C\u00e9line<\/a>, ma soeur et moi.<\/p>\n\u00c9videmment, elle a tout de suite compris l\u2019urgence, et nous avons plant\u00e9 tout le monde avec un adulte responsable (et outr\u00e9 de la mission qui venait de lui avoir \u00e9t\u00e9 assign\u00e9e) et nous voil\u00e0 parties en direction de chez B\u00e9line.<\/p>\n
Moi, avec ma fourrure rouge et mon jog et mes Gucci, bien s\u00fbr, et ma soeur, ben, eeeeeuh.<\/p>\n
Avec un jog en cachemire, une fausse fourrure (marron, pppheeeeew) et des mocassins Gucci.
\nOuais, on \u00e9tait habill\u00e9es pareil, comme des connes. On ne s\u2019\u00e9tait pas concert\u00e9es, on est comme \u00e7a, on s\u2019habille pareil tout le temps sans le savoir, elle en option chic, moi en option \u201cboh\u00e9mienne\u201d (une autre mani\u00e8re de dire d\u00e9braill\u00e9e et bord\u00e9lique du look).<\/p>\n
Bon, comme j\u2019avais voyag\u00e9 le matin, j\u2019avais \u201comis\u201d de me maquiller. Et comme j\u2019avais voyag\u00e9 le matin, le jog en question avait pris une patine douteuse. Mon sac (blanc, ah tiens j\u2019avais oubli\u00e9 de vous en parler, de celui-l\u00e0) pesait une brique et demie vu que voyage et que trop de trucs dedans, ce qui me donnait la gr\u00e2ce d\u2019une lanceuse de disque.
\nLa fourrure, quant \u00e0 elle, n\u2019avait pas chang\u00e9. Rouge, \u00e9norme, implacable.<\/p>\n
J\u2019aurais pu m\u2019organiser un peu mieux (d\u00e9poser ma fourrure chez ma soeur, briser ma promesse de ne pas ouvrir ma valise, prendre deux secondes pour me maquiller) mais si j\u2019avais \u00e9t\u00e9 une femme organis\u00e9e, \u00e7a se saurait.<\/p>\n
Oh et la m\u00e9t\u00e9o ?
\nOuais, elle \u00e9tait en train de changer.
\nUn soleil rayonnant caressait les rues de Paris.
\nUn samedi apr\u00e8s-midi id\u00e9al.<\/p>\n
Pffff, pfff, pfff.<\/p>\n
Pfff! Je haletais. Commen\u00e7ait \u00e0 faire chaud, je me disais en passant devant L\u2019Avenue au coin de l\u2019Avenue Montaigne, et voyant que les bouches pulpeuses \u00e9taient de sortie, d\u00e9jeunant en terrasse, et pour certaines, en tee-shirt.<\/p>\n
C\u2019\u00e9tait pas quelques degr\u00e9s de plus qui allaient m\u2019emp\u00eacher d\u2019aller chez B\u00e9line, je me disais en sentant ma peau se mettre \u00e0 briller et mes aisselles \u00e0 se r\u00e9chauffer. J\u2019ai eu une pens\u00e9e \u00e9mue pour mon d\u00e9odorant organique. <\/p>\n
Je savais que je venais de lui donner une mission faite pour un Narta anti-transpirant puissance maximale et qu\u2019il allait lamentablement \u00e9chouer. Oui, oui, vous avez bien compris, ne faites pas les innocentes. <\/p>\n
J\u2019\u00e9tais mal sap\u00e9e, j\u2019avais la tronche d\u00e9faite, j\u2019allais probablement sentir la transpiration dans les minutes qui suivaient, et j\u2019allais chez B\u00e9line.<\/p>\n
C\u2019est chez B\u00e9line que j\u2019ai r\u00e9alis\u00e9 que j\u2019avais encore une fois oubli\u00e9 qui j\u2019\u00e9tais.
\nAh, mon humilit\u00e9 naturelle me perdra. <\/p>\n
J\u2019avais bon espoir que personne ne me reconnaisse. Bien que manifestement voyante, je n\u2019\u00e9tais tellement pas \u00e0 la hauteur du bon go\u00fbt\/chic fran\u00e7ais que l\u2019on associe \u00e0 ma personne (une r\u00e9putation qui s\u2019est faite quasi sans moi, il suffit de dire qu\u2019on est fran\u00e7aise pour que les gens pensent qu\u2019on est chic).<\/p>\n
Chez B\u00e9line, c\u2019\u00e9tait le feu et la fureur. Toutes les femmes veulent mettre la main sur les derni\u00e8res pi\u00e8ces dessin\u00e9es par Boebe Bilo (bon ok j\u2019arr\u00eate) avant qu\u2019elles ne disparaissent \u00e0 tout jam\u2026<\/p>\n
Ok, interlude, toutes les bras au ciel, menton vers le bas, yeux ferm\u00e9s, on r\u00e9p\u00e8te apr\u00e8s moi :<\/p>\n
\u201cMAIS COMMENT ON VA FAIRE APR\u00c8S PHOEBE ???\u201d<\/p>\n
Ouf \u00e7a fait du bien. Parce que franchement, un monde sans Phoebe, \u00e7a va \u00eatre dur pour nous.
