{"id":245892,"date":"2017-01-10T03:57:58","date_gmt":"2017-01-10T08:57:58","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=245892"},"modified":"2017-11-09T16:01:27","modified_gmt":"2017-11-09T21:01:27","slug":"in-her-words-georgia-graham","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/lifestyle\/in-her-words-georgia-graham\/","title":{"rendered":"In Her Words: Georgia Graham"},"content":{"rendered":"
Rencontrer Georgia<\/a>, c\u2019est un peu comme retrouver une vieille amie\u2026 apr\u00e8s une accolade chaleureuse, on en vient vite \u00e0 partager anecdotes et fou-rires. On a fait sa connaissance lors d\u2019une s\u00e9ance de d\u00e9dicaces<\/a> de Garance \u00e0 Londres<\/a>, et elle est rapidement devenue une bonne amie de l\u2019\u00e9quipe du Studio. On vous laisse la d\u00e9couvrir par vous-m\u00eames, avec un \u00ab In Her Words \u00bb. Imaginez le texte lu avec son d\u00e9licieux accent british.<\/p>\n <\/p>\n Georgia Graham, Model & Writer <\/strong><\/em><\/p>\n Quand Garance m\u2019a propos\u00e9 d\u2019\u00e9crire un petit texte pour le site, je me suis dit que je choisirais un th\u00e8me qui me trotte pas mal dans la t\u00eate en ce moment, surtout en vivant \u00e0 NY. Je crois que je pourrais intituler ces quelques lignes \u00ab Rester humain dans la folie de la ville \u00bb.<\/p>\n L\u2019id\u00e9e m\u2019est venue d\u2019une conversation assez ordinaire que j\u2019ai eue il y a quelque temps. J\u2019\u00e9tais en mode 100 % bitch : je me plaignais \u00e0 un copain de deux grands probl\u00e8mes dans ma vie : ma m\u00e8re et une paire de lunettes Miu Miu que je venais de perdre. J\u2019avais eu ma m\u00e8re au t\u00e9l\u00e9phone pour lui parler de mes lunettes perdues. Elle s\u2019\u00e9tait mise en mode maman-empathique, et j\u2019en avais strat\u00e9giquement profit\u00e9 pour lui demander si elle m\u2019aiderait \u00e0 les remplacer en guise de cadeau de No\u00ebl. Son empathie avait alors compl\u00e8tement disparu, ce qui expliquait pourquoi j\u2019\u00e9tais en train de bassiner mon pauvre ami avec ma tentative de manipulation maternelle rat\u00e9e (oui, un vrai probl\u00e8me de riche, je sais). Sa r\u00e9ponse, au lieu de prendre mon parti, m\u2019a cueillie \u00e0 froid : \u00ab Dis donc, c\u2019est vraiment hyper manipulateur de ta part. \u00bb<\/p>\n Et il avait raison. Si j\u2019avais fait appel \u00e0 ma m\u00e8re, c\u2019est parce que je savais que son empathie maternelle la convaincrait peut-\u00eatre de d\u00e9penser un peu plus pour mon cadeau de No\u00ebl. Et l\u00e0, je me suis sentie affreusement coupable, manipulatrice\u2026 pourrie g\u00e2t\u00e9e et superficielle.<\/p>\n Cet incident m\u2019a fait penser \u00e0 un sujet plus vaste. La vie \u00e0 NY, c\u2019est un peu le stress permanent : il faut r\u00e9ussir \u00e0 tout prix. Il faut savoir identifier les opportunit\u00e9s, se creuser la t\u00eate pour trouver le meilleur moyen de parvenir \u00e0 ses fins, pour r\u00e9ussir. Il faut \u00eatre fut\u00e9, savoir r\u00e9seauter, se vendre\u2026 c\u2019est un tout. Pas seulement dans la mode, mais un peu dans tous les aspects de cette vie citadine.<\/p>\n Pour que les non-New-Yorkais puissent avoir une id\u00e9e plus pr\u00e9cise, je vois souvent NY comme un immense tas de gens qui s\u2019escaladent les uns les autres, pour pouvoir atteindre le sommet du tas. Tout le monde conna\u00eet la r\u00e8gle : il faut \u00eatre pr\u00eat \u00e0 \u00e9craser les autres, c\u2019est le principe \u00e0 NY. M\u00eame si tout le monde veut arriver en haut, qu\u2019est-ce qui se passe si on pi\u00e9tine les doigts, ou le visage de quelqu\u2019un ? Quand la fin cesse-t-elle de justifier les moyens, \u00e0 partir de quel moment l\u2019ambition devient-elle manipulation ?