{"id":206800,"date":"2014-08-07T09:11:44","date_gmt":"2014-08-07T13:11:44","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=206800"},"modified":"2017-10-11T12:11:54","modified_gmt":"2017-10-11T16:11:54","slug":"career-alison-loehnis","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/photos\/career-alison-loehnis\/","title":{"rendered":"Career \/ Alison Loehnis"},"content":{"rendered":"

Aujourd\u2019hui, une interview carri\u00e8re avec Alison Loehnis , qui est la pr\u00e9sidente de Net-\u00e0-Porter<\/a>. <\/p>\n

Comment arrive-t-on \u00e0 une telle position de pouvoir ? Quels sont les sacrifices que l\u2019on doit faire ? Qu\u2019est-ce \u00e7a veut dire, exactement, de diriger une bo\u00eete de 250 employ\u00e9s ?
\nAlison a r\u00e9pondu \u00e0 nos questions\u2026<\/p>\n

<\/p>\n

O\u00f9 avez-vous pass\u00e9 votre enfance ?<\/strong>
\nJ\u2019ai grandi \u00e0 New York, \u00e0 Manhattan, dans le West Side. Et j\u2019ai fait mes \u00e9tudes \u00e0 la fac de Brown, \u00e0 Rhode Island.<\/p>\n

Qu\u2019avez-vous \u00e9tudi\u00e9 ?<\/strong>
\nJ’ai fait histoire de l\u2019art, parce que j\u2019\u00e9tais compl\u00e8tement mordue, d\u2019ailleurs je pensais que je finirais vraiment par bosser dans ce domaine. L\u2019ann\u00e9e o\u00f9 j\u2019ai eu mon dipl\u00f4me, le march\u00e9 \u00e9tait au point mort, donc je me suis dit que l\u2019art resterait un passe-temps et que professionnellement, je m\u2019orienterais vers autre chose. Je suis rentr\u00e9e \u00e0 NY et j\u2019y suis rest\u00e9e jusqu\u2019\u00e0 il y a 13 ans.<\/p>\n

Que faisaient vos parents ?<\/strong>
\nMa m\u00e8re a longtemps travaill\u00e9 dans la publicit\u00e9. Elle a beaucoup influenc\u00e9 mes premiers choix professionnels.<\/p>\n

Elle s\u2019occupait de la gestion de comptes clients. Et le dernier poste qu\u2019elle a occup\u00e9, pendant tr\u00e8s longtemps, c\u2019\u00e9tait la direction de la promotion des cosm\u00e9tiques luxe de Procter and Gamble chez Grey.<\/p>\n

Mon p\u00e8re a toujours travaill\u00e9 dans l\u2019industrie de la parfumerie. Quand j\u2019\u00e9tais petite, il \u00e9tait responsable des parfums Yves Saint Laurent aux Etats-Unis. J\u2019ai des photos de lui sur la plage, dans les seventies, sur un shooting pour le parfum Rive Gauche, c\u2019est quand m\u00eame assez g\u00e9nial.<\/p>\n

Il a aussi dirig\u00e9 la division parfum Mary McFadden, travaill\u00e9 pour des cosm\u00e9tiques, il est pass\u00e9 chez Escada, avant de se mettre \u00e0 son compte : il aidait les bo\u00eetes \u00e0 diversifier leur activit\u00e9, \u00e0 cr\u00e9er des licences, etc. Il a toujours eu l\u2019esprit d\u2019entreprise et travaill\u00e9 dans l\u2019univers de la beaut\u00e9.<\/p>\n

Vous avez des fr\u00e8res et s\u0153urs ?<\/strong>
\nOui, une s\u0153ur plus jeune, qui est enseignante \u00e0 San Francisco.<\/p>\n

Vous la voyez souvent ?<\/strong>
\nCe n\u2019est pas \u00e9vident, surtout avec les huit heures de d\u00e9calage horaire, et comme elle est prof, je ne peux pas trop l\u2019appeler pendant la journ\u00e9e. Du coup, on se fixe des rendez-vous t\u00e9l\u00e9phoniques, mais on est tr\u00e8s proches et on essaie de se retrouver l\u2019\u00e9t\u00e9, avec nos enfants.<\/p>\n

Le m\u00e9tier que vous r\u00eaviez de faire quand vous \u00e9tiez petite ?<\/strong>
\nC\u2019est dr\u00f4le, parce que quand j\u2019\u00e9tais vraiment toute jeune, j\u2019adorais aller dans la chambre de ma grand-m\u00e8re, et jouer avec ses bijoux fantaisie\u2026 Elle en avait des tonnes, c\u2019\u00e9tait le r\u00eave.<\/p>\n

J\u2019avais aussi un petit sac \u00e0 main que j\u2019adorais, il \u00e9tait rouge et jaune avec une petite perle jaune dessus. Je le mettais avec des tonnes de colliers. C\u2019\u00e9tait le paradis.<\/p>\n

J\u2019avais huit ans \u00e0 l\u2019\u00e9poque o\u00f9 mon p\u00e8re travaillait pour les parfums Mary McFadden, qui \u00e9tait une cr\u00e9atrice de mode, et je trouvais que c\u2019\u00e9tait le job le plus glamour qui soit. J\u2019avais des photos d\u2019elle sur mon petit bureau et je lui faisais des dessins. Quand mon p\u00e8re avait rendez-vous avec elle, je lui demandais de lui en faire passer quelques-uns. Je lui ai m\u00eame fait une fausse couverture de Vogue, que j\u2019avais appel\u00e9e Vuge.<\/p>\n

J\u2019ai travaill\u00e9 avec des gens vraiment brillants, mais j\u2019avais aussi envie de travailler avec les cr\u00e9atifs, et ils n\u2019\u00e9taient pas au m\u00eame \u00e9tage. Je voulais faire partie de leur monde.<\/p><\/blockquote>\n

