pia de Brantes (amie et proche de la JGM Galerie) et Jean-Gabriel m’ont demandé de rentrer parce qu’ils voulaient un calligraphe en interne. Ils ne trouvaient personne pour le faire à Paris.

Ce qui m’excitait, c’était de trouver une écriture pour une personne spécifique, de regarder ce que chaque personne aime. Et d’essayer de créer des lignes pour les gens, c’est ça qui m’excite dans l’écriture.
Donc je suis rentré à Paris après plus d’un an au Brésil. J’ai rencontré Pia et le lendemain, on collaborait. Elle m’a rassuré et m’a dit qu’on allait prendre le temps qu’il faut, parce que je ne connaissais rien. Rien, rien, rien. Du jour au lendemain, je suis devenu calligraphe. Je ne connaissais rien du tout, mais j’avais toujours été intéressé par la typographie. Quand je voyage, ça m’intéresse toujours. Et puis j’écris tout le temps.
Très vite, Pia m’a laissé m’occuper du seating de 250 invités pour un mariage au château de Versailles.

Est-ce qu’à l’époque il y avait quelqu’un qui faisait de la calligraphie à Paris ?
A Paris, il n’y avait qu’une dame qui proposait uniquement 3 choix d’écritures : bâton, anglaise, gothique. Très simple. Et il y avait une autre compagnie qui faisait aussi des invitations. C’est tout.

Donc la mode des cartons d’invitation calligraphiés, c’est venu avec toi ?
Oui, dans la mode, ça a commencé il y a 7-8 ans. Avant c’était imprimé, ou avec des étiquettes.

Je me souviens encore quand tu as commencé à bosser pour le show Rick Owens…comment ça a commencé, avec les marques de mode ?
J’ai pris le truc et au fur et à mesure, après avoir fait les logos Rick Owens… c’est venu naturellement. J’ai commencé avec Prada. Avec Madame Prada, on a décidé de créer l’écriture Prada, un style universitaire, pensionnat pour jeunes Anglais, très simple, très clair. J’ai adoré l’idée de créer notre propre dimension avec les marques, avec les gens. Ça s’est fait comme ça.

En quoi consiste ton travail, exactement?
Je fais vraiment tout ce qui concerne la calligraphie. Je peux faire des broderies, quelque chose de gravé dans la pierre avec un architecte et plein de phrases. Je travaille beaucoup avec l’Etat parce qu’ils ont des institutions, par exemple les inscriptions « No Smoking ». J’ai beaucoup travaillé avec le Rijksmuseum à Amsterdam et des joailliers pour qui je calligraphie à l’intérieur même du diamant.

J’aime bien travailler avec des créateurs de nouveau monde, le digital. Ils font appel à moi alors que je suis calligraphe, ce qui est assez hallucinant. Il y a un réel désir des gens du digital d’aller vers l’intemporel, de fournir aux gens quelque chose dont ils auront besoin pour toujours.

Sur quoi travailles-tu le plus ? Les invitations, la Fashion Week ?
Les invitations aux défilés c’est uniquement pendant la FW, c’est une grosse saison, très commerciale. La majorité de mon travail est très variée : conception de logos, réactualisation pour les remettre au goût du jour, tatouages, identités visuelles de gros groupes, de musées. Toujours basé sur la calligraphie.

Quand tu travailles avec Vuitton, Mont Blanc, etc., en quoi consiste ton travail ?
Je suis consultant. Dès qu’ils veulent sortir quelque chose, je dois être consulté et j’accompagne. Par exemple, là, ils sortent « la malle du calligraphe » et je vais accompagner le produit devant la presse. J’aime l’idée de recréer un patrimoine qui était enterré, de le faire remonter à la surface pour faire quelque chose de plus compréhensible aujourd’hui. Souvent, en tant que calligraphe, on n’a pas de crédibilité. Beaucoup gens ne savent pas que Steve Jobs était calligraphe, par exemple.

Je suis ambassadeur, mais jamais exclusif à une marque. J’aime travailler avec tout le monde, parce que la calligraphie est un art infini, tout le monde peut m’inspirer et me donner des idées.

