Le jour o\u00f9 Jean-Philippe Delhomme a fait un portrait de Scott et moi sur son blog, j’ai vraiment cru que j’allais m’\u00e9vanouir.<\/p>\n
Depuis, on s’est rencontr\u00e9s, et on est devenus copains. Je ne crois pas qu’il se rende compte \u00e0 quel point je suis intimid\u00e9e quand je suis avec lui…<\/p>\n
Il fait partie des artistes que je place tr\u00e8s haut et que j’admire encore plus apr\u00e8s les avoir rencontr\u00e9s. C’est rare.<\/p>\n
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J’ai ador\u00e9 ses\u00a0Polaro<\/em>\u00efds de Jeunes Filles\u00a0<\/em>dans le Glamour des 90’s. J’ai ador\u00e9 ses campagnes pour Barney’s. J’adore son blog et son alter ego the Unknown Hipster<\/a> me fait hurler de rire.<\/p>\n
Et bien voil\u00e0,\u00a0The<\/em>\u00a0Unknown Hipster<\/em>\u00a0vient de sortir un livre<\/a> et il faut que vous le lisiez \u00e0 tout prix.<\/p>\n
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Il a dit yes, et yes<\/em>. On a trop de chance.<\/p>\n
Comment as-tu d\u00e9but\u00e9 ?<\/strong><\/p>\n
J’\u00e9tais aux Arts D\u00e9co \u00e0 Paris. Un jour, je suis all\u00e9 \u00e0 un d\u00eener o\u00f9 on m’a montr\u00e9 des illustrations de magazines \u2013 je n’avais jamais r\u00e9alis\u00e9 qu’il y avait des illustrations dans les magazines. Je me suis dit que c’\u00e9tait ce dont j’avais envie, faire des illustrations pour les magazines et aussi des affiches.<\/p>\n<\/div>\n
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Du street art, donc ?<\/strong><\/p>\n
T’es-tu parfois senti d\u00e9courag\u00e9 ?<\/strong><\/p>\n
\u00c7a peut para\u00eetre fou, mais j’\u00e9tais excit\u00e9 par tout \u00e7a. J’ai fait la m\u00eame chose \u00e0 Londres. Juste passer des coups de fil. C’est des moments difficiles. Mais un jour ou l’autre, les gens finissent par te voir.<\/p>\n
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Comment, en tant qu’artiste, g\u00e8res-tu les hauts et les bas ?<\/strong><\/p>\n
Parfois, tu dois bien accepter de faire des jobs commerciaux, non ?<\/strong><\/p>\n
Bien s\u00fbr. Mais si c’est seulement pour l’argent, honn\u00eatement, \u00e7a ne fonctionne jamais. Si tu sens que tu fais quelque chose pour l’argent, tu ne devrais pas le faire. A moins, bien s\u00fbr, de ne plus avoir d’argent et d’\u00eatre dans le besoin, c’est quand m\u00eame mieux que de tuer quelqu’un ! (rires)<\/p>\n<\/div>\n
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C’est \u00e0 ce moment-l\u00e0 que j’ai ouvert le blog. Et toi, comment fais-tu des rencontres ? Tu fr\u00e9quentes beaucoup d’artistes, tu as beaucoup d’amis qui sont \u00e9crivains. Et je devine que tu puises beaucoup d’inspiration dans le monde dans lequel tu vis. Je trouve que ce que tu dis est tr\u00e8s intelligent, voyager, se d\u00e9placer. Mais comment proc\u00e8des-tu ? Comment r\u00e9ussis-tu \u00e0 faire \u00e7a ? \u00c7a peut \u00eatre un job tellement solitaire.<\/strong><\/p>\n
Oui, tu peux te sentir vraiment isol\u00e9. En fait, quand tu travailles, la solitude est n\u00e9cessaire parce que si tu peins ou si tu dessines, tu ne peux pas le faire en parlant au t\u00e9l\u00e9phone en m\u00eame temps. Tu dois donc accepter cet isolement, c’est difficile mais c’est la seule fa\u00e7on d’y arriver.<\/p>\n
Mais si tu t’int\u00e9resses \u00e0 ce que tu fais, alors ce n’est plus si dur. Si je travaille sur un projet qui me passionne, je me moque d’\u00eatre isol\u00e9.<\/p>\n
