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Art of Life: Roots Grow Deep / Jennifer Binney

7 years ago by

Words

Natalie Holme

J’ai rencontré Jen à Montauk, autour d’un sac qu’elle venait de créer, et ensuite, je ne l’ai plus vue pendant… un peu plus de cinq ans, je crois. Et puis je suis allée à Hawaï, je me suis souvenue de cette jolie fille très gaie qui m’avait fait promettre de la contacter quand je viendrais à Hawaï. Ce que j’ai fait. On s’est vues…

Et j’ai eu un vrai coup de foudre pour cette fille, la beauté de sa vie.

Dans notre nouvelle série, Art Of Life, j’ai envie de vous parler de gens qui ont choisi des voies différentes. Des gens qui définissent leurs propres règles, leur propre façon de vivre. Des gens qui peuvent nous inspirer.

Comme moi, Jennifer est une insulaire. Après avoir pas mal voyagé, elle a choisi de revenir s’installer là où elle avait avant grandi, pour rester en contact étroit avec son identité et la nature. Eh oui. Pas besoin de vivre à NY ou à Paris pour avoir une vie géniale et pleine de succès. C’est de tout ça qu’on parle aujourd’hui !

Quel est son parcours ? Comment reste-elle en contact avec ce qui l’entoure ? Comment travaille-t-elle ? Bref, j’avais un milliard de questions. C’est Natalie qui l’a interviewée après mon brief hyper pro (« Elle est super cool, elle fait du surf, et t’as vu, c’est aussi une athlète et une coach, qui a aussi une boutique ? » ) (elles ont passé deux heures au téléphone, j’adore la capacité de Natalie à s’enthousiasmer pour ce type de personnalité, c’est très gratifiant !). Et Bailey Roberts, une autre femme qu’on adore, qui l’a photographiée.

J’espère que vous aussi, comme tous ceux qui l’approchent, tomberez sous le charme de Jen…

art of life jennifer binney garance dore photo

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Peux-tu nous dire d’où tu viens et où tu vis maintenant ?
Je suis née à Maui, à Hawaï, et j’ai grandi entre Maui et Oahu car mes parents étaient divorcés. Je vis maintenant sur l’île d’Oahu, dans la petite ville balnéaire de Kailua, dans un quartier appelé Lanikai.

Petite, comment imaginais-tu ton avenir ?
C’est drôle, mais je me suis toujours projetée ici. J’aime beaucoup voyager, mais je me voyais vivre ici. Et je voulais devenir fleuriste, donc je me voyais déjà devenir propriétaire d’une petite boutique.

Comment cette vision a-t-elle évolué avec les années ?
En gros, on retrouve la même idée : je voulais être mon propre patron, être une entrepreneure, vivre ici. J’ai voyagé, vécu à NY et en Californie, mais je reviens toujours à Hawaï.

C’était comment de grandir à Hawaï ? Quel impact est-ce que ça a eu sur ton cheminement dans la vie ?
C’est fou, parce que c’est quelque chose qui remonte régulièrement à la surface. C’est un lieu à part, scientifiquement parlant. La faune et la flore d’Hawaï sont uniques en raison de l’isolation extrême de cette île, la plus isolée au monde. La terre la plus proche est à 3 000 km de distance. Ici, les fleurs n’ont pas d’épines, il n’y a pas d’animaux venimeux, ils ont perdu leurs défenses parce qu’ils n’ont pas à les utiliser. Et je me dis que pour les gens, ça doit être un peu pareil. Je trouve les gens d’ici très authentiques de manière générale. On est façonné par l’environnement dans lequel on vit, les plantes, l’océan, les couleurs, le climat tropical dont on jouit toute l’année. Les gens d’ici sont en général très authentiques, ont une relation privilégiée avec la nature, et ils ont une vision de la vie un peu différente.

Mais tu as quitté Hawaï pendant quelques années ? Pourquoi et pour aller où ?
Je suis partie juste après le bac, pour aller à la fac à Santa Barbara. J’ai choisi Santa Barbara parce que l’endroit avait encore un petit côté ville balnéaire authentique, et que je pouvais y étudier ce qui m’intéressait, l’archéologie marine et l’anthropologie. J’y suis restée un an et demi avant de me rendre compte que je pouvais étudier ce qui m’intéressait chez moi, à l’université de Hawaï. Donc j’y ai commencé ma licence, et pour gagner un peu d’argent à côté, j’ai bossé dans les cosmétiques [rires]. MAC venait juste de s’implanter à Hawaï et je me suis dit : « Je ne me suis jamais maquillée, mais je suis une bonne artiste, donc ça devrait marcher. » Donc j’ai eu le poste, à une époque où le groupe était en pleine expansion, j’ai grimpé les échelons rapidement, avant de partir pour New York, pour l’ouverture de leur boutique pro. Je bossais sur des défilés, je m’occupais de la boutique pro, et c’est à cette époque que tout est devenu beaucoup plus corporate. Quand je suis arrivée à NY, je suis tombée sur une bande d’amis qui faisaient du surf, des gens vraiment cools, donc j’ai quitté MAC, j’ai fini par faire quelque chose de complètement différent, et profiter de mon temps à NY.