Votre premier poste ?<\/strong>
\nLe th\u00e8me qu\u2019on retrouve dans tout mon parcours, c\u2019\u00e9tait ma qu\u00eate d\u2019un \u00e9quilibre entre le c\u00f4t\u00e9 business et le c\u00f4t\u00e9 cr\u00e9atif. Pendant mes \u00e9tudes d\u2019histoire de l\u2019art, l\u2019\u00e9t\u00e9, alors que j\u2019avais plein d\u2019amis qui travaillaient dans des banques d\u2019investissement, j\u2019en profitais pour explorer et d\u00e9couvrir ce que je voulais faire, c\u2019\u00e9tait le moment d\u2019essayer des trucs.<\/p>\n

Donc tous les \u00e9t\u00e9s, je travaillais dans la boutique Ralph Lauren d\u2019East Hampton et j\u2019adorais \u00e7a. C\u2019\u00e9tait un magasin qui avait sa petite r\u00e9putation parce que c\u2019\u00e9tait un peu la \u00ab vitrine \u00bb Ralph Lauren aux Etats-Unis. Je bossais \u00e0 la commission. J\u2019adorais la vente. C\u2019est dr\u00f4le parce qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9poque, je ne pensais absolument pas qu\u2019un jour, je travaillerais dans le retail. Je trouvais juste que c\u2019\u00e9tait un \u00e0-c\u00f4t\u00e9 agr\u00e9able.<\/p>\n

Vous \u00eates tomb\u00e9e dans la mode directement apr\u00e8s vos \u00e9tudes ?<\/strong>
\nApr\u00e8s mes \u00e9tudes, j\u2019ai un peu regard\u00e9 dans toutes les directions. J\u2019ai pens\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9dition de magazines, j\u2019ai pass\u00e9 un long entretien chez Cond\u00e9 Nast avec plein d\u2019autres gens. J\u2019ai envisag\u00e9 le programme de formation Bloomingdales et la pub. J\u2019avais toujours plus ou moins baign\u00e9 dedans, donc \u00e7a me semblait \u00eatre une bonne id\u00e9e. C\u2019est quelque chose d\u2019assez complet, comme d\u00e9marche : il faut r\u00e9ussir \u00e0 transformer une id\u00e9e strat\u00e9gique en concept cr\u00e9atif pour vendre des produits<\/p>\n

Du coup, j\u2019ai \u00e9t\u00e9 embauch\u00e9e chez Saatchi & Saatchi, \u00e0 New York, comme charg\u00e9e de compte adjointe, en 1992, c\u2019\u00e9tait g\u00e9nial. J\u2019ai travaill\u00e9 sur les c\u00e9r\u00e9ales General Mills. General Mills, \u00e0 l\u2019\u00e9poque, c\u2019\u00e9tait l\u2019un des plus gros comptes de la bo\u00eete, donc c\u2019\u00e9tait vraiment un job en or. J\u2019avais un bureau, une secr\u00e9taire, c\u2019\u00e9tait dingue. Et j\u2019ai beaucoup appris.<\/p>\n

Vous vous sentiez pr\u00eate \u00e0 affronter cet univers apr\u00e8s des \u00e9tudes d\u2019art ?<\/strong>
\nJ\u2019ai ador\u00e9 mes ann\u00e9es \u00e0 Brown, mais je n\u2019y ai pas suivi de formation sp\u00e9cifique au monde professionnel. Donc c\u2019est vraiment chez Saatchi & Saatchi que j\u2019ai appris \u00e0 animer une r\u00e9union, \u00e0 g\u00e9rer les clients, \u00e0 faire des rapports de conference call, etc.<\/p>\n

J\u2019y ai pass\u00e9 un an : j\u2019ai ador\u00e9 cette exp\u00e9rience et j\u2019ai travaill\u00e9 avec des gens vraiment brillants, mais j\u2019avais aussi envie de travailler avec les cr\u00e9atifs, et ils n\u2019\u00e9taient pas au m\u00eame \u00e9tage. Je voulais faire partie de leur monde<\/p>\n

Du coup, je me suis repench\u00e9e sur toutes les options que j\u2019avais envisag\u00e9es avant, et je suis all\u00e9e travailler pour le groupe Hachette Filipacchi [maison d\u2019\u00e9dition de magazines], dans le domaine de la communication d\u2019entreprise, exp\u00e9rience que j\u2019ai ador\u00e9e.<\/p>\n

A l\u2019\u00e9poque, le groupe comptait environ 33 titres, il lan\u00e7ait aussi son unit\u00e9 d\u2019\u00e9dition ind\u00e9pendante, ce qui \u00e9tait un concept vraiment innovant \u00e0 l\u2019\u00e9poque. Ils avaient aussi d\u00e9velopp\u00e9 une esp\u00e8ce de strat\u00e9gie m\u00e9dias sociaux type AOL avant l\u2019heure. C\u2019\u00e9tait fabuleux. J\u2019\u00e9tais aussi charg\u00e9e d\u2019attirer l\u2019attention de la presse sur les diff\u00e9rents titres. Donc je travaillais avec les r\u00e9dacteurs en chef, j\u2019essayais d\u2019obtenir l\u2019attention des maisons d\u2019\u00e9dition et des journaux, etc.<\/p>\n

Mais vous avez finalement atterri dans l\u2019industrie du cin\u00e9ma pendant un moment. Comment est-ce que \u00e7a s\u2019est fait ?<\/strong>
\nEn plus de mon boulot, j\u2019\u00e9tais vraiment passionn\u00e9 par ce qui touchait au cin\u00e9ma. J\u2019avais quelques amis qui travaillent pour des agents \u00e0 L.A. Je fantasmais un peu sur leur r\u00f4le, leur travail avait l\u2019air passionnant.<\/p>\n

