Qu’est-ce qui se passe quand une New-Yorkaise g\u00e9n\u00e9ralement plut\u00f4t \u00e9pil\u00e9e, manucur\u00e9e, coiff\u00e9e (oui bon ok, partiellement<\/em> coiff\u00e9e) et qui s’entretient finalement plut\u00f4t pas trop mal (application g\u00e9n\u00e9reuse de s\u00e9rum pr\u00e9-coucher compris, m\u00eame si \u00e7a la soule et qu’elle ne voit pas une grande diff\u00e9rence avec l’\u00e9poque b\u00e9nie o\u00f9 appliquer une seule cr\u00e8me le soir avant d’aller dormir \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 un acte h\u00e9ro\u00efque) se retrouve au bout du monde avec son boyfriend relativement r\u00e9cent<\/font>?
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\nGenre au bout du monde dans un petit village en Corse<\/a> o\u00f9 les routes sont en terre et o\u00f9 la douche la plus proche est au bout du sentier ?<\/p>\n
Et bien dans ses r\u00eaves Instagram<\/a>, elle aurait emport\u00e9 avec elle tous ses produits de beaut\u00e9. Chaque matin, elle aurait pris une petite douche fra\u00eeche pour r\u00e9veiller ses tissus (c’est comme \u00e7a qu’on appelle la peau en langage beaut\u00e9) puis aurait appliqu\u00e9 une cr\u00e8me aux multiples vertus telles que prot\u00e9ger raffermir faire briller et sentir merveilleusement bon. Elle aurait oint ses cheveux soyeux d’une huile d\u00e9licate pour lib\u00e9rer la fameuse \u00ab\u00a0crini\u00e8re de vacances\u00a0\u00bb tant vant\u00e9e dans les magazines et aurait appliqu\u00e9 sur son visage un maquillage<\/a> quasi invisible \u00ab\u00a0tu es si belle naturellement ma ch\u00e9rie\u00a0\u00bb mais n\u00e9anmoins \u00e9clatant \u00ab\u00a0mais quelle peau de p\u00eache c’est incroyable\u00a0\u00bb.<\/p>\n
Et maintenant, mesdames et messieurs, la r\u00e9alit\u00e9. <\/p>\n
Commen\u00e7ons par un plantage de d\u00e9cor. <\/p>\n
Mon village est petit et vraiment sauvage. Pas de routes, que des chemins de terre. Tout le monde se fout des fringues \u00e0 part Marine<\/a> (mais au fond, m\u00eame elle, elle s’en fout un peu), tout le monde fume et boit et jure et on rit beaucoup. J’y ai cette fois-ci s\u00e9journ\u00e9 dans une cabane en bois, sublime selon mes standards (les standards girolatais<\/a>, c’est la Gyp sans la Set en fait. Moi j’adore, mais j’y ai parfois amen\u00e9 des amis qui ont flipp\u00e9 d\u00e8s la premi\u00e8re seconde et ont tourn\u00e9 les talons. Je ne leur en veux pas. Scott n’a pas eu envie de rester tr\u00e8s longtemps, par exemple. En m\u00eame temps, je le comprends, il ne fume ni ne boit ni ne jure, et ayant grandi dans de grandes villes, il ne s’est pas souvent retrouv\u00e9 nez \u00e0 nez avec un crapaud gluant en pleine nuit. Je respecte \u00e0 mort hein! Les go\u00fbts et les couleurs. Et les crapauds.)<\/p>\n
Bah. Vous me connaissez. <\/p>\n
D’abord, \u00e7a m’a pris deux jours pour trouver la douche (point de vue de Chris \u00ab\u00a0Mais c’est pas grave, on s’est lav\u00e9s dans la mer!!!\u00a0\u00bb) qui \u00e9tait situ\u00e9e derri\u00e8re notre cabanon, cach\u00e9e derri\u00e8re un figuier et malheureusement ferm\u00e9e \u00e0 double tour (rajoutez un jour pour trouver la cl\u00e9). J’ai fini par me prendre une douche au jet dans le jardin (\u00e7a semble sexy comme \u00e7a mais l’eau glac\u00e9e en mode Ice Bucket Challenge, c’est marrant deux secondes. M\u00eame pas deux secondes en fait.)
