C’est probablement la chose la plus frustrante et la plus rewarding \u00e0 faire pour commencer une nouvelle ann\u00e9e : apprendre un truc nouveau. <\/p>\n
Autrement dit : \u00eatre compl\u00e8tement nulle \u00e0 quelque chose.<\/p>\n
Cette ann\u00e9e, j’ai d\u00e9cid\u00e9 d’apprendre le surf<\/a>, un r\u00eave que je fais depuis mes 12 ans, \u00e0 peu pr\u00e8s. On est parties avec Lauren<\/a> (qui surfe), Camille (qui surfe hyper bien) et Chris (qui surfe hyper m\u00e9ga bien). On est au Costa Rica<\/a>, o\u00f9 les vagues sont r\u00e9put\u00e9es \u00eatre douces pour les d\u00e9butants comme moi, et l\u00e0, telle que je vous parle, j’ai mal partout ET je me sens compl\u00e8tement \u00e0 la ramasse, et \u00e7a fait trois jours que c’est comme \u00e7a.<\/p>\n Quand soudain, mon corps s’est retourn\u00e9 contre moi. \u00c7a a commenc\u00e9 par une soif affreuse, suivie par une douleur abdominale \u00e0 r\u00e9veiller un mort. J’ai pri\u00e9 ma prof de m’excuser et je suis all\u00e9e me coucher direct, non sans quand m\u00eame, au passage, signaler \u00e0 mes amis (tous vachement meilleurs que moi si vous avez suivi) que j’assurais comme une b\u00eate. <\/p>\n J’ai un c\u00f4t\u00e9 connasse pr\u00e9tentieuse comme \u00e7a. Bref. Jour 2 n’a fait que confirmer mes doutes : j’ai surf\u00e9 comme une malade mentale dans les petites vagues, sans jamais en manquer une. Mes amis \u00e9taient tous derri\u00e8re moi, savourant le fait qu’ils allaient enfin pouvoir profiter de mon irr\u00e9sistible compagnie dans les vraies vagues dans les jours qui suivaient. En plus, ce jour-l\u00e0, mes muscles n’ont pas bronch\u00e9, j’\u00e9tais la ma\u00eetresse de l’univers.<\/p>\n Jour 3 j’ai carr\u00e9ment commenc\u00e9 \u00e0 dire \u00e0 ma prof qu’\u00e0 mon niveau, on s’ennuyait s\u00e9v\u00e8re dans les petites vagues et qu’il \u00e9tait temps de se bouger. Patiente (et commen\u00e7ant \u00e0 conna\u00eetre mon go\u00fbt pour l’emballement), elle m’a dit \u00ab\u00a0Encore un jour dans les petites vagues. Demain, on passe aux choses s\u00e9rieuses.\u00a0\u00bb<\/p>\n \u00ab\u00a0Il \u00e9tait temps !\u00a0\u00bb J’ai cri\u00e9 avant de me prendre un gros roulis dans la tronche.<\/p>\n Sept heures du mat le lendemain, j’\u00e9tais pr\u00eate sur la plage avec ma combi Lisa Marie Fernandez<\/a> bleu roi (un blog de surf qui n’oublie pas ses racines mode, vous en pensez quoi?) \u00e0 faire mes \u00e9tirements. On s’est \u00e9lanc\u00e9es dans les eaux chaudes, \u00e0 la lumi\u00e8re du soleil levant. Un vol de p\u00e9licans s’est \u00e9tir\u00e9 dans les airs, formant un \u00ab\u00a0Go G!\u00a0\u00bb prometteur.<\/p>\n C’est ici que finit le r\u00e9cit de mes exploits et que commence mon post de bonne ann\u00e9e, les enfants.<\/p>\n P$ta&@ de M#*rde.<\/p>\n Comment surfer dans les grandes vagues par Garance Dor\u00e9 :<\/p>\n Donc d\u00e9j\u00e0, faut d\u00e9passer toutes les petites vagues pour arriver aux vraies vagues et les petites vagues sont des connasses qui ne te l\u00e2chent pas et te mettent des claques et emportent ta planche et te ram\u00e8nent vers la plage au moment o\u00f9 tu pensais \u00eatre arriv\u00e9e \u00e0 bon port. Elles te giflent et te d\u00e9coiffent et font couler ton SPF 200 dans les yeux, causant une conjonctivite instantan\u00e9e qui fait que tu peux plus diff\u00e9rencier le ciel de la terre et tes amis d’inconnus aux formes vaguement humaines. Elles prennent aussi soin de t’arracher ton bas de maillot<\/a>, qui apr\u00e8s une dizaine de fois devient tout distendu et moche (\u00e0 part le Lisa Marie Fernandez, vu qu’il est en N\u00e9opr\u00e8ne, bien s\u00fbr, Uuhuhhuh) et une fois que tu les as combattues avec toute la force de ta jeunesse (uhuhuh), l\u00e0, il faut monter sur ta planche (gal\u00e8re), ramer comme une d\u00e9rat\u00e9e (tellement gal\u00e8re) et traverser avec ta planche des vagues \u00e9normes (tellement, tellement, tellement gal\u00e8re).