{"id":246270,"date":"2017-01-17T09:19:05","date_gmt":"2017-01-17T14:19:05","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=246270"},"modified":"2017-04-02T17:28:22","modified_gmt":"2017-04-02T21:28:22","slug":"la-la-la","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/garance\/diary\/la-la-la\/","title":{"rendered":"La La La!"},"content":{"rendered":"
La la la laaaaaah !!!<\/p>\n
Mes premiers jours \u00e0 LA<\/a>, j\u2019\u00e9tais tellement stress\u00e9e que je n\u2019arr\u00eatais pas de dire \u00e0 Chris :<\/p>\n \u201cJ\u2019y crois pas, j\u2019y crois pas l\u00e0, non mais j\u2019y crois pas !!!\u201d – je crois qu\u2019il ne m\u2019avait jamais vue comme \u00e7a, aussi incr\u00e9dule, \u00e9mue.<\/p>\n \u2014<\/p>\n Je l\u2019ai \u00e9voqu\u00e9 dans mon post de bonne ann\u00e9e<\/a>, mais d\u00e9sormais c\u2019est officiel : Chris<\/a>, Lulu<\/a> et moi, on s\u2019est install\u00e9s \u00e0 Los Angeles.<\/p>\n <\/p>\n LA. Tellement lointaine, tellement diff\u00e9rente, tellement bizarre\u2026 Qu\u2019est-ce qui nous a pris ?<\/p>\n Tout a commenc\u00e9 quand on s\u2019est rencontr\u00e9s, Chris et moi. Quand je l\u2019ai rencontr\u00e9, j\u2019\u00e9tais une vraie New Yorkaise. Je rev\u00eatais l\u2019armure de rigueur : je me sentais forte, ind\u00e9pendante, rien ne me faisait peur, rien ne pouvait m\u2019atteindre.<\/p>\n Lui, pareil. Il \u00e9tait venu \u00e0 New York<\/a> treize ans plus t\u00f4t pour travailler et vivre de sa musique, il connaissait la ville comme sa poche. Je sentais la douceur sous sa dure carapace d\u2019ind\u00e9pendance. On a jou\u00e9 pendant quelques mois la rengaine tr\u00e8s new-yorkaise de \u201cqui a le moins besoin de l\u2019autre\u201d. \u00c7a n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 facile, parce qu\u2019on est tous les deux des coeurs d\u2019artichaut qui jouaient aux gros bras.<\/p>\n Comme moi, et comme tous les New Yorkais, il adorait New York. Mais il disait toujours : \u201cUn jour, je partirai. \u00c0 cinquante ans, je pars. J\u2019ai besoin d\u2019oc\u00e9an, j\u2019ai besoin de nature et d\u2019espace.\u201d<\/p>\n Je n\u2019ai jamais aim\u00e9 entendre \u00e7a. Peut-\u00eatre parce que j\u2019ai vu trop de gens autour de moi attendre \u201cplus tard\u201d pour enfin \u00eatre heureux. L\u2019un de mes proches me disait toujours : \u201cJe bosse comme un fou maintenant, mais \u00e0 45 ans, j\u2019arr\u00eate.\u201d Ce qui s\u2019est pass\u00e9 ? \u00c0 quarante ans, il est tomb\u00e9 dans une d\u00e9pression dont il ne s\u2019est jamais remis.<\/p>\n Quand j\u2019ai entendu \u00e7a, une sonnette d\u2019alarme a retenti.<\/p>\n Quant \u00e0 moi, ces deux derni\u00e8res ann\u00e9es, \u00e7a a \u00e9t\u00e9 comme si la vie tenait \u00e0 me prouver que tout ce en quoi je croyais \u00e9tait faux. Et l\u2019une des choses auxquelles je croyais dur comme fer, c\u2019est que j\u2019allais passer le reste de ma vie \u00e0 New York. O\u00f9 aller ailleurs qu\u2019\u00e0 New York ?<\/p>\n Et pourtant, il semblait que rien ne se passait vraiment comme je le voulais, \u00e0 New York.