Mais j’aime rencontrer des gens quand je voyage. C’est plus difficile de faire des rencontres \u00e0 Paris. C’est plus compliqu\u00e9 parce que les Fran\u00e7ais ne se laissent pas approcher facilement. Mais finalement, tu r\u00e9alises que tu as plus d’amis que tu ne le crois.<\/p>\n
Tu sors beaucoup ? Est-ce que tu t’es d\u00e9j\u00e0 senti appartenir \u00e0 une bande, \u00e0 une sc\u00e8ne ?<\/strong><\/p>\n
Non, jamais. Je n’ai jamais appartenu \u00e0 quoi que ce soit, vraiment. \u00c7a me mettait mal \u00e0 l’aise au d\u00e9but, je me demandais pourquoi. Puis j’ai r\u00e9alis\u00e9 qu’en fait, \u00e7a ne me plaisait pas tant que \u00e7a. Je n’ai jamais trouv\u00e9 une bande \u00e0 laquelle j’aurais eu envie d’appartenir. Je n’ai jamais appartenu \u00e0 un cercle ou fait partie d’un groupe. Mais je pense que les gens les plus int\u00e9ressants sont ceux qui sont capables de passer d’un milieu \u00e0 un autre.<\/p>\n
C’est bien, parce que tu es capable de prendre du recul par rapport \u00e0 ce monde-l\u00e0.<\/strong><\/p>\n
Je me suis toujours senti un peu en marge, du genre \u00abPourquoi ne me laissez-vous pas entrer ?\u00bb Mais ce n’est pas forc\u00e9ment une mauvaise chose.<\/p>\n
[La premi\u00e8re phrase de The Unknown Hipster dit : \u00ab L’information sans les invitations \u00bb, je trouve \u00e7a \u00e0 mourir de rire.]<\/p>\n
Quel est ton projet id\u00e9al ?<\/strong><\/p>\n
Le projet id\u00e9al, c’est travailler avec quelqu’un avec qui tu t’entends vraiment bien. \u00c9videmment, s’il y a un peu d’argent, c’est encore mieux. C’est vraiment difficile de faire quelque chose si tu n’es pas dans le m\u00eame \u00e9tat d’esprit ou si tu ne partages pas le m\u00eame sens de l’humour.<\/p>\n
Une des choses les plus caract\u00e9ristiques de ton travail, c’est ton sens de l’humour, mais c’est surtout ce ton tr\u00e8s particulier qu’on per\u00e7oit dans ton \u00e9criture. Est-ce quelque chose qui t’est venu tr\u00e8s naturellement ? Parce que les premi\u00e8res illustrations que j’ai d\u00e9couvertes, c’\u00e9tait celles du Glamour fran\u00e7ais. C’\u00e9tait des polaroids de jeunes femmes. C’\u00e9tait \u00e0 mourir de rire !<\/strong><\/p>\n
Le r\u00e9dacteur en chef de Glamour, \u00e0 l’\u00e9poque, m’a dit : \u00ab Si tu veux faire quelque chose dans le magazine, je peux te donner une page. \u00bb J’ai cherch\u00e9 des id\u00e9es pendant un moment, et puis j’ai eu l’id\u00e9e des polaroids. C’est vieux maintenant, mais \u00e0 ce moment-l\u00e0, les gens adoraient avoir des polaroids d’eux-m\u00eames. Tu allais n’importe o\u00f9 et \u00e0 chaque fois, les gens avaient des polaroids d’eux-m\u00eames accroch\u00e9s partout.<\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n
C’\u00e9tait comme Facebook.<\/strong><\/p>\n
Oui, comme Facebook, comme Instagram. Les polaroids glorifiaient la vie des gens, en quelque sorte. C’\u00e9tait le d\u00e9but de toutes ces choses, t’\u00e9tais branch\u00e9 ou pas branch\u00e9…<\/p>\n
Dans les magazines, c’\u00e9tait le d\u00e9but des pages r\u00e9serv\u00e9es aux collaborateurs. Des gens disaient : \u00ab Je suis toujours entre Paris, Tokyo et New York. \u00bb ou \u00ab Je ne porte que des chemises Comme des Gar\u00e7ons ou du sur-mesure. \u00bb ou \u00ab Je n’ai que du mobilier Starck dans mon appartement. \u00bb C’\u00e9tait si ridiculement pr\u00e9tentieux ! J’\u00e9voluais dans un monde compl\u00e8tement diff\u00e9rent, on n’aurait jamais tenu de tels propos. Et bien s\u00fbr, tout \u00e7a s’est accentu\u00e9.<\/p>\n
Et maintenant, c’est un vrai raz-de-mar\u00e9e !<\/strong><\/p>\n
