{"id":277204,"date":"2019-01-11T09:09:52","date_gmt":"2019-01-11T14:09:52","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=277204"},"modified":"2019-01-11T10:23:50","modified_gmt":"2019-01-11T15:23:50","slug":"in-her-words-emily-note-on-addiction-and-family","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/features\/in-her-words-emily-note-on-addiction-and-family\/","title":{"rendered":"In Her Words: Emily Note on Addiction and Family"},"content":{"rendered":"

J\u2019ai toujours appr\u00e9ci\u00e9 mon r\u00f4le de grande s\u0153ur. Je suis l\u2019a\u00een\u00e9e de 3 enfants. J\u2019ai deux fr\u00e8res : Bobby, qui a presque 27 ans, et Bryan, qui va sur ses 23 ans. Bobby et moi sommes assez proches en \u00e2ge, j\u2019ai 29 ans, et je me souviens avec \u00e9motion des aventures que nous ne cessions d\u2019imaginer ensemble. Tandis que je lan\u00e7ais mon premier business \u00e0 9 ans (c\u2019\u00e9tait de la vente de g\u00e2teaux, je vivais pour les cookies aux p\u00e9pites de chocolat), mon fr\u00e8re excellait en tant qu\u2019athl\u00e8te, dans tous les sports imaginables. Il passait son temps dehors avec toutes sortes de ballons. Quand Bryan est n\u00e9 et que nous sommes pass\u00e9s \u00e0 3, on a chacun commenc\u00e9 \u00e0 incarner un r\u00f4le au sein de la famille. J\u2019\u00e9tais l\u2019a\u00een\u00e9e super-performante, une vraie petite fille mod\u00e8le, un peu drama queen. Bobby, l\u2019athl\u00e8te, \u00e9tait charismatique et \u00e9motif, un cadet assez espi\u00e8gle malgr\u00e9 tout. Aujourd\u2019hui encore, il peut vous regarder avec un sourire un peu narquois, accompagn\u00e9 d\u2019une \u00e9tincelle particuli\u00e8re dans son regard \u2013 \u00e7a signifie qu\u2019il pr\u00e9pare un mauvais coup. Un regard que nous connaissons tous par c\u0153ur.<\/p>\n

Je ne me souviens pas avec pr\u00e9cision du moment o\u00f9 j\u2019ai r\u00e9alis\u00e9 que mon fr\u00e8re n\u2019\u00e9tait pas un cadet tout \u00e0 fait ordinaire, mais un drogu\u00e9.<\/p>\n

Je ne crois pas que \u00e7a se soit produit quand il \u00e9tait au lyc\u00e9e \u2013 j\u2019\u00e9tais \u00e0 la fac \u2013 et qu\u2019il fumait des tonnes de beuh. Il \u00e9tait tout le temps d\u00e9fonc\u00e9, il se mettait tout le temps en danger. Ses profs n\u2019arrivaient pas \u00e0 comprendre qu\u2019on soit de la m\u00eame famille. J\u2019ai toujours \u00e9t\u00e9 une \u00e9l\u00e8ve exemplaire, et il a toujours \u00e9t\u00e9 p\u00e9nible. Il demandait toujours \u00ab pourquoi ? \u00bb, remettait en cause l\u2019autorit\u00e9, s\u2019endormait en classe et \u00e0 la fin, il emportait de la drogue au lyc\u00e9e.<\/p>\n

