Art of Life / Paige Geffen
5 years ago by
Avez-vous déjà rêvé de sauter dans votre voiture, de rouler vers le désert et de commencer une une nouvelle vie dans le Wild West ? C’est ce qu’a fait Paige Geffen. La directrice artistique, photographe et styliste aux multiples talents, a quitté Los Angeles pour recommencer à zéro à Santa Fe, au Nouveau-Mexique. Elle n’y était jamais allée avant. Elle n’y connaissait personne. Elle n’a rien emporté d’autre qu’une petite valise. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’elle entendait l’appel du désert et que la vie citadine avait laissé sa santé – à la fois physique et émotionnelle – en miettes.
Sa vie dans le désert comporte des challenges – au lieu de fuir les bouchons à l’heure de pointe, elle fuit maintenant les moussons et les éclairs. Mais dans la tranquille quiétude de Santa Fe, elle a découvert une communauté créative en pleine croissance et noué des liens profonds avec ses pairs et elle-même.
Elle nous raconte dans l’interview ci-dessous la tempête qui l’a menée ici, la magie du courage et ce à quoi ressemble la vie après la ville pour une créative comme elle…
Qu’est-ce qui a précipité ton téméraire déménagement à Santa Fe ?
Je vivais à Los Angeles et l’exposition à de la moisissure m’a rendue malade. Il y a eu des moments où je ne pouvais pas me lever de mon lit sans aide. Mon visage était creux et je crachais tous les jours du sang. Ma vie était un désastre complet. J’ai vécu dans un état de marche-ou-crève pendant deux ans. Je crois que c’est arrivé pour une raison – pour me sortir de mon autosatisfaction. J’ai été obligée de prendre du recul sur moi-même et d’observer mes désirs et besoins les plus profonds. Le désert m’appelait alors j’ai répondu.
Parle-nous du jour où tu as pris ta voiture pour quitter Los Angeles ?
Je suis partie dans un état d’agitation et de chaos intenses. Je savais que je partais à Santa Fe mais je n’y étais jamais allée avant et je n’y connaissais personne. J’étais incroyablement triste de quitter LA mais cette petite voix dans ma tête me soufflait que je m’embarquais dans une aventure épique – une aventure qui me permettrait de me découvrir entièrement.
Je suis arrivée de nuit dans ce qui est devenu ma maison, à 30 minutes hors de Santa Fe, à Chupadero. Mon coloc, que je n’avais jamais rencontré, était endormi. Il faisait nuit noire et je suis rentrée dans cette maison, dans un lieu inconnu, avec simplement une valise. Je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit. J’ai sauté du lit aux premiers rayons du soleil et j’ai écouté un coq chanter. J’ai eu l’impression d’expirer trois ans de folie en une seule respiration ce matin-là.
C’était complètement terrifiant ?
Malgré l’angoisse que j’essayais de dépasser en marchant (ou en conduisant), je n’avais pas peur à ce moment-là. Je ne me suis jamais sentie aussi incroyablement vivante, aussi libre. Je n’oublierai jamais ce coucher de soleil, quand je conduisais hors de Palm Springs vers les parties inconnues de la Californie puis en passant la limite de l’Arizona. Je crois que cette image m’accompagnera toujours.
Où es-tu, à ce moment précis, qu’es-tu en train de boire, d’écouter, de sentir, de voir, de ressentir ?
Je suis assise à mon bureau chez moi. Je bois une tisane (ortie, brins d’avoine, citronnelle) et j’écoute du Philip Glass car je me sens un peu agitée et j’ai besoin de me calmer. Je sens et je vois du genévrier. Ma maison est entourée de genévriers et j’en ai ramassé en rentrant chez moi. Je vois les collines du désert, avec les montagnes derrière. Je me sens un peu submergée. Cet été a été une période transition – beaucoup de changements internes, un peu de chaos, en abandonnant derrière moi de vieilles attitudes. J’essaie d’apprendre à faire avec.
Quelles sont tes multiples activités ?
Je m’occupe de stylisme, de photographies et de direction artistique. J’en faisais un peu à LA mais je m’occupais surtout de mon entreprise de décoration intérieure. J’avais vraiment besoin de cesser d’être une “designer” et je commence à peine à avoir assez confiance en moi pour me désigner comme artiste. J’ai fait des études d’art à la fac et des recherches sur la photographie mais j’ai eu l’impression de devoir abandonner ce rêve pour pouvoir me trouver un travail en arrivant à LA. J’en suis venue à croire que c’était une manoeuvre de diversion pour éviter de m’exprimer pleinement.
Qu’est-ce que Object & Us et comment en es-tu venue à le créer ?
Object & Us nous apprend à nous connecter à nos sens et à ralentir le rythme dans le monde physique de manière à accéder au monde métaphysique. Nous utilisons nos environnements extérieurs comme des médiums pour accéder à nos paysages intérieurs. J’enseigne ce processus à travers des sessions individuelles, ce qui est la manière la plus profonde de travailler. Cependant, c’est très important pour moi de faire en sorte que cela reste accessible à tous. J’écris dans un journal une méthode de pratique et j’accueille également des ateliers.
Tout a commencé de manière très brute, et honnêtement, un peu folle. J’étais entre plusieurs logements à LA, à m’occuper de ma maladie liée à la moisissure. J’ai eu besoin d’apprendre comment m’équilibrer, dans un environnement déséquilibré – à me recentrer alors que tout ce qui m’entourait était chaotique. Je remettais en question mon choix de carrière ; je me sentais mal face au consumérisme du monde de la décoration intérieure mais j’adorais l’esthétique et cet environnement. Je suis devenue obsédée par l’idée de trouver un sens à cette contradiction. J’ai pris mon amour des objets et de l’espace et je l’ai associé à ma quête pour l’exploration de soi et la vie en pleine conscience.