Du coup, en plus de mon boulot, j\u2019ai travaill\u00e9, gratuitement, pour diff\u00e9rentes soci\u00e9t\u00e9 de production. En gros, j\u2019\u00e9crivais des synopsis \u00e0 partir de sc\u00e9narios, qui sont destin\u00e9s aux ex\u00e9cutifs charg\u00e9s du d\u00e9veloppement de nouveaux projets. [c\u2019est le premier r\u00e9sum\u00e9 qu\u2019ils lisent pour avoir une id\u00e9e du film]. Je me sentais flatt\u00e9e qu\u2019ils me laissent faire \u00e7a\u2026 Ce n\u2019est que plus tard que j\u2019ai compris que c\u2019\u00e9tait le genre de boulot pour lequel on peut \u00eatre pay\u00e9. Mais \u00e0 l\u2019\u00e9poque, j\u2019\u00e9tais juste passionn\u00e9e.<\/p>\n

Parmi les titres du groupe Hachette, il y avait le magazine Premi\u00e8re, et sa r\u00e9dactrice en chef a \u00e9t\u00e9 d\u00e9bauch\u00e9e par Disney pour ouvrir un bureau de production de long-m\u00e9trages \u00e0 New York. On avait d\u00e9j\u00e0 travaill\u00e9 ensemble et du coup, elle m\u2019a demand\u00e9 si je voulais la suivre en tant qu\u2019assistante. J\u2019ai dit oui. C\u2019\u00e9tait g\u00e9nial, d\u2019autant que je pense qu\u2019elle ignorait vraiment que je m\u2019int\u00e9ressais au cin\u00e9ma \u00e0 mes heures perdues.<\/p>\n

Donc je suis partie chez Disney, j\u2019ai d\u00e9but\u00e9 comme assistante et en l\u2019espace d\u2019une ann\u00e9e, je suis pass\u00e9e directrice de la cr\u00e9ation. En gros, notre objectif \u00e9tait de passer au peigne fin la communaut\u00e9 artistique de la c\u00f4te Est autour de New York pour trouver des projets et les transformer en longs m\u00e9trages. On rencontrait des journalistes, des dramaturges, des auteurs, et on a contribu\u00e9 \u00e0 l\u2019aboutissement de quelques films [comme R\u00e9v\u00e9lations ou Coyote Girls], c\u2019\u00e9tait g\u00e9nial.<\/p>\n

C\u2019\u00e9tait vraiment un job tr\u00e8s ludique, encore une fois il fallait que je trouve un concept et que je r\u00e9ussisse \u00e0 le \u00ab vendre \u00bb au studio. Ma boss avait un contact direct chez Disney, ce qui nous permettait de faire passer les choses tr\u00e8s rapidement.<\/p>\n

Et ensuite ?<\/strong>
\nAu bout de trois ans et demi, j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 m\u2019interroger sur la suite. Le plus logique, \u00e7a aurait \u00e9tait de d\u00e9m\u00e9nager \u00e0 Los Angeles. J\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 tout \u00e7a\u2026 c\u2019\u00e9tait le moment o\u00f9 la bulle Internet grossissait.<\/p>\n

J\u2019ai re\u00e7u un coup de fil d\u2019un type qui avait lanc\u00e9 une agence digitale et proposait \u00e0 des entreprises dans le domaine de l\u2019Entertainment, du Lifestyle et de la mode d\u2019\u00e9laborer une strat\u00e9gie Internet et num\u00e9rique. Il recherchait quelqu’un avec une exp\u00e9rience pr\u00e9alable des studios. Du coup, je me suis lanc\u00e9 dans l\u2019Internet.<\/p>\n

C\u2019\u00e9tait l\u2019\u00e9poque o\u00f9 la bulle Internet \u00e9tait au top. La bo\u00eete s\u2019appelait KPE (elle n\u2019existe plus). J\u2019\u00e9tais en charge du business d\u00e9veloppement et de la gestion des comptes. Je travaillais avec les clients pour d\u00e9velopper leur strat\u00e9gie Internet. Hearst International \u00e9tait l\u2019un de nos clients, \u00e0 travers son pendant britannique qui s\u2019appelait National Magazines. On a fait un \u00e9norme boulot pour Unilever et iVillage, et on a aussi fait une reco pour Ralph Lauren.<\/p>\n

C\u2019\u00e9tait vraiment passionnant, et il se trouve que j\u2019ai d\u00e9march\u00e9 de plus en plus de clients britanniques. A nouveau, il s\u2019agissait de recherche de strat\u00e9gies, de concepts cr\u00e9atifs \u00e0 mettre en \u0153uvre.<\/p>\n

Comment d\u00e9cririez-vous concr\u00e8tement un poste dans le domaine du business development ? <\/strong>
\nEn gros, c\u2019est trouver de nouveaux clients. Je travaillais avec une base de clients d\u00e9j\u00e0 existante et je d\u00e9marchais aussi de nouveaux clients. C\u2019est vraiment tout ce qui a trait au d\u00e9veloppement d\u2019une entreprise.<\/p>\n

Comment en \u00eates-vous venue \u00e0 quitter New York pour Londres ?<\/strong>
\nPendant mes \u00e9tudes, j\u2019avais pass\u00e9 six mois \u00e0 Florence et j’avais ador\u00e9 vivre \u00e0 l\u2019\u00e9tranger. Je m\u2019\u00e9tais toujours dit qu\u2019un jour, j\u2019aimerais bien vivre dans un autre pays.<\/p>\n

A l\u2019\u00e9poque, KPE avait une minuscule antenne \u00e0 Londres et au bout de trois ans, j\u2019ai demand\u00e9 \u00e0 partir travailler pour le bureau de Londres. Mon boss de l\u2019\u00e9poque, qui \u00e9tait g\u00e9nial, m\u2019a dit : \u00ab D\u2019accord, tu peux y aller pendant six mois, mais apr\u00e8s, tu reviens. \u00bb<\/p>\n

