{"id":267761,"date":"2018-05-11T09:05:33","date_gmt":"2018-05-11T13:05:33","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=267761"},"modified":"2018-05-14T09:18:12","modified_gmt":"2018-05-14T13:18:12","slug":"lets-talk-about-sex","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/beauty\/lets-talk-about-sex\/","title":{"rendered":"Let’s Talk About Sex"},"content":{"rendered":"
Il y a quelques semaines, je me suis retrouv\u00e9e seule \u00e0 siroter un martini chez Arthur’s Tavern, dans West Village, un vendredi soir.<\/p>\n
Si vous vivez \u00e0 New York et ne connaissez pas encore Arthur’s, je viens juste de vous faire un \u00e9norme cadeau. Arthur’s est un vieux club de jazz tout en bois. En entrant, difficile de ne pas s’imaginer imm\u00e9diatement en robe cintr\u00e9e \u00e0 pois, avec des Mary Janes \u00e0 petits talons aux pieds.<\/p>\n
Il y a des concerts tous les soirs, et c’est vraiment de la bonne musique. Le genre de musique qui ne vous donne pas d’autre choix que d’appr\u00e9cier le moment, tant la situation est unique et irr\u00e9sistible.<\/p>\n
Et puis Kay, l’une des meilleures barmaids que j’aie rencontr\u00e9es, tient son \u00e9tablissement d’une main de fer.
\nMais revenons-en \u00e0 moi… et mon martini.<\/p>\n
Quand on est seul(e) \u00e0 un bar avec un martini, voil\u00e0 ce qui arrive le plus souvent. On descend la premi\u00e8re moiti\u00e9 de son verre \u00e0 toute vitesse parce qu’on trouve \u00e7a un peu \u00e9trange d’\u00eatre seule dans un bar, un vendredi.<\/p>\n
Mais ensuite, cette premi\u00e8re moiti\u00e9 de martini commence \u00e0 faire son effet \u2013 c’est du gin pur, ne l’oublions pas – et on se rend compte qu’il va falloir ralentir la cadence pour la seconde moiti\u00e9.<\/p>\n
Et c’est l\u00e0 que les bonnes choses commencent \u00e0 arriver. On se d\u00e9tend, on commence \u00e0 s’habituer \u00e0 l’environnement, et on s’installe… avec soi-m\u00eame. (Parce qu’on n’est jamais vraiment tout seul, en fait, on est en rendez-vous avec soi-m\u00eame : voil\u00e0 une petite astuce qui m’a permis de traverser avec classe n’importe quel moment de solitude.)<\/p>\n
J’\u00e9tais donc l\u00e0, assise avec moi-m\u00eame au fond du bar, avec une vue imprenable sur tout l’\u00e9tablissement. C’\u00e9tait un vendredi soir, et la premi\u00e8re vraie nuit printani\u00e8re de New York.<\/p>\n
Evidemment, tout le monde transpirait le sexe. Les arbres \u00e9taient en fleur, et les humains bourgeonnaient aussi : la ville et tous ses habitants n\u2019\u00e9taient qu’hormones en \u00e9bullition.<\/p>\n
90% du public \u00e9tait assis mais tout le monde dansait avec son voisin de table. Vous voyez tr\u00e8s bien de quelle danse je veux parler : celle du \u201cflirt\u201d. Une de mes activit\u00e9s pr\u00e9f\u00e9r\u00e9es au monde…<\/p>\n
Quand un homme sait flirter (et c’est un art v\u00e9ritable, qui requiert un vrai sens de l’humour, de l’esprit, et de la patience), le flirt en lui-m\u00eame est parfois m\u00eame encore meilleur que le sexe ; et parfois aussi, c’est juste une introduction \u00e0 d’autres choses que l’homme ma\u00eetrisera tout autant.<\/p>\n
C’est toujours un pari.<\/p>\n
Et il y avait beaucoup de gens qui pariaient \u00e0 Arthur’s Tavern ce soir-l\u00e0. Certains avaient mis tous leurs jetons sur la table : ils en \u00e9taient certainement \u00e0 leur second ou troisi\u00e8me rendez-vous. Ils s’embrassaient de temps en temps, lui \u00e9tait suffisamment \u00e0 l’aise pour la toucher mais aussi pour garder ses distances. Leur danse \u00e9tait plut\u00f4t bien rod\u00e9e.<\/p>\n
Pour les autres, c’\u00e9tait juste un coup de chance au blackjack. Un autre rendez-vous Tinder. Leur premi\u00e8re rencontre : une conversation banale, quelques blagues, jusqu’au moment o\u00f9 chacun des protagonistes \u00e9value combien l’autre est capable de boire pour tourner la nuit \u00e0 son avantage.<\/p>\n
Ou l’art de voir un avenir dans le simple fait de s’attirer l’un vers l’autre sur le perron d’un immeuble, pour un parfait baiser new-yorkais…<\/p>\n
Mais qu’importe le montant du pari, tout le monde avait le m\u00eame but.
