In the Archive: The Skin You’re In
3 years ago by
Quand j’y repense, c’est un peu ironique de se dire que je faisais de la natation au lycée… parce que ça impliquait de tellement dévoiler mon corps. Un corps dont j’étais intimement conscience et que je couvrais autant que possible dès qu’il n’était pas caché par l’eau chlorée.
Pendant tout le lycée et la fac, mes bras et mes cuisses étaient couverts de kératose pilaire, des petits boutons rouges et blancs qui ressemblaient à de l’acné. Ça plus l’acné kystique sur mon dos et mon visage et les épais poils grecs qui poussaient à peu près partout, je suis devenue une enfant qui ne montrait que ses chevilles et ses poignets. Je ne souhaiterais à personne mon enfance dans une prison de manches longues et de sueur.
J’ai commencé à idéaliser les femmes des magazines avec leur peau dorée sans aucun défaut et l’uniformité d’une sucette industrielle (je ne connaissais pas l’existence de Photoshop et cette connaissance aurait pu m’épargner tant de souffrance). Je pensais qu’une peau sans défaut était la définition même de la beauté, au-delà de toi. Et comme ce soi-disant sommet de la beauté me semblait inatteignable, j’ai cru pendant un long, très long moment, que je ne pouvais pas être aimée.
Dix ans après le lycée, ma kératose a enfin disparu. Et cinq ans plus tard, les cicatrices ont commencé à s’effacer aussi. Mais elles ont été remplacées par plein d’autres choses fun comme les vergetures sur mes hanches, les varices sur mes jambes, la cellulite sur mes fesses et mon estomac, encore de l’acné kystique avec des cicatrices en pic à glace, et une horrible cicatrice sur mon poignet droit que je fixe tous les jours en tapant.
L’année dernière, quand je me suis fait opérer pour réparer mon poignet cassé, la seule chose qui m’inquiétait, c’était d’avoir une cicatrice. Pas la mobilité de mon poignet ou la convalescence. Juste savoir à quoi la cicatrice allait ressembler ? Mes avants-bras étaient la seule partie de mon corps qui pouvaient évoquer une sucette, jusqu’à maintenant. Mon obsession, mon angoisse face à cette cicatrice sont autant de preuves de ma lutte permanente contre la dysmorphophobie, et pas quelque chose que j’avais surmonté.
Même si les mouvements de body positivity (ou body neutrality) ont permis d’élargir la définition de la beauté, je ne trouve encore que très peu d’images qui montrent la vraie peau des femmes. Qui ne les montrent pas comme une sucette intacte, mais plutôt comme une carte de leur vie, de leurs gènes. Des choses qui évoquent des souvenirs et racontent leur histoire.
J’ai donc demandé à quatre femmes qui ont des peaux uniques de m’en parler. Parce que sans nos histoires, nous ne sommes rien d’autre que des grains de poussière qui redeviendront poussières.
A 12 ans, on m’a annoncé que je souffrais de la maladie de Scheuermann. C’est une maladie du dos qui touche la colonne vertébrale. En gros, le corps grandit normalement d’un côté de la colonne vertébrale (dans le dos) tandis qu’à l’avant, il grandit plus lentement ou de manière anormale. Ça produit une vraie forme tordue, ce qui accentue la courbure du haut du dos. C’est ce qu’on appelle une cyphose dorsale.
J’ai toujours su que j’aurais besoin d’être opérée. Après ma grossesse, quand j’ai commencé à porter ma magnifique petite fille, la douleur a grandi de manière exponentielle. J’ai finalement réussi à trouver un médecin incroyable qui a fait l’opération à très bas coût (nous sommes maintenant amis).
J’ai souffert de complications après la première opération (ce n’était pas la faute du chirurgien), mes poumons se sont remplis de liquide et mon poumon droit s’est effondré. La deuxième opération avait pour but de régler ça. Ah !
