Studio Visit / Fleurotica
5 years ago by
Robin Rose parle la langue des fleurs. Soit, pour être précise, la langue propre aux gens qui sont toute leur vie amoureux des fleurs.
Comme l’explique Robin, c’est intéressant d’aimer les fleurs parce que… eh bien, la plupart des gens aiment les fleurs. Mais c’est son attention au détail, ses connaissances botaniques, sa pratique de la méditation, son insistance pour le talent artistique qui transforme cet amour du quotidien en un véritable art.
Nous avons passé la journée dans son studio, Fleurotica, et discuté avec elle pour en apprendre plus sur sa fascination pour les fleurs…
A quoi ressemble une journée type dans ton studio ?
Je débarque relativement tôt, avec plein de boîtes du marché aux fleurs et je prends mon temps pour m’installer. Je prépare un thé au jasmin et je mets un peu d’encens “Pinon” pendant que je déballe mes fournitures. Le processus qui consiste à déballer et à élaguer les fleurs s’appelle la “préparation” et j’adore ça – c’est une pratique méditative et ça me laisse le temps de libérer ma créativité pour la journée.
Si je suis en train de préparer une séance photo, je prends le temps de choisir un vase dans ma collection vintage. Mais si c’est pour une livraison, j’utilise quasiment systématiquement un vase transparent avec un kenzan (un outil japonais dans lequel on pique les fleurs pour les tenir en place). Je fais un arrangement rapide et j’essaie de ne pas trop y réfléchir. J’essaie de m’arrêter quand je suis satisfaite et à me faire plus confiance en matière de composition. Je ne suis jamais contente quand je passe trop de temps sur quelque chose ! J’aime mettre ma musique du moment à fond et me déhancher dessus. Et ensuite, je donne un dernier petit coup de glamour au produit fini sur mon petit piédestal, et, si j’ai de la chance, je l’apporte moi-même, à pied, à son charmant destinataire.
Qu’est-ce qui t’a attirée dans les fleurs et les arrangements floraux ? (Et je voudrais utiliser le terme “art floral” pour décrire ton approche sophistiquée des fleurs !)
Merci ! J’ai toujours eu du mal à répondre à cette question parce que je crois que nous sommes tous attirés par les fleurs – c’est comme les phéromones, le sucre ou un jour sans nuage, l’attraction est universelle.
J’en suis arrivée à me pré-occuper des fleurs de manière viscérale, avec cette incroyable attraction et mon attirance pour la beauté. Mais, si je m’occupe de fleurs aujourd’hui, c’est une chance, le destin.
J’ai toujours été une artiste et je me sentais très à l’aise avec cette identité et pourtant, je ne m’étais jamais sentie vraiment moi en travaillant les médiums artistiques formels. La première fois que j’ai travaillé avec des fleurs, il y a des années, pour aider un ami fleuriste pendant la journée maudite de la Saint Valentin, j’ai ressenti le déclic créatif – c’est comme si je parlais couramment une langue, alors même que je n’avais jamais mis les pieds dans le pays où on la parlait.
Depuis, j’ai passé des années à apprendre à connaître les fleurs, à quel point elles sont capricieuses, douces, uniques, ce qu’elles veulent, ce dont elles ont besoin. J’essaie de les traiter comme si elles étaient des chevaux (je m’en occupais quand j’étais petite) – c’est vrai que c’est moi qui suis en contrôle, mais le but est de respecter avant tout l’animal. Je suis toujours à l’écoute pour m’assurer que nous sommes en symbiose. :)
Est-ce qu’il y a une oeuvre en particulier dont tu es particulièrement fière ?
Honnêtement, je ne suis pas ma plus grande admiratrice – j’y travaille ! Je suis tellement amoureuse des fleurs elles-mêmes, et je suis très frustrée de constater qu’un arrangement n’est jamais aussi parfait qu’une seule des fleurs qui le composent. Ceci dit, je préfère les arrangements qui utilisent le plus le vide. Et les petites choses artistiques que je fais sans y réfléchir avec les restes d’un gros bouquet !
Parle-nous un peu de la transition d’un job à temps complet à celui de freelance, les avantages et les inconvénients ?
J’ai travaillé dans la restauration dès l’adolescence et je me suis occupée de lieux vraiment uniques ces dernières années. Mon préféré – celui auquel je tiens le plus – c’est DIMES (sur Canal Street). J’ai commencé à m’intéresser au vin là-bas et j’avais toujours espéré pouvoir ouvrir mon propre petit bar à vin avec de la nourriture toute simple et, évidemment, des fleurs partout. Je me suis toujours occupée de fleurs à côté, en aidant des amis avec leurs propres pratiques florales, et je prenais des commandes de temps en temps.
Ça ne faisait qu’un an que j’avais commencé à m’occuper de Fleurotica à temps complet quand j’ai eu la chance d’avoir une opportunité folle – on m’a offert mon propre espace pop-up pour six mois. Je suis passée d’un job à temps complet, en m’occupant un peu de fleurs en freelance à côté, à entrepreneure avec du travail 24/7, ce qui était dingue physiquement et émotionnellement. J’étais habituée à beaucoup travailler mais pas aux milliards de façons dont le stress peut se manifester quand on s’occupe d’une entreprise dans tous les détails.
C’était vraiment une chance incroyable d’avoir ce pop-up, et un entraînement formidable mais les challenges étaient plus importants que les avantages. Maintenant, je suis heureuse d’être dans mon studio, de retour à Chinatown, là où je me sens chez moi. Je trouve que toutes ces choses comme prendre soin de moi, recevoir des visites d’amis dans la journée, passer beaucoup de temps sur place avant de me retrouver dans cette petite oasis, sont très importantes pour moi – ça me permet de mieux travailler. J’ai commencé à beaucoup sponsoriser les causes environnementales ou QTPOC (Queer, Trans People of Color) et je me sens chanceuse de pouvoir utiliser mon énergie pour des collaborations de justice sociale ou artistiques en ce moment, en plus des événements, des mariages et des shootings qui paient les factures
Qu’est-ce qui vous attend maintenant, toi et Fleurotica ?
Je consacre beaucoup d’énergie à des collaborations riches et inhabituelles en ce moment et je trouve que c’est un mouvement puissant – nous, les personnes créatives, nous sommes comme des abeilles. Il y a tellement de saturation, je trouve que c’est important de travailler avec des personnes avec lesquelles on souhaite se soutenir mutuellement. Je préfère travailler dans la mode, dans les éditos ou dans les décors de films – j’aimerais passer plus de temps sur les plateaux à l’avenir. Et la NOURRITURE, toujours. Attendez-vous à des dîners pop-up au studio cet hiver – avec plein de superbes fleurs, évidemment !
It was fascinating to read about her work. Working with flowers is definitely an art form in itself.
I was lucky enough to be the recipient of one of Robin’s creations as a gift from The Invincible Hall and it was more than a bouquet, it was a transmission. And she was so lovely hand delivering it like an angel arriving in the space with this living work of art. Grateful to be in a world where this kind of beauty is being spread.