\nLe Sexe.<\/p>\n
Ce qui, quand on y pense, est plut\u00f4t impressionnant. Notre unique but commun, un vendredi soir, apr\u00e8s une longue semaine de travail, est de nous retrouver dans la position la plus vuln\u00e9rable qui soit, dans l’espoir de sentir approuv\u00e9.<\/p>\n
Observer tout ce monde qui flirtait me fit penser au si brillant Oscar Wilde et son fameux \u201cTout dans la vie est sexe, sauf le sexe. Le sexe, c’est du pouvoir.\u201d<\/p>\n
Au fond, c’est vrai : une fois qu’on passe du flirt au sexe, les intentions de chaque personne autour de cette table de poker changent soudainement.<\/p>\n
Parce qu’une fois qu’on est dans l’acte sexuel, notre bagage entre en collision avec le bagage de quelqu’un d’autre. C’est comme deux plaques tectoniques qui se heurtent : soit l’une va couler sous l’autre (pouvoir), soit les deux vont se frapper frontalement pour former une montagne (pouvoir partag\u00e9), ou bien elles vont s’entrainer mutuellement dans un foss\u00e9 (et l\u00e0, personne ne gagne).<\/p>\n
Mais je dois vous avouer quelque chose : au moment m\u00eame o\u00f9 toutes ces plaques tectoniques glissent et d\u00e9filent, malgr\u00e9 mon f\u00e9minisme sans remords, la derni\u00e8re chose \u00e0 laquelle je pense pendant le sexe est \u201cj’esp\u00e8re qu’il me respecte pour mon \u00e2me et mon esprit\u201d.<\/p>\n
Voil\u00e0 pourquoi j’aime tellement Nora Ephron. (Ok, je l’aime aussi pour plein d’autres raisons. Elle nous a offert Quand Harry rencontre Sally ou l’art de porter le col roul\u00e9 noir, pour ne citer que quelques-uns de nos tr\u00e9sors nationaux.)
\nMais Nora m’a aussi offert autre chose, quelque chose de plus surprenant.<\/p>\n
En une ligne, elle m’a souffl\u00e9 que mes fantasmes sexuels \u00e9taient normaux.<\/p>\n
Dans son ouvrage \u201cCrazy Salad : Some Things about Women\u201d, elle d\u00e9clare : \u201cDans mes fantasmes, personne ne m’aime pour mon esprit.\u201d<\/p>\n
Quelle folle lib\u00e9ration !<\/p>\n
Et c’est tellement vrai. Lorsqu’il s’agit de sexe, un compliment sur mon esprit est tout sauf un excitant… En fait, j’ai juste envie d’oublier totalement mon cerveau. Je ne veux pas \u00eatre dans ma t\u00eate, je veux \u00eatre dans mon corps.
\nNora est compl\u00e8tement d’accord, puisqu’elle continue…<\/p>\n
\u201cJe n’ai jamais r\u00e9v\u00e9l\u00e9 \u00e0 personne les d\u00e9tails pr\u00e9cis de mes fantasmes. Je les ai presque tous racont\u00e9s une fois \u00e0 mon ancien psy ; il est mort l’ann\u00e9e derni\u00e8re, et lorsque j’ai vu sa n\u00e9crologie, j’ai ressenti un r\u00e9el soulagement.<\/p>\n
Quoi qu’il en soit, sans d\u00e9voiler trop de d\u00e9tails croustillants, je peux vous dire que dans les grandes lignes, il s’agit de sc\u00e9narios de domination par des hommes sans visages qui me d\u00e9chirent mes v\u00eatements. Fantastique.\u201d<\/p>\n
Fantastique, je n’en doute pas une seule seconde, Nora.<\/p>\n
Mais le sexe, c’est bien plus que l’acte en lui-m\u00eame. C’est le frisson \u00e0 la r\u00e9ception d’un message. L’effleurement parfait de nos bras. Un regard qui s’attarde. C’est rentrer chez soi en marchant un peu plus lentement parce que le trottoir est humide, l’air lourd et qu’il est encore suffisamment t\u00f4t pour prendre son temps.<\/p>\n
Le sexe, c’est l’espoir. C’est aussi le myst\u00e8re, les odeurs, l’extase enrubann\u00e9e.<\/p>\n
Un n\u0153ud qui n’attend que d’\u00eatre d\u00e9fait en tirant sur un ruban rouge. Le sexe, c’est la tentation.<\/p>\n
J’\u00e9cris \u00e7a parce que, par-dessus tout, le sexe est humain. Et on a besoin d’en parler davantage.<\/p>\n
On a besoin d’\u00eatre \u00e0 l’aise avec le fait d’en parler. On a besoin d’avoir le bon vocabulaire, les bons mots pour dire quand on aime \u00e7a, ou, encore plus important, quand on n’aime pas.<\/p>\n
