{"id":212448,"date":"2014-12-09T09:00:26","date_gmt":"2014-12-09T14:00:26","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=212448"},"modified":"2014-12-09T09:03:18","modified_gmt":"2014-12-09T14:03:18","slug":"the-new-rich","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/illustrations\/the-new-rich\/","title":{"rendered":"The New Rich"},"content":{"rendered":"
J’ai grandi \u00e0 Ajaccio<\/a>, petite ville du bord de mer en Corse. Elle est travers\u00e9e par un cours, le Cours Napol\u00e9on, qui \u00e9tait l’endroit o\u00f9, le samedi, on sortait pour voir et se faire voir.<\/p>\n On se baladait tr\u00e8s lentement, on prenait un caf\u00e9, saluait les connaissances. On sortait aussi sa nouvelle voiture, son nouveau mec, son nouveau sac, son nouveau chien, histoire d’\u00eatre bien s\u00fbre que tout le monde l’avait vu.<\/p>\n C’\u00e9tait comme un Instagram<\/a> grandeur nature, quoi.<\/p>\n Les \u00ab\u00a0like\u00a0\u00bb se lisaient en direct, sur la t\u00eate des gens. Ont-ils tourn\u00e9 la t\u00eate et souffl\u00e9 quelque chose \u00e0 l’oreille de leur voisin ? Mission accomplie.<\/p>\n La seule diff\u00e9rence avec Instagram, en fait, c’est que c’\u00e9tait vachement compliqu\u00e9 de rendre les gens jaloux avec autre chose que des biens mat\u00e9riels.<\/p>\n Heureusement, dans les ann\u00e9es 80, le bronzage<\/a> est arriv\u00e9, et, pour peu qu\u2019on ait bien soin de rentrer orange Valentino l\u2019hiver (\u00ab\u00a0Wow tellement bien Val D’Is\u00e8re et toi, tu as fais quoi?\u00a0\u00bb) comme \u00e9t\u00e9 (\u201cWow, tellement le top bien Mykonos<\/a>!\u00a0\u00bb) on pouvait \u00eatre s\u00fbr d’attiser quelques conversations.<\/p>\n Mais bon, en g\u00e9n\u00e9ral, pour parader, l’id\u00e9al c’\u00e9tait quand m\u00eame un bien mat\u00e9riel bien visible.<\/p>\n Du coup, \u00e0 Ajaccio, on a une expression : \u00ab\u00a0Il conduit une Porsche mais mange des patates \u00e0 la maison.\u00a0\u00bb \u00ab\u00a0Tout dehors, rien dedans\u201d. Tout \u00e7a, c\u2019est bien superficiel, quoi. Et la vie int\u00e9rieure alors ?<\/p>\n Et en m\u00eame temps, j’ai une grande tendresse pour tout \u00e7a. C’est pour \u00e7a qu’apr\u00e8s un moment trouble \u00e0 me d\u00e9battre avec le concept d’Instagram, j’ai fini par m’en amuser et prendre le m\u00e9dium comme un jeu. Et puis, en y regardant de plus pr\u00e8s, je me suis rendu compte que c’\u00e9tait en train de changer compl\u00e8tement notre mani\u00e8re de mesurer notre richesse.<\/p>\n Toujours aussi superficiel, mais bien plus int\u00e9ressant.<\/p>\n Parce que la dimension fantastique des m\u00e9dias sociaux, c’est qu’on peut y partager nos exp\u00e9riences. Vachement moins mat\u00e9rialiste que le Cours Napol\u00e9on de mon adolescence, on peut y exprimer son talent en cuisine, y raconter ses voyages, son appartement, sa derni\u00e8re exp\u00e9rience de kite surf.<\/p>\n \u00c7a tourne toujours autour du regard de l\u2019autre, mais \u00e7a change tout.<\/p>\n D\u2019ailleurs, apparemment, \u00e7a commence d\u00e9j\u00e0 \u00e0 se voir dans notre mani\u00e8re de consommer<\/a>. On n\u2019ach\u00e8te plus les choses pour ce qu\u2019elles sont, mais pour ce qu\u2019on peut faire avec.<\/p>\n Tiens, par exemple, la technologie elle-m\u00eame a lanc\u00e9 le truc. Vous vous souvenez des ann\u00e9es Gossip Girl <\/a>o\u00f9 on \u00e9tait tous en train de comparer nos t\u00e9l\u00e9phones portables pour voir qui avait le plus cool ? O\u00f9 les choses \u00e9taient cens\u00e9es exprimer notre personnalit\u00e9 ? (Moi j\u2019avais un Nokia Sport, vu comment je suis une fille tout terrain – et ma meilleure copine avait un t\u00e9l\u00e9phone tout rose, c\u2019\u00e9tait une meuf girlie).<\/p>\n Si on vous avait dit \u00e0 l\u2019\u00e9poque qu’un jour, on serait tous ravis d’avoir exactement le m\u00eame t\u00e9l\u00e9phone, vous ne l’auriez certainement pas cru.
\nD’abord parce que c’\u00e9tait fun de s’habiller pour aller en ville avec nos copines et d’avoir la chance de peut-\u00eatre apercevoir les gar\u00e7ons qui faisaient battre nos c\u0153urs.
\nEt en plus, j’ai toujours trouv\u00e9 \u00e7a hyper chic cette culture des pays du Sud, celle de sortir et de socialiser et de se montrer sous son meilleur jour.
\nJe pourrais passer des heures \u00e0 regarder les gens passer en Italie<\/a>\u2026 Les prendre en photo\u2026<\/p>\n
\nMais aujourd’hui, on exprime notre personnalit\u00e9 avec ce qu’il y a \u00e0 l’int\u00e9rieur du t\u00e9l\u00e9phone. Les photos, les conversations, les \u00e9changes.<\/p>\n