Atelier Doré

Rose McGowan est tellement de choses à la fois. Artiste, musicienne, chef d’entreprise, auteure, réalisatrice, militante… pour ne citer que quelques-unes de ses passions. Elle nous a chaleureusement accueillis chez elle, à LA, où on a pu échanger autour de l’idée que tout peut être source de créativité, et de son désir de voir davantage de femmes transgresser les règles.

On a aussi parlé de sa décision de passer de l’autre côté de la caméra et du fait qu’on ne devrait pas se laisser influencer ou freiner par la façon dont les gens nous perçoivent. Rose est ouverte, franche et directe. Un vrai moment de plaisir que j’espère vous partagerez.

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Quitter l’Italie pour les Etats-Unis pendant l’enfance…
Je me souviens que j’ai pleuré quand j’ai vu des spaghettis pour la première fois aux Etats-Unis. J’ai compris que plus rien ne serait pareil ! J’avais tendance à tout dramatiser. En fait, je ne sais pas pourquoi, mais ma mère n’a pas jugé utile de me dire qu’on partait ailleurs, que les choses seraient différentes, que les gens parleraient une autre langue. Je comprenais l’anglais mais je ne le parlais pas. Je n’avais jamais vu de supermarché où des haut-parleurs diffusaient de la musique ni de voiture XXL. Tout était exagéré !

A propos de sa vie privée…
Ma vie hors écran est très riche, elle l’a toujours été, mais je n’ai jamais voulu en parler ou la partager publiquement, ça ne regarde que moi.

Sur le fait de transgresser les règles…
Il y a tellement de femmes dans cette ville, dans ce secteur notamment, qui se soumettent à des règles édictées par les hommes. J’espère que ça va changer à mesure qu’elles réalisent que ça ne leur rend pas service.

Sur ses priorités en tant que militante…
Je défends la cause des femmes, mais ce qui m’intéresse, c’est de distiller une prise de conscience.

Passer à la réalisation, une envie de toujours ?
Non. Il n’y avait pas d’autres exemples autour de moi. Je ne l’avais jamais envisagé. C’est en fait grâce à deux amis gays qui m’ont dit : « Allez, Rose, c’est le moment, là. » Dans ma tête, je réalisais tous les films dans lesquels je jouais, mais ce n’était jamais les miens. En gros, j’arrivais sur le plateau et je trouvais que le décor n’allait pas, que le choix de l’acteur n’était pas terrible, que moi-même je ne convenais pas pour le rôle. Le film que j’imaginais n’avait rien à voir, et honnêtement, souvent, il était bien plus réussi que le produit fini.

A propos de Hollywood qui conditionne les femmes…
Cette ville, en plus de vous chosifier, a l’obsession de rendre sexy toutes les femmes. Je trouve ça complètement absurde.

La pratique du dating à Los Angeles…
Quand je vivais à Silver Lake (un quartier de Los Angeles), je suis sortie avec un mec de Venice Beach… et en gros, je lui ai dit : « Non, mais tu habites trop loin, c’est galère, on n’y arrivera jamais. » Et après, j’ai passé trois ans avec un mec qui vivait à New York. C’était vachement plus facile que de traverser tout LA pour aller à Venice !

Ce qu’on peut faire pour changer la donner, apporter sa pierre à l’édifice…
Embauchez des femmes. Faites-le sciemment. Et si ça ne marche pas, embauchez-en une autre. Mais plus que ça, dans la vie de tous les jours, si vous voyez ce genre d’affiches, faites quelque chose, mobilisez-vous. Quand vous entendez des hommes, hétéro ou homo, ou même d’autres femmes, qui tiennent des propos rétrogrades ou négatifs sur les femmes, dites quelque chose, exprimez-vous. Puis proposez-leur d’aller boire un verre. Les gens pensent toujours qu’exprimer un désaccord, ça doit forcément être houleux, mais pas du tout.

L’objectif de ce qu’elle fait…
Mon but, à travers mon livre, mais aussi d’autres choses comme mon album à venir, mes films, ma ligne de soins, c’est de sensibiliser les gens. J’aimerais que sur la planète, on soit tous, et moi la première, au moins 10 % plus alertes !

Pour faire mieux…
Si vous ne savez pas quoi faire, que vous soyez un homme ou une femme, réfléchissez à ce que ferait une version plus parfaite de vous-même. Que ferait votre moi fantasmé dans cette situation ? Ensuite, essayez de faire pareil. Sortez de votre zone de confort… Bien sûr, s’exprimer sur certaines choses, c’est difficile, et alors ? Vous vous y habituerez. C’est comme quand on grandit : au début, ça fait mal aux articulations, mais on n’a pas le choix, et on finit par grandir.