Atelier Doré

Veronica Poblete redéfinit le terme “mère”. C’est la botaniste de l’Alto Atacama Desert Lodge & Spa et je me suis rendu compte immédiatement en la rencontrant qu’elle avait beaucoup à nous apprendre – et pas seulement sur les plantes, les graines – mais sur la vie, l’amour, et même le sexe ! Elle est biologiste, botaniste, taxinomiste, elle a étudié dans le monde entier mais son endroit préféré au monde, celui où elle revient toujours, c’est le désert de l’Atacama. Je suis tellement heureuse que vous puissiez entendre la sagesse de la mère du désert…

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Sur ce que la nature lui a appris…
La nature m’a appris que chaque journée est une nouvelle journée. Et chaque journée est magnifique, même s’il pleut. Nous devrions être reconnaissants du simple fait de voir le soleil se lever. Toute l’énergie vient du soleil. Le peuple des Andes a le soleil pour dieu, ce qui est très sage. Sans l’énergie du soleil, nous ne serions pas là. Chaque jour où le soleil se lève, nous savons que le monde va tourner.

Sur le fait d’être une femme et une mère…
Le fait d’être une femme n’est pas exactement comme porter des enfants. En tant que femme, on est mère de choses bien plus grandes. Quand j’ai commencé à venir dans le désert et à apprendre comment ça se passe par ici, je me suis rendu compte que la reproduction, ce n’était pas seulement porter des enfants. Je pense que notre mission, c’est de rendre le monde plus facile et travailler à la conservation et à la préservation. Par exemple, j’ai fait pousser toutes les plantes que vous voyez ici à partir de graines. J’ai dû me mettre à quatre pattes et rassembler des graines. Ça, c’est être une mère. J’ai dû prendre soin d’elles. Parfois, tout est allé de travers, et c’est ça être mère. Quand les graines ont germé et que des petites feuilles sont apparues, j’avais eu envie de pleurer tant j’étais heureuse. J’avais l’impression d’être leur mère.

Sur ses propres enfants…
Cela vous choquera peut-être, c’est merveilleux d’avoir des enfants, mais pour moi l’émotion était plus forte avec tous ces arbres, ces plantes et ces fleurs locales que personne n’a jamais cultivés. Tout le monde disait que je n’y arriverais pas mais ça a marché. “Mes enfants”, c’est moi et mon enfant, mais c’est aussi moi et la nature et j’étais si reconnaissante de ce qu’elle m’avait donné.

Sur Pachamama…
C’est la déesse de la région altiplanique. C’est la déesse fondamentale, le soleil est le dieu mais Pachamama est la déesse qui reproduit et prend soin du monde, on peut lui parler à tout instant. Tout ce qui est beau dans le monde est soutenu par elle, régi par elle, soigné par elle et c’est une femme. C’est une femme fertile, sexuelle et forte, qui lutte. On ne lui adresse pas de prières pour lui demander des choses. Quand on prie Pachamama, c’est toujours pour la remercier. On la remercie pour ce qu’on est, pour les arbres, les montagnes et l’eau. C’est une manière différente de considérer la religion.

C’est difficile de savoir ce que c’est qu’être une femme. On ne sait jamais vraiment où est la ligne et on marche sur la ligne, il y a un côté et l’autre et c’est souvent très compliqué. Pachamama m’a personnellement beaucoup aidée et j’ai compris à quel point toutes les femmes sont importantes. Pachamama est la femme. Elle est féminine, elle est jolie, mais elle est aussi forte et bienveillante.

Sur le fait de se sentir comme une mauvaise herbe tenace…
Je suis comme les mauvaises herbes dans votre jardin. Vous les coupez et elles reviennent. Des choses terribles se sont passées dans ma vie et tout le monde pensait que j’allais disparaître du monde et puis je me suis relevée.

Sur les plantes + le sexe….
Quand ils commencé à accoupler les parties féminines et masculines des plantes, elles ont évolué. Cela permet de développer plus de gènes et plus d’évolution. L’adaptation devient plus facile parce qu’il y a plus de possibilité de changements quand on mélange les parties féminines et masculines. J’ai découvert que la partie féminine des créatures sexuelles est ce qui permet la reproduction. C’est la partie reproductive la plus importante de l’évolution et de la survie sur terre. Nous somme la partie fondamentale de la reproduction. La partie féminine. C’est dire à quel point nous sommes importantes !

Sur son éveil sexuel…
J’ai été une femme assexuée pendant environ 20 ans. Je ne travaillais presque qu’avec des hommes et très peu de femmes, et je disais toujours non. Au bout de 20 ans, quelque chose s’est passé et je me suis réveillée. J’avais 62 ans. A toutes ces femmes qui pensent que le sexe est mort, non, il est bien vivant !

Un conseil pour celle qu’elle était à 20 ans…
On a toujours plusieurs chances dans la vie. Rien ne dure toujours et tout évolue. Notre vie est une roue qui tourne en permanence. La vie est longue et tant qu’il y a de la vie, il y aura de la joie, des découvertes et des amis. Parce que tu ne sais pas ça à 20 ans et que tu penses qu’à 40, ta vie sera finie !