\nEt pour Zara. Eheh.<\/p>\n
\u2026 donc, qu\u2019elles ne disparaissent \u00e0 tout jamais. Un monde fou, en plus il y avait un \u00e9v\u00e9nement avec des mannequins qui se baladaient dans la boutique, des serveurs canon pour offrir \u00e0 boire et \u00e0 manger (ahah, \u00e0 manger!). <\/p>\n
Malgr\u00e9 tout \u00e7a, une gentille (je ne sais pas comment on dit aujourd\u2019hui, vendeuse? C\u2019est politically correct? Tension!!!) vendeuse, on va dire, est venue nous \u201cassister\u201d, c\u2019est-\u00e0-dire nous suivre \u00e0 travers le magasin pour nous faire culpabiliser de ne rien acheter. <\/p>\n
***<\/p>\n
Il est difficile de vous dire \u00e0 quel point une tenue l\u00e9g\u00e8rement d\u00e9sagr\u00e9able \u00e0 porter dans un a\u00e9roport devient un fardeau absolu d\u00e8s que l\u2019on passe la porte d\u2019un temple du bon go\u00fbt comme chez C\u00e9line. Soudain, on se sent telle une hy\u00e8ne (rouge) au milieu de cygnes gracieux.<\/p>\n
***<\/p>\n
J\u2019essayais de m\u2019enfoncer dans ma fourrure, me disant que s’il n\u2019y avait aucun risque que l\u2019on se dise que j\u2019\u00e9tais quelqu\u2019un de chic, j\u2019avais peut-\u00eatre de bonnes chances de passer pour quelqu\u2019un de tr\u00e8s tr\u00e8s riche. J\u2019ai souvent constat\u00e9 que de nos jours, plus le riche est riche, plus il porte des baskets faussement vieillies et des joggings faussement \u00e9lim\u00e9s – le tout avec soit une fourrure en vison, soit une montre couverte d\u2019or et de diamants, soit un visage enti\u00e8rement refait, soit les trois, et l\u00e0 c\u2019est le bingo total, c\u2019est +++.
\nBon, moi, ma fourrure \u00e9tait fausse, je n\u2019avais aucune montre au poignet et mon visage \u00e9tait probablement luisant mais certainement pas refait, mais j\u2019avais un espoir.<\/p>\n
Oui oui j\u2019avoue je ne sais pas\/ pourquoi, j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 me sentir \u201cself-conscious\u201d (mais pourquoi la langue anglaise est-elle si parfaitement descriptive des \u00e9motions humaines, pourquoi !!!).<\/p>\n
Heureusement, je me disais, j\u2019ai l\u2019air con, mais personne ne me reconna\u00eet, c\u2019est d\u00e9j\u00e0 \u00e7a.<\/p>\n
Je finis quand m\u00eame par acheter un sac par acquis de conscience (trop beau!) (enfin, je crois?) (merde, l\u2019aurais-je achet\u00e9 pour me faire excuser de mon apparence ?) (mais naaaaan il est trop beau). Quand soudain la vendeuse adorable me dit : \u201cAH \u00c7A, CE SERA PARFAIT POUR NEW YORK !\u201d.<\/p>\n
J\u2019ai lev\u00e9 un sourcil.
\nJe ne lui avais pas dit que j\u2019habitais \u00e0 New York. En plus, elle avait trois trains de retard.
\nJe ne savais pas ce qui \u00e9tait le plus \u00e9nervant.
\nFuck, Garance Dor\u00e9 avait \u00e9t\u00e9 d\u00e9masqu\u00e9e. Enfon\u00e7age trois fois plus profond dans fourrure.<\/p>\n
Enfinbonbref. <\/p>\n
Nous sommes sorties de chez B\u00e9line triomphantes, et il faisait exactement 12000 degr\u00e9s celsius. J\u2019ai r\u00e9ussi \u00e0 conv\u2026<\/p>\n
Oh l\u00e0 l\u00e0, tout \u00e7a devient beaucoup trop long ! J\u2019ai des trucs \u00e0 faire moi, oh !<\/p>\n
OK je vous r\u00e9sume, sinon demain, vous \u00eates encore l\u00e0 – et comment dire, ce post n\u2019est pas exactement un post obligatoire \u00e0 lire sur la condition des femmes dans la soci\u00e9t\u00e9 d\u2019aujourd\u2019hui\u2026 QUOIQUE.<\/p>\n
Bon, en deux mots, apr\u00e8s on est all\u00e9es boire un th\u00e9 dans un palace parisien dont je ne peux dire le nom (ok le George V), les g\u00e2teaux n\u2019\u00e9taient pas bons du tout, on a pu observer la mode \u201cpalace\u201d (Wow Balenciaga marche VACHEMENT BIEN EN PALACE, et en plus la marque est \u00e9crite en \u00e9norme partout au cas o\u00f9 l\u2019on aurait des doutes sur le fait que c\u2019\u00e9tait peut-\u00eatre un travailleur en b\u00e2timent avec une passion pour les montres en or charg\u00e9es de diamants qui passait par l\u00e0)(si vous ne suivez pas, allez voir les d\u00e9fil\u00e9s tr\u00e8s \u201cwork wear\u201d de Balenciaga) et on s\u2019est dit que finalement, quoi que l\u2019on fasse, quoi que l\u2019on dise, quoi que l\u2019on amasse, quoi que l\u2019on B\u00e9linise, le top du top du top pour nous, ce qui est merveilleux de palace en avion en m\u00e9tro et partout, quoi, c\u2019est un JEAN AVEC UN TEE-SHIRT BLANC ET UN BON D\u00c9O.<\/p>\n
Ouais, fin. Et des mocs Bucci. Bien s\u00fbr.<\/p>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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