C\u2019est peut-\u00eatre arriv\u00e9 quand il a fini par se faire virer de l\u2019\u00e9cole, quand les ennuis ont vraiment commenc\u00e9. Il a eu \u00e0 faire \u00e0 la police quelques fois. Mes parents vivaient dans un \u00e9tat de stress permanent. Notre plus jeune fr\u00e8re a grandi au milieu de tout \u00e7a, un bon \u00e9l\u00e8ve et un athl\u00e8te puissant, mais toujours tendu et parfois empli de col\u00e8re. Je me sentais \u00e9trang\u00e8re \u00e0 tout \u00e7a parce que j\u2019\u00e9tais loin de la maison, j\u2019\u00e9tudiais \u00e0 Washington, DC. Je r\u00e9alise seulement maintenant que j\u2019\u00e9tais parfaitement inconsciente du trou profond dans lequel mon fr\u00e8re, Bobby, \u00e9tait en train de s\u2019enfoncer. Je n\u2019ai appris que r\u00e9cemment qu\u2019en plus d\u2019\u00eatre d\u00e9fonc\u00e9 \u00e0 longueur de temps \u2013 avec des drogues dures d\u00e9sormais, plus seulement de la beuh -, il dealait aussi, et volait, et cambriolait des maisons. Qu\u2019il aurait pu \u00eatre arr\u00eat\u00e9, jet\u00e9 en prison, qu\u2019il aurait pu mourir tant de fois.<\/p>\n

Je me suis sentie coupable et stupide quand j\u2019ai appris tout \u00e7a \u2013 on \u00e9tait assis dans la voiture et on attendait que les obs\u00e8ques de mon grand-p\u00e8re commencent, c\u2019\u00e9tait comme si Bobby avait bu un s\u00e9rum de v\u00e9rit\u00e9 et d\u00e9cid\u00e9 de partager tout \u00e7a avec nous \u2013 parce que d\u2019une certaine fa\u00e7on, j\u2019\u00e9tais pass\u00e9e \u00e0 c\u00f4t\u00e9 de tout \u00e7a. Comment avais-je pu ne pas voir l\u2019ampleur de ce qui se passait ? Pire encore, mon excellent parcours avait-il fait na\u00eetre une sorte de ressentiment qui se manifestait dans son comportement ?<\/p>\n

J\u2019ai fini par vraiment r\u00e9aliser qu\u2019il \u00e9tait toxicomane apr\u00e8s son deuxi\u00e8me s\u00e9jour en prison. Je n\u2019arrive pas \u00e0 me souvenir des charges qui \u00e9taient retenues contre lui alors, mais apr\u00e8s avoir pass\u00e9 quelques jours dans la prison du secteur, mes parents l\u2019ont mis dans un avion et envoy\u00e9 faire sa premi\u00e8re cure de d\u00e9sintoxication en Californie du sud. Il leur avait enfin avou\u00e9 qu\u2019il \u00e9tait accro au Percocet, et qu\u2019il \u00e9tait pr\u00eat \u00e0 se faire aider. Depuis, je ne compte plus les fois o\u00f9 mon fr\u00e8re est entr\u00e9 et sorti de cure de d\u00e9sintoxication, il a eu un b\u00e9b\u00e9 avec une petite amie dont il est s\u00e9par\u00e9, il a commenc\u00e9 \u00e0 consommer de la m\u00e9thamph\u00e9tamine, de l\u2019h\u00e9ro\u00efne et r\u00e9cemment \u2013 pour tout dire, cette semaine \u2013 il est sorti de prison. Cette fois-ci, c\u2019\u00e9tait pour n\u2019avoir pas respect\u00e9 les conditions de son contr\u00f4le judiciaire, en se rendant en Italie pour assister \u00e0 mon mariage<\/a>. Vous imaginez sans peine la complexit\u00e9 des sentiments que je ressens face \u00e0 cette situation. Faire en sorte qu\u2019il puisse \u00eatre pr\u00e9sent, c\u2019est un exploit qui ne ressemblait \u00e0 rien de ce que j\u2019avais d\u00e9j\u00e0 pu r\u00e9aliser \u2013 \u00e7a a demand\u00e9 une telle organisation, il a fallu tellement de coordination pour r\u00e9ussir \u00e0 faire prendre un vol international \u00e0 un toxicomane, et qu\u2019il soit en \u00e9tat de le faire tout seul \u2013 et j\u2019ai fondu en larmes de soulagement quand mes parents ont appel\u00e9 pour dire qu\u2019ils l\u2019avaient rejoint \u00e0 Rome, qu\u2019il avait r\u00e9ussi et qu\u2019il venait de sortir de l\u2019avion. Les premiers jours, il \u00e9tait en manque mais il essayait de faire bonne figure, pour nous. Et au moment o\u00f9 nous sommes arriv\u00e9s en Toscane, il \u00e9tait redevenu le gar\u00e7on magnifique et lumineux de notre enfance. Souriant, riant, blagueur. Marchant aux c\u00f4t\u00e9s de ma grand-m\u00e8re dans l\u2019all\u00e9e centrale. Dansant avec moi et avec ma m\u00e8re. Je sais qu\u2019il est venu sans autorisation parce qu\u2019il savait \u00e0 quel point j\u2019aurais \u00e9t\u00e9 d\u00e9\u00e7ue qu\u2019il ne soit pas l\u00e0. Mais je ne peux m\u2019emp\u00eacher de me sentir en partie responsable et coupable de sa situation actuelle.<\/p>\n