<\/p>\n Tu arrives au Line up (l’endroit o\u00f9 les surfeurs, les vrais, attendent la vague)<\/p>\n (The place to be)(L’ENDROIT LE PLUS COOL DU MONDE EN FAIT.)<\/p>\n Ramer, comme une d\u00e9rat\u00e9e. Finir \u00e9puis\u00e9e. Total. Morte. Un petit bout de rien du tout dans l’oc\u00e9an. Un p\u00e9lican passe et te fait caca dessus. Et c’est l\u00e0 qu’est cens\u00e9 commencer le vrai challenge. Prendre une vague et se tenir debout sur ta planche.<\/p>\n Et l\u00e0, c’est le bruit. Celui du crash de la vague qui s’\u00e9crase contre toi. Elle t’\u00e9crase et l\u00e0, alors m\u00eame que tu essayes de ressortir de l’eau sans te noyer, une autre vague t’attrape par le col et te jette au fond de l’eau en te donnant des millions de mini-claques, emportant ta planche, ton maillot et toute trace de fiert\u00e9 si toutefois il t’en restait. Et ensuite il faut remonter le plus vite possible sur ta planche et ramer ramer ramer pour s’\u00e9chapper des vagues, et puis ben ensuite, rebelote. <\/p>\n Jusqu’\u00e0 ce que corps et esprit soient compl\u00e8tement lessiv\u00e9s, sur le bord de la plage, \u00e0 se demander pourquoi. (Un pourquoi g\u00e9n\u00e9ral sur le sens de la vie et les r\u00eaves \u00e0 la con).<\/p>\n Et le lendemain, c’est reparti – jusqu’\u00e0 ce qu’on finisse par trouver des muscles en soi qu’on ne connaissait pas. Qu’on trouve son \u00e9quilibre, assis sur une planche au milieu de l’oc\u00e9an. Qu’on rie (m\u00eame pas jaune) quand on se ramasse pour la 1547\u00e8 fois. Qu’on soit tellement \u00e9puis\u00e9e qu’on soit oblig\u00e9e de prendre un jour pour se reposer.<\/p>\n (C’est pr\u00e9cis\u00e9ment en ce jour que je suis enfin capable de vous faire le r\u00e9cit de mes exploits, \u00f4 lecteurs ador\u00e9s)<\/p>\n C’est comme \u00e7a que j’ai commenc\u00e9 mon ann\u00e9e, lessiv\u00e9e, au bord d’une plage du Costa Rica, \u00e0 faire des signes \u00e0 mes amis qui tra\u00e7aient de sublimes courbes sur les vagues.<\/p>\n Le soleil se couchait, et je me disais qu’un beau jour, je serai avec eux, une fois que j’aurais appris, d\u00e9pass\u00e9 mes peurs et puis\u00e9 en moi pour trouver des forces nouvelles. Continuer \u00e0 apprendre, \u00e0 suivre mes r\u00eaves de gamine (m\u00eame s’ils sont aussi minuscules que d’apprendre \u00e0 surfer) et \u00e0 me ramasser violemment jusqu’\u00e0 ce que \u00e7a rentre et que \u00e7a fasse partie de moi. Ouais enfin, ou pas, quoi. Il y a des gens qui ne deviennent jamais des surfers, et des r\u00eaves qu’il vaut mieux abandonner. Nous le verrons \u00e0 la fin de cette semaine.<\/p>\n
\nAu d\u00e9but, \u00e7a a \u00e9t\u00e9 incroyable – je me suis lanc\u00e9e dans l’eau avec ma combi<\/a> et ma board, telle Elle Mc Pherson dans les Elle<\/em> des ann\u00e9es 90. Trente minutes plus tard, je me tenais debout sur ma board, une heure plus tard, je faisais des virages tranquille, et l\u00e0, j’\u00e9tais d\u00e9j\u00e0 en train de m’imaginer ma nouvelle carri\u00e8re en tant que porte-parole Roxy, parcourant le monde \u00e0 la recherche des meilleurs spots de surf<\/a> et annon\u00e7ant que blogueur de mode, c’\u00e9tait tellement 2010\/ et que le nouveau truc, c’\u00e9tait les blogs de surf…<\/p>\n
\n(Qui, bien utilis\u00e9, n’est pas un mauvais outil finalement – quand on exag\u00e8re ses performances, on est oblig\u00e9 de se mettre \u00e0 niveau. L\u00e0 par exemple, j’ai jur\u00e9 que j’\u00e9tais la meilleure joueuse de Baby foot du monde A UNE BANDE D’ITALIENS ET D’ALLEMANDS ENRAG\u00c9S, et va falloir que je m’entra\u00eene avant notre tournoi si je veux sauver l’honneur de la France).<\/p>\n
\nA part mon demi \u00e9vanouissement, d\u00fb au fait que j’aime maintenir mes muscles dans un \u00e9tat de semi-somnolence pendant l’ann\u00e9e, prenant bien garde d’\u00e9viter tout sport en salle ou activit\u00e9 musclante \u00e0 part le pianotage de IPad, je pensais vraiment que j’\u00e9tais en route pour la world cup<\/a> de surf. Ou du moins, une petite parution dans The Surfers Journal, quoi. Tranquille.<\/p>\n