Career / Jocelyne Beaudoin
6 years ago by
Une chose que j’adore depuis que je travaille dans ce milieu, ce sont les rencontres avec des gens qui ont des parcours exceptionnels. De ceux qui font vraiment rêver… des histoires de shootings, de stylistes, de photographes un peu dingues. Pas vraiment dingues (enfin si, parfois) mais un peu dans l’esprit de ce que les gens de la mode et de la photo ont pu vivre dans les années 80 et 90.
Quand l’équipe de l’Atelier a rencontré Jocelyne, qu’on vous a présentée la semaine dernière, tout le monde a absolument voulu qu’on fasse une Career Interview avec elle ! Jocelyne travaille à NY depuis les années 80 comme styliste-accessoiriste et décoratrice, et elle a un peu tout vu. Elle a eu une carrière à la fois remplie et pleine de rebondissements… son parcours est atypique… la rencontrer, c’était incroyable. Elle est douce, franche et super bosseuse… et n’a pas prévu de partir à la retraite tout de suite !
Où as-tu grandi ?
A Montréal, au Canada. Mon père était médecin anesthésiste, il dirigeait aussi les urgences et le service de soins intensifs. Ma mère était femme au foyer.
Enfant, que rêvais-tu de faire plus tard ?
Je n’avais pas ce genre de rêve. Mais je savais que je voulais quitter Montréal pour explorer le monde, j’avais des velléités artistiques, donc je me voyais dans cet univers… mais je ne voulais pas devenir ballerine ou autre. Je dessinais tout le temps. Et je bricolais beaucoup, j’étais un peu garçon manqué.
Je savais aussi que je ne voulais surtout pas devenir médecin. C’était évident.
Et pourquoi voulais-tu absolument quitter Montréal ?
Très jeune, déjà, je trouvais que c’était une ville un peu étriquée. J’ai toujours eu envie de voir le monde, Montréal n’en était qu’une partie infime et je voulais voir plus loin. Pas parce que je n’aimais pas Montréal, j’adore cette ville, mais je sentais que le monde ne s’arrêtait pas là et que j’avais envie de l’explorer.
Où as-tu fait tes études ?
J’ai commencé par étudier le design et l’architecture, avant de me rendre compte que j’étais plus intéressée par le cinéma. J’ai donc changé de cursus pour étudier cinéma et histoire de l’art. J’étais complètement passionnée par le cinéma, je voulais faire partie de cet univers.
A la fac de Syracuse, un décorateur est venu présenter son travail. Il était très connu dans le métier, s’appelait Mel Bourne et travaillait, entre autres, pour Woody Allen. Il nous a montré ce qu’il faisait, et là, j’ai eu une petite étincelle, j’ai su que c’était ce que je voulais faire. A partir de là, ça a été très clair et je n’ai jamais regretté mon choix.
Quelques années plus tard, peut-être 10 ou 15 ans après, j’ai été invitée à l’avant-première d’un film, et je me suis retrouvée assise à côté de lui. Je ne l’avais pas reconnu, parce qu’il avait une barbe et des cheveux blancs, mais on a commencé à discuter et là, je me suis souvenue. Je lui ai dit qu’il avait changé ma vie et il s’est mis à pleurer. Toute la soirée, il m’a pris sous son aile et m’a présentée à tout le monde, comme s’il était venu avec moi. Il a été très touché, j’étais heureuse d’avoir pu le remercier, parce qu’il m’avait permis de mobiliser toute mon énergie dans ce sens. C’était vraiment chouette.
Quand as-tu déménagé à NY ?
Tout de suite après la fac, donc en 1985. Je ne savais pas que j’avais droit à une espèce de visa test d’une durée de deux ans, mais quand je l’ai su, je me suis dit : « Autant aller à NY, parce qu’à Montréal, les débuts seront tout aussi durs. » Et ça a été plus facile à New York, Montréal est bien plus formel, insulaire, et ça aurait été beaucoup plus dur de me lancer, car mes parents ne connaissaient personne dans ce milieu. Moi non plus, et dans ce secteur, on ne peut pas arriver tout seul, comme ça et se présenter. Il faut être introduit, coopté par quelqu’un d’autre. Quand je dis que c’est assez formel, c’est pour ça, et donc il m’aurait fallu des années. Alors qu’ici, tout va vite. Quand on est doué, on vous embauche pour des missions en free-lance tout le temps.