\nMes cheveux<\/a> ont repris leur esprit \u00ab\u00a0Costa Rica<\/a>\u00a0\u00bb boule de boucles sal\u00e9es et inattachables que j’ai cach\u00e9e tant bien que mal avec un chapeau de marin trouv\u00e9 dans un recoin poussi\u00e9reux de notre cabanon. (R\u00e9action de mon fr\u00e8re : \u00ab\u00a0Euh c’est quoi exactement ce chapeau sur ta t\u00eate l\u00e0?\u00a0\u00bb)
\nJ’ai appliqu\u00e9 de la cr\u00e8me exactement deux fois, vu que la plupart du temps, mon s\u00e9rum de choix \u00e9tait une application plus que g\u00e9n\u00e9reuse de lotion anti-moustiques, visage compris, ce qui explique probablement l’acn\u00e9 qui s\u00e9vit sur mes joues depuis quelques jours) et en plus, \u00e0 cause de ces cons de moustiques, je n’ai pas pu bien dormir, ce qui fait que j’avais des yeux de panda (mal dormir une nuit apr\u00e8s 35 ans, \u00e7a \u00e9quivaut \u00e0 une semaine de Burning Man Festival sans sommeil \u00e0 20 ans) (commentaire de mon p\u00e8re : \u00ab\u00a0Ma ch\u00e9rie, tu as l’air crev\u00e9e, va faire une sieste!\u00a0\u00bb).<\/p>\n
Bref, c’\u00e9tait la classe, la grande, et \u00e0 mon retour \u00e0 Ajaccio<\/a>, j’ai bien entendu pu constater que mon bain \u00e9tait marron. Marron clair, hein. <\/p>\n
Disclaimer : Chris<\/a> aime particuli\u00e8rement \u00eatre hirsute et se rouler dans la nature. Il est musicien et porte un costume quasi tous les jours quand il bosse – donc le reste du temps, c’est la coolitude intersid\u00e9rale. Moi j’aime bien, et m\u00eame si parfois je lui dis \u00ab\u00a0mmmm peut \u00eatre qu’aujourd’hui tu pourrais passer ta main dans tes cheveux ?\u00a0\u00bb (commentaire de ma m\u00e8re \u00ab\u00a0Il ne se coiffe pas trop, Chris, hein?\u00a0\u00bb) la plupart du temps je lui fous la paix et je l’aime comme il est, pas m\u00e9trosexuel du tout.<\/p>\n
J’\u00e9tais toujours \u00e9cartel\u00e9e entre mes h\u00e9sitations (devrais-je faire un effort et faire quelque chose contre ce vernis \u00e9caill\u00e9<\/a> ?)(et mettre une touche de maquillage parce l\u00e0, quand m\u00eame, on dirait pourrait me confondre avec Robert De Niro (???)(j’ai de dr\u00f4les de r\u00e9f\u00e9rences pour me d\u00e9crire depuis que j’ai les cheveux courts), ma grande flemme (non mais ce qui est cool, c’est de tout l\u00e2cher un peu quand m\u00eame) (enfin surtout \u00ab\u00a0pffffffiou mega grosse gal\u00e8re, sortir mon make up de mon sac pfffff)(me raser pfffffff), les batailles de femme (non et puis merde, un homme doit m’aimer comme je suis!)(mmmmm petit a m’aim\u00e9-je moi-m\u00eame comme je suis, ou petit b\/ viens-je de me surprendre \u00e0 \u00e9viter de croiser mon reflet dans le miroir?)(r\u00e9ponse : petit b) et aussi un sentiment d\u2019injustice (lui, il ne s’est pas ras\u00e9 depuis une semaine et personne ne le gonfle alors)…!!!<\/p>\n
Car, voyez-vous, nous rentrons aujourd’hui \u00e0 New York<\/a>.
\nD’ici 36 heures, je serai redevenue une New-Yorkaise lisse et imberbe et sans acn\u00e9. Et je suis s\u00fbre que, gr\u00e2ce au merveilleux outil qu’est le cerveau humain, d’ici 78 heures les souvenirs s’adouciront, transformant les dreadlocks en m\u00e8ches soyeuses et les cernes en un sourire \u00e9clatant. <\/p>\n
Parce que le bonheur, \u00e7a commence par arr\u00eater de se prendre le chou.<\/p>\n