Moi j\u2019\u00e9tais vraiment une New-Yorkaise pure et dure et aucun de mes amis ne pensait que je partirais vraiment jusqu\u2019\u00e0 ce que j\u2019organise mon pot de d\u00e9part. Donc, il y a treize ans, j\u2019ai mis toutes mes affaires au garde-meubles, j\u2019ai pris l\u2019avion et j\u2019ai d\u00e9m\u00e9nag\u00e9.<\/p>\n

J\u2019ai continu\u00e9 \u00e0 bosser avec des groupes de presse, j\u2019ai d\u00e9march\u00e9 quelques entreprises de la mode, et au bout de deux mois, on m\u2019a appel\u00e9e en me disant : \u00ab En fait, on va fermer le bureau de Londres. Tu veux rentrer ? \u00bb J\u2019ai r\u00e9pondu : \u00ab Non, merci. Je pr\u00e9f\u00e8re rester. \u00bb<\/p>\n

Le type qui dirigeait l\u2019antenne de Londres l\u2019a rachet\u00e9e et m\u2019a propos\u00e9 de rester.<\/p>\n

Je suis donc rest\u00e9e quelques mois avant de r\u00e9aliser que ce qui me plairait vraiment, ce serait de travailler c\u00f4t\u00e9 marques. Travailler avec des clients, c\u2019\u00e9tait g\u00e9nial, \u00e7a m\u2019avait permis de me diversifier, mais j\u2019avais vraiment envie de travailler pour une marque.<\/p>\n

Je me suis donc retrouv\u00e9e \u00e0 travailler pour LVMH, chez Thomas Pink [marque de chemises pour hommes], comme directrice ventes et marketing \u00e0 l\u2019international. \u00c7a a \u00e9t\u00e9 une exp\u00e9rience tr\u00e8s enrichissante, surtout au niveau international : on a ouvert des boutiques en Chine, en Turquie, en Tha\u00eflande, aux Etats-Unis, on a travaill\u00e9 sur le branding, sur l\u2019ouverture \u00e0 Internet. Et c\u2019\u00e9tait vraiment top de travailler pour ce groupe.<\/p>\n

J\u2019\u00e9tais moi-m\u00eame cliente, et j\u2019adorais tous mes domaines d\u2019expertise : la vente, la relation avec le client, le d\u00e9veloppement d\u2019une marque et la r\u00e9flexion autour du comportement des consommateurs. Je r\u00eavais un jour de pouvoir utiliser ces comp\u00e9tences de mani\u00e8re transversale, au service d\u2019un produit.<\/p><\/blockquote>\n

Comment est arriv\u00e9e la proposition de job chez Net-A-Porter ?<\/strong>
\nJe suis rest\u00e9e un peu plus de cinq ans chez Thomas Pink. Ensuite, alors que j\u2019\u00e9tais en cong\u00e9 maternit\u00e9, pr\u00eate \u00e0 reprendre le boulot, une chasseuse de t\u00eates que je connaissais m\u2019a appel\u00e9e : \u00ab Alison, o\u00f9 est-ce que tu en es ? \u00bb. J\u2019ai r\u00e9pondu : \u00ab Je viens d\u2019avoir un b\u00e9b\u00e9. \u00bb Elle m\u2019a propos\u00e9 qu\u2019on prenne un caf\u00e9 ensemble et m\u2019a sond\u00e9e pour savoir si \u00e9ventuellement je serais int\u00e9ress\u00e9e par un job chez Net-A-Porter. J\u2019\u00e9tais compl\u00e8tement hyst\u00e9rique et j\u2019ai r\u00e9pondu par un grand \u00ab Oui ! \u00bb.<\/p>\n

J\u2019\u00e9tais moi-m\u00eame cliente, et j\u2019adorais tous mes domaines d\u2019expertise : la vente, la relation avec le client, le d\u00e9veloppement d\u2019une marque et la r\u00e9flexion autour du comportement des consommateurs. Je r\u00eavais un jour de pouvoir utiliser ces comp\u00e9tences de mani\u00e8re transversale, au service d\u2019un produit.<\/p>\n

Tr\u00e8s gentiment, elle m\u2019a arrang\u00e9 un entretien avec Natalie, et un poste a \u00e9t\u00e9 cr\u00e9\u00e9 pour moi : celui de vice-pr\u00e9sidente des ventes et du marketing. Et voil\u00e0, c\u2019\u00e9tait il y a sept ans.<\/p>\n

Quel \u00e9tait votre r\u00f4le ?<\/strong>
\nJe m\u2019occupais de tout ce qui tournait autour des clients en dehors de l\u2019acte d\u2019achat. Il y avait du marketing, des RP, du branding, de la gestion de contenu, le travail avec l\u2019\u00e9quipe des ventes et le service client, le travail avec les cr\u00e9atifs. Et il y a deux ans et demi, je suis devenue pr\u00e9sidente de la marque.<\/p>\n

Je plaisantais souvent en disant que pendant mon premier cong\u00e9 maternit\u00e9, Net-A-Porter avait \u00e9t\u00e9 ma seule fen\u00eatre sur l\u2019univers de la mode. Tous les jours, \u00e0 l’heure de la sieste, j\u2019allais sur Net-A-Porter. Je me souviens m\u00eame, quand je travaillais chez KPE, de l\u2019e-mail que j\u2019ai re\u00e7u annon\u00e7ant la cr\u00e9ation de Net-A-Porter. \u00c7a m\u2019avait vraiment emball\u00e9e.<\/p>\n

Quelle est votre responsabilit\u00e9, en tant que Pr\u00e9sidente de l\u2019entreprise ?<\/strong>
\nEn plus d\u2019\u00eatre en charge de sa sant\u00e9 financi\u00e8re, je suis aussi responsable de la direction strat\u00e9gique et de notre d\u00e9veloppement. Ce qui r\u00e9sume le mieux mon poste, c\u2019est le terme \u00ab Direction strat\u00e9gique \u00bb.<\/p>\n