Tu as rencontré une bande de surfeurs, comment ça s’est passé ?
Après l’expérience chez Mac, il a fallu que je gagne de l’argent, je suis passée dans un resto dont on m’avait parlé, Moomba. A l’époque, c’était un peu le super spot. J’ai demandé s’ils embauchaient et on m’a dit non. Mais un des gérants m’a regardée et m’a demandé d’où je venais. Quand j’ai répondu Hawaï, il m’a dit « Ah, et tu connais untel et untel ? », j’ai dit que j’avais grandi avec eux. Puis il m’a demandé si je faisais du surf, j’ai dit oui, et il a dit qu’eux aussi. Là, il m’a parlé de tous ces surfeurs d’Oahu, qui étaient en fait de super amis à moi. Du coup il m’a dit que je commençais à bosser à 5 h 30. Ça a vraiment été une super expérience, c’était l’heure de gloire de NY, la fin des années 90, on s’amusait bien. Toute l’équipe du restaurant formait un peu une famille, on allait manger et surfer ensemble, donc oui, venir d’Hawaï m’a aidée dans certaines situations. J’ai travaillé là-bas quelques années.

Comment le fait d’avoir vécu dans ces différents endroits t’a-t-il façonnée, sur le plan personnel et professionnel ?
Sur le plan personnel, ça m’a endurcie. A Hawaï, je n’avais pas la peau aussi dure. Je n’avais pas l’habitude qu’on me donne des ordres, même si c’est un peu ma personnalité, du moins avec mes amis. Mais NY est une ville très dure, on peut vite se sentir ostracisé, mais c’est aussi un endroit génial, avec des gens authentiques et assez directs, ce qui ne me dérange pas. Sauf que lorsqu’on arrive d’Hawaï, c’est un peu le choc. Donc ça m’a beaucoup plu, j’ai appris à m’adapter à toutes les situations, même les plus désagréables. La Californie, c’était plus compliqué, parce que les gens y étaient un peu moins authentiques, j’avais du mal à savoir ce qu’ils pensaient vraiment.

Professionnellement, vivre à NY m’a permis de me constituer un réseau sur lequel je suis heureuse de pouvoir toujours compter. D’ailleurs, je conseillerais à tout le monde d’aller y vivre quelque temps.

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Art of Life: Roots Grow Deep / Jennifer Binney

Si tu pouvais tout recommencer, choisirais-tu de vivre dans ces différents endroits à nouveau ?
Bien sûr, je n’ai pas de regrets. Ce qui est drôle, c’est que lorsque je suis partie à NY, alors qu’il me restait environ 15 U.V. à passer pour avoir ma licence, mon prof m’a dit « Mais tu es folle ! Tu ne reviendras jamais ! » Alors oui, bien sûr, j’ai passé 3 ans à NY, voyagé autour du monde pendant 8 mois, mais je suis rentrée à Honolulu le 15 août, j’ai bouclé mon semestre, obtenu mon diplôme, et débuté mon Master. Cette étape new-yorkaise m’a permis de savoir ce que je voulais et de le faire.

Quand as-tu su qu’il était temps de rentrer à Hawaï ?
J’étais prête. En partant à NY, j’avais laissé pas mal de choses en suspens. Je voulais terminer mes études, j’avais des objectifs. Je faisais par exemple beaucoup de canoë et j’avais envie de faire de la compétition, mais à l’époque il fallait avoir 18 ans pour pouvoir s’inscrire, et après mon bac, j’étais trop jeune. Je n’avais jamais pu participer à cette course, donc c’était vraiment un vrai désir de ma part. En rentrant, je me suis mise à fond dedans. C’était l’appel d’Hawaï et l’envie de terminer plusieurs choses.

Tu peux nous parler de ta vie à Hawaï ? Tu es une authentique Hawaïenne, tu fais du surf, tu incarnes un peu la quintessence de cette île.
J’ai beaucoup de chance, j’habite sur la plage. Mon mari a grandi au bord de la mer, on a hérité d’un terrain sur lequel on a construit notre maison. Ma vie tourne beaucoup autour de ma famille, mais aussi autour de l’océan. Le matin, je me lève et je vais voir l’océan, je regarde s’il y a du vent, j’observe les arbres. Ça détermine un peu ma journée. Je me lève à 5 h 30, j’observe et je sais si je vais plutôt sortir mon surf, mes chaussures de course, ou mes palmes. Tous les matins, j’ai une heure et demie rien que pour moi après avoir déposé les enfants. Donc en gros c’est l’océan qui façonne ma vie. Je pratique des sports de mer, c’est là que je suis heureuse : on pêche, on plonge, on fait tout dans la mer. Tout tourne autour de l’eau et de la nature dans ma vie. C’est la météo qui régit tout. A Hawaï, on prévoit ses journées en fonction du temps qu’il fait. On a plein d’applis météo. C’est une vie saine.

Tu penses que tu pourrais être aussi épanouie en vivant ailleurs ?
La nouvelle collection que je viens de créer pour ma marque a été produite à Jaipur, en Inde. C’est une ville du désert. J’y vais chaque année pour le boulot, et je viens de baptiser ma dernière collection « Surf Jaipur ». Évidemment, on ne peut pas surfer à Jaipur, c’est une ville située en plein désert, mais pour répondre à la question… Oui, je pense qu’on peut être épanoui ailleurs, même sans être entouré des éléments qui nous procurent le plus de joie ! C’est juste un type d’épanouissement différent, il faut s’adapter. De là à dire que je quitterais Hawaï…

Mais c’est une question que je me pose souvent, et c’est pour ça que j’ai imaginé cette collection… je parcours le monde, et métaphoriquement, je surfe dans Jaipur. C’est comme si je ridais, on ne sait jamais comment ça va se terminer, c’est exaltant, passionnant, et je m’imagine faire ça dans le désert même si bien sûr je préférerais être sur l’eau [rires]. Tout ça pour dire que je ne quitterai jamais Hawaï.

