Atelier Doré

Avez-vous vu Ibiza? Life of the Party? Alors vous connaissez déjà le talent de mon invitée, Gillian Jacobs. Je l’ai rencontrée à LA, à Cliff’s Edge et nous avons pu discuter de sa vie, de sa Lenny Letter, de l’étiquette “dénuée de talent” qu’on lui a collée, et de la manière dont elle a appris à se confier…

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Du fait de traîner dans les grands magasins après la fermeture…
Quand j’étais petite, ma mère travaillait dans un grand magasin aujourd’hui fermé, Kauffman’s. J’avais l’habitude d’y aller avec elle après la fermeture et elle me laissait dormir dans le rayon des oreillers quand elle travaillait tard. C’était génial pour un enfant d’être dans un grand magasin fermé, quand il n’y avait personne et que les lumières étaient éteintes. J’ai gardé de bons souvenirs de mes passages là-bas dans mon enfance.

Des amis en cours de théâtre
Les enfants venaient de toute la ville, pas seulement de mon quartier donc c’était l’occasion de rencontrer des enfants venus de tout Pittsburgh. Nous nous entendions bien, ils étaient plus gentils avec moi et je jouais bien, donc moi j’attendais toute la semaine le samedi pour aller à mon cours de théâtre. Il suffisait de tenir du lundi au vendredi et ensuite je pouvais y aller !

De l’apprentissage du jeu au théâtre vs. à la télé…
L’école où j’allais m’entraînait pour le théâtre. C’était le théâtre ou rien ! J’avais l’impression que le théâtre avait de la valeur mais le reste pas vraiment… Un film pourquoi pas, mais une série, ce n’était vraiment pas à notre niveau !

A propos des sanctions à Juilliard…
J’aurais aimé pouvoir en parler plus librement autour de moi. Je ne l’ai même pas dit à ma mère et je n’en ai jamais parlé. Ma technique, c’était de ne laisser sortir aucune émotion et d’essayer d’avancer en tentant de comprendre ce qui était attendu de moi. J’étais habituée à satisfaire les profs mais dans cette école, j’avais l’impression de ne rien faire de bien. C’était très étrange à vivre.

De la gestion du rejet…
J’ai toujours essayé d’envisager ma carrière sur le long terme, pour ne pas être complètement déprimée par un rôle que j’obtenais ou non. Mais il y en a évidemment qui blessent plus que d’autres. Je veux durer dans ce milieu, que ce soit ma vie et que je continue à faire ça pendant des décennies. Donc il y a un moment où tu comprends que si tu es anéantie dès que tu n’as pas un rôle, tu ne vas pas tenir et tu n’y arriveras jamais parce que ça fait trop mal. Donc j’essaye de m’autoriser à être déprimée et puis je passe à autre chose. Je pense que c’est ce qui m’a aidée face à tous les rejets.

De la décision de revenir à sa couleur de cheveux naturelle.
A une période, je devenais de plus en plus blonde d’année en année. Mes cheveux étaient très abimés et cassants, j’ai perdu la moitié de mon volume. J’ai soudainement pris conscience que je n’avais pas à continuer, je pouvais choisir d’arrêter. Donc ça fait trois ou quatre ans maintenant que je n’ai pas teint mes cheveux. Ça peut sembler minime mais c’est un énorme à LA. J’entends toujours « quoi, tu ne teins pas les cheveux ? C’est ta vraie couleur ? » Les gens sont stupéfaits et n’arrivent pas à comprendre que je sorte sans me teindre !

Des réseaux sociaux pour promouvoir son travail…
C’est une question compliquée car je ne veux pas devenir obsédée mais en même temps c’est un outil important, particulièrement dans le cas des petits films ou séries qui n’ont pas beaucoup de promotion. Pouvoir s’adresser directement aux gens en disant « Voilà ce que je fais, allez-voir », c’est puissant.

De sa discrétion
Globalement je suis une personne assez discrète, ce qui rend mon choix de carrière assez surprenant. J’ai du mal à parler de ce qui m’arrive avec mes proches, sans parler du reste du monde donc j’essaie de ne pas trop en dire, ni tout partager. C’est sans doute pour ça que je parle autant de ma mère, parce que c’est un sujet safe et qu’elle est toujours drôle et très divertissante. Je ne veux pas tout partager de ma vie, mais de l’autre d’un autre côté, je ne veux pas sentir que je ne peux pas le faire, c’est normal d’être vulnérable. Bizarre ! Tu veux être vulnérable dans ton travail, mais tu ne veux pas offrir ta vie sur un plateau au monde. C’est difficile de trouver un juste milieu et de savoir ce qui me convient bien par rapport à ce qu’on me conseille de faire.

De la direction du court-métrage documentaire sur Grace Hopper, The Queen of Code.
J’aimerais pouvoir en faire plus pour les femmes scientifiques, il y a tant à dire. Je fais références aux domaines scientifiques, technologiques, à l’ingénierie et aux maths. Il y a tellement de femmes extraordinaires que je voudrais mettre en valeur dans ces secteurs. Celle sur laquelle j’ai fait ce documentaire n’est plus en vie aujourd’hui mais il y en d’autres de cette époque, formidables aussi, que personne ne connaît et qui ont fait des choses incroyables aux débuts des ordinateurs. Je rêve de pouvoir parler de ces femmes à une large audience.

Du fait qu’elle n’est jamais allée à Ibiza…
Je ne me suis même jamais approchée d’Ibiza ! Nous avons tourné le film Ibiza en Serbie et en Croatie, des lieux magnifiques ! Quelqu’un m’a demandé conseil par mail “tu dois me recommander un restaurant à Ibiza pour un mariage » et je ne savais pas quoi dire, je ne suis pas la bonne personne, nous ne sommes jamais allés vers à Ibiza !

Sur sa collaboration avec Melissa McCarty pour Life of the Party
Quand elle rentre dans une pièce, tout le monde s’arrête pour la regarder. Elle a une lueur dans le regard et quelque chose que je ne sais pas vraiment décrire qui vous attire tout de suite. Mais surtout, elle est vraiment gentille et généreuse, et il y avait une ambiance positive sur le plateau. C’était un peu un tournage façon soirée-pyjama !