Atelier Doré

Jessi Klein est vraiment une fille extra. Elle m’a emmenée visiter son quartier de LA après l’enregistrement du podcast, et c’était super agréable d’être avec quelqu’un d’aussi sincère et drôle. Elle est comme vous et moi, mais avec ce petit quelque chose en plus qui en fait une scénariste télé géniale et une auteure plébiscitée par le NY Times. Dans son livre You’ll Grow Out of It, elle réussit à être à la fois honnête, décomplexée et hilarante. J’espère que notre conversation vous plaira. C’était autour d’un verre de vin, dans un de ses spots préférés, chez Little Dom’s, à LA.

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S’il lui arrive de se Googliser…
Bien sûr que je me Googlise ! Je suis un monstre, alors évidemment. Mais pas autant qu’avant…

Au sujet de son poste au service Fictions chez Comedy Central…
Je m’apprêtais à bosser en intérim pour un type qui venait de virer son assistante. J’étais sympa, je savais faire des photocopies et envoyer des FedEx et eux me trouvaient géniale ! Par contre, le bar était décevant…

Sur sa faculté à être hyper sincère et ouverte…
Très vite, je me suis aperçu que dans une conversation avec une autre personne, quand on parle de façon très sincère, et dès qu’on dévoile un truc un peu embarrassant ou hyper honnête, la personne qui vous écoute est hyper soulagée, parce que tout le monde souffre d’avoir des secrets, et pense être le/la seul-e à ressentir telle ou telle chose. Alors qu’en fait, on est tous pareils, et on a tous envie d’être moins seuls.

Se permettre d’être égoïste…
J’étais en train de lire le poète Rumi, et il y avait un vers qui disait : « Vous devez vous risquer à l’enchantement. » Prenez le risque d’être enchanté. Le risque, c’est la peur. Moi, je me sentais des obligations envers mes parents qui avaient fait tant de sacrifices pour moi. J’ai dû dépasser ce sentiment de devoir, qui m’obligeait à faire carrière, ou à devenir professeur, pour pouvoir faire quelque chose d’égoïste, pour moi.

Comment son mari a réagi à son livre…
Il a lu le livre avant que je rende les épreuves. Il y a certaines choses le concernant, des détails et ça m’a surprise qu’il me donne son feu vert. Je me suis dit qu’il ne l’avait peut-être pas lu avec autant d’attention qu’il aurait dû !

S’autoriser à se considérer comme un écrivain…
Je n’arrive toujours pas à dire que je suis écrivain ! Quand on va à une fête avec mon mari, et qu’on me demande ce que je fais, je commence par dire que je fais un peu de, enfin, vous voyez… je reste évasive, alors que mon mari répond tout de suite : « Elle est écrivain ». Il me serine tout le temps : « Tu écris donc tu es écrivain, alors dis-le ! »

Avoir un garçon plutôt qu’une fille…
En bonne narcissique, quand je suis tombée enceinte, je disais que je sentais que j’allais avoir une fille. Bien sûr je voulais avoir une mini-version de moi-même ! Et tout ça n’était fondé sur absolument rien, c’était juste : ce sera une petite moi. Je me voyais déjà lui apprendre comment avoir confiance en elle, puisque c’est quelque chose qui manque souvent naturellement aux femmes. Et dès que j’ai su que j’allais avoir un garçon, je me suis dit : pas de problème !

Sur l’importance de se montrer…
Il faut que les femmes aient envie de se montrer, de s’affirmer, dans leur propre vie, de manière courageuse. Parce que ça change tout. Vraiment.

L’indulgence envers soi-même…
Je fais bien plus qu’une taille 40, là. Je me sens bien, et je regarde les femmes qui sont plus enveloppées que moi et je les trouve belles, alors je me dis, au diable le patriarcat ! Mais il faut aussi que je fasse preuve d’indulgence envers moi-même, un être humain qui a été élevé dans cette société patriarcale, à qui il arrive de regarder des photos de Kate Moss ou d’autres modèles avec jalousie et culpabilité. Mais à 41 ans, je fais preuve d’indulgence envers-moi-même, et je ne culpabilise plus.

Comment la maternité a modifié sa perception d’elle-même…
J’ai mis deux jupes en une année. Sans exagérer. Deux jupes de chez Splendid, des maxi-jupes à taille élastiquée, avec un t-shirt. Et je me disais : « Je me fous de ce que les autres pensent parce que j’ai donné vie à un petit être, je le nourris, je ne peux pas faire mieux. J’emmerde ceux que ça dérange. » J’ai acheté d’autres vêtements, depuis. C’est un peu dur, parce que je n’ai pas retrouvé mon poids d’avant grossesse, mais je suis heureuse de pouvoir me ficher de ce qu’en pensent les autres. Pourquoi est-ce que ça m’inquiétait autant ? Je me sens bien, et je suis fière d’être maman. Si c’étaient les hommes qui portaient les enfants, on serait deux sur la planète !