Je suis très déçu par l’idée que les gens se font de la calligraphie, qui est très plombante, ils la relient à l’Antiquité, quelque chose de poussiéreux. C’est difficile de dire de changer les mentalités, donc je décide de le montrer.

Où trouves-tu ton inspiration?
Je photographie tout, j’ai une mémoire d’éléphant, même des choses dont il ne faut pas se souvenir. J’aime beaucoup lire, j’ai des bibliothèques immenses. Je fais beaucoup de recherches.
Un jour, j’ai fait une intervention dans une école de graphisme, j’ai dit que la calligraphie c’était plutôt une façon de vivre que de faire. Même si la technique n’est pas présente, elle vient au fur et à mesure. Comme un danseur classique, au fil du temps, on s’améliore. Il faut s’entraîner, même 8 heures par jour. Ce n’est pas comme le vélo, qui revient comme ça.

Est-ce que tu donnes des cours ?
Ce qui me plaît, c’est l’interaction avec les autres. J’adore apprendre mais il faut que ce soit dans les deux sens. Si je suis dans un dialogue, évidemment je vais donner énormément. Je suis très déçu par l’idée que les gens se font de la calligraphie, qui est très plombante, ils la relient à l’Antiquité, quelque chose de poussiéreux. C’est difficile de dire de changer les mentalités, donc je décide de le montrer.

J’ai été professeur d’arts plastiques tous les mercredis pour des enfants de CP, qui ont cette folie douce, qui n’ont aucun contrôle sur ce qu’ils font. C’est aussi une partie de mon inspiration. L’enfant qui touche un stylo, qui regarde avec des grands yeux, quelque chose qu’il ne comprend pas forcement, sans idée préconçue. Ça me plaît beaucoup et ça m’a amené à inclure les enfants dans mon travail. Tout comme les handicapés moteurs, autistes et trisomiques dans les centres avec qui je collabore. On travaille sur des émotions particulières qui me donnent des lignes particulières. C’est hyper motivant et super émouvant, parce qu’eux n’imaginaient pas qu’ils savaient faire ça. Ils n’ont pas de frontières. Ça crée un rapport ultra-fort.

As-tu pris des cours ou suivi des formations pour développer ton écriture ?
Pas vraiment, sauf il y a 7 ans quand le patron d’une grande marque de stylos m’a demandé de rencontrer un calligraphe ancestral chinois de 102 ans pour créer une sorte de happening ensemble. J’y suis allé et j’ai rencontré cet homme sublimissime, j’étais super impressionné. Je le regardais travailler, prendre son souffle, sa posture. Je lui ai appris à écrire avec mes plumes. On a échangé nos instruments et j’emmène son pinceau partout avec moi, maintenant. Quand je l’ai trempé, j’ai tout de suite su comment l’utiliser.

Au lieu de 3 jours, je suis resté 3 semaines et on a échangé sans se parler. C’est la seule formation que j’ai eue. Je me levais le matin, je bossais toute la journée, on ne mangeait rien.
C’est lui qui m’a vraiment appris le volume de ce que tu dois avoir quand tu as envie de fournir sur du papier. Faire en sorte que tous les vertèbres soient dégagées pour que ton geste sorte exactement comme tu l’as imaginé avant qu’il sorte. Essayer de faire quelque chose de pas du tout hasardeux. Lui il est debout quand il travaille ou sur les genoux à écrire par terre. Il m’a appris à faire mon matériel, mon encre. Mais c’était une collaboration, on apprenait l’un de l’autre. Une collaboration qu’il souhaitait faire avant sa mort. C’était super beau.

Est-ce que tu travailles seul?
J’ai commencé tout seul, mais maintenant j’ai toute une équipe. C’est comme un réalisateur, tu as les idées mais il te faut une équipe pour t’assister. J’ai 2 jeunes filles que je forme en ce moment, je crois vraiment en elles. J’ai pas mal d’assistants pour faire en sorte que mon travail soit plus fluide. Ils s’occupent de l’administratif, du papier, d’aller chercher des choses, comme ça je n’ai qu’à écrire.