Oui, maintenant, tu n’as m\u00eame plus \u00e0 avoir une raison particuli\u00e8re pour \u00eatre comme \u00e7a, tu peux faire \u00e7a sur ta page Facebook. Des millions de personnes le font. C’est \u00e7a qui m’a donn\u00e9 l’id\u00e9e de Polaroid de jeunes filles, des sortes de portraits de lectrices, sur un mode humoristique. Des filles qui liraient le magazine et se d\u00e9criraient elles-m\u00eames d’une fa\u00e7on un peu pr\u00e9tentieuse ou un peu na\u00efve.<\/p>\n
Comment es-tu entr\u00e9 dans le monde de l’art ? C’est tr\u00e8s pr\u00e9sent dans ton travail.<\/strong><\/p>\n
J’ai toujours \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s int\u00e9ress\u00e9 par l’art, et par la culture.<\/p>\n
Ce qui est int\u00e9ressant, c’est ton point de vue. Ce n’est pas juste, \u00ab \u00e7a m’int\u00e9resse, \u00e7a pourrait \u00eatre int\u00e9ressant \u00bb, c’est aussi \u00ab j’ai un point de vue sur \u00e7a et je suis capable d’en rire.\u00bb<\/strong><\/p>\n
C’est ce que j’aime avec les dessins, la peinture et m\u00eame les illustrations. \u00c7a dit quelque chose, \u00e7a v\u00e9hicule un point de vue, montre les choses sous un certain angle. J’aime l’id\u00e9e que certaines personnes voient un dessin et qu’\u00e0 travers lui, tu leur parles. Ils savent que tu partages les m\u00eames id\u00e9es qu’eux \u00e0 propos de certains aspects de la vie ou d’une certaine cat\u00e9gorie de personnes.<\/p>\n
J’ai l’impression qu’avec chacun de tes tableaux, tu ouvres une porte sur le monde qui t’entoure, c’est g\u00e9nial. Tu dis vraiment quelque chose sur ton \u00e9poque.<\/strong><\/p>\n
Je crois que si tu fais des choses sur ton \u00e9poque, tu ne peux pas te lasser. Parce que c’est un changement perp\u00e9tuel. Ce n’est pas comme si tu \u00e9tais coinc\u00e9 dans les ann\u00e9es 60 ou 70. Et c’est la m\u00eame chose pour la photographie. Malheureusement, certains photographes ne font pas \u00e7a, certains photographes sont les photographes d’une seule et m\u00eame p\u00e9riode.<\/p>\n<\/div>\n
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Comment l’id\u00e9e est-elle n\u00e9e ? Tu lisais des blogs ?<\/strong><\/p>\n
Parce que tu utilises principalement la gouache, dans tes illustrations ?<\/strong><\/p>\n
Oui, je pense que c’est bien plus agr\u00e9able d’utiliser du papier et de la gouache ou de l’eau, parce que c’est toujours diff\u00e9rent. \u00c7a ne fonctionne jamais deux fois de la m\u00eame fa\u00e7on. J’ach\u00e8te la m\u00eame peinture, le m\u00eame papier, mais l’eau n’est \u00e9videmment pas la m\u00eame \u00e0 New York et \u00e0 Paris. M\u00eame d’un jour \u00e0 l’autre, \u00e7a ne fonctionne pas de la m\u00eame fa\u00e7on. Parfois \u00e7a marche tr\u00e8s bien, parfois \u00e7a d\u00e9conne. C’est aussi tr\u00e8s compliqu\u00e9 avec les pinceaux. J’aime l’id\u00e9e d’utiliser ces choses. C’est une sorte de luxe d’utiliser ce papier magnifique, cette superbe gouache.<\/p>\n<\/div>\n
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Quelles sont tes influences majeures ?<\/strong><\/p>\n
En d\u00e9cembre, Colette<\/a> c\u00e9l\u00e8bre l’illustration avec le Unknow Hipster Diaries de Jean-Philippe Delhomme, une cr\u00e9ature \u00e9nigmatique, explorant, au gr\u00e9 de d\u00e9rives al\u00e9atoires, les \u00e9cosyst\u00e8mes du New York branch\u00e9.
\ncolette vous fait la promesse d’une plong\u00e9e au c\u0153ur de la branchitude, avec une s\u00e9lection de silhouettes masculines inspir\u00e9es du livre. Rencontre et signature le samedi 15 d\u00e9cembre de 16h \u00e0 18h.<\/em><\/p>\n