Pour quelqu\u2019un comme moi, \u00eatre la s\u0153ur d\u2019un toxicomane est (et non \u00e9tait, c\u2019est du pr\u00e9sent, un pr\u00e9sent bien r\u00e9el) une chose que je ne sais pas comment g\u00e9rer. On a \u00e9t\u00e9 \u00e9lev\u00e9s par des parents extr\u00eamement aimants et aidants qui, d\u2019apr\u00e8s moi, nous ont trait\u00e9s exactement de la m\u00eame fa\u00e7on. Mais j\u2019ai souvent l\u2019impression que ce ne sont pas deux mais des dizaines d\u2019ann\u00e9es qui nous s\u00e9parent, on ne partage pas du tout la m\u00eame vision de la vie et j\u2019ai encore du mal \u00e0 l\u2019admettre. \u00c7a fait au moins 12 ans qu\u2019il consomme des substances diverses et moi, j\u2019\u00e9tais terrifi\u00e9e par les drogues quand j\u2019avais l\u2019\u00e2ge auquel il a commenc\u00e9 \u00e0 en consommer. Je n\u2019ai jamais pris d\u2019Adderall et le Sudafed me fait planer. Et pendant longtemps, je n\u2019ai pas r\u00e9ussi \u00e0 comprendre pourquoi il n\u2019arrivait pas \u00e0 se ressaisir. Je pensais qu\u2019il prenait sans cesse de mauvaises d\u00e9cisions et je ne le comprenais pas. Je ne comprenais pas qu\u2019il souffrait, et qu\u2019il avait perdu la capacit\u00e9 de ma\u00eetriser sa vie – que les drogues qu\u2019ils consommaient lui avaient vol\u00e9 \u00e7a.<\/p>\n

Alors pendant des ann\u00e9es, je crois que j\u2019ai essay\u00e9 d\u2019ignorer ce qui se passait dans la vie de Bobby. Notre relation est devenue quasi inexistante. Il ne m\u2019appelait que quand il avait un probl\u00e8me et qu\u2019il avait trop peur de g\u00e9rer \u00e7a avec nos parents. Ou quand il avait besoin d\u2019argent, je lui en ai donn\u00e9 tant de fois, c\u2019\u00e9tait tellement na\u00eff de ma part, je pensais l\u2019aider dans les moments difficiles quand il \u00e9tait clean, et puis je r\u00e9alisais quelques temps plus tard qu\u2019il avait \u00e9videmment rechut\u00e9. J\u2019ai lu le livre de David Sheff, \u201cBeautiful Boy\u201d, des exp\u00e9riences semblables aux miennes, o\u00f9 on ferait tout ce qu\u2019on peut pour aider, o\u00f9 on est incapable de prendre une bonne d\u00e9cision, aveugl\u00e9s que nous sommes par un amour et un sentiment d\u2019impuissance \u00e9crasants, des sentiments que l\u2019on ressent quand on aime un toxicomane et qu\u2019on fait des choses stupides. J\u2019ai fait un tas de choses stupides pour mon fr\u00e8re, la plupart du temps \u00e0 mon propre d\u00e9triment et tout bien consid\u00e9r\u00e9, \u00e0 son d\u00e9triment surtout.<\/p>\n