Le fait que j’aie un accent français assez prononcé, que j’aie l’air « étrangère », ça m’a aussi aidée dans ce milieu… Les gens devaient se dire « Oh, elle est étrangère, elle doit avoir du goût ! »
Pourquoi as-tu décidé de déménager à NY et pas Los Angeles si tu savais que tu voulais travailler principalement dans le cinéma ?
Pour la même raison qui fait qu’aujourd’hui encore, je ne vis pas à LA. C’est trop éloigné de ce que je connais ! Pas physiquement, mais ça m’est trop étranger. J’ai besoin d’une ville où on peut marcher, c’est important pour moi, je viens d’une ville où on se déplace à pied, et c’est ce qui me plaît… LA, ce n’est pas ça du tout.
Tu as travaillé comme assistante en faisant de la direction artistique. Que faisais-tu exactement à ce poste ?
On travaillait surtout sur des longs métrages, mais aussi des spots publicitaires. Le décorateur, c’est celui qui trouve les idées, la vision. Le directeur artistique, c’est un peu l’assistant qui embauche l’équipe, qui gère tout le monde, qui répartit le travail, qui s’assure que tout est prêt à temps, qui fait les emplois du temps… c’est un peu un poste administratif. Mais il faut aussi trouver les fournisseurs qui feront les accessoires, superviser l’ensemble du boulot. On avait une super relation avec ce chef-décorateur, donc j’intervenais aussi dans les idées qu’on présenterait à la prod et au réalisateur. J’intervenais à chaque étape, c’était génial, parce qu’il avait été formé au théâtre à Londres, il était très doué, il connaissait plein de choses, j’ai beaucoup appris.
Et après avoir travaillé cinq ans à ses côtés ?
Je sais que ça va paraître bizarre, mais j’ai dû bosser sur environ 75 à 100 clips de rap.
Comment ça s’est fait ?!
Je ne sais pas trop. Je ne me souviens plus des détails, mais je me suis tout de suite sentie bienvenue parce que je n’étais pas américaine. J’adore l’univers du rap, je m’y sentais très à l’aise, j’adore ce genre de musique, donc c’était génial, j’ai passé un super moment. Ça m’a demandé énormément de boulot. J’ai commencé à travailler avec une boîte de production, ils faisaient tout le temps appel à moi, donc c’était quasiment un clip par semaine. C’était très soutenu, j’ai travaillé pour des gens très connus.
Qu’est-ce qui t’a décidée à arrêter les clips vidéo pour te consacrer à autre chose ?
Un soir, j’étais sous le pont de Brooklyn. Il pleuvait à verse, je devais faire de la fumée, parce que l’assistant qui devait le faire s’était blessé. Donc je suis là, sous un pont, à faire de la fumée, ce que je ne sais pas faire parce que les effets spéciaux, ce n’est pas mon truc… Et là, je me dit : « Je ne m’éclate plus, c’est trop. »
Au même moment, tout le business a déménagé à LA. Avec le succès, les boîtes de production devenaient énormes, et comme je n’avais toujours pas envie de m’installer là-bas, je me suis dit que c’était le bon moment pour passer à autre chose.
J’ai bossé sur un spot télé avec une styliste que j’aime beaucoup, et elle m’a conseillé de rencontrer un jeune photographe qu’elle trouvait très cinégénique dans son approche. Elle nous a organisé une rencontre, je lui ai montré mes photos, des clichés que j’avais pris de mes décors, quelque chose de beaucoup moins lisse et léché que dans les magazines ou la mode. C’était Ruven Afanador, qui est maintenant un grand photographe. Il avait mon âge, il débutait, et j’ai travaillé avec lui pendant six ou sept ans, presque exclusivement. C’est là que j’ai basculé vers la photo.
En quoi ce travail était-il différent de ton travail pour le cinéma ? Qu’est-ce qui a changé dans ta façon de travailler ?
Le gros changement, c’est que mon travail est exactement le même, sauf que là, l’image était fixe, et que je n’avais plus à penser en 3D. Mais surtout, la personne qui a un peu le final cut sur le visuel, c’est le photographe, pas le chef op’ qui s’efforce de concrétiser, de rendre tangible la vision d’un réalisateur. La photo, ça reste beaucoup plus intime, confidentiel, c’est la grosse différence.