(English)
J’adore mes cicatrices, tout simplement. Je n’ai jamais eu peur d’avoir une cicatrice dans le dos. Je trouve que les cicatrices ajoutent quelque chose à mon histoire. Je tiens à laisser quelque chose derrière moi. Et qu’est-ce que je vais laisser : en esprit, avec ceux qui m’entourent, physiquement ? Les cicatrices me rappellent ce que j’ai vécu. Elles m’aident à raconter mon histoire. Tous les problèmes qui y sont liés me rappellent ma force. L’année 2017 n’a pas été facile , d’un point de physique. Et pourtant, j’ai appris, plus que jamais, à accepter de l’aide et de l’amour. J’ai conscience de la force de mon corps, de son aspect miraculeux. Je souffrais avant de terrible dysmorphophobie mais ce n’est plus le cas. Mon corps est capable de tellement de choses.
Ça fait un an et demi que j’ai des taches plus claires sur mon corps. Je crois que c’est génétique parce que ma mère et ma grand-mère maternelle ont les mêmes mais je ne les ai jamais remarquées parce qu’elles sont le plus souvent cachées.
Ça me complexait au début. J’ai même tenté plusieurs remèdes maison pour m’en débarrasser, comme de la poudre de safran ou de longues sessions de bronzage. Mais, au fur et à mesure, j’ai fini par les assumer et accepter qu’elles fassent désormais partie de moi. Autant en être fière !
Je suis une femme de couleur grande taille, encore en train d’essayer de trouver ma place dans le monde qui essaie doucement de s’assumer.
J’ai été tachetée [de grains de beauté] dès mon enfance… mais ils se sont vraiment multipliés avec le temps ! J’ai l’impression que dès que je regarde attentivement, j’ai une nouvelle tache que je ne reconnais pas. Ma mère et mon père ont tous les deux ces grains de beauté, toute notre famille doit y faire très attention. Visites régulières chez le dermato !
Je n’ai pas toujours aimé mes grains de beauté – on se moquait de moi au lycée parce que j’en avais partout. Les garçons faisaient des blagues en disant que j’en avais sans doute sur les fesses… et c’est effectivement le cas ! J’ai fait un peu de mannequinat à la fac et je me souviens qu’au moment de mon premier grand shooting, mes bras ont été complètement lissés et photoshoppés “pour faire plus commercial”. Je ne reconnaissais pas ma peau ! Maintenant, je les adore parce que c’est ce qui me distingue. J’ai l’impression qu’en ce moment il y a un grand mouvement qui nous encourage à embrasser et à épouser la cause de la non-conformité. Les différences sont cools.
J’aime en parler comme de mes pépites de chocolat (comme le disait un de mes ex). Celui que je préfère, c’est un qui est un peu bouffant, sur ma hanche. On dirait un maillot de bain en grain de beauté.
Mes taches de rousseur ont commencé à apparaître quand j’avais six ans, pendant des vacances pour rendre visite à ma famille au Costa Rica. Ça a commencé avec quelques taches sur mon nez, et puis chaque année, au fur et à mesure de nos visites au Costa Rica, d’autres sont apparues. On ne rigole pas avec le soleil !
Quand je suis rentrée en CM1, j’avais plein de taches de rousseur. Je me souviens qu’une fois, un camarade de classe m’avait dessinée avec un visage carré et plein de pois. J’étais tellement gênée que je suis rentrée chez moi et que je l’ai dit à ma mère. Elle m’a répondu : “Lec, elles sont magnifiques, ne fais pas attention aux garçons idiots.” Malheureusement, je n’ai pas réussi à écouter son conseil avant mes 18 ans. J’avais enfin atteint l’âge où, en me regardant dans le miroir, je voyais ma famille en moi et avoir les mêmes gènes qu’eux me rendait fière. Ceux qui me connaissent peuvent en témoigner, ma famille est tout pour moi. Je suis donc prête à accepter les taches de rousseur et tout ce qu’ils voudront bien me donner.
