Je suis arriv\u00e9e \u00e0 New York<\/a> en ao\u00fbt, sous un soleil de plomb. Vingt-sept ans, dix valises et un avenir en montagnes russes devant moi. Je n\u2019avais jamais v\u00e9cu ailleurs qu\u2019\u00e0 Londres<\/a>, a ville o\u00f9 j’ai grandi. Sa t\u00e9nacit\u00e9, sa duret\u00e9, sa vitesse faisaient de Londres le pr\u00e9curseur parfait pour ma nouvelle maison. Du moins c\u2019est ce que je pensais\u2026 Rien ne vous pr\u00e9pare \u00e0 d\u00e9m\u00e9nager \u00e0 New York.<\/p>\n

J\u2019avais d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 pour mon nouveau job, mais c\u2019\u00e9tait en r\u00e9alit\u00e9 beaucoup plus que \u00e7a. Je m\u2019ennuyais dans le confort de Londres. J\u2019adorais tout le monde, mais je connaissais tout le monde, je revivais les m\u00eames soir\u00e9es dans les m\u00eames bo\u00eetes, bars, pubs et restaurants toutes les semaines et j\u2019avais d\u00e9sesp\u00e9r\u00e9ment besoin de changement. J\u2019ai pris un Uber vers mon logement temporaire : un appartement \u00e0 Chinatown o\u00f9 un TaskRabbit \u00e9tait cens\u00e9 m\u2019aider avec mes valises. Un peu excessif, mais \u00e7a m\u2019am\u00e8ne \u00e0 ma\u2026<\/p>\n

Le\u00e7on de NY no 1<\/strong>. Ce qui avait l\u2019air d\u2019\u00eatre un appartement lumineux, a\u00e9r\u00e9 et spacieux \u00e0 l\u2019angle des rues Henry et Catherine \u00e9tait en r\u00e9alit\u00e9 une cage \u00e0 lapin en haut de six \u00e9tages sans ascenseur dans un building dont l\u2019odeur discutable \u00e9tait encore accentu\u00e9e par la chaleur de l\u2019\u00e9t\u00e9.<\/p>\n

Mais ce n\u2019\u00e9tait que temporaire. Je m\u2019\u00e9tais donn\u00e9 un mois pour m\u2019installer. Je voulais me prendre un appartement, signer un bail et m\u2019installer dans une pittoresque maison de ville. NON.<\/p>\n

Le\u00e7on de NY no 2.<\/strong> Pour trouver un appartement \u00e0 New York, il faut se pr\u00e9parer \u00e0 ce que votre historique de sant\u00e9 soit \u00e9tudi\u00e9, \u00e0 payer une ran\u00e7on royale et \u00e0 c\u00e9der votre premier-n\u00e9. J\u2019ai \u00e9t\u00e9 rejet\u00e9e de nombreuses fois par manque de cr\u00e9dit (m\u00eame si j\u2019avais v\u00e9cu seule partout dans Londres depuis mes 18 ans), ou coiff\u00e9e au poteau par des gens pr\u00eats \u00e0 tout pour avoir un logement \u00e0 New York. Apr\u00e8s des ann\u00e9es \u00e0 \u00eatre la locataire id\u00e9ale, j\u2019\u00e9tais soudainement consid\u00e9r\u00e9e comme \u201cind\u00e9sirable\u201d. Apr\u00e8s avoir visit\u00e9 le quartier de Bed Stuy, sur les conseils de mon amie Elaine, je savais que j\u2019avais trouv\u00e9 le quartier o\u00f9 je souhaitais habiter et apr\u00e8s de nombreuses larmes, col\u00e8res et nuits d\u2019insomnie, j\u2019ai trouv\u00e9 un appartement charmant dans une rue calme et proche des bars et restaurants anim\u00e9s du quartier. (Je voulais \u00e9viter les frais d\u2019agence, les payer 15% pour appuyer sur la touche \u201cimprimer\u201d de contrats tout pr\u00eats, non merci !). J\u2019ai c\u00e9d\u00e9, pay\u00e9 une agence et emm\u00e9nag\u00e9.<\/p>\n

Une fois la question du logement r\u00e9gl\u00e9e, je me suis concentr\u00e9e sur ma vie sociale. J\u2019\u00e9tais venue plusieurs fois \u00e0 New York et je me suis dit que je pouvais m\u2019appuyer sur le r\u00e9seau que j\u2019avais d\u00e9j\u00e0 construit. D\u2019o\u00f9\u2026<\/p>\n