Parfois, je créais des décors que je trouvais fabuleux pour les films, et tout à coup, au dernier moment, le chef op’ qui n’avait rien suivi de mes échanges avec le réalisateur intervenait et imposait sa vision. S’il a envie de mettre de la fumée, il peut très bien le faire et je n’ai pas mon mot à dire. Bizarrement, il y a un antagonisme légendaire entre les décorateurs et les chefs op. Moi, j’ai trouvé ça très dur, parce que j’aime beaucoup le travail de collaboration, et je les ai toujours perçus comme les rustres qui s’imposent. Ils ne sont pas tous comme ça évidemment, mais il y en a pas mal. Je les comprends d’une certaine manière, car beaucoup de choses reposent sur leurs épaules. Donc c’est une immense responsabilité, mais c’était toujours assez décevant.
En photo, il y a moi et le photographe, et personne autour. Il y a aussi le client, bien sûr, mais à cette époque, le photographe était roi, donc c’était très direct. Avec Ruven ça a été fabuleux, parce qu’on parlait le même langage, et comme on a débuté ensemble, on a développé tout un vocabulaire… ça a été très gratifiant. C’est là que j’ai commencé à beaucoup voyager, j’ai fait le tour du monde, c’était fabuleux.
Comment les réseaux sociaux et le numérique ont-ils impacté ton travail ?
Le numérique a tout changé sur la façon dont les photos sont utilisées, sur le turn-over, le temps nécessaire, le nombre de photos à produire… tout s’en est retrouvé chamboulé. Pendant un moment, plus personne n’a plus voulu payer de décors, on n’avait plus le temps pour ces gros boulots. Avant, je bossais sur des projets gigantesques, sur des plateaux immenses, pendant des jours… j’ai fait pas mal de campagnes Gap, les décors coûtaient des centaines de milliers de dollars, mais ça a disparu. Tout est à beaucoup plus petite échelle, ce qui me plait bien… Mais on s’est rendu compte que même s’il fallait produire plus de contenu, la qualité ne devait pas être sacrifiée.
Il y a deux ans, on entendait encore : « Là, c’est payé la moitié de ce que je facture en temps normal. », parce que c’était juste pour du contenu numérique, mais maintenant on sait que si on veut un contenu numérique qui soit intéressant, qui attire le regard, il faut dépenser de l’argent. Alors oui, je bosse énormément, il n’y a plus d’immenses décors, mais je fais de plus en plus de « nature morte ».
Je ne fais presque plus de mode, je travaille beaucoup pour les cosmétiques, les bijoux, avec des décors plus modestes, mais qui restent quand même sophistiqués. On s’amuse bien, j’adore ça.
Pourquoi avoir bifurqué vers les cosmétiques et les bijoux ?
C’est là où l’argent se trouve !
Mais j’adore aussi faire des photos d’objets, parce que j’aime raconter des histoires, peu importe que ce soit dans un immense décor ou que j’aie juste un bout de carton devant moi, il y a une histoire à raconter, même plus modeste. Les photographes qui font des « natures mortes » sont un peu des nerds, donc on s’amuse bien, et les cosmétiques et bijoux n’ont pas connu les coupes budgétaires des autres secteurs.
Tu peux nous expliquer concrètement en quoi consiste ton travail du début à la fin d’un projet ?
En général, une agence de pub ou le service pub nous envoie des planches, ça débute par des conversations sur l’objectif de la campagne. Ensuite, on aborde la façon dont techniquement, on va pouvoir atteindre cet objectif, parce que mon boulot est très technique. Ensuite, je regarde le travail du photographe, j’essaie de bosser dans ce sens, de comprendre sa vision. Avec un peu de chance, je peux mettre quelques-unes de mes idées aussi ! J’adore jouer avec les formes et les couleurs, donc on aborde les volumes et les couleurs plus que les objets en eux-mêmes, même si certains bijoux ou accessoires racontent leur propre histoire.
Quelle est l’importance d’avoir des relations, de se construire un réseau pour avancer professionnellement ?
