Hier, j\u2019\u00e9tais dans mon dressing, en train d\u2019essayer de visualiser son futur. <\/p>\n
Je n\u2019ai jamais eu un dressing aussi grand et pourtant, il est d\u00e9j\u00e0 plein. <\/p>\n
J\u2019ai ferm\u00e9 les yeux, j\u2019ai pris une grande respiration, j\u2019ai envoy\u00e9 une pens\u00e9e au dieu des objets et j\u2019ai dit namaste \u00e0 mes talons<\/a> hauts, vous partez en retraite dans la chambre du fond.<\/p>\n
Qu\u2019est-ce qui se trouve dans la chambre du fond ?<\/p>\n
Mes manteaux<\/a>, mes bottes fourr\u00e9es, mes robes de gala.<\/p>\n
Et maintenant, mes talons hauts.<\/p>\n
Mon dressing, c\u2019est mon psy, en fait. <\/p>\n
Et hier, un grand moment de d\u00e9couverte personnelle a eu lieu.<\/p>\n
Je n\u2019ai plus besoin de mes talons hauts.<\/p>\n
Ou plut\u00f4t, je n\u2019ai plus besoin d\u2019avoir (attendez je reviens je vais compter) vingt-cinq paires de talons qui me regardent de leurs bouts pointus tous les matins. Dans ma nouvelle vie, je sais quand j\u2019aurais besoin de mettre des talons. C\u2019est \u00e0 des moments sp\u00e9cifiques, r\u00e9fl\u00e9chis. Une soir\u00e9e, un voyage<\/a>, un rendez-vous important. Un diner avec mon amoureux<\/a>, un resto chic avec des copines. Une s\u00e9ance photo.<\/p>\n
\u00c7a devenait presque douloureux, d\u2019avoir \u00e0 les regarder tous les jours. Bien s\u00fbr que je les aime, mes Manolo<\/a> de toutes les couleurs, mes Miu Miu<\/a> \u00e0 strass et mes Gianvito<\/a> ind\u00e9modables. Mais elles me projetaient aussi quelques ann\u00e9es en arri\u00e8re, quand j\u2019\u00e9tais\u2026 <\/p>\n
Une autre version de moi-m\u00eame, peut-\u00eatre. <\/p>\n
Je m\u2019\u00e9tais jet\u00e9e dans les talons hauts avec passion. J\u2019aimais la hauteur qu\u2019ils me donnaient, j\u2019aimais qu\u2019ils transforment n\u2019importe quelle de mes tenues, qu\u2019il s\u2019agisse d\u2019un boyfriend jean<\/a> ou d\u2019une robe sublime en un statement. J\u2019aimais me sentir une guerri\u00e8re urbaine, accroupie sur mes talons hauts pour prendre une photo. J\u2019aimais qu\u2019ils soient pour moi ma panoplie d\u00e9fil\u00e9s, ma panoplie mode.<\/p>\n
Je m\u2019\u00e9tais jet\u00e9e dans les talons hauts avec passion, et ils refl\u00e9taient qui j\u2019\u00e9tais. Une jeune fille qui voulait devenir une femme<\/a>. Qui voulait appartenir \u00e0 un monde. Qui voulait, excusez l\u2019expression bateau, aller plus haut.<\/p>\n
Mes premi\u00e8res Zara salu\u00e9es d\u2019un \u201cJ\u2019adore ces chaussures !!!\u201d par Carine Roitfeld<\/a> : la cons\u00e9cration.<\/p>\n
Mes premi\u00e8res Prada<\/a> offertes juste apr\u00e8s le d\u00e9fil\u00e9, surphotographi\u00e9es par les photographes de streetstyle, des prototypes immarchables, mais qui portaient en elles toute la fiert\u00e9 que j\u2019avais d\u2019avoir \u00e9t\u00e9 adoub\u00e9e.<\/p>\n
Mes Louboutin<\/a> du jour o\u00f9 j\u2019ai re\u00e7u mon CFDA Award<\/a>. Tellement hautes !<\/p>\n
Mes Chlo\u00e9<\/a> de tous les jours, qui m\u2019ont fait me sentir invincible \u00e0 tellement de fashion weeks (et dieu, que j\u2019en avais besoin, que j\u2019\u00e9tais vuln\u00e9rable\u2026)<\/p>\n
Mes premi\u00e8res Manolo<\/a>, au moment o\u00f9 j\u2019ai enfin compris mon style. Celles-l\u00e0, je les ai toujours.<\/p>\n
Et comme \u00e7a, je pourrai donner une vraie vie \u00e0 mes amies de tous les jours, mes sandales<\/a>, mes ballerines<\/a>, mes slippers, mes sneakers<\/a>, mes chaussures de vraie vie. Les laisser enfin respirer et avoir une place bien \u00e0 elles dans mon cerveau dressing, les honorer, leur montrer qu\u2019elles sont pr\u00e9cieuses et aim\u00e9es.
\nTout comme toutes mes nouvelles amies de tous les jours. Mes blouses l\u00e9g\u00e8res, mes vestes de fin de soir\u00e9e, mes robes de jour.<\/p>\n