<\/p>\n \u2014\u2014 <\/p>\n D\u2019abord, d\u00e9tail \u00e9tonnant. J\u2019ai activement cherch\u00e9 un appart \u00e0 acheter \u00e0 New York pendant plus de trois ans. Je n\u2019ai jamais trouv\u00e9. Jamais un seul endroit ne m\u2019a fait r\u00eaver, me projeter. R\u00e9sultat, j\u2019ai toujours v\u00e9cu dans des endroits que je louais. Que j\u2019aimais bien, mais o\u00f9, jamais je ne me suis sentie chez moi. Le foyer est si important pour moi que c\u2019\u00e9tait comme si ma vraie vie n\u2019avait jamais commenc\u00e9, en fait. J\u2019avais l\u2019impression de vivre en suspens.<\/p>\n L\u2019autre chose qui semblait \u00e9trange, c\u2019est que je n\u2019ai jamais r\u00e9ussi \u00e0 construire le style de vie que je voulais. Au d\u00e9but je croyais que c\u2019\u00e9tait parce que je voyageais tout le temps, que j\u2019\u00e9tais tout le temps l\u00e9g\u00e8rement crev\u00e9e. Mais quand j\u2019ai d\u00e9cid\u00e9 de limiter les voyages<\/a>, je me suis rendu compte que ce n\u2019\u00e9tait pas \u00e7a.<\/p>\n M\u00eame sans voyages, j\u2019\u00e9tais tout le temps \u00e9puis\u00e9e, stress\u00e9e, vide.<\/p>\n J\u2019avais des souvenirs de ma vie dans le Sud, o\u00f9 j\u2019avais une terrasse, o\u00f9 on faisait des diners, o\u00f9 mes copines passaient \u00e0 la maison, o\u00f9 l\u2019on aimait perdre du temps ensemble. Il y avait une sorte de douceur que je n\u2019avais jamais retrouv\u00e9e \u00e0 New York.<\/p>\n \u00c0 New York, tout me semblait insurmontable.<\/p>\n Je regardais mes copines qui arrivaient \u00e0 avoir un job prenant, un appart sublime, un corps de r\u00eave, des gosses, et en plus \u00e0 organiser des grands diners et je me demandais vraiment comment elles faisaient.<\/p>\n Moi, j\u2019avais toujours l\u2019impression d\u2019\u00eatre en train de me battre contre le courant.<\/p>\n Que ce soient les \u00e9l\u00e9ments (hivers<\/a> longs et super froids, \u00e9t\u00e9s<\/a> \u00e9touffants), mon emploi du temps (la folie du toujours plus et du \u201cI\u2019m so busy!!!\u201d) ou tout simplement cette incroyable culture de la r\u00e9ussite qui peut parfois vous porter, parfois vous d\u00e9truire.<\/p>\n Parce qu\u2019\u00e0 New York, on n\u2019est jamais assez. Il y a toujours plus beau, plus successful, plus mince, plus jeune\u2026 On peut toujours aller plus haut. Et m\u00eame si j\u2019adore cette culture et le fait qu\u2019\u00e0 New York, tout est possible, il a fallu \u00e0 un moment que je me pose deux minutes (ou plut\u00f4t, que je fasse un m\u00e9ga break down et que je m\u2019\u00e9croule) pour essayer de comprendre si mon ambition et mes d\u00e9sirs \u00e9taient vraiment les miens, ou s\u2019ils avaient \u00e9t\u00e9 subtilement infus\u00e9s par la soci\u00e9t\u00e9 dans laquelle je vivais.<\/p>\n Et quand j\u2019ai enfin r\u00e9ussi \u00e0 d\u00e9m\u00ealer tout \u00e7a, je me suis rendu compte que courais un marathon qui n\u2019\u00e9tait pas le mien. D\u2019o\u00f9, peut-\u00eatre, ce sentiment d\u2019\u00e9puisement permanent.<\/p>\n Pourtant, j\u2019ai essay\u00e9\u2026:<\/p>\n Ce qui a \u00e9t\u00e9 dr\u00f4le quand j\u2019ai rencontr\u00e9 Chris, c\u2019est aussi que d\u2019un coup, on \u00e9tait tellement heureux et pleins d\u2019\u00e9nergie et d\u2019envie d\u2019\u00eatre heureux qu\u2019on a vraiment tout fait pour arriver \u00e0 faire de notre vie \u00e0 New York un plaisir. On a essay\u00e9 de tirer partie des froids glaciaires et d\u2019aller faire du snowboard \u00e0 la montagne (r\u00e9sultat : IL CAILLE AUSSI \u00c0 LA MONTAGNE). On a essay\u00e9 de tirer partie de la vie nocturne et on s\u2019est retrouv\u00e9s \u00e0 faire la f\u00eate comme si on avait 23 ans (r\u00e9sultat : ON N\u2019A PAS 23 ANS ET \u00c7A NOUS A VITE \u00c9PUIS\u00c9S \/ SOUL\u00c9S)(litt\u00e9ralement soul\u00e9s d\u2019ailleurs). On a essay\u00e9 le weekend typique new-yorkais yoga brunch shopping cin\u00e9 (r\u00e9sultat : J\u2019AI CRU QU\u2019IL ALLAIT MOURIR D\u2019ENNUI).