{"id":5445,"date":"2009-03-30T06:57:16","date_gmt":"2009-03-30T05:57:16","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=5445"},"modified":"2014-01-08T18:19:00","modified_gmt":"2014-01-08T23:19:00","slug":"premiere","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/style\/premiere\/","title":{"rendered":"Premi\u00e8re !"},"content":{"rendered":"
<\/p>\n
Mercredi 5 f\u00e9vrier. Il est tr\u00e8s t\u00f4t et je marche dans les rues glaciales de Paris. Depuis quelques jours, je me sens nerveuse. Plus que quelques pas me s\u00e9parent de mon shooting pour le Elle.<\/p>\n
Je me souviens de la r\u00e9union, chez Elle au mois de janvier. On est assis autour d’une grande table dans une pi\u00e8ce lumineuse. Toute l’\u00e9quipe cr\u00e9ative est l\u00e0, et \u00e7a fait du monde. Les id\u00e9es fusent. L’ambiance est gaie et survolt\u00e9e. Je bois mon caf\u00e9 pour ne pas me pincer. Assister \u00e0 la naissance d’une s\u00e9rie de mode : un r\u00eave \u00e9veill\u00e9. J’aurais jamais cru que ma premi\u00e8re soit chez Elle. Et que je sois la photographe.<\/p>\n
<\/p>\n
\u00c7a me stresse, et \u00e7a me fait rire. C’est mon premier vrai shooting. C’est \u00e0 dire que pendant trois jours, je vais bosser avec une styliste, son assistante, un coiffeur, un maquilleur, que je vais avoir ma propre assistante. Que tout ce petit monde va s’empiler dans un camion, fringues comprises, faire le tour de Paris pour prendre des photos.<\/p>\n
Et qu’il va falloir que j’assure.<\/p>\n
Pourtant, on me demande juste de faire ce que je fais d’habitude. C’est pour le Sp\u00e9cial Hommes. Un casting de vrais mecs, pas de mannequins, mes endroits pr\u00e9f\u00e9r\u00e9s \u00e0 Paris, mon appareil photo. Ma lumi\u00e8re.<\/p>\n
Mercredi matin donc, j’arrive place de la R\u00e9publique, et je vois un camion loge<\/a> jaune. Oh mon dieu. Il est \u00e9norme ! Je respire un grand coup. On est en f\u00e9vrier, il fait -12, je vais shooter de la mode printemps, tout est donc normal…<\/p>\n Hello Garance, bienvenue dans le monde parall\u00e8le de la mode !<\/p>\n Je rentre dans le camion, et soudain tout va mieux. Il y fait chaud et les boiseries donnent un petit c\u00f4t\u00e9 cosy. Sur la grande table, un panier de viennoiseries. Jamel, qui s’occupe de la production et du camion, m’offre un caf\u00e9. L’odeur se r\u00e9pand dans la loge. Il ne m’en faut pas plus pour me calmer. J’engloutis un pain au chocolat et je commence \u00e0 blaguer avec Julia,<\/a> super photographe,<\/a> qui va m’assister sur le shooting.<\/p>\n Je vais m’en rendre compte pendant les jours \u00e0 venir. Mon moyen \u00e0 moi de g\u00e9rer le stress, c’est de raconter n’importe quoi et de rigoler.<\/p>\n Petit \u00e0 petit, l’\u00e9quipe se compl\u00e8te. Alix, l’assitante styliste, puis Nanou, la maquilleuse. Et enfin Jeanne, la styliste, arrive en scooter. On est tous un peu survolt\u00e9s. Un mod\u00e8le a annul\u00e9, il faut trouver un rempla\u00e7ant. Et puis, non mais quand m\u00eame. Il fait -12\u00b0.<\/p>\n Les premiers mod\u00e8les arrivent. Ils passent dans la pi\u00e8ce \u00e0 c\u00f4t\u00e9, \u00e0 l’habillage puis au maquillage. Je sors regarder le ciel. Et l\u00e0, je sens comme un truc mouill\u00e9 sur mon visage…<\/p>\n Merde. Il pleut.<\/p>\n Ce qui est bien en plus, c’est que les premiers mod\u00e8les sont Benjamin et Costa, un papa et son fils, un bout de chou adorable comme tout, \u00e0 croquer Costa. Quand je les fait sortir du camion pour les prendre en photo en petite chemise dans le froid, j’ai l’impression d’\u00eatre Cruella. Il va falloir que je shoote vite pour ne pas qu’ils cong\u00e8lent.