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Bien que tu vives sur une île, tu as monté deux entreprises : Samudra et Aloha Superette. Tu peux nous en dire un peu plus à ce sujet ?
J’ai d’abord imaginé Samudra, une marque de lifestyle. Je travaillais pour une société qui gérait des resorts, j’étais en charge des projets spéciaux et des achats à l’international, du coup je me rendais souvent en Inde pour travailler avec des bijoutiers, j’allais à Paris pendant la Fashion Week, c’était un peu un job idéal. Je voyageais beaucoup mais j’étais basée à Hawaï, j’achetais des accessoires pour les resorts des Tropiques. Et tout le monde me disait : « Mais Jennifer, c’est vraiment un job taillé pour toi ! » J’ai adoré. Ensuite, ils ont voulu que je prenne des photos de tout ce que je faisais, donc j’ai immortalisé énormément de choses et on a fait de très beaux Travelbooks, qu’on montrait aux gens pour qu’ils voient comment s’effectuait le processus d’achat. Une fois, en Inde, quelqu’un m’a dit : « Vos photos sont magnifiques, vous devriez les imprimer sur des sacs. Il y a une entreprise spécialisée qui fait ça, ici. » Au départ, je n’étais pas plus convaincue que ça. Après ce voyage en Inde, je suis allée directement à Paris, et dans une petite boutique, j’ai vu un sac, une besace, sur laquelle était imprimée une photo de Maui. Ça m’a fait bizarre, et je me suis dit que j’allais tenter le coup. J’ai envoyé un texto au type qui m’avait parlé de cette entreprise, on a pris une photo, juste devant ma maison, qu’on a imprimée sur un sac bleu vif, produit à 250 exemplaires. Je n’oublierai jamais ce moment.

A l’époque, j’avais des amies qui avaient une boutique de surf à Montauk, et elles m’ont proposé d’organiser le lancement de mes sacs dans leur boutique. A priori, personne ne se déplacerait, mais je pouvais toujours faire un communiqué de presse, ce que j’ai fait. Et Garance est venue !! Elle passait le week-end au Ruschmeyer’s, on prenait le petit-déjeuner, et elle m’a dit : « Moi aussi, je viens d’une île et j’adore la mer ! » Du coup, je lui ai proposé un de mes sacs. Petit aparté sentimental – d’ailleurs je le lui rappelle à chaque fois – elle a parlé de moi dans un post sur son blog, et là, mon site Internet a crashé parce que tout le monde voulait acheter le sac. Je n’avais que 250 pièces, et j’ai été en rupture de stock pendant assez longtemps.

C’est un peu l’un de ces moments charnières où on se rend compte de la façon dont les événements peuvent s’enchainer. J’avais toujours aimé le blog de Garance, j’étais super contente qu’on petit-déjeune ensemble au Ruschmeyer’s, je lui ai donné un sac, et aujourd’hui, on fait cette interview… c’est dingue quand on y pense. Mais je lui dois vraiment d’avoir eu un impact décisif sur ma carrière. Après ça, j’ai pu quitter la boîte pour laquelle je travaillais car mon entreprise se développait de plus en plus, j’ai diversifié mon offre, et commencé à réfléchir à l’identité de mon style.

Le terme « Samudra » vient du sanskrit et de l’hindi, ça veut dire « océan », mais aussi « réunion des eaux » ou « réunion des idées ». J’ai choisi ce nom pour rendre hommage à ses origines et à l’océan. Ma première véritable collection s’appelait Tropical Gangster, la seconde Lost in Paradise et cette année, c’est Surf Jaipur. J’essaie de garder une certaine légèreté sans trop me prendre la tête sur le pourquoi et le comment. J’essaie de rester fidèle à ce que je suis, à l’endroit d’où je viens, ça ne parle pas à tout le monde, mais il y aura toujours des palmiers.

C’est fou, ce concours de circonstances. Et maintenant tu as aussi une véritable boutique en dur, Aloha Superette ?
Je vivais ici, j’élevais mes enfants, et dans ma ville, il y avait toujours eu cette petite boutique que je trouvais mignonne ! Il y avait une vitrine qui formait une avancée, c’était adorable. Il y a 10 ans, je me suis dit que si un jour cet espace se libérait, je sauterais sur l’occasion. C’est ce qui s’est passé : un jour, en passant devant, j’ai vu qu’il y avait un panneau « à louer », je me suis arrêtée et je suis tout de suite allée voir la propriétaire. Elle m’a dit que c’était disponible et a voulu savoir ce que j’allais en faire. Je lui ai dit : « Je ne sais pas encore, mais je vends des sacs, et j’ai envie d’ouvrir une boutique de lifestyle. ». Elle voulait savoir quel genre de sacs je faisais. Je lui ai dit : « Celui que vous avez à la main ! »… Elle portait un de mes sacs ! J’ai pu louer l’espace, j’ai ouvert ma petite boutique, que j’ai appelée Aloha Superette, en hommage à toutes ces petites épiceries qu’on trouvait un peu partout à Hawaï, notamment une que j’aimais beaucoup dans mon enfance. On y trouvait tous les essentiels : épicerie, collants, rouge à lèvres…Avec une déco très particulière : genre des sapins de Noël roses à Noël… super bizarre ! Bref, c’est comme ça que j’ai baptisé ma boutique, Aloha Superette… c’est marrant parce que j’avais acheté le nom de domaine 13 années auparavant, sans véritable raison. J’ai obtenu mon bail commercial et j’ai ouvert ma petite boutique !

