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In Her Words: Jennifer Fisher

6 years ago by

Vous le savez, j’adore Jennifer Fisher. Je crois que j’ai été assez claire quand on a publié notre Style Story avec elle. Cela étant, je ne vous ai pas parlé de l’incroyable histoire de Jennifer et de sa marque. La première fois qu’on s’est rencontrées, Jennifer nous a confié à Pia et moi, des choses qui touchent à l’intime, de celles qu’on ne révèle qu’à ses amis les plus proches (ou un psy). Elle nous a raconté ce qui suit avec dynamisme, franchise et sincérité… tout ce qui la caractérise. Elle raconte les choses comme elles sont, ne s’appesantit pas, continue à avancer. Inspirée par le récit de Jennifer, je suis retournée au studio pour dire à Veronica que Jennifer avait une histoire à raconter sur la façon de faire face aux aléas de la vie (Veronica a tout de suite été d’accord). Jennifer, c’est bien plus que des créoles cultes et une garde-robe fabuleuse. Les aléas de la vie, elle sait les affronter. Je lui laisse la parole …

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Si vous m’aviez demandé il y a quinze ans si je savais que je créerais des bijoux, j’aurais répondu non, mais voilà, 12 ans plus tard, je suis à la tête d’une marque de bijoux reconnue, que j’ai lancée depuis le petit bureau de ma chambre.

Commençons par le commencement. Pendant mes études, j’ai fait un stage dans un magazine, côté régie publicitaire, en me disant que j’avais trouvé ma vocation. Très vite, je me suis rendu compte que je m’étais trompée. Face à ces racks de vêtements qui passaient devant mon bureau, je me suis dit que j’étais du mauvais côté du business. Il fallait que je sois du côté créatif, pas à analyser les chiffres de la pub.

Après la fac, j’ai travaillé comme styliste pour des campagnes nationales, des marques comme American Express et Budweiser. Ce n’était pas très exaltant, mais ça payait mieux que la mode, j’avais des équipes de filles qui travaillaient pour moi, j’arrivais à bosser sur deux, trois voire quatre missions à la fois.

J’avais 30 ans, je partageais mon temps entre LA et NY quand on m’a diagnostiqué une tumeur desmoïde. Se retrouver affectée par une maladie peu connue est parfois bien plus effrayant que la réalité de la maladie, une fois qu’on s’est renseigné à son sujet. Ça n’a pas été facile, mais ça m’a appris que la vie est parfois imprévisible et fragile, et qu’il faut faire avec les cartes qu’on nous a distribuées. J’ai eu beaucoup de chance, c’est un type de sarcome des tissus mous qui ne métastase que s’il est vascularisé. Après la première opération, on m’a appris que la tumeur n’était pas métastasée.

J’ai suivi tout un protocole de chimiothérapies pour réduire la taille de la tumeur et pendant toute la durée du traitement, un directeur commercial avec qui je bossais a eu la générosité de m’octroyer deux assistants supplémentaires, donc je travaillais parfois avec le double ou le triple de personnes pour pouvoir finir ce que j’avais à faire. Il a vraiment fait beaucoup en me permettant de continuer à travailler et à penser à autre chose qu’à la chimio ou la tumeur. Je crois vraiment que ça a joué un rôle majeur dans la façon dont j’ai vécu tout ça. Le travail m’a servi de thérapie, c’était la meilleure distraction que je puisse espérer.

A cette époque, mon mari (mon copain à l’époque) Kevin m’a demandée en mariage. Il l’a fait le soir d’Halloween, alors qu’on s’apprêtait à organiser une énorme fête. On s’est mariés six mois après ma dernière cure de chimio.

Ça, c’était en 2001. Depuis, je passe une IRM tous les ans pour surveiller la tumeur. Je continue à vivre avec. Ils pourraient l’enlever, mais il est souvent plus risqué d’opérer ce type de tumeurs qui peuvent métastaser, sont agressives et ont vite fait de s’étendre aux muscles et aux os alentour, donc mieux vaut ne pas les titiller.

Quand on a voulu avoir des enfants, mon oncologue a trouvé qu’une grossesse n’était pas une bonne idée car les œstrogènes pouvaient faire grossir la tumeur. On a donc fait appel à une mère porteuse en Californie. Après toute une série de FIV et deux fausses couches de la mère porteuse, on est rentrés à NY et on a décidé de faire la FIV nous-mêmes, malgré l’avis du médecin. Après une tentative infructueuse, mes médecins nous ont conseillé d’avoir recours à l’adoption ou à un don d’ovocytes. J’avais besoin d’une pause, j’ai me suis laissé le temps de l’été.