J’ai ma graphiste en Haute-Savoie. Elle fait tous les scans, imagine les trucs et construit un monde autour de mes papiers et on a des allers-retours incessants l’un avec l’autre. Elle a un vrai œil. C’est un travail de décomposition. Elle voit tous les défauts de ce que je lui envoie, avec tous les détails. Il faut tout garder, la texture….Sinon il n’y a plus d’équilibre.

Parfois je fais appel à des architectes, des décorateurs, parce qu’il y a des histoires de couleurs, de tendances. Tous ces gens peuvent m’aider, apercevoir des détails que je ne vois pas.

Il faut se connaître pour avoir l’envie de prendre un stylo et de mettre ses sentiments sur du papier.

Est-ce que ton travail reste solitaire, malgré ton équipe ?
Il y a deux choses. Quand l’idée arrive, il y a très peu de personnes qui peuvent en comprendre le fonctionnement. Dans la conversation mon équipe est aussi très importante. Ceux qui m’entourent me donnent leur opinion sur mon travail, je leur demande ce qu’ils en pensent.

Mais la solitude fait partie de la calligraphie, je suis obligé d’être dans mon monde. Il m’arrive de ne pas sortir du bureau pendant des mois. Parce que j’ai des choses que j’ai du mal à sortir. Je perds la notion du temps. Même si je suis entouré de gens qui m’aiment, cette solitude m’accompagnera toujours. Je peux être totalement déconnecté.

Comment s’est formée l’équipe?
Ce sont des gens sur lesquels je tombe, par hasard, lors de voyages comme avec Elodie que j’ai rencontrée en Corse, une chanteuse tatouée sur tout le corps qui m’a tout de suite beaucoup plu. David Giroire, mon attaché de presse, c’est mon meilleur ami, je le connais depuis plus de 15 ans. Alexis Le Tan, mon agent, je ne savais pas du tout qu’il était agent parce qu’on s’est rencontrés en soirée, il fait de la musique. On est devenus amis jusqu’à ce qu’un jour il me propose de me représenter. Ça s’est fait avec une telle spontanéité, un tel naturel, que j’ai dit oui. Je suis très famille, moi. J’aime bien mon équipe, mon cocon, un peu comme toi d’ailleurs. J’aime bien quand j’ai des conversations, qu’il y a un rapport direct avec l’autre.

Tu acceptes la critique ?
J’accepte vraiment la critique parce que c’est hyper important dans la construction du truc, même si généralement je ne change pas trop mon travail. J’écoute beaucoup. Ce qui m’excite le plus c’est de voir la réaction des gens, l’expérience qu’ils vont en faire.

Que penses-tu de l’évolution de la technologie et d’Internet. Quel est l’impact sur ton travail ?
J’aime ça car ça te permet de voir le résultat en direct, c’est instantané. Ça me plaît de pouvoir montrer des idées directement aux gens pour qu’ils se fassent une idée de mon travail. Quand tu vois la façon d’écrire de quelqu’un, tu te fais tout de suite une opinion sur la personne. Ça a plutôt bien marché pour moi. Maintenant, je suis calligraphe !

Tu penses que la calligraphie risque de disparaître à cause de la technologie ?
C’est vrai qu’un jour j’ai eu ce moment où je me suis dit que la calligraphie, oui c’est beau, mais on n’a besoin de rien. Alors que pour faire un logo, une image, il y a beaucoup de matériel nécessaire.

Mais par exemple, en Inde il y a 3 ans, L’Officiel Hommes m’a demandé de faire des illustrations pour le numéro spécial grandes familles aristocrates. Je suis arrivé à faire de la calligraphie. J’ai fait de l’encre avec de la terre, de l’eau. J’ai découpé un roseau. J’avais un vieux carnet, j’ai lavé ce que j’avais écrit. Et j’ai commencé à calligraphier avec de la terre pourrie, quoi. Je me suis dit : « Je vais même pas le prendre en photo, c’est pas possible, j’ai pas de réseau. » A la place, j’ai envoyé le carnet par la poste. Tout simplement.