L’article \u201cCat Person\u201d du New Yorker par Kristen Roupenian a fait le tour d’internet \u00e0 la fin de l’ann\u00e9e derni\u00e8re. Il suit les pens\u00e9es intimes d’une femme qui navigue entre les rendez-vous avec un homme dont elle n’est pas s\u00fbre ; elle h\u00e9site et oscille sur son attirance, et se retrouve pourtant au lit avec lui.<\/p>\n
A ce moment-l\u00e0, elle pense :<\/p>\n
\u201c… L’id\u00e9e de ce que cela n\u00e9cessiterait pour arr\u00eater ce qu’elle avait lanc\u00e9 la submergeait. Cela demanderait tellement de tact et de d\u00e9licatesse que l’id\u00e9e lui sembla impossible \u00e0 surmonter. Ce n’\u00e9tait pas qu’elle craignait qu’il lui forcerait la main, mais insister pour arr\u00eater maintenant, apr\u00e8s tout ce qu’elle avait fait pour que cela arrive, la ferait passer pour une enfant g\u00e2t\u00e9e et capricieuse. Comme s’il s’agissait de commander un plat au restaurant et de renvoyer la nourriture en cuisine \u00e0 la seconde o\u00f9 elle se trouve sur la table.\u201d<\/p>\n
Je pense que \u201cCat Person\u201d a eu du succ\u00e8s parce que de nombreuses femmes ont pu s’identifier.<\/p>\n
C’est un domaine dans lequel on n’a pas toujours les mots pour faire les bons choix.<\/p>\n
Il y a un tas de mots dans d’autres langues qui n’ont pas leur \u00e9quivalent en anglais.<\/p>\n
Comme sobremesa, un mot espagnol pour exprimer ce d\u00e9licieux moment apr\u00e8s un repas, lorsqu’il n’y a plus rien \u00e0 manger mais que la conversation continue \u00e0 table, ou tsundoku, un mot japonais pour d\u00e9crire le fait d’acheter un livre, mais ne pas le lire et le laisser rejoindre la pile des autres livres non lus \u2013 je plaide coupable.<\/p>\n
J’adorerais qu’on puisse inventer un mot pour ce moment dont je parle plus haut. La l\u00e9g\u00e8re h\u00e9sitation avant de se lancer dans l’acte sexuel, apr\u00e8s avoir fait toute la chor\u00e9graphie en direction de la chambre. Obtenir quelque chose qu’on croit vouloir mais qu’on ne veut en fait plus, et qu’on renvoie poliment.<\/p>\n
Bien \u00e9videmment, une femme n’a jamais besoin d’\u00eatre polie pour dire qu’elle ne souhaite pas avoir une relation sexuelle. Elle peut dire non de toutes les mani\u00e8res qu’elle souhaite, mais c’est parfois difficile pour certaines d’entre nous, juste parce que nous sommes conditionn\u00e9es \u00e0 \u00eatre toujours polies. A ne pas \u201cfaire d’histoires\u201d.<\/p>\n
Bien s\u00fbr, parfois, il faut faire un scandale ! Mais parfois c’est juste difficile de trouver l’\u00e9nergie ou le courage.
\nOui, le sexe, c’est compliqu\u00e9. Un vrai sac de n\u0153uds, difficile et frustrant.<\/p>\n
Mais je maintiens que le sexe, c’est aussi l’espoir. N’oublions pas que \u00e7a peut aussi \u00eatre follement joyeux. C’est dans ces moments-l\u00e0 que je r\u00e9alise pourquoi je tol\u00e8re le reste de ma vie d’adulte \u2013 les factures, le boulot, le dentiste \u2013 j’accepte tout \u00e7a parce que j’ai aussi le droit d’aller flirter un vendredi soir dans un petit club de jazz qui s’appelle Arthur’s. Je peux participer \u00e0 quelque chose de terriblement intime et humain, et j’adore \u00e7a.<\/p>\n
Oui, les femmes adorent le sexe. \u00c7a ne fait pas de nous des salopes, ni des tra\u00een\u00e9es, \u00e7a fait juste de nous des \u00eatres humains.<\/p>\n
Et bon sang, c’est le printemps, apr\u00e8s tout. Laissons parler nos hormones.<\/p>\n
Mais continuons \u00e0 parler de sexe.<\/p>\n
Peut-\u00eatre m\u00eame que vous finirez par inventer cet insaisissable mot qu’il nous faudrait pour d\u00e9finir cette zone d’ombre, pour que nous puissions profiter des bons c\u00f4t\u00e9s, encore et encore.
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