Quand je rentrais voir mes parents, il tra\u00eenait dans la maison une heure ou deux \u00e0 chaque fois et on \u00e9changeait juste des banalit\u00e9s. Je r\u00e9alise aussi maintenant que je peux compter sur une seule main le nombre de conversations v\u00e9ritables qu\u2019on a partag\u00e9es depuis un an. C\u2019est probablement la chose qui me fait encore le plus de peine \u2013 que ce merveilleux \u00eatre humain que j\u2019aime inconditionnellement et moi soyons totalement d\u00e9connect\u00e9s l\u2019un de l\u2019autre. Il est d\u00e9connect\u00e9 de mes parents et de mon autre fr\u00e8re aussi, je me rends compte que je ne suis pas la seule concern\u00e9e. Et au bout du compte, on a tous une fonction diff\u00e9rente dans son addiction. Ma m\u00e8re a tellement d\u2019empathie pour lui que \u00e7a l\u2019aveugle, il peut faire ce qu\u2019il veut \u2013 je sais que c\u2019est quelque chose contre lequel elle se bat, au plus profond d\u2019elle-m\u00eame, et je sais aussi qu\u2019elle dissimule tant de col\u00e8re et de peine. Je crois que mon fr\u00e8re se sent coupable de \u00e7a, alors il l\u2019\u00e9vite. Mon p\u00e8re ne craint pas les conflits, il a moins d\u2019empathie et provoque plus de r\u00e9actions de col\u00e8re chez Bobby. Quand il a besoin d\u2019amour autoritaire, sans \u00e9motion, c\u2019est mon p\u00e8re qu\u2019il appelle. J\u2019ai l\u2019impression que mon plus jeune fr\u00e8re et Bobby sont encore plus d\u00e9connect\u00e9s que nous ne le sommes tous les deux. Je suppose que Bobby se sent terriblement coupable de lui avoir fait endurer des situations \u201cde merde\u201d – je n\u2019arrive pas \u00e0 trouver d\u2019autres mots pour les qualifier \u2013 quand il \u00e9tait encore tout jeune. Et avec moi, eh bien, il m\u2019appelle pour respecter les convenances quand il va bien et il m\u2019\u00e9vite quand \u00e7a ne va pas. Et j\u2019essaye de lui redonner vie, pas de baratin, peu d\u2019\u00e9motions \u2013 j\u2019essaye d\u2019\u00eatre un phare pour lui quand je le peux, m\u00eame s\u2019il est probable que mes conseils tombent dans l\u2019oreille d\u2019un sourd 99% du temps. Mais quand il est sobre, il m\u2019appelle et on parle.<\/p>\n