Mon idée c’est de montrer que la calligraphie est obligatoire. Ce n’est pas pour me montrer, moi. On sera toujours obligés d’écrire. Par exemple, l’enfant qui doit corriger une faute, il est obligé de le faire à la main sur du papier. Il doit penser avant de donner. Il faudra plus se connaître pour éviter la faute la prochaine fois. Ce que je déteste, aujourd’hui, c’est qu’on n’apprend plus aux enfants à écrire sur du papier, c’est directement sur l’ordinateur.

Oui, maintenant les enfants apprennent à utiliser un ordinateur ou iPad…
Oui, mais je suis sûr que ça va changer. Il va y avoir un retour un jour, qui forcément va faire revenir tout ça. C’est impossible de ne pas passer par l’univers du stylo car il met en évidence l’erreur. Et si tu es formé sans voir tes erreurs, tu ne peux pas affronter l’échec. Tous les moodboards, Tumblr, etc. n’appartiennent à personne, finalement, il n’y a plus d’idée de propriété. Tandis que l’écriture te montre qui tu es. Il faut se connaître pour avoir l’envie de prendre un stylo et de mettre ses sentiments sur du papier. Il y a des choses graves qui se passent dans la vie et je pense qu’il est important de prendre son temps, de se poser, seul.

J’écris 8 heures par jour. Avec la calligraphie, tu es un éternel insatisfait.

Est-ce que tu vois la calligraphie comme une activité physique ? Un sport ?
Oui, mais si j’ai des courbatures c’est parce que je me suis oublié, que j’ai oublié ma posture. C’est obligatoire de bien se tenir. Aussi, il ne faut pas abuser. Pendant les Fashion Weeks, j’ai l’habitude et je suis insomniaque donc ça tombe bien mais 3 heures de sommeil par jour pendant 2 semaines, ce n’est pas bon, le résultat est moins beau.

Comment est-ce-que tu t’entraînes ?
J’écris 8 heures par jour. Avec la calligraphie, tu es un éternel insatisfait. L’idée c’est de ne pas faire tout et n’importe quoi. On a décidé de faire les choses, on reprend, on les refait. On se crée un chemin, c’est ce que tu as à l’intérieur. Comme le sport, ça peut être endurant et exigeant.

Tu prends soin de tes mains ?
Je fais des massages, j’adore ca. Ça me rappelle trop les vacances.

Et quand tu pars en vacances, que se passe-t-il si tu ne calligraphies pas pendant quelques jours ?
Ah si, c’est obligé. Même en vacances, je calligraphe toujours. Il faut toujours que j’écrive, j’ai des carnets partout. Il peut y avoir un mot qui me plaît pour sa signification et qui va m’amener à trouver la ligne, le rythme de cette signification. Ou l’inverse, là tout à coup il faut que je pense à ça et pour y penser, j’ai besoin d’avoir un stylo.

C’est vraiment comme un prolongement…
Exactement, c’est une deuxième langue.

Est-ce que tu as peur d’avoir un accident, parfois ? Je sais que moi, je ne fais plus de snowboard par exemple.
Oui, voilà, le snowboard, j’adore ça mais j’ai des contrats assez importants, les gens comptent sur moi. Mes mains sont d’ailleurs assurées.

Qu’est-ce que tu ne peux pas faire?
Du snowboard, du ski, alors que mes parents habitent sur une station de ski. Du coup, maintenant on ne va plus au ski, on va là où il y a la mer, où il fait beau. La dernière fois que j’étais à NY, je ne sais pas ce que j’avais mais j’avais envie de faire du roller donc j’en ai fait jusqu’à l’épuisement mais tout doucement, sans pousser. Je fais attention, je touche du bois. Quand j’ai des coups d’électricité dans la main et qu’elle reste bloquée, j’ai peur. Je dois serrer la main très fort pour me protéger et me sentir mieux. Le pire de mes cauchemars, c’est de m’endormir sur mon bras et de me réveiller avec le bras sans vie. C’est monstrueux.