Je fais beaucoup d’efforts pour ne pas les cacher. En général, je mets la crème riche Eighteen B et du Coverfx (Eclat, vitamine C + citronnelle) avec un peu de mascara, et c’est tout. Je tiens à montrer ces formidables taches de rousseur, avec tout l’éclat possible.
Début 2018, j’ai lancé ma propre marque, appelée Voguish Grace – et j’ai rendu publique mon aventure de mannequin avec une représentation, tout en collaborant avec des personnes dans mon domaine de niche pour fusionner et étendre nos réseaux. Cette citation, de moi, est ma raison de vivre : “Quand tout semble voué à l’échec, illumine le monde grâce à ta présence”.
Four gorgeous women and the intro text is perfection. Can we have another round of this story (part ii) with some aging skin in there? Because oh, the fun to be had when the parts you struggled to accept in the first place start wrinkling up and drooping down! And also because the evolution is half the miracle of it all.
Oh that’s a brilliant idea, Erin! Would love to do that with aging skin and post pregnancy skin! Both which I find beautiful because of the stories they tell. x V
I agree with Erin. I love this piece, but as a woman who is about to be 50, I too would love to see a Part II as well. But I really admire these beautiful, young women for embracing all their beauty. I wish I had when I was younger.
Just another vote for a Part 2 – the midlife series .
So beautiful!
I want to be the first one to say thank you, thank you, Veronica, for validating this skin reality! I started developing freckles/moles on my back in the 90’s and horrified reactions from massage therapists and friends at that time made me feel like a pariah for years. I avoided low-back clothing for the longest time. Now it’s simply part of – Me! :D
This is one of the many reasons I like tattoos – it feels like claiming back body parts… I wasn’t feeling great about my upper arms but now I have a beautiful mountainscape there and I love it! Next will be a thigh tattoo I think…
MORE OF THIS! Yes…ladies! All so beautiful. Thank you for being vulnerable with us.
Beautiful ladies & inspiring stories. Well done!
There is such beauty in accepting the body you were given. As a woman with scoliosis, I’ve come to love my curvy spine. Yes, my one hip is higher than the other, but I think it gives me character!
I don’t know what you guys have been doing over there at We Are Dore, but the content the past few days has been awesome. Keep it up.
This is what I needed to see and read. Once again, Dore Team, outstanding work. More of this please!
I absolutely LOVE this story! I’m just surprised that freckles are something you have to accept. I learned this after the whole discussion surrounding Meghan Markle and accepting her freckles and I was like, wait…, what? Are my freckles even a thing? I was stunned. I always considered them my favourite thing about myself. Never wear foundation (even when I was a teenager with problem skin) because of them. Happy to read you love them now too. Just surprised how many people feel otherwise.
Until I saw this I did not even think that my millions of moles might be a thing to be ashamed of.
Loved these stories of each of these beautiful women. More of this please!
Beautiful post. I only wish that you had included someone with facial acne scars or other facial scars. I have lots of three dimensional acne scars and there’s really no way to cover them up. They’re a part of who I am and honestly I don’t usually think about them nor let them define me. That is, until I see a photo of myself and remember that what everyone else sees is very different from how I see myself!
Yes!
What a beautiful post and such beautiful women/humans! Thank you for sharing this and thank you to the ladies for sharing their stories.
somebody who’s been living with hormonal (cystic) acne my whole life, and having a pretty bad stretch of it now, I appreciate this so much. I feel angry and sad that I put my body through harsh chemicals that don’t work, torture it with strong topical solutions, apply makeup daily (even at home by myself because the sight in the mirror pulls me into such a deep depression, – all for the hope of archiving See’s lollipop kinda skin everyone « seems » to have.
I’d love to see more « real » people with common issues so someone like me can feel ok with what we have. Thank you for the honestly, Veronica!