Je voulais qu’on y trouve des choses inhabituelles – en plus des sacs Samudra, évidemment, qui constituent le cœur de l’offre – mais je voulais mettre l’accent sur des gens et des artistes qui font des choses originales. J’ai beaucoup de céramiques, des quatre coins du monde. J’ai des planches de surf personnalisées par un type très doué, qui vit à Santa Cruz, j’ai une super inscription en néon que j’ai conçue et qui dit « Aloha ». En gros, c’est le genre de boutique dans laquelle on ne sait pas trop ce qu’on va trouver. Les gens ressortent toujours en disant : « Oh là là, c’est une véritable explosion tropicale de néons et de couleurs ! » Et moit je réponds : « Une explosion ? Je ne sais pas si je dois prendre ça pour un compliment ! » [rires]. J’essaie de garder un œil neuf, de garder deux identités distinctes, stimulantes. Donc voilà un peu ce que je fais.

Avec toi, tout a l’air facile. On a l’impression que les choses viennent naturellement à toi : les rencontres, le boulot, le nom que tu avais depuis 13 ans.
C’est vrai que j’ai de la chance. J’ai des problèmes comme tout le monde, mais je crois beaucoup au « Si tu l’exprimes, ça se produira ! ». Bien sûr, j’ai souvent peur que ça ne marche pas, mais qui ne tente rien n’a rien. Je crois que cette force me vient de l’océan. Avec les éléments, on ne peut pas se permettre d’hésiter, il faut y aller, sinon, on risque de tomber et de se faire mal. Donc c’est pour ça que je suis une fonceuse !

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Tu connais beaucoup de gens dans plein d’endroits différents. Comment as-tu bâti cette communauté ?
C’est comme une toile d’araignée, il faut commencer par le centre. Comme je viens de Hawaï, je n’ai aucun problème à me faire des amis, d’ici ou d’ailleurs. En gros, tout a commencé quand j’étais à NY, ce réseau s’est développé et a fini par se superposer à un autre réseau, celui de la mode/des arts/du NY de la fin des années 90 qui aimait beaucoup le lifestyle des Tropiques. Tout le monde voulait faire du surf. Je me dis que je suis arrivée au bon moment.

Mais ce réseau s’est aussi constitué grâce au fait que je fais du canoë au niveau compétition, j’ai pu voyager à Tahiti et en Australie pour disputer des courses, ça m’a permis de rencontrer beaucoup de monde.

Quand j’ai eu 40 ans, tous ces réseaux ont commencé à communiquer entre eux… tout ça s’est transformé en un gigantesque et unique réseau. Je crois que les choses se font comme elles devaient se faire, de manière assez naturelle.

Justement, comment fais-tu pour rester en contact avec les gens, le boulot, la culture, tes inspirations, les événements ?
J’utilise beaucoup les réseaux sociaux. C’est vrai que c’est un super moyen de rester en contact. Je suis très contente de voir ce que mes amis font dans d’autres pays, c’est génial. Aux débuts d’Instagram, j’ai vraiment adoré le côté immédiat des photos. Il y a des aspects négatifs, mais ils sont largement contrebalancés par les aspects positifs. Les réseaux sociaux m’aident à rester en contact avec mes relations professionnelles, mes amis et ma famille.

Culturellement parlant, je fais aussi très attention. Mes enfants sont de vrais Hawaïens, je leur transmets la langue, les valeurs, la nourriture, les traditions qui perdurent et qui sont importantes. J’ai aussi des origines coréennes puisque ma maman est Coréenne. J’essaie de leur transmettre cet héritage-là, mais comme je ne parle pas coréen… Avec mon mari, on fait de notre mieux pour les imprégner de ces valeurs, et ça passe par un travail permanent avec les enfants. Ma culture s’enrichit de ce besoin de transmission.

Quel rôle jouent les réseaux sociaux dans ton succès professionnel ?
Avec Garance qui a écrit ce post, c’est forcément très étroitement lié, ça a créé un précédent. L’avantage des réseaux sociaux, c’est qu’on peut communiquer avec les gens, leur dire ce qu’on pense, attirer leur attention sur un site web, partager des idées… Je ne dois pas tout aux réseaux sociaux, mais c’est un énorme plus. Les gens veulent être transportés. C’est très intéressant. Les réseaux sociaux, c’est un outil puissant si on veut laisser les gens pénétrer dans notre univers. J’essaie de donner une idée assez authentique de ce qui se passe dans ma vie. Je n’aime pas trop enjoliver les choses, même si parfois la tentation est forte parce que c’est facile.

Souvent les gens pensent que la vie est binaire : soit orientée travail, soit orientée mode de vie alternatif. Toi, tu réussis à associer les deux. Est-ce que ça a toujours été important pour toi ? Un conseil pour quelqu’un qui voudrait atteindre le même équilibre ?
Oui c’est un équilibre permanent à conserver. C’est assez naturel pour moi maintenant. En choisissant un certain équilibre, les choses se hiérarchisent d’elles-mêmes. On ne peut pas être sur tous les coups. Il faut se poser la question : « Est-ce que je dois vraiment saisir toutes les opportunités ? Est-ce que je dois vraiment tout faire ? Est-ce qu’il me faut encore plus d’argent ? » A un moment, il faut savoir s’arrêter, remettre les choses en perspective, savoir ce que l’on veut vraiment, et du coup, ça laisse plus de temps pour faire les choses qu’on a envie de faire.

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Art of Life: Roots Grow Deep / Jennifer Binney

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Y a-t-il déjà eu des moments où tu as eu des doutes ? Comment as-tu réussi à les surmonter ?
Bien sûr, je doute tous les jours. Il y a très peu de gens dans mon équipe, donc je me retrouve souvent à avoir des conversations un peu schizo avec moi-même. Quand le doute m’assaille, j’essaie d’adopter les mantras qu’on trouve dans les livres de développement personnel. Genre : « Ne pas se laisser guider par la peur… » Mais en général, ça ne marche pas, donc je finis par aller nager, et quand je sors de l’eau, j’ai à nouveau les idées claires. Et comme je l’ai dit, souvent, j’y vais, je me lance. Mais je le fais de façon très naturelle, il faut savoir identifier ses doutes, c’est très instinctif un doute, il faut savoir si ce doute est motivé par la peur ou s’il est légitime. Si c’est la peur, il faut l’oublier, et en général, le bon choix s’impose de lui-même. Si c’est instinctif, alors il faut savoir reconnaître que ce n’est peut-être pas le moment de faire telle ou telle chose. Personnellement, je trouve que la peur est vraiment le truc qui peut tout faire capoter.