Quels types d’outils conseillerais-tu à de jeunes calligraphes ?
Un stylo avec lequel tu te sens vraiment bien, ça peut être un Bic, une plume, la pointe d’un compas. C’est ça, la calligraphie. Après je conseille de toujours de commencer à écrire avec des pinceaux, c’est tellement délicat que ça apprend un équilibre. Ensuite, tu peux passer directement à la plume. Il n’y a pas de technique particulière. Celle qu’il faut avoir, c’est de se dire que tout est possible.

Quels sont tes rêves ou projets futures ?
J’ai des envies particulières, par exemple j’adore le Woolworth building à NY et en le regardant l’autre jour ça m’a donné envie de faire des broderies en métal de calligraphie. J’aime l’idée de travailler le métal avec le concept de patrimoine. J’aime l’idée de travailler le plexiglas ou le verre et leur donner de l’importance comme si c’était un diamant. Tout est un work-in-progress. Là je développe un projet avec l’idée de contenant-contenu avec de la céramique et je ne lâcherai pas l’affaire tant que je ne trouve pas la solution pour créer exactement ce que je veux. Je suis très têtu.

Quels conseils donnerais-tu à des calligraphes en herbe ?
Il y a des gens qui m’ont aidé au cours de ma vie auxquels je pense à chaque fois que je travaille.
Et puis quand je dois prendre des décisions, je me demande toujours si ça va me faire voyager…

Jetez un coup d’oeil sur mes autres interviews :
Ann-Sofie Johansson, Head of Desgin, H&M
Tim Goodman, Directeur Artisitique
Jennifer Vitagliano, Restaurateur
Kristy Hurt, Human Resources Consultant
Nina Garcia, Creative Director, Marie Claire

81 comments

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  • Nikita Chu 22 avril 2014, 9:10 / Répondre

    Love his art

  • i loved the piece: i shared it! :)

    http://littleaesthete.com

  • J’aime beaucoup tes interviews carrières, la calligraphie est un métier si rare. Nicolas a vraiment un parcours hors du commun!
    Mafalda
    http://mafaldadotzero.blogspot.fr

  • Waw super interview!

    Tu le connaissais avant de créer ton blog?

    +++The diary of a fashion designer++
    http://blog.valentineavoh.com+

  • Sappuccina 22 avril 2014, 9:17 / Répondre

    Wow, merci.

  • Bonjour

    Garance, je viens lire, voyager, m’immerger dans votre univers très régulièrement. Merci de nous faire partager d’autres vies, toutes sortes d’envies.

    La calligraphe est, pour moi, à la fois styliste et chorégraphe : Il habille les mots et les fait danser, c’est beau !

    Cela donne envie d’apprendre !

    et azul Nicolas !

  • He is a great artist, nice interview!!
    Kiss!
    Passa a trovarmi VeryFP

  • He has such a wonderful career this is so inspiring.

    xo
    PinkSole

  • C’est beau! Merci merci merci!

  • Quelle belle personne! Franchement ça donne envie de le rencontrer.

  • Sunny Side 22 avril 2014, 9:45 / Répondre

    Une fois encore c’est une interview si passionnante ! Il n’a pas peur de changer de direction tout en respectant toujours son désir. Comme j’adore son « Putain j’aime çà » car c’est vrai, çà commence quand on a ce sentiment si fort de complétude. Je suis quasi sûre que l’existence t’envoie alors les bonnes personnes, tu es sur leur route ou elles sont sur la tienne. J’ai adoré suivre les cours de calligraphie avec une vieille dame chinoise, faire ce qu’elle appelait le Qigong du pinceau avant de commencer les exercices, la posture et la respiration ! C’est une ouverture immense, son trajet multi-pistes le prouve. Belle rencontre entre vous deux !

  • His work is amazing and this interview is fantastic! I love the careers section, is always great to know how talented people achieve to fulfill their dreams and professional life!
    http://heelsandpeplum.wordpress.com/

  • Très beau parcours que celui de Nicolas, un vrai voyage !!
    J’ai la chance d’avoir deux objets qu’il a calligraphié à mon nom et je les garde précieusement.