<\/p>\n Mes mains transies de froid ? Je ne les sens pas. L’important c’est pas moi. L’important c’est eux, la photo, l’atmosph\u00e8re, le courant que je veux faire passer entre nous m\u00eame s’ils n’ont pas l’habitude de poser pour des photos, et qu’ils auraient certainement mieux \u00e0 faire que que d’\u00eatre en petite chemise \u00e0 8h30 du mat sous…<\/p>\n La neige.<\/p>\n Mais, si bien s\u00fbr. Il a neig\u00e9. Qu’est ce que vous croyez.<\/p>\n On passe donc la journ\u00e9e \u00e0 se battre contre les \u00e9l\u00e9ments. Les s\u00e9ances s’encha\u00eenent, tout va super vite. \u00c0 chaque fois, cr\u00e9er le contact en quelques minutes avec le mod\u00e8le, trouver sa photog\u00e9nie, shooter. Entre chaque s\u00e9ance de photos, on fait les contr\u00f4les sur l’ordinateur avec Julia. Toute l’\u00e9quipe regarde, je vous raconte pas le stress. Tim, mon traducteur ador\u00e9, nous rejoint pour me donner un coup de main. On boit des caf\u00e9s, on bavarde… Et on commence \u00e0 rigoler beaucoup.<\/p>\n Vers 17h, la lumi\u00e8re d\u00e9cline. Fin du premier jour. Je rentre chez moi… Et je m’\u00e9croule de fatigue.<\/p>\n Trois jours\u00a0 ce rythme. Trois jours pendant lesquels il a donc neig\u00e9, plu, mon appareil photo s’est cass\u00e9. Trois jours aussi o\u00f9 l’on s’est marr\u00e9s, o\u00f9 j’ai retrouv\u00e9 le bonheur de travailler en \u00e9quipe, o\u00f9 chaque heure renfor\u00e7ait la complicit\u00e9 et la force des conneries qu’on racontait. Trois jours de super rencontres avec plein d’hommes plus charmants les uns que les autres. Trois jour o\u00f9 Jeanne, pleine d’humour et pleine de ressources, a fini par caster directement dans la rue. Quand au bout du troisi\u00e8me jour un rayon de soleil est enfin apparu, j’ai cru que j’allais pleurer de joie.<\/p>\n Trois jours o\u00f9 j’ai tant stress\u00e9, et tant appris.<\/p>\n Dernier jour, derni\u00e8res minutes, Jamel me ram\u00e8ne chez moi. Oui oui, avec l’\u00e9norme camion loge. Je suis toute seule, on bavarde. Des shootings de mode, il en a vu. Il m’en parle avec passion. Il adore son boulot, il me raconte plein de d\u00e9tails, toutes les aventures qu’ils a v\u00e9cu, je me r\u00e9gale.<\/p>\n Dans un souffle d’\u00e9puisement, je lui dis : \u00ab\u00a0Et bien pour moi, c’\u00e9tait la premi\u00e8re fois !\u00a0\u00bb<\/p>\n Il arr\u00eate le camion et se retourne : \u00ab\u00a0non.\u00a0\u00bb<\/p>\n \u00ab\u00a0Mais si ! je lui dis. C’est la premi\u00e8re fois que fais des photos en \u00e9quipe, c’est la premi\u00e8re fois que je vois un camion comme \u00e7a, c’est la premi\u00e8re fois que je me sens aussi responsable… J’\u00e9tais t\u00e9tanis\u00e9e quand je t’ai dis bonjour pour la premi\u00e8re fois il y a trois jours !\u00a0\u00bb<\/p>\n Il me regarde et me dit : \u00ab\u00a0Alors l\u00e0, vraiment, bravo. Je ne m’en suis pas rendu compte une seconde. Pourtant, j’en ai vu des photographes, et des grands. Beaucoup de gens auraient p\u00e9t\u00e9 les plombs avec des conditions m\u00e9t\u00e9o pareilles. Tu as su rester calme, sympa avec tout le monde et t’adapter. C’est un signe qui ne trompe pas : on se reverra.\u00a0\u00bb<\/p>\n Pas besoin de vous d\u00e9crire ma joie d’entendre \u00e7a. Je la ressens encore en l’\u00e9crivant aujourd’hui.<\/p>\n Le r\u00e9sultat est dans le Elle de cette semaine. Je voudrais remercier du fond du coeur toute l’\u00e9quipe et les filles et les gar\u00e7ons du Elle. Croyez-moi, ces gens l\u00e0 sont \u00e0 l’image de leur magazine. Adorables, ouverts, dr\u00f4les, pas pr\u00e9tentieux pour un sou et un peu fous. J’ai vraiment de la chance.<\/p>","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Mercredi 5 f\u00e9vrier. Il est tr\u00e8s t\u00f4t et je marche dans les rues glaciales de Paris. Depuis quelques jours, je me sens nerveuse. Plus que quelques pas me s\u00e9parent de mon shooting pour le Elle. Je me souviens de la r\u00e9union, chez Elle au mois de janvier. 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