La chose la plus courageuse que tu aies faite ?
Oh, euh, avoir des enfants [rires]. Oui, dans un sens, la chose la plus courageuse que j’ai jamais faite, c’est d’avoir des enfants, vraiment. Etre parent, c’est une vraie leçon d’humilité et c’est effrayant. Tu te rends compte que tu façonnes l’avenir d’autres êtres humains. C’est dingue. Chaque décision que tu prends les façonne, et en fin de compte, sans vouloir avoir l’air de faire une citation ridicule, ce sont eux qui t’enseignent quelque chose. Mon mari et moi sommes constamment en train de nous dire « Wow, chaque jour ils nous apprennent quelque chose. »

Mais je pense que la chose la plus courageuse, dans le domaine du sport par exemple, c’est… oh mon dieu, est-ce que c’est courageux ou stupide ?? J’ai fait des courses de canoë de 70 km entre des îles, j’ai surfé des vagues vraiment très grosses, choses que je ne fais plus depuis que je suis parent. J’étais vraiment une sacrée tête brûlée. Du genre « Ouais, escaladons cette falaise et plongeons ! » Et maintenant, je suis devenue complétement froussarde parce que j’ai des enfants ! Ma fille est casse-cou en ce moment et je suis, genre « Ne saute pas de ce rocher de 1 m de haut ! »

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Le conseil le plus important qu’on t’ait jamais donné ?
Quand j’ai décidé de déménager à New York, le meilleur conseil qu’on m’ait donné c’est « Vas-y. Fonce. » Je suis toujours ce conseil. Je peux sauter dans un avion à n’importe quel moment, aller partout, faire tout ce que je veux.

Tu disais tout à l’heure que toute ta collection de produits pour Samudra est fabriquée en Inde. Pourquoi ?
C’est une bonne question. La raison, c’est que l’opportunité s’est présentée, genre, ça m’a sauté au visage. Jaipur est une ville dédiée au textile. Impression au tampon, sérigraphie, il se passe plein de choses au niveau de l’industrie textile dans cette ville. Et il y a plein d’artisans et de gens qui comprennent vraiment la couleur – j’avais l’impression qu’ils me comprenaient. Donc j’ai passé un an et demi à travailler là-bas, et j’ai fini par bien maîtriser. Et puis je suis tombée enceinte de mon second enfant et l’Inde me paraissait tellement lointaine. Je me demandais si je n’allais pas ruiner mon commerce, et dans mon esprit, tout m’a semblé s’écrouler, je n’étais plus capable de communiquer aussi bien qu’avant avec l’usine, et j’ai failli jeter l’éponge.

J’ai commencé à parlé avec des gens à LA, à New York et en Chine, mais personne ne pouvait faire d’impression numérique sur du coton, alors j’étais dans une impasse. J’étais enceinte de 6 mois, et j’ai en quelque sorte lâché l’affaire. Genre « Ok, si je ne peux plus jamais produire de sacs, je vais juste appeler Anthropologie et leur dire qu’ils ne peuvent pas avoir leur commande, et c’est tout, ça ira ! »

Et puis j’ai reçu un appel d’Inde, d’un homme avec qui je correspondais régulièrement par mail, il était employé dans l’usine avec laquelle j’avais travaillé, et il m’a dit qu’il avait quitté l’entreprise pour fonder la sienne et qu’il voulait fabriquer mes sacs. Il avait la vingtaine, il s’appelle Shiv, et je lui ai répondu « Ok Shiv, faisons un essai, je vais t’envoyer les sacs et tu vas me faire un échantillon test. » Et il a fait MIEUX que l’usine qui les fabriquait avant. Depuis ce jour, Shiv est devenu mon bras droit en Inde, il fabrique tous mes produits et il a développé son entreprise.

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Maintenant, je ne pourrais plus quitter l’Inde, on est comme une famille désormais, avec lui et les siens. Ce que je cherche à dire, c’est que j’ai essayé de quitter l’Inde mais le fait est que ma compagnie n’existerait pas sans l’Inde. Ce n’est pas comme d’autres pourraient dire « Oh, moi, je fais fabriquer mes produits en Chine. » C’est une véritable relation, c’était mon destin de faire fabriquer mes produits là-bas. C’est pour ça que le lookbook que je vais bientôt sortir est empreint de l’imagerie de Jaipur, on a tout shooté là-bas. C’est en quelque sorte ma thank you card à l’Inde.

En dehors de l’Inde, tu voyages aussi beaucoup avec ta famille. Comment conçois-tu le voyage ? Pourquoi est-ce que c’est important pour toi ?

Ça a pas mal évolué avec les années, mais c’est toujours basé sur la même idée. Pour mon mari et moi, maintenant, le principal c’est que nos enfants soient confrontés à différents peuples, différentes cultures, arts et lieux mais je dois l’avouer, on n’a encore jamais choisi un lieu dans lequel on ne pourrait pas surfer [rires], donc on est un petit peu égoïstes. On va souvent en Australie ou à Tahiti, et on est aussi allés en France ! Mais on a juste passé 3 jours à Paris et puis 2 semaines et demie sur la côte.