    Garance : Petite coquille de nom il me semble : Pia de BRANTES et non de Brandt
    :)

  • Merci ! On change tout de suite ;)

  • This was great, so interesting!! Thank you! xx

  • une interview qui m’a captivé ;) en plus vivant dans les Pyrénées je ne peux qu’apprécier lol
    merci pour cette super interview!
    bises
    http://www.madeinsisters.com/

  • I absolutely love the fact that there’s someone like him who is keeping such an old world craft alive in this modern world! http://madelienerose.com/

  • Chere Garance, en lisant cette interview j’ai eu l’impression de vous entendre. Peut-etre parce que vous etes des artistes tous les deux.
    J’ai beaucoup aime son parcours et la facon dont il approche son Art, avec amour et respect.
    Cette lecture a renforce mon envie d’ecrire a la plume. Merci pour cette interview.

  • Magnifique !

  • Excellent interview! Very inspiring. I especially loved this quote, « If you grow up without seeing your mistakes, you won’t know how to handle failure. »

  • What a great read, very interesting!

    X STYLONYM http://www.stylonym.blogspot.com

  • Quelle interview captivante ! Merci pour cette belle rencontre avec un homme passionnant au métier fascinant.

  • Merci Garance! Passionant à lire!

  • Ah ça fait longtemps que je l’attendais cette interview, merci!!

  • This was one of your best posts and a great interview… maybe one of the best interviews I’ve ever read. I really felt like I got to know Nicolas and the conversation lifted my spirits for the day. Thank you.

  • Yes yes, I second that. At some points his words deeply moved me.
    His wholesome thinking and way of life reveals that he is a true artist. (One who is not afraid to open up this much via a blog, wow!)
    Since you started to show us teasers of his work I am inspired of him and I undusted my tools. He is so right, handwriting is something you can loose. Mine has gone from once pretty decent to children-starter.

    About the survival of calligraphy, I think, it will become only something for artists. In a few years I am sure that only specialists will write with their own hands but also in this development there will be more of them than now.

    http://rosewatersaffron.wordpress.com

  • A true artist. Thank you for long and inspiriting interview. I spend too much time typing and have almost forgotten how to use a pen. The art of hand letter writing has been forgotten. A resurgence is in order.

    I keep all my Fashion Week invitations…works of art in themselves.

    Janine
    http://www.noworriesparis.com

  • merci de partager cette magnifique interview

    bisous
    http://livelifeamour.blogspot.com

  • Such an interesting interview! I love learning about his journey! Fabulous…

    xx,
    Kristi

  • Nini Piccola 22 avril 2014, 11:46 / Répondre

    What an interesting guy and story!

  • That was a really lovely & thoughtful interview. Thank you Garance & Nicolas!!!

    – M @ http://lartbrutiful.tumblr.com

  • Je ne sais pas trop quoi dire, j’ai eu la chair de poule à plusieurs moments (et ça n’a rien à voir avec sa photo…) c’est juste la meilleure, la plus belle interview carrière que tu aies faite, d’une richesse inouïe, avec une personne qui a énormément de beauté et de profondeur en elle. J’ai l’impression que c’est « un mec bien » en plus. Pffffiou, quelle claque. J’espère qu’il continue à aller dans les écoles, que nos petits voient ce que c’est que la passion et la beauté.

  • Lost in Mexico 22 avril 2014, 11:54 / Répondre

    Je ne laisse jamais de commentaires mais là je ne peux pas faire autrement. J’adore ce genre de parcours… je trouve ça magnifique de voir comment avec beaucoup de passion on peut arriver à se créer un métier aussi poétique. Et comment un réseau peut se construire de façon si naturelle à travers le monde. Merci pour cette belle interview.

  • This interview was incredibly inspiring. I have to say, it just made my day. He’s such a beautiful and talented human beign!

