Atelier Doré

Attention, je vous préviens… vous risquez de m’entendre tomber amoureuse pendant cette interview. En tant qu’ex-New-Yorkaise, je suis très touchée par la beauté des intérieurs imaginés par Roman and Williams pour en avoir déjà fait l’expérience personnellement – dans des restaurants, des hôtels, et même un certain night-club. Plusieurs espaces qu’ils ont conçus incarnent pour moi certains des moments les plus importants de ma vie. Bref, j’essaie toujours de débuter mes interviews l’esprit ouvert, de manière impartiale, mais Robin et Stephen m’ont encore fait craquer avec leur joie et leur enthousiasme. Comme vous le savez, plus que tout, ce que j’aime, c’est découvrir la personnalité, la vie, les sources d’inspiration des gens dont j’admire le travail.

Depuis leurs grandes idées jusqu’aux moindres détails, tout m’inspire dans l’univers de Roman and Williams. Ils viennent tout juste d’ouvrir leur première boutique, Guild, à New York, et bien sûr, c’est là-bas que je les ai retrouvés quelques jours avant l’ouverture.

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Sur leur façon de travailler ensemble…
Stephen: On est vraiment complémentaires, moi je suis dans tout ce qui est petits détails de décoration, elle s’intéresse à l’architecture, au volume des chambres, à la hauteur de plafond.
Robin: Tout est question d’histoire et de storytelling. On est tous les deux inspirés par les codes et les histoires que nous racontent un espace ou des objets.

Ce qui leur a plu dans le fait de travailler pour le cinéma…
Robin: Ce qui m’a particulièrement plu, c’est cette sensation d’authenticité. La possibilité de se pencher sur différents milieux sociaux et anthropologiques, que ce soit une station-service, la maison d’une Française, un restaurant, une salle de bain ou le loft d’un peintre.
Stephen: La dichotomie good guys/bad guys. Plus que le design qui est secondaire dans l’histoire d’une personne.
Robin: Tout ce qui est trame narrative a pris beaucoup plus d’importance dans nos vies avec le cinéma.

A propos de l’ouverture de leur première boutique à SoHo…
J’ai passé beaucoup de temps dans ce quartier quand j’étais un jeune adulte, donc ça a du sens. C’est vraiment formidable d’assister à la renaissance de cette partie de SoHo, près de Canal Street, d’avoir notre propre espace dans ce quartier d’artisans, de marchands, de fabricants et d’artistes. On a trouvé cet endroit, qui est le plus ancien grand magasin de NY, ouvert en 1857 et baptisé Marble Building. On est toujours à la recherche d’espaces avec de belles structures, une histoire unique. Le fait que ce lieu soit porteur de ce type d’esprit et d’âme, ça nous a beaucoup parlé.

Ce qu’ils recherchent dans un espace…
Stephen: On n’essaie pas juste de décorer un lieu dans un style italien ou français. On s’intéresse au vernaculaire quand on voyage, aux tâtonnements, aux rituels, à l’échelle et au mouvement de l’espace, et pas uniquement aux jolies couleurs, aux détails. C’est l’essence de l’espace qui nous intéresse. L’Amérique est un pays relativement jeune, tout change tout le temps, c’est un éternel recommencement, comme si on repartait à zéro tous les 10 ans au lieu de se créer des traditions. Robin et moi, on a tous les deux ce désir, cette envie de plus de stabilité, de fiabilité, propres aux cultures plus anciennes.

La fierté qu’ils éprouvent pour leur travail…
Robin: Notre marque de fabrique est suffisamment présente pour que souvent – pas toujours – les gens nous disent qu’ils aimeraient changer quelque chose dans l’un de nos espaces, et qu’on les accompagne dans ce projet.

L’amour qu’ils portent à leurs espaces…
Stephen: Je sais que ça paraît égoïste, mais j’adorerais ne passer du temps que dans des espaces qu’on a créés, à regarder des immeubles qu’on a conçus. C’est l’architecte qui est en moi qui parle, celui qui aimerait contrôler le monde !

L’idée de créer Guild…
Robin: Ça a commencé il y a environ 10 ans, on plaisantait à propos d’un centre, où on proposerait des marchandises. Ce n’était pas tant une boutique qu’un lieu plus sophistiqué, un lieu magnifique où les gens se sentiraient accueillis comme dans une maison, pas un hôtel ou un restaurant, un lieu où expérimenter ce qu’est cette sensation de se sentir à la maison.

Le sens de ce nom, La Mercerie…
Stephen: C’est un peu une coïncidence, en fait. On est dans Mercer Street, une rue baptisée comme ça en hommage à un général de la révolution américaine. Il y a aussi le sens du « mercier », celui qui s’occupe d’articles de confection.

Acheter du mobilier…
Robin: Acheter du mobilier a souvent été relégué au second plan. Un peu comme si les gens achetaient de l’électro-ménager, c’était considéré comme une corvée alors que c’est une expérience magnifique. Notre objectif premier, c’était proposer une expérience, on a développé une ligne de meubles qu’on n’avait pas envie de vendre de manière ordinaire. Quand on a besoin d’une table de chevet, on se demande où aller, mais sans se dire que ça peut être l’occasion de vivre une expérience inédite un samedi !