En quoi est-ce que le fait de vivre dans le désert (et hors de la ville) influence ton travail ?
Je suis principalement influencée par la nature et par le temps passé avec moi-même. Le travail “sort” de moi, en quelque sorte. Par exemple, le nom Object & Us m’est venu dans un rêve éveillé, alors que je m’endormais dans le parc national de Joshua Tree. J’y restais pour échapper à la moisissure et je passais deux heures par jour à marcher dans le désert avec mon chien, Joni. Je suis capable de trouver l’inspiration dans la nature et l’espace plus facilement à Santa Fe. Je ne m’intéresse pas à ce que font les autres. Bien sûr, le travail des autres m’intéresse mais je me sens libre de faire ce que je veux.
Y a-t-il encore des moments où tu te sens seule ?
Le fait de vivre dans le désert implique la solitude, et dans la solitude, il faut se confronter à soi-même. J’aime être seule et j’apprécie le temps passé avec moi-même mais bien sûr, parfois, je me sens seule. Je pleure, je me recroqueville, je prends des bains, je tiens un journal intime et je pleure encore. J’ai plus pleuré durant les dix derniers mois que pendant la totalité de mes 28 premières années. J’ai l’impression d’avoir assez pleuré pour hydrater tout le désert.
J’ai embrassé le désordre – le désordre lié au fait d’être humaine, de ne pas connaître toutes les réponses, et de vivre imparfaitement. Le secret, c’est de savoir que le sentiment de solitude fait partie de l’existence. Le sentiment de solitude est en réalité une volonté de se connaître soi-même et cette volonté peut vous conduire à vous transformer au plus haut point si vous l’écoutez plutôt que de lutter contre.
Comment fais-tu pour rester présente ?
Ce n’est pas toujours facile pour moi, c’est pour ça que j’y consacre mon travail. Object & Us est un entraînement à la présence. Rester présent n’implique pas de se sentir bien. Ça nous force à nous rencontrer nous-même et à nous confronter à tout – la beauté, la souffrance, la tristesse, la joie. On nous apprend à passer outre tout ça pour pouvoir se sentir “bien” et “en forme”. Notre culture est devenue tellement robotique et industrielle. Ce n’est pas ce que je veux. Je veux l’expérience de l’humanité entière. Je veux la folie et la grandeur.
Quel rôle jouent les réseaux sociaux dans ta pratique de la présence ?
Ahhh c’est une question que je n’ai toujours pas résolue. Instagram est un outil de travail donc j’ai l’impression d’être beaucoup trop active. Parfois, je veux jeter mon téléphone contre le mur et ne plus jamais le regarder mais j’ai aussi noué d’incroyables relations très significatives à travers ce trou noir qu’est Instagram. J’essaie de nouer des liens plus que consommer. Ça implique de moins faire défiler mon fil d’actu et regarder des Stories, parler plus avec des gens, et, j’espère, contribuer à créer du sens à travers mes posts plutôt que juste contribuer à la mêlée.
Quel conseil donnerais-tu aux citadins qui rêvent de changement ?
Partez quand vous en avez envie. Ralentissez avec les objets pour créer un meilleur lien avec vous-même. Partez à la recherche de votre quiétude. Et pour ceux qui sont intéressés par un changement aussi important que moi, voilà ce que je dirais : la ville sera toujours là et vous pourrez toujours y revenir.
Comment as-tu fait pour devenir si courageuse ?
(Rires) Suis-je courageuse ? Les gens que j’ai rencontrés à Santa Fe n’arrêtent pas de dire que c’était courageux de venir comme je l’ai fait. Je répondais en gros : “Oui bon, je ne sais pas trop”. Mais quand j’y repense maintenant, je me dis qu’en effet, c’était courageux. Honnêtement, d’une certaine façon, je crois que je n’avais pas le choix. J’avais le choix entre rester coincée ou faire un bond dans l’inconnu. J’ai toujours été aventureuse, et même si c’est ma plus grande aventure, l’accomplir m’a donné l’impression de me retrouver. Avant de venir ici, j’avais l’impression que je me faisais faux bond à moi-même.
Où te sens-tu chez toi ?
A l’intérieur de moi. C’est là que je suis chez moi.
I needed this. And it found me. And it was perfect.
I am feeling called to make a big leap and it is scary, but also SO exhilarating. Seeing someone else doing it is the most exciting thing…
Thank you so much for sharing.
This has lifted my spirits so much. Thank you for sharing this inspiring story.
“Loneliness is really a longing to meet oneself.”
This.
Thank you.
But She has’nt parente, Friends, nothing?
very nice information you share with us. thanks for this.
Paige—This is such a beautiful and inspiring life story and journey. Thank you for sharing with us! I’m especially drawn to your chutzpah living life as you’re called and not as you’re expected to, and being brave enough to face yourself everyday in every moment. I know that shit is hard but what you gain—that messiness + magnificence—is why we’re alive in the first place, no? And your last line?!?! Home as within—Holy Crap Woman drop the mic ????THANK YOU?
This has resonated with me so much. I too was called to Santa Fe about 3 years ago and fell so in love. I’ve been back every year since. Though I still live in Southern California I often dream of moving to Santa Fe, leaving the city and all it’s attachments behind me. This piece is so vulnerable and real. I feel like I understand you Paige!
Une histoire passionnante et inspirante! Merci!
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