<\/p>\n Quoi qu\u2019on essayait, \u00e7a ne prenait pas.<\/p>\n L\u2019inconfort continuait de grandir, notre stress et notre fatigue aussi. \u00c7a jouait m\u00eame des tours \u00e0 notre couple.<\/p>\n Ne parlons m\u00eame pas de la qualit\u00e9 de mon travail. Je n\u2019avais jamais le temps. Jamais le temps de dessiner, jamais le temps d\u2019\u00e9crire, jamais le temps de penser. Et pourtant, comme je l\u2019expliquais souvent \u00e0 mes amies, du temps, j\u2019en avais ! C\u2019est cet \u00e9puisement constant qui me freinait, je crois. Le weekend, je n\u2019avais qu\u2019une envie : m\u2019\u00e9crouler sur mon canap\u00e9.<\/p>\n \u00c0 un moment je me suis dit \u00e7a ne peut pas durer, il faut qu\u2019on trouve une maison \u00e0 la campagne pour s\u2019\u00e9chapper d\u00e8s que possible et retourner \u00e0 la terre ou quelque chose comme \u00e7a qui me donne un peu l\u2019impression d\u2019avoir une vie qui ne soit pas une course.<\/p>\n Sinon, on va devenir comme ces New Yorkais qui ne grandissent jamais.<\/p>\n C\u2019est quoi, un New Yorkais qui ne grandit jamais ?<\/p>\n On le dit souvent, les New Yorkais ne vieillissent pas. Physiquement, ils font toujours dix ans de moins que leur \u00e2ge. Moi, j\u2019attribue \u00e7a \u00e0 une chose : la vie \u00e0 perp\u00e8t. Je connais pas mal de gens autour de moi qui ont cinquante ans, qui sont c\u00e9libataires, qui travaillent comme des fous, qui font la f\u00eate comme des fous, qui passent leur vie sur Tinder<\/a>, qui vivent encore dans l\u2019appart de leurs trente ans la vie de leurs trente ans, et qui adorent \u00e7a.<\/p>\n [Interlude Tinder \u00e0 Perp\u00e8t : j\u2019ai un copain que j\u2019adore et qui a quatre petites amies. Comme c\u2019est du casual dating \u00e7a ne compte pas comme des infid\u00e9lit\u00e9s, selon lui, et il me dit qu\u2019il ne voit pas pourquoi il s\u2019investirait dans une relation alors que l\u00e0 il ne s\u2019ennuie jamais, qu’il est seul quand il veut, accompagn\u00e9 quand il veut, et chacune de ses copines a une fonction bien sp\u00e9ciale. Il y a la folle de sexe, l\u2019intello, la cool marrante\u2026 et que quand une relation s\u2019arr\u00eate, gr\u00e2ce \u00e0 Tinder la source ne tarit jamais. Cynique ? Naaaaaaan. Je l\u2019aime quand m\u00eame, mais heureusement que je suis pas sur Tinder !]<\/p>\n Et je vois tout \u00e0 fait comment \u00e7a peut arriver !!!<\/p>\n Le temps passe plus vite \u00e0 New York. On n\u2019est jamais seul. Il y a toujours une nouvelle personne \u00e0 rencontrer, un nouveau restau \u00e0 tester, un nouveau job \u00e0 convoiter. C\u2019est comme un grand bateau sur lequel la f\u00eate bat son plein \u00e0 perp\u00e9tuit\u00e9. C\u2019est dur de quitter la f\u00eate.<\/p>\n Surtout qu\u2019on est un peu consid\u00e9r\u00e9 comme un l\u00e2cheur quand on commence \u00e0 effleurer l\u2019id\u00e9e de faire ses valises. C\u2019est un peu comme si on \u00e9tait tous accroch\u00e9s \u00e0 une corde, en train d’essayer de grimper toujours plus haut – et que ceux qui l\u00e2chaient avaient\u2026 perdu la bataille.