Il y a des p\u00e9riodes durant lesquelles il est sobre, des p\u00e9riodes o\u00f9 je retrouve la personne que j\u2019ai connue. C\u2019est comme si le brouillard se levait, la lumi\u00e8re revient, on recommence \u00e0 parler, on rit, il a des id\u00e9es, des plans, des r\u00eaves. Des moments o\u00f9 il r\u00e9alise que la vie vaut la peine d\u2019\u00eatre v\u00e9cue, o\u00f9 il se reprend en main. Ces moments ont \u00e9t\u00e9 rares ces derni\u00e8res ann\u00e9es mais nous \u2013 ma famille et moi \u2013 les ch\u00e9rissons, on s\u2019y accroche et ils nous donnent de l\u2019espoir dans les moments sombres. Quand je suis convaincue qu\u2019il est en train de faire une overdose quelque part, quand je suis p\u00e9trifi\u00e9e \u00e0 chaque fois que mes parents m\u2019appellent \u00e0 une heure inhabituelle et que je sais que c\u2019est l\u2019appel que je redoute depuis des ann\u00e9es. Je suis s\u00fbre que tous les proches de toxicomanes, particuli\u00e8rement les accros aux opiac\u00e9s, comprennent cette hantise d\u00e9vorante. Il y a cette id\u00e9e que mon fr\u00e8re, la personne que je connais, est d\u00e9j\u00e0, dans un sens, mort quand il se drogue. Son esprit n\u2019existe plus quand il se drogue, il ne reste plus qu\u2019un corps plein de substances \u00e9trang\u00e8res qui le privent de sa conscience. Mais tant que ce corps respire encore, il y a toujours l\u2019espoir qu\u2019il revienne vers nous. Qu\u2019il r\u00e9int\u00e8gre sa chair et ses os avec son \u00e2me profonde, sensible et aimante. Mais si son corps meurt, alors notre espoir meurt avec lui et c\u2019est un deuil auquel je ne suis \u00e9videmment pas du tout pr\u00e9par\u00e9e. Quand je pense \u00e0 mon fr\u00e8re, c\u2019est cette peur de sa mort physique qui occupe toutes mes pens\u00e9es.<\/p>\n

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Il y a deux ans environ, j\u2019ai d\u00e9cid\u00e9 que cette exp\u00e9rience \u2013 \u00eatre la s\u0153ur d\u2019un toxicomane \u2013 n\u2019\u00e9tait pas une chose sur laquelle je pouvais continuer de fermer les yeux, et que \u00e7a m\u2019affectait \u00e0 diff\u00e9rents niveaux, que je n\u2019arrivais pas \u00e0 saisir. C\u2019est devenu notre principal sujet de conversation avec mes parents \u2013 si on s\u2019appelle et qu\u2019on ne parle pas de Bobby, de comment il va, il y a comme une ombre qui plane dans la pi\u00e8ce. \u00c7a a provoqu\u00e9 des disputes et des moments de grande tension dans ma relation avec Josh, mon mari, qui a \u00e9t\u00e9 \u00e0 mes c\u00f4t\u00e9s pendant les moments les plus sombres de la toxicomanie de Bobby. Au plus profond de moi, \u00e7a a fait na\u00eetre beaucoup de tristesse, et de col\u00e8re, et de peur, et d\u2019anxi\u00e9t\u00e9, des sentiments que j\u2019enfouissais toujours plus profond\u00e9ment dans mon corps et dans mon esprit pour que \u00e7a ne g\u00e2che pas la magnifique vie que je m\u2019\u00e9tais construite, inlassablement, durant toutes ces ann\u00e9es. C\u2019est comme si son addiction, c\u2019\u00e9tait le grenier de ma maison, dans lequel je ne veux pas mettre les pieds \u2013 trop effrayant, trop sombre \u2013 et pourtant il est toujours l\u00e0, juste au-dessus de nos t\u00eates, surplombant tout. Et tu peux bien tout faire pour \u00e9viter d\u2019avoir \u00e0 mettre les pieds au grenier, tu ne peux pas l\u2019\u00e9viter ind\u00e9finiment parce que l\u00e0-haut, il y a des choses que tu ch\u00e9ris, et \u00e7a fera toujours partie de ta maison.<\/p>\n

