{"id":225929,"date":"2015-12-07T09:41:59","date_gmt":"2015-12-07T14:41:59","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=225929"},"modified":"2015-12-08T13:59:30","modified_gmt":"2015-12-08T18:59:30","slug":"editors-letter-14","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/photos\/editors-letter-14\/","title":{"rendered":"Editor’s Letter #14"},"content":{"rendered":"

Peut-on \u00eatre partout \u00e0 la fois ?<\/p>\n

Bonjour depuis le Boeing 757 qui va s’envoler dans quelques minutes de Miami<\/a> pour nous emmener \u00e0 Dallas<\/a>. \u00c7a fait presque un mois que je suis en tourn\u00e9e<\/a>, et j’ai l’impression de vivre dans une esp\u00e8ce de doux flottement.<\/p>\n

<\/p>\n

Franchement, c’est absolument merveilleux d’aller \u00e0 la rencontre de mes lecteurs. Le plus possible, m\u00eame quand les queues sont longues, j’essaye de passer un peu de temps avec chacun et je rencontre des gens incroyables, talentueux, intelligents, styl\u00e9s, dr\u00f4les.<\/p>\n

Apr\u00e8s chaque s\u00e9ance de d\u00e9dicace<\/a>, je rentre \u00e0 mon h\u00f4tel avec des \u00e9toiles dans les yeux.<\/p>\n

Ouais, bon, c’est aussi parce que je viens de passer trois heures \u00e0 entendre que j’\u00e9tais absolument g\u00e9niale et sublimement belle en vrai (merci c’est gentil et vous aussi) et que mon ego \u00e9claterait celui de Kanye<\/a> s’ils d\u00e9cidaient de faire un bras de\u00a0fer. <\/small><\/p>\n

Mais aussi vraiment parce que je suis tr\u00e8s impressionn\u00e9e par vous, et que je trouve qu’il \u00e9tait temps que je me d\u00e9place pour vous rencontrer. \u00c7a donne un c\u00f4t\u00e9 r\u00e9el, tangible, et vraiment \u00e9mouvant \u00e0 ce que l’on vit ensemble derri\u00e8re nos \u00e9crans depuis des ann\u00e9es.<\/p>\n

D\u00e9barquer \u00e0 Miami au milieu de tout \u00e7a, \u00e7a a \u00e9t\u00e9 comme une parenth\u00e8se sociale \u00e9tonnante, o\u00f9 soudain je reprenais contact avec mes copains de la mode, avec mes copains de la night, avec mes copains de la jet set mondiale qui s’\u00e9taient donn\u00e9 rendez-vous sous le soleil (oui non, c’est compl\u00e8tement ironique, il a plu des cordes pendant tout le week-end) pour voir un peu d’art et faire \u00e9norm\u00e9ment la f\u00eate, comme tous les ans.<\/p>\n

Le tout s’est superpos\u00e9 \u00e0 l’insondable sentiment de flottement que j’ai \u00e0 chaque fois que je suis sur la route. Mon mec<\/a> me manque, mon appart me manque, mon \u00e9quipe me manque, le chien que j’aimerais avoir me manque (?), mes e-mails s’accumulent, et dans mes moments libres, j’ai envie de ne rien faire du tout.<\/p>\n

Et voil\u00e0 comment j’ai pass\u00e9 trois jours \u00e0 Miami en pleine JOMO.<\/p>\n

Joy of Missing Out, vous connaissez? L’exact contraire de la FOMO<\/a> (Fear Of Missing Out), o\u00f9 l’on regarde la vie des autres sur Instagram et on se demande pourquoi nous aussi, on n’est pas \u00e0 cette f\u00eate d\u00e9mente avec ces gens d\u00e9ments et o\u00f9 l’on a soudain l’impression que notre vie ne m\u00e9rite pas d’\u00eatre v\u00e9cue.<\/p>\n

A Miami, c’\u00e9tait Art Basel, des millions de vernissages et de soir\u00e9es se faisaient concurrence les unes aux autres, et moi je n’avais qu’une envie, bosser, me coucher t\u00f4t et aller courir sur la plage. Pas une seconde je n’ai eu envie de savoir quelle f\u00eate j’\u00e9tais en train de manquer.<\/p>\n

