Atelier Doré

Vous avez des tatouages ? Et si oui, combien de temps avez-vous réfléchi à leur caractère permanent avant de vous lancer ? Moi, j’ai huit tatouages, tous petits et faciles à dissimuler si besoin… donc pas de regrets pour moi. Mais il y a des tatouages qu’on regrette, plein… et il semblerait que les faire effacer devienne aussi tendance que les tatouages eux-mêmes. Le détatouage laser est douloureux, et c’est un processus long qui dure jusqu’à deux ans. On a pu discuter de tout ça avec Bethany Circlin, propriétaire de Clean Canvas More Art, un centre de détatouage laser à NY.

Qu’est-ce qui vous a convaincue de pratiquer le détatouage ? Depuis combien de temps exercez-vous ?

Ça fait maintenant 9 ans que je suis spécialisée dans le détatouage laser. Je n’aurais jamais imaginé gagner ma vie en effaçant des tatouages, surtout avec un diplôme de communication en poche, mais après avoir essayé d’autres choses, j’ai trouvé ma passion.

J’ai pas mal fréquenté les tatoueurs, j’ai bossé dans plusieurs échoppes. Pendant dix ans, j’ai fait du tatouage de maquillage (maquillage permanent). Avant l’époque des réseaux sociaux, les artistes avaient des books qu’on allait consulter. Avec l’arrivée des réseaux sociaux, l’univers underground des tatouages est devenu tendance. Tout le monde connaissait ces artistes-tatoueurs, tout le monde se faisait tatouer. Une fois que c’est devenu mainstream, le laser a forcément suivi. C’est le seul moyen d’effacer les tatouages que l’on regrette !

Apparemment, chaque couleur d’encre réagit différemment au laser. Quelle couleur est la plus difficile à retirer ?
Jusqu’à il y a peu, le bleu et le vert étaient les couleurs les plus tenaces. Mais en 2012, ça a changé avec le développement du secteur du détatouage, grâce à la technologie du laser Picoseconde. Elle a facilité le retrait des encres bleues et vertes. Le blanc (ou une couleur qui contient du blanc) est la couleur la plus difficile à effacer car elle est saturée de dioxyde de titane.

Le détatouage est-il douloureux ? Plus que la phase de tatouage ?
C’est très douloureux, mais rapide. On propose une crème anesthésiante et on utilise une machine spéciale qui procure une sensation de froid et rend le traitement plus tolérable. Il faut compter entre 1 à 3 minutes pour une séance de laser.

Le tatouage le plus étrange que vous ayez eu à retirer ?
J’ai reçu une jeune cliente, 21 ans à peine, qui s’était fait tatouer les noms de trois de ses copains. Je n’avais pas encore terminé le détatouage du premier nom qu’elle s’en faisait déjà tatouer un autre !

Avec l’expérience, qu’est-ce qui distingue un bon tatouage d’un tatouage dont on aura envie de se débarrasser ?
Ça peut paraître cliché, mais les tatouages bon marché, ce n’est jamais une bonne idée. Un vrai tatouage, ça coûte cher. Si vous avez envie d’un tatouage que vous garderez, investissez dans un bon artiste-tatoueur.

Certaines parties du corps sont-elles plus difficiles à détatouer que d’autres ?
Plus on s’éloigne du cœur, plus un tatouage est difficile à effacer. Un tatouage sur le pied sera plus long à effacer qu’un tatouage sur la main. Tout est question de vascularisation et de circulation du sang.

Dans quels cas vous arrive-t-il de refuser d’effacer un tatouage ?
Je ne fais pas de laser à une personne sujette aux chéloïdes (problèmes de cicatrisation en excroissance), enceinte, qui allaite, ou qui suit un traitement à base de Roaccutane ou autre antibiotique.

Quelle est la principale motivation des gens pour le détatouage ? Est-ce qu’on retrouve un schéma classique ?
Le nouveau phénomène, c’est l’éclaircissement de tatouage. Typiquement, quelqu’un qui n’a plus de place pour un nouveau tatouage : donc on enlève ceux qui ne leur plaisent plus pour faire de la place.

Et puis dans les classiques, il y a les noms d’ex…

Votre expérience la plus touchante ?
J’ai décidé d’offrir le détatouage à tous ceux qui ont subi une radiothérapie. Dans le cadre d’une radiothérapie chez les personnes ayant un cancer, on utilise souvent la technique du tatouage comme repère pour la radiation. Je retire ces repères tatoués gratuitement. Ces séances sont souvent très émouvantes, c’est le bras d’honneur final au cancer ! Et je suis heureuse d’y contribuer !

L’aspect le plus gratifiant de votre travail ? Et le plus difficile ?
J’adore mon boulot. Décider de se faire enlever un tatouage au laser, ce n’est pas rien. Ça joue sur la façon dont on se perçoit physiquement. J’aime aider les gens à se sentir mieux physiquement. Et comme le détatouage est un long processus qui peut durer jusqu’à deux ans, j’aime les liens que ça me permet de nouer avec les gens.