C’est capital. Je reste en contact avec tout le monde depuis mes débuts. Certaines personnes prennent leurs distances, mais dans mon métier, c’est le plus important. J’ai aussi tout un réseau de fabricants et de fournisseurs, des gens avec lesquels je fonctionne depuis des années, parce qu’avec eux, je sais que je ne serai jamais déçue. Des gens à NY, mais aussi à LA ou Paris… j’y ai aussi des équipes, toujours les mêmes personnes. Tout ça, c’est crucial, parce que c’est ma réputation qui fait qu’on me confie un projet. Bien sûr, on a des books, on communique sur notre travail, mais c’est la réputation qui fait toute la différence. Et même si ce monde semble immense, il est en fait tout petit. C’est une chose à laquelle j’ai toujours fait attention, surtout en déménageant à NY.
Quand je suis arrivée à NY, dans ces milieux, il y avait des femmes qui étaient très dures, vêtues de noir, elles étaient assez désagréables, et dès le début, je me suis dit que je ne deviendrais pas comme ça. Dans ce milieu, j’ai aussi eu affaire à beaucoup d’entrepreneurs, des scieries, des magasins d’outillage ou d’électricité, les gens étaient souvent réticents à l’idée d’échanger avec une femme, parce qu’en plus, j’avais un accent assez marqué. Ils m’en ont fait baver, mais je me suis dit que la meilleure solution, c’était d’être super calée – plus qu’eux – et d’être agréable, pour les obliger à l’être eux aussi.
Une autre chose vitale : tous les membres de mon équipe s’entendent bien, ils sont aussi adorables avec les clients, les mannequins, tout le monde. Ce n’est pas une obligation, mais si je surprends un comportement qui ne va pas dans ce sens, je ne réembauche pas la personne. Je trouve qu’il faut savoir être invisible juste comme il faut, faire son boulot, ne pas donner l’impression que c’est crevant. Visuellement, je ne veux pas laisser mon empreinte partout, je veux que ma patte vienne mettre en valeur une photo de manière naturelle et sensée. Et j’attends de mon équipe qu’elle travaille aussi dans ce sens.
C’est un milieu qui peut rendre dingue, il y a énormément de stress, un degré d’exigence élevé, parfois on n’a pas le temps de faire les choses, on peut se sentir enfermé dans cette folie, et je n’aime pas ça. Dans ces conditions, on ne peut pas obtenir de bons résultats, donc j’essaie d’éviter les clients qui vous obligent à bosser dans ces conditions ou les photographes dont c’est le modus operandi. Je garde mes distances avec ces gens, car je trouve que ce n’est pas comme ça que mon travail est optimal.
C’est aussi une affaire d’ego… savoir dissocier l’ego, peut-être ?
Oui, et comme je l’ai déjà dit, j’aime beaucoup collaborer, et je mets mon ego de côté. Parfois, je fais des choses qui ne me plaisent pas, mais ça fait partie du boulot, et on m’a embauchée pour faire quelque chose. Je ne suis pas là pour faire un projet personnel, je suis là pour faire ce qu’on m’a demandé de faire. Si ça ne me plaît pas, il m’arrive parfois de dire que ce n’est peut-être pas la meilleure solution, mais si c’est ce qu’ils veulent, allons-y, parce que le client est roi.
Une journée-type pour toi ?
Je passe beaucoup de temps sur le plateau. On commence en général vers 8 ou 9 h, on finit à 20 h ou 21 h, je fais ce qui doit être fait. Parfois, j’ai aussi quatre autres boulots à préparer en même temps, c’est pour ça que j’ai une assistante à plein temps. Il y a beaucoup de textos et de mails à envoyer. Des coups de fil tard dans la nuit, tôt le matin. Ce n’est pas très glamour.
Pourtant, c’est vrai que mon boulot peut faire rêver par rapport à des horaires de bureau. Mais en même temps, c’est beaucoup de travail, ce n’est pas facile, mais j’adore ce que je fais, je n’ai jamais arrêté. Je bosse en gros 24h/24 et 7j/7. Je sais que c’est aussi une réalité pour énormément de monde, mais je ne peux par exemple pas faire de vraie coupure et partir sans regarder mes e-mails pendant 15 jours.
L’aspect le plus gratifiant de ton travail ?