Quand mon fr\u00e8re s\u2019est fait arr\u00eat\u00e9 pour possession de mat\u00e9riels associ\u00e9s \u00e0 la consommation de drogues, j\u2019ai d\u00e9cid\u00e9 de monter au grenier. J\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 voir un th\u00e9rapeute et la majorit\u00e9 de nos \u00e9changes concernent encore Bobby. Dans un sens, son addiction a rong\u00e9 ma vie autant qu\u2019elle a consum\u00e9 la sienne. C\u2019est devenu l\u2019ombre qui plane sur les moments les plus joyeux de nos vies \u2013 et pour moi, le plus grand d\u00e9fi, c\u2019est d\u2019accepter que ce n\u2019est pas quelque chose que je peux r\u00e9soudre. Aussi grande que soit notre capacit\u00e9 \u00e0 r\u00e9soudre les probl\u00e8mes, \u00e7a ne le gu\u00e9rira pas de sa maladie, et je comprends d\u00e9sormais ce que c\u2019est v\u00e9ritablement, une maladie. Il y a toujours eu une nette diff\u00e9rence entre nous : je fais toujours face aux probl\u00e8mes, j\u2019essaye toujours de les r\u00e9soudre alors que mon fr\u00e8re les \u00e9vite et ce faisant, il cr\u00e9e juste encore plus de probl\u00e8mes. En plus de \u00e7a, malgr\u00e9 les apparences, il est perfectionniste et il a de grandes aspirations \u2013 on a \u00e7a en commun. Mais il manque de confiance en lui pour y arriver. C\u2019est l\u00e0 qu\u2019on perd contact lui et moi, quand on essaye de parler de son futur. Je r\u00e9alise d\u00e9sormais que Bobby n\u2019est pas seulement un toxicomane, mais qu\u2019il est \u00e9galement terriblement d\u00e9pressif et qu\u2019il souffre d\u2019anxi\u00e9t\u00e9, que son addiction trouve sa source dans ses probl\u00e8mes de sant\u00e9 mentale autant qu\u2019elle les amplifie, probl\u00e8mes qui ne sont ni diagnostiqu\u00e9s ni trait\u00e9s, bien qu\u2019il ait suivi des cures de d\u00e9sintoxication \u00e0 de nombreuses reprises et vu diff\u00e9rents th\u00e9rapeutes tout au long de ces ann\u00e9es. Les d\u00e9faillances et l\u2019absurdit\u00e9 de notre syst\u00e8me de sant\u00e9 et de notre syst\u00e8me judiciaire, honn\u00eatement, c\u2019est r\u00e9voltant.<\/p>\n

Mais la th\u00e9rapie m\u2019a beaucoup aid\u00e9e \u2013 je pleure \u00e0 chaque fois que je parle de lui, \u00e7a montre \u00e0 quel point je souffre mais \u00e7a me permet aussi de me lib\u00e9rer. Et pourtant, la chose qui m\u2019a le plus transform\u00e9e au cours de ce cheminement parall\u00e8le \u00e0 l\u2019addiction de mon fr\u00e8re, \u00e7a a \u00e9t\u00e9 notre retraite<\/a>.<\/p>\n

Pendant des semaines, je n\u2019ai fait que r\u00e9p\u00e9ter \u00e0 Garance \u2013 qui s\u2019est tenue \u00e0 mes c\u00f4t\u00e9s et m\u2019a aussi soutenue pendant de nombreuses moments sombres avec mon fr\u00e8re \u2013 \u00e0 quel point j\u2019avais besoin de cette retraite, mais je n\u2019arrivais pas \u00e0 dire pourquoi. Cette ann\u00e9e, la vie a \u00e9t\u00e9 vraiment g\u00e9n\u00e9reuse avec moi, je me suis mari\u00e9e et mon fr\u00e8re a m\u00eame pu \u00eatre pr\u00e9sent, sobre et superbe (m\u00eame si, \u00e0 ce moment-l\u00e0, je ne savais pas qu\u2019il \u00e9tait venu sans autorisation). Mais \u00e0 chaque fois qu\u2019un nouveau probl\u00e8me surgit avec Bobby, je replonge encore et encore dans l\u2019obscurit\u00e9. En octobre, quelques semaines seulement avant la retraite, mes parents ont quitt\u00e9 Philadelphie et sont retourn\u00e9s en Californie, o\u00f9 ils vivent d\u00e9sormais. Ils ont trouv\u00e9 mon fr\u00e8re \u00e9vanoui sur le sol de la cuisine, la maison dans laquelle nous avions grandi, et dans laquelle il vit encore, dans un \u00e9tat lamentable. J\u2019ai \u00e9t\u00e9 \u00e0 nouveau d\u00e9\u00e7ue quand il a d\u00e9cid\u00e9 de ne pas venir c\u00e9l\u00e9brer Thanksgiving avec nous, choisissant de passer la journ\u00e9e seul chez lui, avec l\u2019opportunit\u00e9 de peut-\u00eatre passer quelques heures avec sa fille, ma ni\u00e8ce, pour qui il est, \u00e0 notre grande surprise, un parent fantastique. Oui, \u00e7a peut para\u00eetre surprenant mais c\u2019est vrai \u2013 les contempler tous les deux, voir l\u2019amour qu\u2019ils ont l\u2019un pour l\u2019autre, \u00e7a me comble de bonheur. Et je suis sans cesse impressionn\u00e9e quand je le vois chercher des activit\u00e9s \u00e0 faire avec elle, au lieu de se contenter de la coller devant un \u00e9cran, ou quand il lui donne des go\u00fbters \u00e9quilibr\u00e9s plut\u00f4t que les produits pleins de sucre qu\u2019elle mange d\u2019habitude avec sa m\u00e8re. Mes sentiments sont tellement partag\u00e9s, est-elle en s\u00e9curit\u00e9 quand il en a la garde ? Mais je vois aussi que quand il est avec elle, il se sent responsable, et il l\u2019aime d\u2019un amour inconditionnel, et sa pr\u00e9sence est peut-\u00eatre ce qui le maintient en vie. Il est fort probable qu\u2019elle soit sa raison de vivre.<\/p>\n