<\/p>\n Il y a des ann\u00e9es, j\u2019ai lu un formidable essai de Joan Didion sur l\u2019estime de soi. Pour ceux qui ne connaissent d\u2019elle que les images de vieille dame en lunettes de soleil des campagnes C\u00e9line, c\u2019est une femme tout \u00e0 fait remarquable. Sa plume est sans concession, acerbe, et elle ne tourne jamais autour du pot. Joan dit les choses comme elles sont, en toute sinc\u00e9rit\u00e9, (ce qui rend la pilule parfois un peu am\u00e8re). Pour elle, rien ne sert d\u2019impressionner \u00e0 tout prix ou d\u2019avoir du succ\u00e8s, si \u00e0 la fin de la journ\u00e9e, on ne peut pas se regarder dans le miroir sans rougir.<\/p>\n C\u2019est ce qui m\u2019a inqui\u00e9t\u00e9e concernant les lunettes de soleil : cela m\u2019avait montr\u00e9 un aspect de moi-m\u00eame qui ne me plaisait pas. Oui, j\u2019\u00e9tais rus\u00e9e, mais pas aimable. Sans vouloir jouer les donneuses de le\u00e7on, l\u2019ambition et l\u2019intelligence sont deux qualit\u00e9s, qui utilis\u00e9es \u00e0 bon escient peuvent avoir des r\u00e9sultats positifs. Mais \u00e0 une \u00e9poque o\u00f9 on consid\u00e8re l\u2019argent, l\u2019apparence et le succ\u00e8s commercial comme les cl\u00e9s du bonheur, comment ne pas renoncer \u00e0 la gentillesse et \u00e0 l\u2019int\u00e9grit\u00e9 ? Etre quelqu\u2019un de bien, est-ce que c\u2019est encore important ? Dans une ville comme New York, c\u2019est tellement facile de se perdre dans le tumulte de la ville pour arriver \u00e0 ses fins, qu\u2019on finit par se perdre de vue, et oublier toute notion d\u2019estime de soi.<\/p>\n Je vis dans la crainte permanente d\u2019\u00eatre compl\u00e8tement noy\u00e9e dans tout \u00e7a : si toute cette agitation, Instagram, cette qu\u00eate du r\u00eave me transformaient en Narcisse \u00e9go\u00efste, une New-Yorkaise m\u00e9canique r\u00e9gl\u00e9e sur le mode \u00ab S\u2019enrichir et arriver \u00e0 ses fins \u00bb incapable de se remettre en mode \u00ab humain \u00bb ? Avoir les pieds sur terre et \u00eatre authentique sont pour moi deux \u00e9l\u00e9ments vitaux, deux qualit\u00e9s que je recherche chez les autres : apr\u00e8s tout, c\u2019est pour \u00e7a qu\u2019on aime tant le travail de Garance, non ? Ce qui me fait peur, je crois, c\u2019est le syndrome Dorian Gray. Et si une fois qu\u2019on avait atteint son objectif et qu\u2019on s\u2019\u00e9tait offert cette immense maison \u00e0 Brooklyn, on se d\u00e9couvrait hideux dans le miroir ?<\/p>\n Trouver le juste \u00e9quilibre : jouer le jeu sans vendre son \u00e2me au diable, ce n\u2019est pas toujours \u00e9vident. Et c\u2019est l\u00e0 que les vrais amis sont essentiels. Ceux qui savent que sous le papier glac\u00e9 se cache un v\u00e9ritable \u00eatre humain. La fille qui a pass\u00e9 le nouvel an \u00e0 Berlin avec un kebab, celle qui rentre ses t-shirts dans sa culotte pour ne pas avoir froid. Ces amis, c\u2019est comme la famille : parfois, on ne se supporte pas (mon r\u00f4le : celle qui stresse, qui se prend la t\u00eate, qui est tout le temps en retard, qui se trompe de destinataire quand elle envoie des sms, et qui veut toujours go\u00fbter le plat des autres) mais on s\u2019adore.