<\/p>\n Je le sais, parce que moi, j\u2019ai \u00e9t\u00e9 de l\u2019autre c\u00f4t\u00e9.<\/p>\n Je me souviens quand Alex<\/a>, qui travaillait avec nous au studio, s\u2019est mise \u00e0 questionner sa vie \u00e0 New York. Je l\u2019ai regard\u00e9e d\u2019un air ahuri \u201cHein ? Mais pour aller o\u00f9 ???\u201d Elle lisait ce livre, Good Bye To All That, inspir\u00e9 par le fameux texte de Joan Didion sur ce sujet exactement.<\/p>\n Un livre de recueils \u00e9crit par des \u00e9crivains qui avaient ador\u00e9, puis d\u00e9test\u00e9, puis quitt\u00e9 New York.<\/p>\n Un livre de l\u00e2cheurs, quoi. ;)<\/p>\n Bon, j\u2019en \u00e9tais o\u00f9.<\/p>\n Ah oui, donc, \u00e0 un moment, je me suis dit : maison \u00e0 la campagne, il nous faut. Jardin potager et tout. New York la semaine, campagne le weekend. L\u2019\u00e9quilibre id\u00e9al\u2026<\/p>\n \u2026 ?<\/p>\n Enfin, \u00e7a ne r\u00e9glait pas le probl\u00e8me des hivers -12. Les kilos de neige \u00e0 d\u00e9gager \u00e0 la pelle, \u00e0 la sueur de son front. Les embouteillages du weekend. Et puis je n\u2019avais pas encore un appart que j\u2019aimais \u00e0 New York, et j\u2019allais acheter une maison upstate ? \u00c7a me semblait bizarre.<\/p>\n Et secr\u00e8tement, nous connaissant, je savais que du moment o\u00f9 on aurait une maison \u00e0 la campagne, on n\u2019aurait jamais plus envie de bouger. Et je connais plus d\u2019un New Yorkais qui s\u2019est retrouv\u00e9 en ermite \u00e0 ne plus vouloir quitter le bonheur de sa maison et de son jardin upstate, et \u00e0 prendre des distances de plus en plus grandes avec la ville.<\/p>\n Je les croise parfois \u00e0 New York et ils me font rire. Ils ont cet air un peu perdu et bienheureux des gens qui savent que la v\u00e9rit\u00e9 est ailleurs. Et souvent, ils portent une chemise \u00e0 carreaux. ;)<\/p>\n Et nous, on n’\u00e9tait pas encore pr\u00e8s pour \u00e7a.<\/p>\n Qu\u2019est-ce qu\u2019il nous restait ?<\/p>\n Il nous restait LA.<\/p>\n LA, une ville qu\u2019on a tous les deux d\u00e9test\u00e9 d\u00e8s qu\u2019on y a mis les pieds. Moi la premi\u00e8re fois je n\u2019y ai rien compris. J\u2019avais 16 ans et je cherchais le \u201ccentre ville\u201d. Il m\u2019a fallu plusieurs jours pour comprendre qu\u2019il n\u2019y avait rien de tout \u00e7a ici. Juste des voitures et des centres commerciaux. Puis j\u2019y \u00e9tais revenue plus tard et l\u00e0 encore, pareil. Mais quelle ville \u00e9trange. Il m\u2019a fallu deux, trois s\u00e9jours pour vraiment en comprendre la magie.<\/p>\n Et quand j\u2019en ai per\u00e7u la magie, elle ne m\u2019a plus quitt\u00e9e.<\/p>\n Je m\u2019y suis install\u00e9e un mois pendant l\u2019\u00e9criture de mon livre, et j\u2019en ai encore des souvenirs de pl\u00e9nitude, merveilleux. De soleil, de calme, de cr\u00e9ativit\u00e9 intense, de bien-\u00eatre permanent.<\/p>\n Ne riez pas, beaucoup de choses \u00e0 LA me rappelaient mes racines… la Corse<\/a>.<\/p>\n La v\u00e9g\u00e9tation, les palmiers, les eucalyptus, les figuiers de Barbarie. Les temp\u00e9ratures qui sont incroyablement similaires, hiver comme \u00e9t\u00e9. La proximit\u00e9 de la nature, pr\u00e9sente \u00e0 tout instant, que ce soit la mer ou la montagne. La douceur de la vie.<\/p>\n