{"id":201160,"date":"2014-02-27T09:30:15","date_gmt":"2014-02-27T14:30:15","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=201160"},"modified":"2014-02-27T16:13:10","modified_gmt":"2014-02-27T21:13:10","slug":"back-to-the-future","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/illustrations\/back-to-the-future\/","title":{"rendered":"Back to the Future"},"content":{"rendered":"

Depuis que j\u2019ai commenc\u00e9 ce blog, chaque saison j\u2019essaye de questionner ma fa\u00e7on de vous parler des fashion weeks. Du coup je me suis demand\u00e9 comment tout \u00e7a avait \u00e9volu\u00e9, et je suis all\u00e9e faire un petit tour dans mes archives. C\u2019est assez DINGUE.<\/p>\n

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2006, Nada.<\/center><\/p>\n

Pas de fashion week pour moi – \u00e0 l\u2019\u00e9poque, mon blog, ce ne sont que des illustrations et franchement, je ne connais des fashion weeks que ce que j\u2019en ai vu que dans les magazines et sur Fashion TV, que je regardais avidement pendant des heures, ce qui rendait folle ma m\u00e8re pour qui regarder ces filles marcher dans le vide (\u201cO\u00f9 vont-elles ?\u201d m\u2019avait-elle un jour demand\u00e9) revenait \u00e0 regarder un bocal avec des poissons \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur.
\n\u201cTsss, tu peux pas comprendre maman\u201d <\/p>\n

Mais en revanche, que vois-je en 2006 ? <\/p>\n

Un post o\u00f9 je parle de Scott et du Face Hunter, les seuls bloggers \/ photographes de streetstyle \u00e0 l\u2019\u00e9poque. \u00c7a ne s\u2019appelait pas encore streetstyle, d\u2019ailleurs : moi je dis \u201ccoolhunters<\/a>\u201d.<\/p>\n

En 2006, je dis :
\n(Oui oui, je me cite moi-m\u00eame.) (Oh, \u00e7a va.) (C\u2019est comme un selfie \u201clitt\u00e9raire\u201d ?)(Un Tweet, quoi).<\/small><\/p>\n

\u201cEt de temps en temps, chez les plus dou\u00e9s d\u2019entre eux, on trouve ce que l\u2019on avait oubli\u00e9 chercher dans cette course fr\u00e9n\u00e9tique \u00e0 l\u2019apparence : le style, la gr\u00e2ce. L\u2019air du temps.\u201d<\/p>\n

—<\/center><\/p>\n

2007, Premiers Pas.<\/center><\/p>\n

Mars. Ma premi\u00e8re fashion week. Oooooomaaaaigaaaaaaad qu\u2019est-ce qui se passe ? Je suis hyst\u00e9rique. Je n\u2019ai jamais vu autant de gens aussi bien habill\u00e9s, aussi cool aussi iiiiiiihhhhhhhhhhh !!!<\/p>\n

Je commence \u00e0 prendre des photos des gens, je suis d\u2019une timidit\u00e9 maladive et mon anglais se r\u00e9sume \u00e0 \u201chello\u201d, \u201cplease\u201d et \u201cfuck\u201d (ce dernier quand j\u2019ai plant\u00e9 une photo, c\u2019est-\u00e0-dire toutes les trois minutes.)
\nOn m\u2019invite \u00e0 quelques d\u00e9fil\u00e9s parce que mon blog commence \u00e0 faire parler de lui, mais tout \u00e7a, c\u2019est pour le fun total, entre deux autres trucs. Je ne publie pas mes photos sur le blog enfin je commence\u2026 mais ne regardez pas <\/small> et je m\u2019\u00e9vanouis d\u00e8s que je croise quelqu\u2019un que je reconnais.<\/p>\n

La sc\u00e8ne devant les d\u00e9fil\u00e9s est d\u00e9tendue. Les gens que je prends en photo sont sympa, curieux, flatt\u00e9s, surpris, tout \u00e7a en m\u00eame temps. Ils sont habill\u00e9s normalement.
\nTr\u00e8s bien, tr\u00e8s chic, mais tr\u00e8s normalement. C\u2019est \u00e7a que j\u2019adore. C\u2019est le contraire des magazines, c\u2019est la vraie vie ! Juste une concentration de gens tr\u00e8s \u00e9l\u00e9gants, tr\u00e8s cools.<\/p>\n

