Mes ch\u00e8res r\u00e8gles,<\/p>\n
On n\u2019a jamais vraiment \u00e9t\u00e9 pr\u00e9sent\u00e9es, vous et moi.<\/p>\n
Un jour, vous \u00eates arriv\u00e9es sans pr\u00e9venir. J\u2019\u00e9tais encore une enfant. J\u2019\u00e9tais tellement une enfant, que je n\u2019avais m\u00eame pas remarqu\u00e9 que j\u2019\u00e9tais en train de devenir une femme. Ma poitrine avait commenc\u00e9 \u00e0 s\u2019arrondir, et je n\u2019avais rien vu. Je ne regardais pas mon corps, \u00e0 l\u2019\u00e9poque. Je l\u2019habitais.
\n
\nMais bien s\u00fbr, un homme s\u2019\u00e9tait bien vite charg\u00e9 de me le faire remarquer. Un p\u00eacheur du village o\u00f9 je vivais, avec un air dans le regard que je connaissais pas encore : \u201cAh, \u00e7a pousse ! On devient une femme !\u201d<\/p>\n
Je me souviens encore du choc et de la honte – suivie de tee-shirt oversize forc\u00e9 pour le reste de l\u2019\u00e9t\u00e9. Et encore, \u00e0 ce moment pr\u00e9cis, je n\u2019avais aucune id\u00e9e d\u2019\u00e0 quel point ils allaient s\u2019arrondir, mes seins<\/a>. Et de ce que j\u2019allais devoir endurer dans les ann\u00e9es \u00e0 venir.<\/p>\n
Et comme \u00e7a, en un instant, mon enfance \u00e9tait finie.<\/p>\n
Je me suis vite familiaris\u00e9e \u00e0 votre pr\u00e9sence. J\u2019ai appris les serviettes hygi\u00e9niques et je me souviens du jour o\u00f9, trop frustr\u00e9e de manquer des jours de plage<\/a>, j\u2019ai enfil\u00e9 un tampon pour la premi\u00e8re fois. Une r\u00e9volution. Soudain je redevenais normale. Je pouvais oublier, un peu, ce corps qui d\u00e9cid\u00e9ment prenait de plus en plus de place dans ma vie.<\/p>\n
J\u2019ai tout entendu, et j\u2019ai beaucoup, beaucoup souffert.<\/p>\n
Entre temps j\u2019avais entrepris de commencer ma vie sexuelle.<\/a>
\nHeureusement pour moi, si je n\u2019arrivais pas encore \u00e0 aimer et comprendre la femme que j\u2019\u00e9tais, je savais que j\u2019\u00e9tais un \u00eatre humain et que je m\u00e9ritais le respect. J\u2019ai r\u00e9ussi \u00e0 me prot\u00e9ger des pi\u00e8ges qui sont tendus aux jeunes filles adolescentes un peu paum\u00e9es (c\u2019est-\u00e0-dire, toutes les adolescentes) et \u00e0 me faire \u00e0 peu pr\u00e8s respecter, et m\u00eame aimer.<\/p>\n
Et la vie a continu\u00e9. <\/p>\n
Putain de merde, mes r\u00e8gles. Merde ! Putain, fait chier, merde ! Mes r\u00e8gles.<\/p>\n
Quand m\u00eame, j\u2019ai fini par faire attention \u00e0 mes humeurs.<\/p>\n
Oui, j\u2019avais un corps.
\nPas juste des seins, des jambes<\/a> et des fesses qui n\u2019\u00e9taient jamais assez minces ou assez muscl\u00e9es. <\/p>\n
D\u2019un autre c\u00f4t\u00e9, n\u2019\u00e9coutant que le courage de mes m\u00e9decins, je me bourrais d\u2019hormones histoire de forcer le destin et de le pondre, ce putain de b\u00e9b\u00e9<\/a> (c\u2019est pas beau dit comme \u00e7a, mais c\u2019est la putain de violence que j\u2019ai ressentie pendant cette aventure).<\/p>\n
Je gardais mes Advil tout pr\u00e8s.<\/p>\n
Oui, je n\u2019ai aucune honte \u00e0 dire cela.
\nNon, ce n\u2019est pas sale. <\/p>\n
Les jours o\u00f9 je ne peux pas faire autrement, je me sers d\u2019une cup.<\/p>\n
Comme je l\u2019ai \u00e9crit dans ma Lenny Letter<\/a>, j\u2019ai continu\u00e9 les exp\u00e9rimentations sur ma fertilit\u00e9 jusqu\u2019\u00e0 la FIV. J\u2019ai fait un cycle et le jour o\u00f9 j\u2019ai appris notre \u00e9chec, j\u2019ai aussi entendu mon corps crier.<\/p>\n
Juste pour moi, \u00eatre unique et d\u00e9sormais connect\u00e9 avec mon corps.<\/p>\n
Ne vous cachez pas \u00e0 vous-m\u00eame. Ne vous cachez pas aux autres.<\/p>\n