{"id":2438,"date":"2008-11-06T08:54:56","date_gmt":"2008-11-06T13:54:56","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=2438"},"modified":"2016-07-27T13:30:20","modified_gmt":"2016-07-27T17:30:20","slug":"heroines","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/illustrations\/heroines\/","title":{"rendered":"Hero\u00efnes"},"content":{"rendered":"

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Petite, je voulais \u00eatre Martine<\/em>. Je voulais \u00eatre aussi gracieuse, immuablement parfaite, gentille et avoir une maman qui me fasse des g\u00e2teaux.<\/p>\n

Que voulez-vous. La mienne \u00e9tait dans la rue \u00e0 br\u00fbler ses soutien-gorge. Je passais des heures \u00e0 lire et \u00e0 relire les albums en frottant mes joues sur ces images sucre d’orge. C’est comme \u00e7a que j’ai commenc\u00e9 \u00e0 dessiner.<\/p>\n

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Puis cette pimb\u00eache de Martine m’a saoul\u00e9e avec son Patapouf. C’est alors que j’ai d\u00e9couvert le Club des 5<\/em>. Je me suis imm\u00e9diatement identifi\u00e9e \u00e0 Claudine, le gar\u00e7on manqu\u00e9 de la bande, courageuse, frondeuse et d\u00e9sob\u00e9issante. Si j’avais eu un chien, je l’aurais appel\u00e9 Dag’ : j’\u00e9tais super fascin\u00e9e.<\/p>\n

C’est en m’amusant \u00e0 d\u00e9chiffrer ses histoires que j’ai appris \u00e0 lire avant m\u00eame d’aller \u00e0 l’\u00e9cole.<\/p>\n

Apr\u00e8s j’ai voulu \u00eatre Marine. Marine, vous ne la connaissez pas, c’\u00e9tait ma voisine et elle a quatre ans de plus que moi. Cette fille est la gr\u00e2ce et le rock’n roll incarn\u00e9. Son grand \u00e2ge lui donnait le privil\u00e8ge de tout vivre avant moi et elle adorait me raconter. Je l’observais et j’appliquais. Voil\u00e0 comment j’ai commenc\u00e9 allum\u00e9 ma premi\u00e8re cigarette.<\/p>\n

Bien s\u00fbr, c’\u00e9tait entre moi et moi-m\u00eame, ce truc d’identification. Je n’en parlais \u00e0 personne, je trouvais \u00e7a hyper honteux et je me disais qu’un jour \u00e7a me passerait.<\/p>\n

Mais \u00e7a n’a cess\u00e9 de continuer. Ma vie est peupl\u00e9e de h\u00e9ros et d’h\u00e9ro\u00efnes, de figures mentales id\u00e9ales et de mod\u00e8les.<\/p>\n

Il y a des mod\u00e8les stables et absolus, du type Fran\u00e7oise Sagan<\/a>, ou plut\u00f4t l’id\u00e9e que je m’en fais, et puis quelques places jamais d\u00e9finitivement attribu\u00e9es : mes ic\u00f4nes de style changent perp\u00e9tuellement par exemple.<\/p>\n

Je vous raconte m\u00eame pas \u00e0 l’adolescence la rave party identificatoire. Vraiment, je me cherchais. Je pouvais passer de Kurt Cobain (Oui, quoi ? Pas oblig\u00e9 que ce soit des filles !!) \u00e0 Helena Christensen (bah, c’\u00e9tait la mode des top-models, que voulez-vous) en passant par Simone de Beauvoir en trente secondes.<\/p>\n

Il y a deux jours, j’ai re\u00e7u un mail d’une lectrice (hello Muriel !) qui me disait avec humour qu’elle avait mat\u00e9 Gossip Girl et que \u00e7a n’allait pas du tout, qu’elle ne s’identifiait \u00e0 personne et que du coup \u00e7a le faisait pas.<\/p>\n

\u00c7a m’a fait sourire autant de franchise, et j’ai eu envie de lui r\u00e9pondre : mais enfin, voyons, et l’incarnation du cool, Serena ?<\/p>\n

Mais \u00e7a m’a surtout permis de me rendre compte qu’on est toutes un peu pareilles, que \u00e7a n’a rien de honteux, de projeter sur quelqu’un toutes les choses que l’on voudrait \u00eatre.<\/p>\n

\u00c7a nous permet de les identifier, de les reconna\u00eetre et de tendre vers elles.<\/p>\n

\u00c7a aide souvent aussi \u00e0 comprendre un peu mieux cette expression abrupte du d\u00e9sir, la jalousie. La sienne et celle des autres.<\/p>\n

\u00c7a permet aussi de sentir \u00e0 quel point on est humain. Parce qu’on foire toujours quand on veut s’approcher d’un id\u00e9al. Mais sur le chemin, on se rencontre soi-m\u00eame.<\/p>\n

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