Comment est-ce qu\u2019on fait \u00e7a, concr\u00e8tement ?<\/strong>
\nC\u2019est une combinaison d\u2019\u00e9l\u00e9ments. On a la chance de recevoir \u00e9norm\u00e9ment de donn\u00e9es, ce qui est vraiment essentiel dans la prise de d\u00e9cision. Mais la plupart des grandes id\u00e9es qui germent sont le fruit d\u2019un excellent travail d\u2019\u00e9quipe. On observe le march\u00e9 et les tendances, mais on ne perd jamais de vue nos clientes : elles sont une merveilleuse source d\u2019information et d\u2019inspiration. Tout ce qu\u2019on fait, on le fait pour elles.<\/p>\n

L\u2019entreprise a beaucoup chang\u00e9 depuis que vous \u00eates arriv\u00e9e ?<\/strong>
\nOui, \u00e9norm\u00e9ment. On a f\u00eat\u00e9 nos 14 ans hier, mais la soci\u00e9t\u00e9 n\u2019a rien perdu de son esprit d\u2019entreprise.<\/p>\n

Le bureau de Manhattan a maintenant trois ans et demi. On a ouvert un bureau \u00e0 Hong Kong. On s\u2019est lanc\u00e9s dans les cosm\u00e9tiques. On a fait traduire nos sites, et bien s\u00fbr, on a lanc\u00e9 notre magazine print, Porter. Il y a vraiment eu beaucoup de choses.<\/p>\n

Pour moi, \u00e7a a \u00e9t\u00e9 un vrai bonheur de repartir aux Etats-Unis, je suis rentr\u00e9e chez moi. Mais finalement, tous nos bureaux se ressemblent beaucoup. Par exemple, quand on fait une vid\u00e9o conf\u00e9rence, on a l\u2019impression que tout le monde est dans le m\u00eame bureau. Il y a les m\u00eames lustres, les m\u00eames fauteuils, etc.<\/p>\n

Pourquoi cette volont\u00e9 ?<\/strong>
\nNatalie Massenet a toujours eu une vision tr\u00e8s claire et tr\u00e8s belle, je trouve, du lieu de travail qu\u2019elle voulait cr\u00e9er. Des open-spaces, des salles de r\u00e9union avec des baies vitr\u00e9es\u2026 Tout \u00e7a pour favoriser le maximum de transparence entre les \u00e9quipes. On ne se voit pas forc\u00e9ment comme six diff\u00e9rents bureaux mais comme une grande \u00e9quipe internationale\u2026 C\u2019est pour \u00e7a que dans une vid\u00e9o-conf\u00e9rence entre Londres, New York et Hong Kong, on ne voit pas forc\u00e9ment la diff\u00e9rence entre les trois bureaux.<\/p>\n

On a l\u2019impression que professionnellement, vous avez souvent \u00e9volu\u00e9 dans des environnements tr\u00e8s corporate. C\u2019est quelque chose que vous trouvez particuli\u00e8rement \u00e9panouissant ?<\/strong>
\nA l\u2019\u00e9poque o\u00f9 j\u2019ai rejoint Net-A-Porter il y a 7 ans, ce n\u2019\u00e9tait pas l\u2019\u00e9norme groupe que c\u2019est devenu aujourd\u2019hui. Et je ne dirais pas que nous sommes une entreprise particuli\u00e8rement corporate.<\/p>\n

Je suis quelqu\u2019un qui s\u2019adapte facilement, donc je suis flexible. Ce qui est vraiment bien, c\u2019est que je travaille avec de toutes petites \u00e9quipes, et que tout le groupe est subdivis\u00e9 en petites \u00e9quipes, donc on a davantage l\u2019impression d\u2019\u00eatre dans une entreprise \u00e0 taille humaine que dans un \u00e9norme groupe.<\/p>\n

Regrettez-vous de ne pas avoir fait une \u00e9cole de commerce?<\/strong>
\nNon. Je suis s\u00fbre que \u00e7a m\u2019aurait beaucoup plu, mais je n\u2019ai pas de regrets. J\u2019ai vraiment eu la chance de travailler dans beaucoup de domaines diff\u00e9rents, dans deux pays, et c\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai tout appris. Attention, je ne dis pas que je sais tout, je continue \u00e0 apprendre tous les jours, et je trouve qu\u2019avoir un m\u00e9tier qui me tire vers le haut au quotidien, c\u2019est tr\u00e8s gratifiant. J\u2019ai aussi eu d\u2019excellents mentors.<\/p>\n

Justement, certaines personnes ont-elles eu une influence particuli\u00e8re sur votre carri\u00e8re ?<\/strong>
\nDepuis que je suis chez Net-A-Porter, Natalie a \u00e9t\u00e9 une source d\u2019inspiration exceptionnelle, c’est un mod\u00e8le pour moi, mais aussi pour les femmes du monde entier.<\/p>\n

Avant Net-A-Porter, il y a eu celui qui m\u2019a embauch\u00e9e chez LVMH, Fran\u00e7ois Steiner. C\u2019\u00e9tait un super boss et c\u2019est devenu un tr\u00e8s bon ami. Il a vraiment fait un pari en m\u2019embauchant comme directrice des ventes d\u2019une marque alors que j\u2019avais boss\u00e9 dans le num\u00e9rique, la presse magazine et la pub. C\u2019\u00e9tait loin d\u2019\u00eatre \u00e9vident. C\u2019est lui qui a su d\u00e9celer un certain potentiel dans mon CV et a pris le risque de m\u2019embaucher.<\/p>\n