  • This encompasses everything I love! He is the coolest interview. this reminds me of my favorite book titled « the Calligrapher » . I also find it hearbreaking to not see the handwriting of people anymore. Recently I read that if someone is your real (not online) friend, you will recognize their writing.

  • Thank you Garance for this interview, it really inspired me!
    I find him very honest in the way he let us into his world of proffesion with details, it shows me he is open hearted.I believe he has a lot more stories to be told. I always loved calligraphy and the heritage of writting…and I agree with him, the art of writting/illustrating by hand will only be more treasured as the digital time of immediate results is trying to overpower it. (I believe it can still go hand in hand though). The key is in the process of making, as he said, it is that time you thing about what and how you wright it. He really is a great combination of humbleness but still stubbornness and openness…he is open to the world. I guess with a little pinch of « luck » the magic happens…and you find your own passion.
    I only wish one day i will be open enouhg to find my own passion…
    Merci*

  • Cette interview est super chouette, le parcours de cet homme est tout à fait fascinant…!

    Ca pourrait être une chouette idée pour le blog d’aller à la rencontre d’artistes de ce genre, ou de toute personnalité originale et humble et à la fois.

  • M-E-R-C-I!…
    {ça y est, c’est de calligraphie dont j’ai envie…}

  • Such a brilliant interview! Poetic, honest, artistic and cool! I love when he tells that he uses different materials for his calligraphies (like hair, soil etc.), but I wonder if he ever writes with his left hand…

  • I didn0t know him, what incredible and interesting thing read this post!

    How to wear a FOULARD/SCARF tutorial on lowbudget-lowcost Fashion Blog

  • superbe interview, merci beaucoup

  • Il est passionnant et inspirant !

  • waaaou un mec vraiment interessant!

  • Trop intéressant ce métier auquel on ne pense jamais!!
    Arrêter le ski en revanche…. duuuuur! ;-)
    Alixxx

    http://alixdebeer.com

  • Merci pour ce voyage à travers les mots et l’art, cette interview est somptueuse, tellement inspirante, merci !

  • I found his life story to be so interesting, his experiences kept on flowing, truly extraordinary.

  • I loved it!
    I’m posting looks from Los Angeles and accessories:

    http://www.thegavlaks.com

  • He is such an inpsiring person, full of positive energy and a little bit of luck of course!! If only we could all see the actual posibillities in front of us and just…grab the opportunities…
    Kisses
    y

    http://yohannasof.blogspot.gr

  • Cette interview est vraiment superbe! J’adore ce genre d’article!!!
    En tout cas, c’est hyper intéressant de mieux connaître son parcours!!!
    Des bisous

    Le monde des petites
    http://www.lemondedespetites.com/

  • Thank you Garance for this interview! Very interesting and touching! I read it – however very long it is ;) with a great interest!

  • Sally Bainbridge 22 avril 2014, 4:05 / Répondre

    Fascinating interview…loved learning about Nicolas…

  • Cet article m’a captivé, c’est vraiment très intéressant. Son parcours est fascinant et ça m’a fait voyager. :)
    C’est vraiment une super idée ces articles carrière !
    Merci pour ces découvertes.

  • Magnifique interview, Merci !

    xxx
    c.

    http://www.joon-eu.com

  • he needs to write a memoir or have his life made into a movie…

  • This interview was amazing–his answers are incredibly inspiring.

  • J’ai vu le nom et la photo et je me suis dit  » je parie qu’il est kabyle!  » comme moi ;)

  • Merci Garance…l’une des meilleures interviews, si ce n’est la meilleure! Incroyable.

  • Very inspiring. I wanted to be a butcher when I was little, too. Now I’m a vegetarian working in the arts. Ha!

  • I actually took a short course about calligraphy, I actually still have my calligraphy pens and ink, note book, several Sharpies… But I’m sad that I don’t get to practice. I’m amazed that Nicolas does it everyday, for 8 hours! Wow!

  • Très belle interview, j’aurais bien aimé voir ses réalisations !

