On me pose souvent la question. Je sais toujours quand on va me la poser et l\u2019attente suffit \u00e0 me retourner l\u2019estomac. Quand les gens apprennent que je suis une professionnelle du d\u00e9veloppement durable<\/a> sp\u00e9cialis\u00e9e dans la mode, ils me demandent syst\u00e9matiquement : \u201cEt donc, o\u00f9 fais-tu du shopping ?\u201d<\/p>\n
Avec des fibres recycl\u00e9es, on \u00e9limine la culture du coton mais on remplace cette partie par un autre proc\u00e9d\u00e9 \u00e9nerg\u00e9tique ou chimique intense pour briser la fibre et la tisser dans une nouvelle pelote, et on reprend toutes les \u00e9tapes restantes. (Et si vous vous sentez vraiment l\u2019\u00e2me geek, allez voir cette vid\u00e9o YouTube<\/a>, elle vous montrera toutes les \u00e9tapes). C\u2019est pour \u00e7a que tous les \u00e9crits universitaires sur le th\u00e8me n\u2019apportent pas de vraie conclusion (parce que l\u2019impact \u00e9nerg\u00e9tique peut changer dramatiquement selon la source d\u2019\u00e9nergie utilis\u00e9e – le charbon ou une \u00e9nergie renouvelable). M\u00eame s\u2019il semble y avoir un consensus global sur le fait que les tissus synth\u00e9tiques recycl\u00e9s (comme ces v\u00eatements en bouteilles de plastique recycl\u00e9es dont tout le monde parle) ont un impact sur le climat plus important que toutes les fibres naturelles.<\/p>\n
Le shopping ne peut pas contribuer \u00e0 un mode de vie durable.<\/p>\n
Mais la vraie question que nous devrions nous poser, selon moi, c\u2019est celle-ci : comment devrions-nous nous habiller ? Sans rien. Je rigole (c\u2019est une p\u00e9riode difficile pour le monde, il faut bien en rire). Mais s\u00e9rieusement, au lieu de faire du shopping en fonction des marques, je passe beaucoup de temps \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 un style qui me correspond. Avant, nous \u00e9tions admiratifs des Fran\u00e7ais \u00e0 cause de leur style, et je pense que c\u2019est partiellement parce qu\u2019ils sont moins int\u00e9ress\u00e9s par les derni\u00e8res tendances que par leur personnalit\u00e9, ils r\u00e9fl\u00e9chissent \u00e0 se cr\u00e9er un style plus stable. Aujourd\u2019hui, par exemple, je porte un jean que j\u2019ai achet\u00e9 \u00e0 la fac (waouh, \u00e7a veut dire que c\u2019\u00e9tait il y a plus de 15 ans) et une chemise en coton japonais tiss\u00e9 par une formidable designer \u00e9mergente, Maheen Khan, pour sa marque Monokrome<\/a>, au Bangladesh. Elle essaie de faire progresser le d\u00e9bat sur le d\u00e9veloppement durable dans un pays qui produit une quantit\u00e9 \u00e9norme de fast fashion tr\u00e8s dangereuse. La chemise me va parfaitement, je vais la porter pendant longtemps et \u00e7a me rend heureuse parce que c\u2019est un souvenir tr\u00e8s positif de ce voyage.<\/p>\n
C\u2019est pour \u00e7a que nous avons lanc\u00e9, au New Standard Institute, une p\u00e9tition pour demander aux marques de fast fashion d\u2019analyser et de publier leur impact environnemental, de se fixer des objectifs pour r\u00e9duire cet impact et de montrer leurs actions pour atteindre ces objectifs. Vous pouvez soutenir nos efforts en signant la p\u00e9tition ici<\/a>. Il n\u2019y a pas besoin de beaucoup de gens pour forcer les entreprises \u00e0 \u00e9couter et \u00e0 agir (et je dois rappeler que voter sur des politiques environnementales – comme la NRA avec les armes – est une autre mani\u00e8re d\u2019avoir un fort impact sur l’environnement).<\/p>\n