C’est peut \u00eatre enfin l’effet invers\u00e9 d’Instagram<\/a> et de Snapchat<\/a>. A force de voir les \u00e9v\u00e8nements se d\u00e9rouler sur nos feeds, on n’a plus vraiment l’impression d’avoir besoin d’y \u00eatre, ou que l’on pourrait ajouter quoi que ce soit d’int\u00e9ressant \u00e0 l’histoire, ou m\u00eame la couvrir d’une mani\u00e8re percutante. Alors bien s\u00fbr, il y a toujours cette id\u00e9e de se frotter de pr\u00e8s ou de loin \u00e0 une c\u00e9l\u00e9brit\u00e9, de networker ou de parader sa nouvelle frange (ahahah, suivez mon regard) – mais tout \u00e7a aujourd’hui se fait autant online que dans la vraie vie.<\/p>\n

Et pourtant, \u00eatre l\u00e0 o\u00f9 il faut \u00eatre, et \u00eatre constamment entre deux avions, \u00e7a a nourri mon blog pendant des ann\u00e9es. \u00c7a a nourri mes r\u00e9cits, m’a donn\u00e9 plein d’histoires \u00e0 raconter (parfois tragi-comiques d’ailleurs) et plein de gens \u00e0 rencontrer, plein de r\u00eaves \u00e0 vivre et \u00e7a \u00e9t\u00e9 une source d’inspiration infinie.<\/p>\n

Mais un beau jour, j’ai eu envie de freiner. A cette \u00e9poque, j’\u00e9tais encore avec Scott et lui voulait au contraire voyager de plus en plus, et on avait bien senti que ce serait un probl\u00e8me. Lui voulait courir le monde, et moi, j’avais envie de me faire des amis, des vrais, pas des #bff d’entre deux fashion weeks<\/a>, et de me faire une maison, une vraie, pas une esp\u00e8ce d’espace o\u00f9 l’on vient laver du linge avant de repartir de plus belle. J’avais l’impression qu’autant de voyages, autant de pr\u00e9sence tout le temps, c’\u00e9tait une fuite en avant qui me faisait perdre pied avec mon r\u00e9el.<\/p>\n

Quant aux \u00e9v\u00e9nements, d\u00e9fil\u00e9s, f\u00eates, ils sont devenus un peu moins passionnants du moment o\u00f9 j’ai \u00e9t\u00e9 une insider. Quand tout marche comme du papier \u00e0 musique et qu’on n’est plus vraiment dans la d\u00e9couverte, \u00e7a fait vachement moins d’histoires \u00e0 raconter…!<\/p>\n

J’y pense souvent quand je regarde les vies de mes copains insta-stars. Voyager pour cr\u00e9er du contenu, c’est merveilleux. Les images vous enivrent tellement elles sont nombreuses. Vos followers s’extasient sur votre vie de r\u00eave, vos tenues si parfaitement adapt\u00e9es et votre teint toujours frais, malgr\u00e9 les 23 heures de vol que vous venez d’encaisser. Ils savent bien que tout \u00e7a c’est un peu trafiqu\u00e9, mais quand m\u00eame ils adorent, et les like explosent quand on est sur une plage qui ressemble \u00e0 un fond d’\u00e9cran ou dans une villa sublime pour un d\u00e9fil\u00e9 \u00e0 la beaut\u00e9 irr\u00e9elle. \u00c7a fait r\u00eaver tout le monde, moi comprise.<\/p>\n

J’ai beaucoup de copines qui sont pr\u00e9sentes partout, \u00e0 chaque voyage de presse, \u00e0\u00a0chaque f\u00eate, \u00e0\u00a0chaque \u00e9v\u00e9nement, avec une consistance et un sourire m\u00eame pas voil\u00e9 que je ne peux qu’admirer.<\/p>\n

Moi l’ann\u00e9e derni\u00e8re, j’ai \u00e9crit mon livre, et je peux vous dire que je n’ai pas vu grand chose d’autre que mon salon, que je portais \u00e0 peu pr\u00e8s la m\u00eame tenue tous les jours, et qu’une fois que j’ai eu Instagramm\u00e9 trois fois mon caf\u00e9 du coin, ben c’\u00e9tait la mort du m\u00e9dia social, quoi. Ouais, mais c’\u00e9tait passionnant. La routine est un bonheur dont on ne parle pas assez, et les
\nvoyages int\u00e9rieurs des horizons peu partag\u00e9s dans ce monde ou tout est visuel.<\/p>\n