Le meilleur conseil qu\u2019on vous ait donn\u00e9 ?<\/strong>
\n\u00c7a remonte \u00e0 tr\u00e8s loin. Pendant 12 ans, j\u2019ai fr\u00e9quent\u00e9 une \u00e9cole de filles \u00e0 New York, Chapin. La directrice \u00e9tait fabuleuse et la premi\u00e8re chose qu\u2019elle nous disait, d\u00e8s le CP, c\u2019\u00e9tait \u00ab Les filles, vous pouvez tout faire. Un jour, le Pr\u00e9sident des Etats-Unis sera une femme, alors dites-vous que vous pouvez tout faire. \u00bb<\/p>\n

Et c\u2019est vrai, une fois qu\u2019on a compris \u00e7a, on peut tout faire. C\u2019est vraiment quelque chose qui donne confiance en soi.<\/p>\n

En fait, on retrouve souvent le sch\u00e9ma suivant : des parents qui viennent de coucher leurs enfants, qui se prennent un petit verre de vin et se mettent \u00e0 faire un peu de shopping aux alentours de 20 h 30 \u2013 21 h.<\/p><\/blockquote>\n

A quoi ressemble une de vos journ\u00e9es \u2013type ?<\/strong>
\nBeaucoup de r\u00e9unions avec les \u00e9quipes, les marques, des r\u00e9unions budget. On r\u00e9fl\u00e9chit \u00e0 des concepts cr\u00e9atifs, aux nouveaux produits qu\u2019on pourrait proposer.<\/p>\n

On vient de lancer une nouvelle section sur le site, Net-A-Sporter. Avant \u00e7a, on avait identifi\u00e9 qu\u2019il y avait un cr\u00e9neau \u00e0 occuper sur le march\u00e9 des v\u00eatements de sport. Nos clientes s\u2019int\u00e9ressent aux produits de beaut\u00e9 et \u00e0 la mode, elles aiment se sentir belles et accordent beaucoup d\u2019importance au style, elles voulaient aussi \u00eatre belles quand elles font du sport.<\/p>\n

Donc une journ\u00e9e-type, ce serait justement parler de ce concept, de ce que \u00e7a va donner concr\u00e8tement, demander \u00e0 des acheteuses de nous donner leur avis, discuter avec l\u2019\u00e9quipe \u00e9ditoriale de la fa\u00e7on dont ils vont en parler. On passe beaucoup de temps \u00e0 parler du contenu, de la technologie, des r\u00e9seaux sociaux. En gros, je dirais qu\u2019il n\u2019y a pas deux journ\u00e9es identiques. La seule constante, c\u2019est qu\u2019on a toujours nos clientes en t\u00eate. On est tr\u00e8s orient\u00e9s produits, technologie et contenu, et on essaie toujours des trouver solutions pour s\u2019am\u00e9liorer.<\/p>\n

Tout va tellement vite, est-ce que pour rester en phase avec le rythme fr\u00e9n\u00e9tique de la mode et de la technologie, la strat\u00e9gie et le planning sont devenus plus complexes \u00e0 g\u00e9rer ?<\/strong>
\nOn peut adopter une strat\u00e9gie d\u2019ensemble et l\u2019affiner au fur et \u00e0 mesure. La technologie, c\u2019est un outil g\u00e9nial mais c\u2019est aussi tr\u00e8s on\u00e9reux, donc quand quelque chose de nouveau fait son apparition, on ne l\u2019adopte pas syst\u00e9matiquement. Vis-\u00e0-vis de toutes ces nouvelles plateformes, on se met toujours \u00e0 la place de nos clientes, on imagine ce qu\u2019elles feraient.<\/p>\n

Donc oui, on peut anticiper, se projeter financi\u00e8rement, en fonction des objectifs de d\u00e9veloppement qu\u2019on a en t\u00eate, mais la fa\u00e7on de faire \u00e9volue effectivement.<\/p>\n

Qui sont les membres de votre \u00e9quipe ?<\/strong>
\nChez Net-A-Porter, on est un peu moins de 250 personnes. Notre groupe est constitu\u00e9 de trois marques : nous, The Outnet et Mr Porter, ce qui fait qu\u2019on partage les p\u00f4les RH et nouvelles technologies.<\/p>\n

Dans mon \u00e9quipe, il y a la r\u00e9dactrice-en-chef Lucy Yeomans, qui est g\u00e9niale. Elle est responsable du magazine print Porter et de notre magazine en ligne The Edit. Elle travaille avec Jenny Dickinson, qui s\u2019occupe plus particuli\u00e8rement de The Edit. C\u00f4t\u00e9 marketing, il y a Lisa Bridgett qui dirige les ventes et le marketing au niveau international. Ben Matthews et Sasha Sorkin dirigent les \u00e9quipes d\u2019acheteurs. Agnieszka Ki est responsable de tout ce qui est e-commerce et d\u00e9veloppement des nouvelles technologies. Et aux Etats-Unis, je travaille aussi avec David Olsen, en charge de notre division cosm\u00e9tiques.<\/p>\n

Ils ont tous \u00e9norm\u00e9ment de talent. Il y a un tr\u00e8s bon esprit d\u2019\u00e9quipe. Tout commence avec le produit, bien s\u00fbr, mais le plus important, c\u2019est de savoir comment le pr\u00e9senter aux clientes. Comment les faire craquer pour un produit \u00e0 travers le contenu du site ? Il faut s\u2019assurer de leur pr\u00e9senter les produits le plus clairement possible, trouver la technologie qui sera la plus efficace, s\u00e9lectionner les marques avec lesquelles on veut travailler, trouver les plateformes les plus utiles\u2026<\/p>\n

\u00c7a fait beaucoup de choses \u00e0 g\u00e9rer en permanence\u2026<\/strong>
\nOui, mais c\u2019est g\u00e9nial. C\u2019est vraiment un boulot tr\u00e8s motivant. Je suis du genre \u00e9nergique, mais je crois que toute l\u2019entreprise est impr\u00e9gn\u00e9e de la m\u00eame \u00e9nergie.<\/p>\n