Les enfants apprennent le français à l’école et à la maison. On les a emmenés en France et ils ont élargi leurs horizons et pour nous, c’est vraiment excitant de voir tout ça. Pour moi c’était la même chose, je voulais apprendre des langues étrangères, et mon mari est un vrai linguophile, alors maintenant on prend aussi en compte les choses que les enfants aiment. On continue et on se fait de nouveaux amis, on agrandit le réseau dont je parlais tout à l’heure et on aide les enfants à construire leurs propres petits réseaux.

Une chose que tu fais toujours quand tu voyages ?
Pour bien préparer mon voyage, je googlise tous les endroits où on peut manger.

Donc on peut dire que quand tu voyages tu manges ce qu’il y a de meilleur ?
Oui, je suis une vraie gourmet. Je ne peux même pas voyager avec des gens qui n’aiment pas bien manger, je l’ai déjà fait, c’était les pires voyages de ma vie ! Quand les gens n’accordent pas d’importance à la nourriture, ça me déprime pendant tout le voyage. Comme quand tu arrives quelque part et qu’ils sont, genre « Bon, juste avant de partir, j’ai décidé d’arrêter l’alcool, de devenir végan et de ne plus manger que du vert. » et toi, tu es là « On est à Mexico ! On est à Mexico !!! » [rires]

Après un long voyage, la première chose que tu fais quand tu arrives chez toi ?
Nager.

Tu as déjà évoqué un peu l’océan et toutes les choses incroyables qu’il renferme pour toi, peux-tu nous en dire un peu plus sur le pouvoir de l’océan ? Il possède aussi une sorte de magie, non ?
Tout à fait. L’océan, scientifiquement, c’est la plus grande masse existant sur la planète. Il y a plus d’océan que de terres émergées, il y a des abysses bien plus profonds que les montagnes les plus hautes, alors je pense que le pouvoir de cela, de la masse qu’est l’océan, est indéniable. Imagine-toi nageant ici, dans l’océan pacifique, et bien en même temps, tu es relié à tous les autres océans, exactement au même instant. On ne peut pas éprouver ça sur la terre ferme. On ne peut pas être en Californie et se dire « Je suis sur la même terre que l’Afrique ! » Mais quand tu es dans l’océan, c’est possible.

C’est aussi ce qui me fascine à propos de la lune, la lune que je contemple est la même lune que quelqu’un d’autre ailleurs dans le monde est en train de regarder.
Exactement. C’est la même chose. Pourquoi pense-t-on qu’on est influencés par la pleine lune ? Mais regardez la pleine lune et son incidence sur la houle. Quand c’est la pleine lune, l’eau déferle jusque devant ma maison. L’eau n’est pas tout simplement là, elle est mouvante, elle est vivante, elle est entièrement vivante, on ne peut pas le nier.

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Tout à l’heure tu as évoqué la pratique du canoë, c’était en tant que pro ?
Oui, j’ai fait beaucoup de courses, et je me débrouillais bien. Mon mari a été champion du monde à quelques reprises.

Champion du monde ??? C’est incroyable !
Oui, ce n’est pas un sport comme… le football mais c’est un sport assez important, les gens le pratiquent dans le monde entier. On est allés en France et mon mari a participé à une course là-bas cet été, donc c’est encore en expansion.

Mes enfants pratiquent ce sport, c’est vraiment un sport familial, un vrai sport collectif. C’est le sport national de l’état de Hawaii, j’ai commencé à pratiquer très jeune et ça m’a tellement apporté. J’ai pu voyager très tôt dans le monde entier grâce à la compétition. D’une façon un peu détournée, le canoë m’a donné l’envie de voyager.

Et peut-être que le fait de vivre à Hawaii t’a donné l’opportunité et le temps nécessaire pour t’investir dans le sport, ce qui n’aurait pas été possible en vivant ailleurs.
Oui. Mon mari et moi, on a l’habitude de dire que si on avait consacré autant de temps à nos études qu’à pagayer, on aurait chacun deux doctorats [rires]. Il y a tant de choses que nous aurions pu faire quand nous étions plus jeunes, comme construire des empires immobiliers ou autres, mais est-ce que c’est le plus important ? Non.

Toi, tu es évidemment une locale, mais il existe aussi une communauté du surf qui vient sur l’île chaque année. Tu les accueilles à bras ouverts, partages ton île et tu les rencontres tous. Y a-t-il des inconvénients ?
Tu sais, le seul point négatif, c’est la circulation. Mais c’est quelque chose que j’apprécie. C’est comme ça que mon réseau grandit – on en revient toujours aux mêmes choses. J’aime partager mon île. Je pense que c’est génial de pouvoir le faire. Cela peut en rendre certains furieux, mais en vieillissant, je me rends compte que la meilleure chose que je puisse faire quand les gens viennent ici, c’est non pas de me renfermer quand il s’agit de partager des endroits ou de partager mon île mais d’éduquer de façon à ce que les gens sachent que c’est endroit spécial, qu’il y a certaines choses à éviter dans ce lieu, qu’il y a un protocole à suivre. Au lieu de ne pas partager et de ronchonner chez soi, j’ai décidé d’apprécier cette situation, de l’accepter et d’accepter que ce soit ma responsabilité d’éduquer et de partager de façon responsable.

C’est vraiment une façon très positive d’aborder les choses. J’aurais besoin d’adopter cette façon de penser dans tous les aspects de ma vie.
Je pense que tout le monde devrait le faire. C’est une façon tellement saine d’envisager la vie. On en revient à l’idée de ne pas se prendre trop au sérieux ! Qui sommes-nous pour nous mettre dans des états pareils ? Surtout sur les médias sociaux, les gens se prennent bien trop au sérieux ! C’est comme si on perdait toute la magie de ce qu’on a accompli. C’est la même chose avec la nature, notre vie ou les spots de surf. Je peux devenir furieuse s’il y a 50 personnes sur mon spot de surf ou je peux juste me dire « Yeah, je suis là et j’adore ça ! », c’est à vous de choisir !