Ces échecs avec la mère porteuse m’avaient épuisée nerveusement. Le plus dur, c’est quand elle a perdu le second bébé après confirmation d’un rythme cardiaque et alors qu’on avait déjà donné un nom au bébé. Le fait de prendre l’été nous a permis de se libérer du stress, et c’est peut-être ce qui a fait que j’ai fini par tomber enceinte. C’était moins stressant, parce qu’on était les seuls à décider. On a fait notre truc.

C’est comme ça que je suis tombée enceinte de mon fils Shane, de façon naturelle. En dépit des mises en garde de mon oncologue, j’ai pu mener ma grossesse à terme. J’ai même su, après avoir accouché, que ma grossesse avait contribué à réduire la taille de la tumeur.

Pour la naissance de Shane, on m’a offert des bijoux avec une initiale, des choses très délicates, mais qui ne me ressemblaient pas. Cette naissance était quelque chose d’incroyablement important pour nous, je voulais pouvoir porter un bijou symbolique qui soit vraiment en phase avec mon style personnel. Comme je ne trouvais rien, je suis allée sur la 47ème Rue à Manhattan (quartier des bijoutiers) et j’ai décidé de créer quelque chose toute seule. J’ai dessiné une médaille estampillée du prénom Shane que j’ai enfilée sur une longue chaine à maillons épais. Je ne la retirais jamais. Je la portais en bossant, et les gens ont commencé à me demander le même collier. Une de mes amies qui travaillait avec Uma Thurman m’a conseillé d’en faire pour Uma, avec le prénom de ses enfants. Elle l’a portée en couverture de Glamour Magazine, et c’est comme ça que Jennifer Fisher Jewelry est née.

Le conseil que je donnerais à ceux qui veulent lancer leur affaire : n’essayez pas de trouver une niche, créez quelque chose qui vous manque dans la vie. Moi, je ne trouvais pas ce qui me plaisait vraiment, et une fois que je l’ai eu créé, j’ai découvert que d’autres personnes cherchaient exactement la même chose.

Finalement, cette marque a été un accident heureux. Si je n’avais pas eu mon fils, je n’aurais peut-être jamais eu envie d’aller dans le quartier des bijoutiers pour créer quelque chose moi-même. Et si mon mari ne m’avait pas dit d’arrêter d’envoyer les commandes depuis notre appartement, je n’aurais peut-être pas ouvert mon premier bureau à Soho puis notre boutique sur 5th Avenue, à NY. J’ai vraiment de la chance que les choses aient pris cette tournure.

On ne sait pas toujours quelle direction prendra notre vie, ni à quels défis on devra faire face. Quand on se retrouve face à eux, c’est là qu’on décide si on a envie de se rouler en boule dans un coin ou si on veut prendre le taureau par les cornes et se battre.

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L’année dernière, Jennifer Fisher a décidé de développer une ligne de produits alimentaires avec son premier article, le sel JF Universal Salt. Si elle a créé ce condiment, c’est qu’elle ne trouvait pas de sel aromatique sans oignon ou ail qui lui convenait pour assaisonner ses salades, œufs et viandes. Du coup, elle a conçu son propre mélange, comme des années avant, son premier collier. Vous pourrez trouver le sel ici ou suivre Jennifer sur Instagram .

5 comments

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  • wow, so moving and inspiring! It is refreshing to see a brand being born out of emotion and not a strategic planning <3

  • Une très jolie histoire :)

  • I love the spontaneity and joy that your path has grown from!

    – Terri @ The Euhemerist

  • Christella 17 mars 2018, 5:27 / Répondre

    Completely blown away!!
    What a touching story. Her resilience is inspiring and the way the universe works still amazes me. Thank you for this story!

  • Djoeke Knotter 17 mars 2018, 9:37 / Répondre

    Thank you for writing down & publishing this beautiful story of this inspiring & courageous Lady! I was especially struck by the sentence « create what you feel is missing in your life ». This is such a deep & wise insight, as it encourages one to operate from our inner world, instead of desperately looking for ‘gaps’ in the outer world. Thank you again for having this wonderful platform that brings out female strength, but most of all shows how we are all united in the fragility of human life ?. Merci ? Djoeke

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