Est-ce que vous collaborez \u00e9troitement avec les autres marques du groupe ?<\/strong>
\nAu quotidien, pas \u00e9norm\u00e9ment. Mais au moment du lancement de The Outnet, j\u2019ai pas mal travaill\u00e9 sur le branding. Je me suis aussi beaucoup investie dans la cr\u00e9ation du magazine Porter, ce qui reste pour moi un grand moment de ma vie professionnelle.<\/p>\n

Je travaille en \u00e9troite collaboration avec Ian Tansley le directeur de Mr Porter et Stephanie Phair qui dirige The Outnet. On fait en sorte que nos \u00e9quipes collaborent de fa\u00e7on positive. Je me concentre sur Net-A-Porter mais je garde l\u2019ensemble du groupe en t\u00eate.<\/p>\n

Vous pouvez nous parler de votre relation professionnelle avec Natalie ? Quelle sont les diff\u00e9rences entre vos deux postes, comment cela influence-t-il votre fa\u00e7on de travailler ?<\/strong>
\nOn s\u2019entend extr\u00eamement bien professionnellement. Elle est ultra-motivante, et quand parfois, je coince sur une id\u00e9e, je me tourne vers elle, elle a des centaines d\u2019id\u00e9es et \u00e9norm\u00e9ment d\u2019\u00e9nergie. C\u2019est la personne id\u00e9ale pour brainstormer.<\/p>\n

Natalie dirige l\u2019ensemble du groupe, elle coordonne les trois marques, est en charge du business development. Moi, je me concentre vraiment sur Net-A-Porter.<\/p>\n

Le plus gros d\u00e9fi dans votre travail ?<\/strong>
\nLe d\u00e9fi, qui est loin d\u2019\u00eatre insurmontable, c\u2019est de ne pas s\u2019\u00e9parpiller. Dans mon m\u00e9tier, on adore saisir toutes les opportunit\u00e9s qui se pr\u00e9sentent. Et il y en a tellement que parfois, il faut savoir accepter la frustration de ne pas pouvoir tout mettre en place en m\u00eame temps. On a toujours envie de tout concr\u00e9tiser tr\u00e8s rapidement.<\/p>\n

Ce qui vous pla\u00eet le plus ?<\/strong>
\nLes gens : mon \u00e9quipe et les gens avec qui je suis amen\u00e9e \u00e0 travailler. D\u00e9j\u00e0, c\u2019est l\u2019\u00e9quipe qui fait tout. Et c\u2019est un v\u00e9ritable plaisir de passer du temps ensemble, c\u2019est vraiment une formidable machine \u00e0 g\u00e9n\u00e9rer des id\u00e9es.<\/p>\n

Votre r\u00f4le au sein du groupe a chang\u00e9 en devenant davantage public. Est-ce que cela a eu une influence sur la mani\u00e8re dont vous travaillez ?<\/strong>
\nConcernant la fa\u00e7on dont je travaille, \u00e7a m\u2019a oblig\u00e9 (et permis) de moins me pr\u00e9occuper des d\u00e9tails, ce qui n\u2019\u00e9tait pas gagn\u00e9 d\u2019avance, parce que j\u2019adore les petits d\u00e9tails (tous ceux qui travaillent avec moi voient tr\u00e8s bien de quoi je parle).<\/p>\n

Vous avez travaill\u00e9 en Angleterre et \u00e0 New York. Quelles sont les principales diff\u00e9rences entre ces deux villes, professionnellement ?<\/strong>
\nC\u2019est dr\u00f4le, parce que je pense qu\u2019il y a moins de diff\u00e9rences que lorsque j\u2019ai d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 l\u00e0-bas.<\/p>\n

Je crois que tout est dans la ville elle-m\u00eame. NY a toujours \u00e9t\u00e9 un peu plus stressante. A Londres, on a une vision plus internationale des choses. Mais \u00e7a a certainement chang\u00e9 depuis.<\/p>\n

Est-ce que vous pensez que la mode a parfois du mal \u00e0 \u00eatre en phase avec les nouvelles cadences fr\u00e9n\u00e9tiques qui l\u2019ont envahie ?<\/strong>
\nNous, on n\u2019a jamais h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 s\u2019exprimer sur le fait que le cycle de la mode n\u2019est pas toujours tr\u00e8s logique. L\u2019id\u00e9e, pour se replacer du point de vue de nos clientes, c\u2019est qu\u2019en g\u00e9n\u00e9ral, les femmes ont souvent du mal \u00e0 trouver ce qu\u2019elles veulent. Par exemple, si vous avez envie d\u2019acheter une robe d\u2019\u00e9t\u00e9 en ce moment, ce n\u2019est pas forc\u00e9ment \u00e9vident \u00e0 trouver.<\/p>\n

Nous, ce qu\u2019on veut, c\u2019est donner la possibilit\u00e9 aux femmes de trouver et d\u2019acheter ce qu\u2019elles veulent imm\u00e9diatement. Bien s\u00fbr, on a des clientes qui ont envie d\u2019acheter un manteau en ce moment, et tant mieux, parce qu\u2019on peut leur en proposer, mais on a aussi des v\u00eatements d\u2019\u00e9t\u00e9 toute l\u2019ann\u00e9e. On s\u2019adresse \u00e0 des clientes dans le monde entier.<\/p>\n

Est-ce que vous avez pu observer des habitudes d\u2019achat int\u00e9ressantes chez vos clientes ?<\/strong>
\nCe qui me fascine toujours, c\u2019est les heures auxquelles nos clientes font leur shopping. Dans nos bureaux, on a des \u00e9crans Google Earth qui affichent les commandes pass\u00e9es en temps r\u00e9el. On ne voit pas qui effectue l\u2019achat, mais on voit de quelle ville et quel produit il s\u2019agit.<\/p>\n