J’aime participer à la création de visuels magnifiques, mais le processus de création en lui-même est aussi très gratifiant. Apporter sa contribution à la vision de quelqu’un, quand les deux visions se fondent dans une dimension encore plus aboutie que ma vision individuelle, c’est génial. Quels que soient le format ou le support.
Quel conseil donnerais-tu à des gens qui aimeraient travailler dans ce domaine ?
Je crois qu’il faut être assez polyvalent, savoir faire les choses tout seul. Aujourd’hui, j’ai l’impression que beaucoup de jeunes trouvent ça trop dur. Ils pensent qu’ils peuvent se métamorphoser en telle ou telle personne instantanément pour que ça se voie dans leur travail. J’ai appris à être scénographe, j’ai appris à dessiner, à faire des maquettes et des croquis. J’ai suivi une formation de décoratrice il y a longtemps, c’est pour ça que je permets de jouer avec la couleur pour des visuels de cosmétiques, même si c’est à petite échelle. Il faut comprendre les supports, les outils, les moyens dont on dispose, pour pouvoir les manier, les utiliser, les décaler. Le plus important, c’est de connaître toutes les ficelles du métier, connaître un peu l’histoire du sujet sur lequel vous bossez, parce que c’est très instructif. Je trouve aussi très important d’avoir un vocabulaire visuel développé. Il faut savoir regarder les photos, les visuels, l’art, sous toutes ses formes.
De quoi rêves-tu professionnellement maintenant ? Tu sais ce qui viendra après ? As-tu envie de ralentir le rythme ou de travailler toujours plus ?
J’aime en faire toujours plus. Avant, je me disais que c’était un boulot de jeune, un univers obsédé par la jeunesse, que je finirais par me faire jeter dehors… mais ça n’est jamais arrivé. Je n’ai jamais été aussi occupée !
Tant que la machine fonctionne, autant continuer, non ?
Mon père a pris sa retraite à 79 ans, et je crois que je tiens de lui. Je ne suis pas prête à ralentir le rythme. Le plus important, c’est de garder sa curiosité et son enthousiasme intacts, et je crois que je ne changerai jamais… On verra !
« I need a city that is a pedestrian city… » Je n’ai jamais habite dans une « pedestrian city » en Amerique, d’ou necessite d’avoir une voiture. :-(
En lisant cette interview en anglais, j’avais l’impression d’entendre l’accent francais de Jocelyne !
Emily encore une superbe interview ! Jocelyn a une intelligence humaine et une faculté d’adaptation incroyable ! Son savoir-faire est impressionnant ! J’aurai aimé vraiment voir quelques uns de ses Visuels/créations. Quelle chance aussi d’avoir travailler avec Ruven Afanador.
Merci Sunny Side! Jocelyne is quite special! x
For years I would look at fashion magazines and the jewelry ads were soooo boring! I’ve noticed in the last few years they are so much more imaginative and interesting. Thanks Joceylyn! Great interview. And I loved your advice to young people starting out to get physical. I, too, have found some have an attitude of « if I think I can, I can » or believing they can start at the top. Thinking you can is a great start, but then comes the hard work.
Love the career interviews. Thanks Emily.
Jocelyn is amazing. Such a perfcet perspective on work and life. The Mel Bourne moments were touching and proof that don’t be afraid to approach your influencers. They are often very generous and gracious. We all want to know we have affected some.
I also agree that you need to learn the craft no matter how talented you are. It will show up in your projects. I get so frustrated with people who think artist endeavors are easy. There are layers of history and technique beneath the surface. You must learn to construct before you can deconstruct.
What a great career story. She follows her gut and follows the money ;) Funny how life can be serendipitous when you become focused. I am reviewing my latest beauty tool- the NuFace here: https://bit.ly/2q7YQWt
Quelle icône ! Son parcours fait rêver, c’est une véritable source d’inspiration…
Amazing interview, thank you so much
Really enjoyed Jocelyn’s reflections on her journey as a craftsperson. Gave me things to think. Thank you!
Thankyou this was a Great interview, so honest and informative
Thank you, Merci!
Truly inspiring lady. I am an exhibition designer, having worked within the industry of story telling for 15 years, I have my moments of doubts and wondering what’s next for me. Reading this article has inspired me again and to always have the curiosity to learn and make new things.