Je prends très au sérieux le fait d’éduquer et de guider les gens de façon responsable dans mon environnement parce que c’est tout simplement important.

art of life jennifer binney garance dore photo

Tu as dit qu’Hawaii était un endroit unique, et on a parlé du fait que c’était un endroit loin de tout, mais qu’y a-t-il à Hawaii qui rende cet endroit tellement hors du commun ?
Il y a quelque chose d’inexplicable. Que ce soit la latitude ou la longitude ou la position exacte de ce lieu, son énergie, c’est exceptionnel. Il se passe quelque chose, c’est certain. Parce que ce lieu rappelle les gens à lui. J’ai rarement rencontré des gens qui étaient venus ici et disaient « Je n’ai pas envie de revenir. Je n’ai pas besoin de revenir. » C’est peut-être une vibration particulière au lieu. C’est peut-être les gens. Je ne sais pas ce que c’est ! Mais pour résumer, pour moi, la raison pour laquelle j’aime Hawaii, c’est l’authenticité des gens, le fait qu’on accorde la priorité à la nature, et que les valeurs soient basées sur la famille et la nourriture.

Y a-t-il une spiritualité particulière sur l’île, dans laquelle tu te reconnaîtrais ? Une façon d’envisager la vie ?
Oui, dans la culture hawaïenne, la spiritualité est présente. Les dieux hawaïens – le dieu de la guerre et de la paix – je ne suis pas forcément cette voie-là, mais les préceptes principaux de la culture hawaïenne, c’est en premier l’humilité et ensuite – je ne trouve pas l’équivalent en anglais – c’est pono, faire le bien, faire les bonnes choses, bien faire les choses, vivre vertueusement. Toute la vie est orientée dans cette voie-là. Je dirais qu’en vivant ici, on est toujours humble parce qu’on est toujours en face de la nature et que la nature est toujours plus puissante. Donc je pense qu’en grandissant ici, la spiritualité, c’est prendre conscience qu’on est petit et que le monde est grand et qu’on doit avancer dans la vie avec humilité et en faisant de bonnes choses.

art of life jennifer binney garance dore photo

A vivre entourée par la nature tout le temps et dans l’océan chaque jour, tu te sens concernée par les questions d’environnement ?
Oh mon dieu, oui, complètement. Je suis préoccupée par l’état de l’océan. Il y a ce film que vient de financer mon ami Jack Johnson, Smog of the Sea. En bref, ça brise le mythe de cette gigantesque masse de plastique flottant sur l’océan parce que n’est pas la réalité. Un scientifique explique que le plastique dans l’océan est comme un brouillard, il est partout. Des particules minuscules et en gros, on doit arrêter d’utiliser du plastique à usage unique ou bien on court à la catastrophe. Si l’océan est pollué, alors c’en est fait de nous. En tant que surfeur, j’y pense sans cesse. En tant qu’habitant d’une île, je vois une partie des détritus des eaux usées des Japonais rejetés par la mer devant chez moi tout le temps, comme par exemple les chaussures de quelqu’un, qui ont flotté jusqu’ici depuis le Japon. Nous sommes connectés. Ça me préoccupe, c’est le moins qu’on puisse dire.

Une chose que tu aimerais transmettre à tes enfants ?
Oh mon dieu, une seule ?! Je souhaite juste qu’ils deviennent des êtres humains responsables. Je souhaite qu’ils parcourent cette terre et qu’ils sachent que tout cela est un cadeau. Qu’ils la préservent et qu’ils soient de bonnes personnes.

Pourquoi est-ce que c’est important pour toi d’élever tes enfants à Hawaii ? As-tu déjà envisagé de les élever ailleurs ?
Non, on ne l’a jamais envisagé. On a dans l’idée de faire des voyages de 6 mois à l’étranger, mais globalement, je désire plus que tout que leurs racines soient ici – je veux que ce lieu soit leur repère, leur phare pour le reste de leurs vies.

Quand tu as besoin d’une pause loin du tumulte de la vie, où vas-tu ?
Sur l’océan.

Je m’en doutais. Tu penses que tu as une mission à accomplir dans ta vie ?
Je crois qu’à un moment de ma vie, ça viendra. Ça reste encore flou mais je sens que ce moment approche. De coacher [le canoë] et de me mettre en retrait pendant deux ans et de réellement donner aux autres, ça a été une énorme transition pour moi, et je pense que désormais je suis prête. Je ne sais pas encore en quelle mesure ni ce que je ferai exactement mais je sens que ça approche.

art of life jennifer binney garance dore photo

art of life jennifer binney garance dore photo

Qu’y a-t-il en haut de ta liste des choses à faire avant de mourir ?
J’ai arrêté les compétitions de canoë pendant un long moment après avoir eu mes enfants, et je viens juste de me dire que j’allais m’y remettre cette saison. Je pense que je vais me concentrer un peu plus sur ça. Donc ça serait sur ma liste. Mais je n’ai pas qu’une liste, j’en ai au moins 25 ! Je n’aime pas refuser les opportunités qui s’offrent à moi, j’essaye de faire le maximum de choses possibles.

C’est marrant parce que ma prochaine question, justement, c’est : y a-t-il une proposition que tu n’accepterais jamais ?
Non ! [rires] Au réveillon l’année dernière, j’ai eu mon moment « Je dis oui à tout ». J’ai mes limites, mais mon idée, c‘était vraiment de dire oui à tout. Je ne sais pas ce que ça donnera cette année mais je suis vraiment partante pour tout.