J\u2019arrive au bureau le matin, je vois que quelqu\u2019un est en train d\u2019acheter des boucles d\u2019oreilles en Californie. Je regarde quelle heure il est l\u00e0-bas et je me demande pourquoi cette femme a d\u00e9cid\u00e9 de faire cet achat \u00e0 ce moment pr\u00e9cis. En fait, on retrouve souvent le sch\u00e9ma suivant : des parents qui viennent de coucher leurs enfants, qui se prennent un petit verre de vin et se mettent \u00e0 faire un peu de shopping aux alentours de 20 h 30 \u2013 21 h.<\/p>\n

Le fait de travailler pour un site de retail en ligne a-t-il influenc\u00e9 la fa\u00e7on dont vous faites vos achats ?<\/strong>
\nTout \u00e0 fait. Je fais tous mes achats en ligne, et depuis que je travaille chez NET-A-PORTER, je suis devenue beaucoup plus exigeante. Je sais qu\u2019offrir un service impeccable n\u2019est pas \u00e9vident, donc je ne consid\u00e8re pas \u00e7a comme un acquis, mais c\u2019est quelque chose que je recherche quand je fais mes courses sur Internet.<\/p>\n

Comment trouvez-vous le juste \u00e9quilibre entre vie professionnelle et vie priv\u00e9e ?<\/strong>
\nTrouver le bon \u00e9quilibre, c\u2019est vraiment vital. J\u2019en ai besoin pour me sentir \u00e9panouie et efficace dans mon travail. D\u2019autant plus que ma famille compte \u00e9norm\u00e9ment pour moi.<\/p>\n

Je voyage, mais j\u2019essaie de voyager de fa\u00e7on intelligente, en concentrant le maximum de r\u00e9unions sur un seul voyage. Quand je rentre chez moi, j\u2019essaie d\u2019\u00eatre vraiment pr\u00e9sente pour mes enfants \u2013qui sont petits- et de passer du temps de qualit\u00e9 avec eux. Je suis l\u00e0 pour toutes les choses importantes. Et j\u2019ai la chance de vivre juste \u00e0 c\u00f4t\u00e9 du bureau, ce qui m\u2019aide beaucoup.<\/p>\n

Je suis tellement \u00e9panouie dans mon travail que je pense que \u00e7a a une influence positive sur moi en tant que m\u00e8re. Et inversement, parce que je suis une maman \u00e9panouie, \u00e7a m\u2019aide \u00e0 \u00eatre plus efficace dans mon travail.<\/p>\n

Comment est-ce que vous vous d\u00e9connectez du travail ?<\/strong>
\nSavoir d\u00e9connecter, c\u2019est tr\u00e8s important pendant les vacances, le soir ou le week-end. Je cours et je fais du Pilates d\u00e8s que j\u2019en ai la possibilit\u00e9. La meilleure fa\u00e7on de d\u00e9connecter, c\u2019est de passer du temps avec mes enfants : construire des Lego, jouer au Scrabble, aller \u00e0 la campagne. L\u00e0, on est tout de suite ailleurs.<\/p>\n

Votre conseil \u00e0 quelqu\u2019un qui aimerait prendre les r\u00eanes d\u2019une grande entreprise ?<\/strong>
\nIl faut vraiment \u00eatre passionn\u00e9 par son travail. Je suis toujours \u00e9pat\u00e9e quand je rencontre des jeunes femmes qui savent exactement ce qu\u2019elles veulent. Et quand on sait ce qu\u2019on veut faire, il faut aussi r\u00e9fl\u00e9chir \u00e0 l\u2019itin\u00e9raire qu\u2019on veut emprunter.<\/p>\n

Il faut emmagasiner des exp\u00e9riences, essayer des choses diff\u00e9rentes. Le conseil que je donne en g\u00e9n\u00e9ral aux gens, c\u2019est : \u00ab Si vous savez ce que vous voulez faire et que ce n\u2019est pas ce que vous \u00eates en train de faire, changez, donnez-vous les moyens. Ce n\u2019est pas parce que votre CV dit une chose que vous ne pouvez pas faire autre chose. \u00bb Parfois, emprunter le chemin qui n\u2019est ni le plus direct ni le plus simple mais vous permet d\u2019accumuler des exp\u00e9riences diff\u00e9rentes, c\u2019est la meilleure solution.<\/p>\n

Et n\u2019ayez pas peur de poser des questions, faites des d\u00e9couvertes, accumulez le maximum d\u2019exp\u00e9riences.<\/p>\n

Quelles qualit\u00e9s recherchez-vous avant tout quand vous embauchez quelqu\u2019un ?<\/strong>
\nAu-del\u00e0 des comp\u00e9tences professionnelles qui vont de soi, je ne choisis pas forc\u00e9ment des gens qui viennent de la mode ou de l\u2019industrie du luxe. Sur le plan personnel, je cherche une certaine \u00e9nergie, des gens qui ont des id\u00e9es, qui s\u2019int\u00e9ressent aux clients, qui sont passionn\u00e9s par ce m\u00e9tier, et qui sont des coll\u00e8gues agr\u00e9ables. Je suis entour\u00e9e de gens qui travaillent \u00e9norm\u00e9ment mais qui ont beaucoup d\u2019humour, et du coup, c\u2019est vraiment un plaisir de travailler ensemble.<\/p>\n

Vos r\u00eaves professionnels pour l\u2019avenir ?<\/strong>
\nJ\u2019ai juste envie de continuer \u00e0 me sentir \u00e9panouie dans mon travail.<\/p>\n

Jetez un coup d\u2019oeil sur mes autres interviews<\/a> :<\/p>\n

Nicolas Ouchenir<\/a>, Calligraphe
\n
Ann-Sofie Johansson<\/a>, Head of Desgin, H&M
\n
Tim Goodman<\/a>, Directeur Artisitique
\n
Jennifer Vitagliano<\/a>, Restaurateur
\n
Kristy Hurt,<\/a> Human Resources Consultant <\/em><\/p>\n