  • très belle interview .. tout cela me conforte largement dans la nécessité de l’écriture, de la main au bout de l’âme qui manie l’encre et qui aboutit à sa propre écriture / versus les écrans dans l’éducation de mes / nos enfants …..
    merci !

  • Merci pour la découverte de ce métier ! Je suis très attachée au rapport à l’écriture, ça me parle beaucoup. Et le parcours de cet homme de talent est très enrichissant.

  • Wow, je suis étonnée par la sagesse très profonde de la personne interviewée. J’ai adoré ça! Merci Garance! Un très bon interview!

  • Wow, so honest and so passionate about his work! Unlike most people who claim to be passionate about their work he really showed his passion through his stories! Very inspiring! Your best interview so far!

  • Sophie Brevers 23 avril 2014, 6:49 / Répondre

    Magnifique!

  • Very inspiring to read. I like to read about people who carve out alternative careers. It makes me want to quit my desk job! Thank you for the interview.

  • Thank you so much for this beautiful interview with Nicolas, Garance.

    This is the loveliest article I have ever read. It’s wonderful to see such interest in the posts responding to your article about what is essentially a dying – and essential – art form. We don’t realise how little we write these days with mobile phones and computers in abundance.

    It was so amazing to read how Nicolas learnt from the Chinese master to breathe and infuse calligraphy with his life breath – so that each stroke contains the very essence and physicality of the calligrapher.

    After abandoning calligraphy a year and a half ago, this has inspired me to return to this most exquisite exercise of physical writing.

  • Travaillant moi-même dans une grande galerie parisienne, ça me donne envie de mettre en place d’aussi jolis cartons pour nos vernissages. C’est tellement plus personnel et ça fait de l’invitation un objet unique qu’on a envie de garder. Bref, je me retrouve à fond dans ce parcours !

  • Ce gars est fascinant par ce qu’il fait et par ce qu’il est, talentueux, sincère, modeste.
    La modestie me frappe quant elle vient de personnes comme lui qui ont un véritable don, et qui semblent encore s’en émerveiller.
    Son travail est un éloge à la lenteur, qui trouve aujourd’hui étonnamment sa place dans le monde de l’hyper-technicité.
    A la lenteur et à la recherche de la perfection dans l’unique, c’est peut être la clé.

    http://lesprecieuses.fr/

  • Merci pour ce bel interview. Ses propos me touchent particulièrement.

  • Such a uniquely great and inspiring article! It made me remember my primary school days where my teacher would make me practise calligraphy and to this day I still write in cursive. Thank you :)

  • Superbe portrait !
    Je suis au travail et je me retiens de ne pas pleurer.
    Merci Garance de nous faire partager cette rencontre.

  • Love his intelligence and he is so right about educating children to continue to write and learning about themselves through the process. After all not many species can write. Thanks again for an interesting interview. x

  • P.S. Chinese sees Chinese painting and calligraphy a form of Qi Gong and that is why a lot of the traditional painters live long. It is totally a form of lifestyle.

  • What a beautiful interview, thanks!!

  • Lee Goldé 2 mai 2014, 11:54 / Répondre

    Loved the article about Nicolas!
    I love calligraphy!!
    I had always heard there was a great calligrapher in Paris and I guess that is Nicolas.
    But….I would have loved to see some examples of his work…
    Will google him and see if I can find some..But it would be fascination if you would do a
    mood board or page with a few examples… By the way your writing is really wonderful too!!!!
    Lee Goldé

  • heysabbinah 8 juin 2014, 7:39 / Répondre

    J’aime toujours faire un petit tour sur ton blog. toujours inspirant. Ce que j’apprécie toujours c’est que tu n’as jamais peur de mettre en avant tes origines ce que beaucoup cache parfois ! tu semble fière de cette partie ! Love It’

  • Interview assez émouvante à certains passages ! Étonnant ce garçon.
    Et c’est tellement bien écrit ! :)

    Bises
    Marie

    un-jour-un-look.com

  • You need to be a part of a contest for one of the
    greatest websites online. I’m going to recommend this site!

  • Pretty! This was an incredibly wonderful article. Thanks
    for supplying this info.

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