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Questions-réponses !

Les trois choses que tu sauverais dans un incendie ?
Mes enfants, nos passeports et les certificats de naissance. Je le sais parce qu’on a dû évacuer notre maison 9 heures après que j’ai donné naissance à mon fils, à cause d’un tsunami, et on avait aussi dû le faire un an et demi avant – j’ai dépassé les 3 mots, pardon ! – et j’avais dit à mon mari de tout emporter !

Ordinateur, bijoux, tout était empilé dans la voiture. La fois suivante, je venais d’accoucher à la maison et mon mari m’a demandé quoi emporter ! Et j’ai répondu « des couches, des lingettes et un tee-shirt de rechange ! » Rien d’autre n’importait – je voyais les choses sous un angle complètement différent. J’ai mes deux enfants, des couches, c’est bon, on y va !

Bon, ok, peut-être aussi mon ordinateur.

Ta ville préférée :
New York.

Ta saison préférée :
L’été.

Ta meilleure source d’inspiration ? Laisse-moi deviner, l’océan…
[rires] Oui, au beau milieu de l’océan.

L’animal qui te correspond :
Un oiseau nommé iwa [la frégate du Pacifique], c’est le prénom que j’ai donné à mon fils.

Ta boisson préférée :
Mon mari fait un super cocktail, une sorte de margarita, on appelle ça un freshie. C’est du jus de citron frais avec de la téquila et un peu de sucre.

Ton dernier repas :
Pratiquement impossible de répondre – mais ce serait de la nourriture mexicaine.

Tes derniers mots :
Aloha ?Oe

Je n’ai jamais :
Passé un mauvais moment à la plage.

Art of Life: Roots Grow Deep / Jennifer Binney

Merci Jen! All clothing and accessories by Samudra | Aloha Superette | 438 Uluniu Street Kailua, HI 96734 | 808.261.1011

22 comments

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  • What a wonderful new series! I loved reading this so much, such an interesting interview full of vibrancy and a life well lived.

  • She is such an inspiration!
    I love those loose clothes, too. And the vibrant colors everywhere.
    Another insightful interview.

  • Really love the new series and new directions – is there anything more beautiful than how people create their lives?

  • Teresa Mitchell 26 octobre 2016, 1:01 / Répondre

    Oh, my goodness, this woman is my spirit animal. Rarely have I read an interview and felt both a great deal in common and a great deal I aspire to. I love her!!!

  • Konstantina Antoniadou 26 octobre 2016, 1:20 / Répondre

    such beautiful photography.
    http://www.kmeetsstyle.com

  • Quel plaisir de lire cet article, de sentir cette énergie de l’échange entre Nathalie et Jen! Merci beaucoup!

  • How inspiring !

    Design Sponge just came up with a new book that interviews women who are successful. And I was thinking about you guys making a series like this for all these years, free of charge. Thank you for this series.

  • Hi Archana,

    We actually just interviewed Grace from Design Sponge for our podcast, along with Anna Bond from Rifle who was featured in her book! Thanks for the comment and for reading the site! x Emily

  • I enjoyed this interview greatly! Garance you seem more and more interested in nature and being outdoors, it’s such a refreshing way to live. It’s grounding in a way the city cannot provide. Her world makes a lot of sense to me, I love it and work towards similar goals. Thanks for sharing.

  • Inspiring story on a beautiful life so well lived. Bravo!!!! … and she is gorgeous!

  • I love these women from Hawaii, with such strong bodies. It looks so much nicer and healthy than those anemic skinny models from Europe or the East Coast.
    Too bad the online shop of Aloha superette is empty, hope it will fill up soon.

  • Tout ceci tombe à pic ! Il vient un moment où vivre loin de la nature est trop frustrant. Le rythme biologique interne fait les quatre cent coups ! J’ai aussi une histoire forte avec une ile depuis mon enfance et je comprends tellement. Se ressourcer dans l’horizon infini de l’océan est vraiment vital ! L’histoire de Jen est belle, car tout en découvrant et parcourant le monde, elle a préservé ses racines et les transmet à ses enfants. Je me souviens du premier post, cela me semblait la vie parfaite ! J’ai une amie à Kauaï qui a trouvé son paradis. J’espère bientôt y aller ! Créer sa vie est une source infinie ! J’aime beaucoup comment elle analyse le doute, la peur, dans la nature on retrouve cet instinct pour faire sa route !

  • J’aime beaucoup ces portraits, ces photos, on voyage, on découvre, on apprend. Merci pour ces découvertes ;)

  • fabuleux reportage et interview. ça fait rêver et permet de voir qu’effectivement le succès d’une vie ne se passe pas forcément à paris ou NY :) BRAVO!

  • superbe interview, merci et petit air de Laura Smet sur la première photo (garance saura de qui je parle, fille de johnny). Bonne journée le studio et merci pour vos articles

  • Génial, depuis le temps !! Je fais partie de celles qui ont acheté le sac après le post de Garance il y a quelques années ! :D
    Je l’adore. Merci pour la longue interview et les riches photos, j’adore !

  • Read absolutely every word, and felt her honest, grounded energy. A beautiful spirit xo

  • Génial ! Merci pour ce super moment, ça donne encore plus envie de découvrir Hawaï, on s’y croyait pendant un petit moment !!

  • That is what I call a real, whole, successful life! Loved it!

  • Thanks for this new article. I loved it… Very inspiring …

  • I still remember that fab blog post you did Garance on Jen’s bags. So great to hear about your journey Jen & find out more about yourself & your brand. Very inspiring, a fantastic interview. with love from bondi beach XX

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