Donc, quand on est arriv\u00e9es au Chili, Bobby m\u2019accompagnait. Quand on a atterri dans l\u2019Atacama, mon corps m\u2019a sembl\u00e9 si lourd, et j\u2019avais la sensation que des tas d\u2019\u00e9motions bouillonnaient en moi. Le deuxi\u00e8me jour, les larmes ont commenc\u00e9 \u00e0 jaillir et elles n\u2019ont pas cess\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 notre d\u00e9part. Le troisi\u00e8me jour, m\u00eame si je pensais \u00e0 mon fr\u00e8re pendant nos m\u00e9ditations et pendant le temps consacr\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9criture de notre journal personnel, j\u2019ai ressenti le besoin de partager et alors que nous \u00e9tions toutes assises en cercle, discutant d\u2019un des enseignements de Susan<\/a>, j\u2019ai l\u00e2ch\u00e9 prise, je leur ai confi\u00e9 que j\u2019avais un fr\u00e8re toxicomane. Et que son addiction me consumait depuis des ann\u00e9es. Tout au long de la journ\u00e9e, et les jours qui ont suivi, j\u2019ai partag\u00e9 mon exp\u00e9rience et je n\u2019ai pas \u00e9t\u00e9 la seule. J\u2019ai appris que beaucoup de participantes \u00e0 notre retraite avaient elles aussi un \u00eatre cher souffrant de toxicomanie. Que chacune affrontait aussi des situations complexes dans sa vie. Alors on a partag\u00e9, on s\u2019est racont\u00e9 nos histoires, on a offert des conseils sans pr\u00e9tention, on a pleur\u00e9, on s\u2019est soutenues les unes les autres. Et on a continu\u00e9 de m\u00e9diter et d\u2019\u00e9crire notre journal. Et gr\u00e2ce \u00e0 cette exp\u00e9rience et ces pratiques, j\u2019ai pu voir en moi des sch\u00e9mas de pens\u00e9e et des pens\u00e9es n\u00e9gatives dont je n\u2019avais pas conscience auparavant. J\u2019ai pu prendre du recul. On m\u2019a donn\u00e9 des conseils profond\u00e9ment altruistes pour faire face \u00e0 mon fr\u00e8re mais aussi pour g\u00e9rer la question de mon fr\u00e8re au sein de mes autres relations. Et j\u2019ai pu rentrer \u00e0 la maison en ayant le sentiment que les nuages commen\u00e7aient \u00e0 s\u2019\u00e9loigner et qu\u2019\u00e0 leur place, des rayons de soleil chauds m\u2019enveloppaient \u2013 ils \u00e9manaient certainement de toutes ces femmes.<\/p>\n

