{"id":71,"date":"2007-01-11T09:24:24","date_gmt":"2007-01-11T08:24:24","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/2007\/01\/11\/ni-foi-ni-loi\/"},"modified":"2012-09-19T16:32:23","modified_gmt":"2012-09-19T20:32:23","slug":"ni-foi-ni-loi","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/illustrations\/ni-foi-ni-loi\/","title":{"rendered":"ni foi ni loi"},"content":{"rendered":"

On m’avait dit : tu vas voir il a fait tellement chaud qu’ils n’ont rien vendu, ils vont d\u00e9stocker \u00e0 fond!
\nEuh ah oui ah bon alors j’y vais alors, plaaaaaace!
\nMais que je suis influen\u00e7able.<\/p>\n

Je fonce au Bon March\u00e9 pour appr\u00e9cier la courbe \u00e9conomique d’un sac que j’ai en t\u00eate mais dont le prix en ces temps de banqueroute personnelle est litt\u00e9ralement ind\u00e9cent.
\nDonc, m\u00eame \u00e0 moins trente pour cent, il reste ind\u00e9cent. Je fais un tour de Bon March\u00e9 (parfait le Bon March\u00e9 pour faire des tours), j’appelle ma conseill\u00e8re attitr\u00e9e (All\u00f4Oo, Superchic?), elle me dit d’aller prendre l’air hors de l’atmosph\u00e8re corrompue de ce temple de la ruine. Elle dit : si \u00e7a va mieux dans 5 mn, n’ach\u00e8te pas.<\/p>\n

Je sors, je respire, et l\u00e0, tel un Kaiser Soze, je reprends vie. Je n’ach\u00e8te pas.<\/p>\n

En face, il y a un Zara. Hum Zara. Mon pouvoir d’achat est soudain d\u00e9cupl\u00e9, je p\u00e9n\u00e8tre l’enceinte comme une h\u00e9riti\u00e8re d’h\u00f4tels de luxe. Mais diable que fait la s\u00e9curit\u00e9? Des hordes d’hyst\u00e9riques marchent sur des v\u00eatements \u00e9pars. De jeunes filles se prom\u00e8nent \u00e0 moiti\u00e9 nues, les rares miroirs sont les t\u00e9moins de farouches guerillas. Je croise n\u00e9anmoins de jolies robes, pas tr\u00e8s ch\u00e8res c’est entendu, mais finalement pas si sold\u00e9es que \u00e7a. Pas envie de rentrer dans la bataille pour si peu.<\/p>\n

Je ressors, les mains vides.<\/p>\n

Bien. Voyons voir. Le Marais et apr\u00e8s je rentre. C’est plut\u00f4t calme finalement. Assez vite, je comprends pourquoi. Pour d\u00e9stocker \u00e0 fond, les gentilles marques que nous aimons bien, nous les filles, comptent surtout sur l’effet ‘soldes’, \u00e0 y regarder de pr\u00e8s, les prix ont tr\u00e8s peu baiss\u00e9. Souvent c’est du vieux stock de fond de boutique. Je suis prise de l’ivresse du shopper : tout se ressemble : des blouses des blouses du jean du jean des ballerines des bottes des bottes au secouuuuurs!<\/p>\n

Je fuis.<\/p>\n

J’appelle une amie, blas\u00e9e comme pas deux, je lui fait des th\u00e9ories fashion post-apocalyptiques, je loue mon d\u00e9tachement face \u00e0 la soci\u00e9t\u00e9 de consommation, nous d\u00e9cidons de nous retrouver pour boire un verre et refaire un monde meilleur.<\/p>\n

Chemin faisant, je vise une paire de bottines, super mal sold\u00e9es bien s\u00fbr, mais trop jo-lies. J’entre dans la boutique. Damned! ils n’ont plus ma taille.<\/p>\n

Une fi\u00e8vre bien connue s’empare de moi. Il me les faut. Avec le vendeur, aussi mani\u00e9r\u00e9 qu’insensible, nous passons en revue toutes les boutiques de Paris. Une paire!!! Il reste une paire dans ma taille, \u00e0 l’autre bout de la ville. Dans toute sa bonne volont\u00e9, il ne veut pas les appeler pour leur dire de les mettre de c\u00f4t\u00e9. Je dois donc prendre le risque de faire le d\u00e9placement sans \u00eatre s\u00fbre qu’ils ne les auront pas vendues entre temps. Et puis, il est 19h12. Je suis dans un \u00e9tat proche de l’Ohio. Je m’imagine avec mes bottines, l\u00e9g\u00e8re, riant, c\u00e9l\u00e8bre, ~~mince<\/s>, je cours, je cours…<\/p>\n~~

~~Je n’ai vraiment ni foi ni loi.<\/p>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"~~