Atelier Doré

Deux choses pour contextualiser.

1) J’habite au-dessus d’un bier garten (bar à bières avec terrasse) que je fréquente souvent avec mon chien.
2) Je me maquille plus ou moins tous les jours, même si c’est juste une crème teintée et un gel à sourcils.

Imaginez donc ma surprise l’autre jour, alors que j’avais mis un lipstick de couleur vive, quand un des barmen (qui me connaît depuis trois ans) s’est exclamé : “Oh là là. Je ne t’avais jamais vue maquillée. Ça te va super bien.”

Il m’a déjà vue maquillée à chaque fois qu’il fumait une clope sur le trottoir et que je passais par là avec mon chien. Environ tous les deux ou trois jours. Il fume beaucoup et mon chien a besoin de pas mal de pauses pipi… donc on s’est salués pas mal de fois.

Il a tout de suite vu mon air interloqué suite à sa réflexion et s’est mis à rétro-pédaler. “Enfin, c’est super que tu ne te maquilles pas d’habitude , j’adore. Mais le make-up te va super bien. ” Je lui ai laissé un peu de temps en commandant une bière pour qu’il puisse me tourner le dos et reprendre ses esprits.

Ce que je ne lui ai pas dit, c’est que ma réaction choquée n’était pas tant due au fait qu’il me dise que j’étais plus belle quand je portais du lipstick. Le problème, c’était 1) Je ne savais pas si je devais lui dire que je me maquillais tous les jours 2) Pourquoi est-ce que je me prenais la tête à me maquiller tous les jours si tout le monde pensait que je ne me maquillais pas ?

Mon attitude vis-à-vis du make-up ces dernières années, c’est : “J’ai envie qu’on ait l’impression que je ne suis pas maquillée, mais je n’ai pas non plus envie de ressembler à la nana que j’ai vu dans le reflet de ma cafetière ce matin au réveil.” J’ignorais que j’avais atteint mon objectif à la perfection et ça m’a rendue triste de voir que je passais le test du make-up zéro make-up aussi brillamment.

Dans les semaines qui ont suivi, je me suis mise à privilégier davantage de couleurs. J’ai commencé à utiliser du blush au lieu du léger coup de poudre bronzante. J’ai commencé à alterner plusieurs lipsticks de couleurs vives au lieu de mon baume à lèvres ordinaire. J’ai même farfouillé dans notre placard à cosmétiques pour trouver une palette de fards à paupières qui puisse m’inspirer.

Et là, je me suis arrêtée net. Mais. Qu’est-ce. Qui. M’arrive ? Je ne mets plus de fard à paupières depuis le lycée, sans doute une saine décision, puisque mes smokey eyes ressemblaient beaucoup plus à des yeux au beurre noir. Pas super seyant.

Et puis les Oscar sont arrivés. Et j’ai vu le nouveau Lidstar de Glossier sur les paupières de toutes les célébrités.

Lidstar, en gros, c’est une ombre à paupières pailletée.

Oui. Toutes les stars foulaient le tapis rouge arborant des yeux glitter.

A quand remonte la dernière fois que ça s’est produit ?

Je crois que c’était le tout début des années 2000.

Vous savez ce qu’on a aussi revu ? Des jeans boot-cut taille basse portés avec des escarpins à bout pointu.

Je n’ai rien vu d’aussi extrême que Paris Hilton en 2002 mais j’ai commencé à voir des escarpins pointus portés avec des pantalons larges sur les trottoirs de NY.

Ces dernières années, les années 90 me servaient de référence en matière de style et de make-up (less is more) mais en ce moment, j’ai envie de plus, plus, plus, que ce soit pour les vêtements ou les cosmétiques. Et je me demande : quand on a un style qui évolue pour rester en phase avec l’époque… quelle industrie – mode ou beauté – détermine ou déclenche ces nouvelles tendances ? Ou est-ce qu’elles fonctionnent en tandem comme un ressort qui répondit sur des marches … chacune prenant le lead à son tour et entraînant l’autre dans son sillage.

Vous en pensez quoi ?

En attendant, je vais m’interroger pour savoir si je peux moi aussi tenter le combo escarpins à bouts pointus et pantalon large au boulot. On en reparle.