Et puis, non seulement j’abattais la montagne qu’est la cr\u00e9ation d’un livre<\/a>, mais en m\u00eame temps, je tombais amoureuse (et dieu sait que les hommes sont un continent \u00e0 eux tout seuls). L’ann\u00e9e derni\u00e8re, j’ai enfin d\u00e9couvert (donc) mon caf\u00e9 du coin, j’ai enfin pris le temps de cuisiner, et je me suis fait des amies que j’adore. J’ai eu des week-ends entiers \u00e0 ma disposition, j’ai lu, j’ai d\u00e9cor\u00e9 mon appart, j’ai pris le temps de r\u00eaver, j’ai pris beaucoup de recul sur ma vie de blogueuse, j’ai chang\u00e9.<\/p>\n

On a enfin pu faire \u00e9voluer le ton du blog, se lancer de nouveaux d\u00e9fis, se poser de vraies questions sur notre angle et notre vision – est-ce que notre propos est d’\u00eatre de toutes les f\u00eates ou de se concentrer sur les choses qui nous inspirent et nous font vibrer ?
\nVraiment, c’\u00e9tait bien.<\/p>\n

Il y a des gens qui aiment passer leur vie \u00e0 voyager<\/a>. Il y a des gens qui aiment \u00eatre tout le temps l\u00e0 o\u00f9 \u00e7a se passe, dans le mouvement, dans le mix. Il y en a qui, par leur travail, changent de ville et de vie tous les trois ans et qui adorent \u00e7a. Il y en a qui sont tr\u00e8s heureux avec quelques escapades par an. Certains aiment retourner, chaque ann\u00e9e, au m\u00eame endroit.
\nEt il y a ceux qui n’aiment rien de plus que leur maison, mais qui n’osent pas trop le dire, parce que l’id\u00e9al ambiant, c’est quand m\u00eame le passeport bourr\u00e9 de stickers et un profil social entre deux f\u00eates et trois avions.<\/p>\n

Moi, j’aime toujours autant voyager. J’aime toujours autant faire la f\u00eate, rencontrer des gens. Et plus que jamais, je cherche \u00e0 \u00eatre inspir\u00e9e. Mais j’ai aussi, et enfin, \u00e9t\u00e9 gagn\u00e9e par la Joy Of Missing Out.<\/p>\n

J’ai enfin compris qu’on ne peut pas \u00eatre aux quatre coins du monde et \u00eatre compl\u00e8tement pr\u00e9sent. Qu’on ne peut pas \u00eatre l\u00e0 o\u00f9 tout le monde est et rester surprenant. Qu’on ne peut pas \u00e9cumer les f\u00eates o\u00f9 il faut \u00eatre et se coller aux gens qu’il faut conna\u00eetre sans perdre une part de soi. Et que comme dans Mean Girls, que j’ai re-regard\u00e9 hier au lieu d’aller \u00e0 une f\u00eate et qui est vraiment un film g\u00e9nial, on ne peut pas faire semblant d’en \u00eatre… Sans en devenir un tout petit peu.<\/p>\n

Alors vive la Jomo, vive l’\u00e9quilibre, et vive la joie de cultiver des vies et des points de vues bien \u00e0 nous. Et de prendre part, quand \u00e7a fait sens.<\/p>\n

——————————————-<\/p>\n

Merci\u00a0\u00e0 The Standard Hotel, East Village<\/a> et The Bowery Hotel<\/a>.<\/em><\/p>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Peut-on \u00eatre partout \u00e0 la fois ? Bonjour depuis le Boeing 757 qui va s’envoler dans quelques minutes de Miami pour nous emmener \u00e0 Dallas. \u00c7a fait presque un mois que je suis en tourn\u00e9e, et j’ai l’impression de vivre dans une esp\u00e8ce de doux flottement.<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[475,1398,26,206],"tags":[3161,4222,3553,387,3724,2093,4458,3031,3363],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/225929"}],"collection":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=225929"}],"version-history":[{"count":9,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/225929\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":225995,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/225929\/revisions\/225995"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=225929"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=225929"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=225929"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}