Le\u00e7on de NY no 3<\/strong>. En mati\u00e8re d\u2019organisations de rendez-vous \u00e0 New York, \u201con se voit vite\u201d veut dire minimum un mois plus tard, et avec possibilit\u00e9 d\u2019annuler \u00e0 la derni\u00e8re minute s\u2019il y a de meilleurs plans possibles. Je pense vraiment qu\u2019ils \u00e9taient tous sinc\u00e8res quand ils m\u2019ont propos\u00e9 un rendez-vous pour un caf\u00e9 de 30 minutes le troisi\u00e8me mercredi de novembre mais je ne pouvais pas m\u2019emp\u00eacher de penser que c\u2019\u00e9tait la ville des gens les plus socialement inconstants jamais rencontr\u00e9s. Mais j\u2019ai pers\u00e9v\u00e9r\u00e9 et j\u2019ai fini par cr\u00e9er un cercle d\u2019amis sur lesquels je m\u2019appuie dans la ville.<\/p>\n

Au passage (ou le\u00e7on 3 et demi), si vous voulez des amis, pr\u00e9parez-vous \u00e0 d\u00eener dehors SOUVENT. Parce que PERSONNE ne cuisine. On fait des deals, on soude des amiti\u00e9s, on les d\u00e9fait et on r\u00e2le \u00e0 une table de Fat Radish \u00e0 20h et les pactes de sinc\u00e9rit\u00e9 sont conclus dans les espaces discrets des speakeasies de la ville. J\u2019ai toujours aim\u00e9 sortir d\u00eener mais l\u00e0 c\u2019\u00e9tait \u00e0 un autre niveau. Tout ce que je fais s\u2019appuie sur un d\u00eener, ce qui a s\u00e9rieusement impact\u00e9 mon compte bancaire, d\u2019o\u00f9\u2026<\/p>\n

Point no 4<\/strong>. Ici tout est hors de prix ! Je ne parle m\u00eame pas des habituels co\u00fbts, le loyer, les factures, \u00e7a va avec le fait de vivre dans une m\u00e9tropole dynamique, non je parle des prix ridicules : le caf\u00e9 \u00e0 $6, la classe de sport \u00e0 $30, et en plus, les factures Uber. Un mal n\u00e9cessaire quand on vit \u00e0 Brooklyn, un quartier notoirement mal desservi.<\/p>\n

Et puisque l\u2019on parle de transport, le m\u00e9tro ! Le territoire des mauvaises odeurs, des trains en retard, des spectacles non-d\u00e9sir\u00e9s et un endroit o\u00f9 il est compl\u00e8tement accept\u00e9 d\u2019avoir de la musique des ann\u00e9es 80 \u00e0 fond sur un haut-parleur au lieu d\u2019utiliser des \u00e9couteurs.<\/p>\n

Point no 5.<\/strong> Les New-Yorkais payent $131 par mois pour un abonnement d\u2019un mois qui les d\u00e9cevra am\u00e8rement 365 jours par an. Et toutes les lignes ne sont pas \u00e9gales. Alors que je suis convaincue que le nom des lignes A\/C vient de \u201cA chier\u201d, je trouve que la 6 et la F sont les plus fiables, mais il est encore trop t\u00f4t pour s\u2019avancer.<\/p>\n

Ma 6e le\u00e7on porte sur l\u2019\u00e9litisme des recommandations de poste et des embauches. Laissez-moi commencer par dire que j\u2019avais m\u00e9rit\u00e9 mon job \u00e0 NY. C\u2019\u00e9tait un titre que j\u2019avais d\u00e9j\u00e0 eu dans d\u2019autres publications, j\u2019avais d\u2019excellents contacts et \u00e9tais relativement exp\u00e9riment\u00e9e. Des pr\u00e9requis raisonnables pour un poste. Mais vous voulez savoir ce qui est mieux que tout \u00e7a, comme je l\u2019ai d\u00e9couvert \u00e0 New York ? C\u2019est d\u2019\u00eatre proche de quelqu\u2019un consid\u00e9r\u00e9 comme cool. C\u2019est une d\u00e9claration provocante mais fond\u00e9e et dans certains cercles, \u00e7a revient au m\u00eame d\u2019avoir d\u00e9pens\u00e9 $75 000 pour un Master ou d\u2019avoir 75 000 followers sur Instagram.<\/p>\n

H\u00e9las, apr\u00e8s quelques mois, je commence \u00e0 savourer les bons c\u00f4t\u00e9s. Je ne me perds plus dans Midtown, j\u2019ai (presque) surv\u00e9cu \u00e0 ces temp\u00e9ratures \u00e0 c\u00f4t\u00e9 desquelles une temp\u00eate de neige \u00e0 Moscou en f\u00e9vrier \u00e9voque un l\u00e9ger souffle. J\u2019ai une laverie sur laquelle je peux compter et j\u2019ai inaugur\u00e9 le chapitre new-yorkais de ma vie sentimentale en buvant un whisky on the rocks dans un bar de Bushwick avec un photographe qui n\u2019a fait que parler de lui, et j\u2019ai surv\u00e9cu. Un signe clair (version enseigne \u00e0 n\u00e9ons de bodega) que les choses s\u2019am\u00e9liorent\u2026<\/p>\n