Parfois, je me sens comme l\u2019h\u00e9ro\u00efne d\u2019un roman. Un roman dont l\u2019h\u00e9ro\u00efne a une vie farfelue, dr\u00f4le, un peu atypique. Une h\u00e9ro\u00efne qui vraiment, mais alors vraiment, fait TOUT pour essayer de se cr\u00e9er une vie normale mais, non, pas moyen, elle n\u2019est pas faite pour cela. Une h\u00e9ro\u00efne qui se plante, en rigole, ne se m\u00e9fie pas, tombe dans tous les pi\u00e8ges et r\u00e9ussit parfois \u00e0 en faire de belles histoires. <\/p>\n
Une semaine apr\u00e8s notre rupture<\/a>, les ouvriers sont arriv\u00e9s chez moi et ont enfin commenc\u00e9 les travaux<\/a>. \u00c7a faisait presque un an que j\u2019attendais et pof, soudain, branle-bas de combat. Vous pouvez vous imaginer que la symbolique ne m\u2019a pas \u00e9chapp\u00e9e, surtout quand les ouvriers ont sorti leurs marteaux et ont commenc\u00e9 \u00e0 casser les murs qui venaient juste d\u2019\u00eatre les t\u00e9moins silencieux de la fin de mes fian\u00e7ailles.<\/p>\n
La maison ne serait plus un havre de paix pour quelques mois.<\/p>\n
Elle \u00e9tait \u00e0 peu pr\u00e8s confortable, notre maison, comme \u00e7a. Vivable. Pas hyper jolie, surtout que vivre \u00ab\u00a0en attente\u00a0\u00bb de donne pas envie d\u2019investir dans de jolies choses. Ni ne faire de jolis repas, ou d\u2019y inviter des amis. \u00c7a me manquait, et \u00e7a m\u2019avait manqu\u00e9 depuis longtemps, d\u2019avoir un chez-moi que j\u2019aimais<\/a>. Mes appartements \u00e0 New York n\u2019avaient jamais \u00e9t\u00e9 g\u00e9niaux, mon appart \u00e0 Paris avait \u00e9t\u00e9 tellement nul que c\u2019\u00e9tait une blague – et avant \u00e7a, tout me semble \u00eatre la pr\u00e9histoire de ma vie.<\/p>\n
Je continuais de ne pas vouloir voir la symbolique. La vie continuellement l\u00e9g\u00e8rement inconfortable. Ma maison qui prenait son temps, ma vie qui se d\u00e9sint\u00e9grait<\/a> sous mes yeux. <\/p>\n
Et ma patience, ma patience si naturelle que je ne la remettais m\u00eame pas en question. <\/p>\n
Je ne voulais pas savoir.
\nJ\u2019\u00e9tais bien trop solide pour \u00e7a.<\/p>\n
Anti-h\u00e9ro\u00efne de ma propre existence.<\/p>\n
Nous avons pris r\u00e9sidence \u00e0 la Villa Carlotta<\/a>, elle et moi. Une magnifique b\u00e2tisse de Hollywood, un h\u00f4tel \u00e0 l\u2019histoire magique, o\u00f9 les artistes viennent trouver refuge depuis toujours.<\/p>\n
Et que notre maison, la vraie, il faut la trouver en nous.<\/p>\n
Loin de chez moi, ma maison, ce sont des petites choses immenses. Mon chien Lulu qui dort \u00e0 mes c\u00f4t\u00e9s. Un marathon de Sex and the City. Une conversation avec une amie. Relire un passage de Sagan ou de Ephron<\/a>. Dix minutes de m\u00e9ditation. Un th\u00e9 bien chaud<\/a>. Me mettre au fond de mon lit, \u00e9crire, et faire de ma vie un roman.<\/p>\n