<\/p>\n Ce sont ces amis-l\u00e0 qui me donnent envie de poursuivre mes ambitions, mais ceux-l\u00e0 aussi qui n\u2019h\u00e9sitent pas \u00e0 me rappeler la modestie de Didion ou \u00e0 me dire quand je d\u00e9passe les bornes. Ils me montrent aussi le genre d\u2019amour et de compassion que j\u2019ai envie de transmettre \u00e0 ceux qui m\u2019entourent. Et si les \u00e9v\u00e9nements de 2016 nous ont bien montr\u00e9 une chose, c\u2019est que notre monde pourrait s\u2019accommoder d\u2019un peu plus d\u2019humanit\u00e9.<\/p>\n Si j\u2019\u00e9cris tout \u00e7a, ce n\u2019est pas parce que je suis un ange puritain qui fait la morale aux masses pour racheter son \u00e9go\u00efsme. Ce que Joan Didion nous dit dans cet essai, c\u2019est que peu importe comment les autres vous per\u00e7oivent, le plus important c\u2019est comment VOUS vous percevez. Le plus important pour moi, c\u2019est de prendre une d\u00e9cision et de m\u2019en tenir \u00e0 mon instinct, sans avoir de sentiment de fausset\u00e9 et de malaise. Il faut que je m\u2019en remette aux gens qui sont sinc\u00e8res et authentiques, et que j\u2019\u00e9vite ceux qui paraissent faux, fourbes et mielleux. Je dois donner la priorit\u00e9 \u00e0 l\u2019humain, au sentiment de communaut\u00e9, plut\u00f4t qu\u2019\u00e0 l\u2019argent et au succ\u00e8s, \u00e7a m\u2019apportera des r\u00e9sultats bien plus gratifiants.<\/p>\n C\u2019est l\u00e0 que r\u00e9side l\u2019authenticit\u00e9 la plus pure, celle qu\u2019on a tendance \u00e0 perdre de vue dans un bastion du consum\u00e9risme et de la r\u00e9ussite comme NY. Les personnes vraiment int\u00e8gres sont celles qui arrivent \u00e0 conserver leur part d\u2019humanit\u00e9 en d\u00e9pit de la nature \u00e9minemment codifi\u00e9e de notre soci\u00e9t\u00e9 et de ses interactions sociales. Ils tentent de r\u00e9ussir en restant eux-m\u00eames, sans rentrer dans les moules que la soci\u00e9t\u00e9 nous imposent. Ils ne sont pas parfaits, mais restent humains, gardent le contact avec les autres \u00eatres humains plut\u00f4t qu\u2019avec leur compte en banque ou leur ego. Ce sont ces gens auxquels je veux ressembler, dont je veux partager l\u2019amiti\u00e9.<\/p>\n Bon, voil\u00e0, c\u2019est tout. C\u2019\u00e9tait ma d\u00e9claration d\u2019amour \u00e0 mes amis, ma relation compliqu\u00e9e avec NY, mes j\u00e9r\u00e9miades superficielles. Mes tentatives pour para\u00eetre m\u00fbre et sage alors que je n\u2019ai que 24 ans et que je ne connais encore pas grand-chose \u00e0 la vie. Maintenant, vous savez tous que je rentre mes t-shirts dans mes culottes, et que j\u2019ai partag\u00e9 mon nouvel an avec un kebab.<\/p>\n (Ah, au fait, pour No\u00ebl, j\u2019ai eu un guide de voyage Eyewitness.)<\/p>\n D\u00e9sol\u00e9, cet article est seulement disponible en Anglais Am\u00e9ricain.<\/p>\n","protected":false},"author":9,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[1398,5021,481],"tags":[911,4298,4638,553,4460],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/245892"}],"collection":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/9"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=245892"}],"version-history":[{"count":10,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/245892\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":261216,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/245892\/revisions\/261216"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=245892"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=245892"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=245892"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}