Je tiens d\u00e9sormais compte des enseignements de cette retraite \u2013 \u00e0 la fois dans la pratique mais aussi en mati\u00e8re d\u2019introspection – et je les mets en pratique pour faire face aux nouveaux d\u00e9fis que je rencontre avec Bobby. Je me d\u00e9gage activement de toute la responsabilit\u00e9 que je ressens vis-\u00e0-vis lui. Je ne chercherai plus \u00e0 r\u00e9soudre ses probl\u00e8mes \u00e0 moins qu\u2019il ne me le demande explicitement. Et bien s\u00fbr, j\u2019ai arr\u00eat\u00e9 de lui donner de l\u2019argent. J\u2019essaye juste de lui faire comprendre que je l\u2019aime de fa\u00e7on inconditionnelle, mais tout le reste, la culpabilit\u00e9, les reproches, la frustration, tout \u00e7a, je le retire. J\u2019ai encore l\u2019espoir qu\u2019il aille mieux, mais je sais aussi que c\u2019est le chemin d\u2019une vie. Et je sais que je ne pourrais pas \u00eatre l\u00e0 o\u00f9 je suis aujourd\u2019hui, plus l\u00e9g\u00e8re et de plus en plus optimiste, sans l\u2019exp\u00e9rience que j\u2019ai v\u00e9cue au Chili. J\u2019esp\u00e8re pouvoir continuer de cr\u00e9er ce types de liens au quotidien, \u00e0 mon retour \u00e0 New York, parce que je sais d\u00e9sormais que je n\u2019ai pas besoin d\u2019affronter \u00e7a toute seule.<\/p>\n

________ <\/center><\/p>\n

Pour celles et ceux d\u2019entre vous qui font face \u00e0 des exp\u00e9riences similaires, nos exp\u00e9riences sont toutes tr\u00e8s diff\u00e9rentes, mais \u00e7a m\u2019a \u00e9t\u00e9 incroyablement utile de me connecter \u00e0 d\u2019autres histoires sur l\u2019addiction. La lecture du livre \u00ab\u00a0Beautiful Boy\u00a0\u00bb m\u2019a beaucoup aid\u00e9e. Et \u00e9changer avec d\u2019autres femmes lors de la retraite, c\u2019\u00e9tait intense. Pour celles et ceux qui seraient int\u00e9ress\u00e9s par la rencontre d\u2019autres lecteurs et lectrices du site qui traversent des \u00e9preuves similaires, j\u2019aimerais offrir l\u2019opportunit\u00e9 aux New-Yorkais de se rencontrer. Et pour les personnes qui ne sont pas \u00e0 New York, je serais ravie de vous mettre en contact avec d\u2019autres personnes vivant pr\u00e8s de vous. Envoyez-moi un mail \u00e0 emily@atelierdore.com<\/a>, et partagez vos histoires dans les commentaires si vous pensez que \u00e7a pourrait aider d\u2019autres personnes. Tr\u00e8s \u00e9go\u00efstement, je sais que moi, \u00e7a m\u2019aidera beaucoup.<\/em><\/center><\/p>\n

If you or someone you know is struggling with addiction, please refer to these spaces for additional information and help:
\n–
Addiction Help Today<\/a>
\n–
National Institute of Drug Abuse<\/a>
\n–
Narcotics Anonymous <\/a>
\n–
To Write Love on Her Arms<\/a><\/em><\/center><\/p>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

D\u00e9sol\u00e9, cet article est seulement disponible en Anglais Am\u00e9ricain.<\/p>\n","protected":false},"author":4,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[1398,5021],"tags":[6649,3857,5997,4638],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/277204"}],"collection":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/4"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=277204"}],"version-history":[{"count":9,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/277204\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":277250,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/277204\/revisions\/277250"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=277204"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=277204"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=277204"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}