En 2007, je dis :<\/p>\n

\u201cLe Face Hunter vient me voir pour faire une photo. Ce qui pour moi, tient quasiment de la contre-validation de mon pantalon, vu comme nos go\u00fbts son \u00e9loign\u00e9s, et surtout \u00e0 voir sa grimace quand il regarde les photos. Qui, heureusement pour moi, ne seront jamais publi\u00e9es. Je me dis toutefois qu\u2019Yvan peut, \u00e0 pr\u00e9sent, me faire chanter. (tant que c\u2019est du Madonna, \u00e7a va.)\u201d<\/p>\n

C\u2019est souvent le cas aujourd\u2019hui quand je me fais prendre en photo \u00e0 la sortie des d\u00e9fil\u00e9s en mode \u201c200 photographes te tombent dessus non mais kesskisspass\u201d, c\u2019est qu\u2019il y a quelque chose qui cloche dans ma tenue, quelque chose de trop voyant, de trop modasse, de trop \u201cfashion weeeeeeek regardez-moooooooiiiiiii\u201d.<\/small><\/p>\n

La vie parfois, regard\u00e9e \u00e0 rebours, est \u00e0 mourir de rire. <\/p>\n

—<\/center> <\/p>\n

2008, ann\u00e9e de l\u2019ouverture.<\/center><\/p>\n

Bon, ben l\u00e0, c\u2019est street \u00e0 tous les \u00e9tages. Je d\u00e9couvre la photo, je vais \u00e0 beaucoup plus de d\u00e9fil\u00e9s, je commence \u00e0 mettre des noms et des sourires sur les visages \u00e0 qui j\u2019osais \u00e0 peine demander de s\u2019arr\u00eater la saison derni\u00e8re, je fais m\u00eame des sortes de style stories<\/a> sur elles. C\u2019est encore presque calme autour des d\u00e9fil\u00e9s – je ne mesure pas la chance que j\u2019ai. <\/p>\n

Je commence \u00e0 me frotter \u00e0 des r\u00e9dactrices de mode et \u00e0 vous rapporter des choses telles que :<\/p>\n

\u201cBref donc. Si vous m\u2019avez suivie, si vous allez \u00e0 un d\u00e9fil\u00e9, et qu\u2019on vous touche le corps en vous demandant C\u2019est qui ? ne r\u00e9pondez pas \u00ab Ben c\u2019est moi, c\u2019est m\u00eame mon sein droit l\u00e0, tu veux un Prozac ou quoi ? \u00bb. R\u00e9pondez c\u2019est Marc. Ou c\u2019est Stefano. Ou si vous \u00eates prises de court et que c\u2019est juste Massimo, r\u00e9pondez : \u00ab That\u2019s vintage<\/a>. \u00bb\u201d<\/p>\n

C\u2019est aussi ma premi\u00e8re fashion week new-yorkaiiiiiise. Hyst\u00e9rie absolue, excitation absolue, jet lag absolu, j\u2019\u00e9cris des trucs comme \u00e7a :<\/p>\n

\u201cLes gens viennent me dire I like your style, ce qui m\u00e9rite un post tout entier vu comment je me sens hobo face \u00e0 la m\u00e9ticuleuse pr\u00e9cision du look des Am\u00e9ricaines. J\u2019ai de nouveaux amis \u00e0 la pelle, \u00e7a m\u2019interpelle, Cole Mohr essaie de me rouler des pelles, mais je crois qu\u2019il n\u2019a pas d\u2019appart en ce moment, alors que moi, oui, ceci expliquerait certainement cela. Mais c\u2019est pas s\u00fbr, en m\u00eame temps.\u201d<\/p>\n

Et puis aussi, n\u2019oubliez pas, c\u2019est 2008, la crise :<\/p>\n

\u201cPour f\u00eater \u00e7a, vous \u00e9chappez au post positivement d\u00e9primatoire que j\u2019\u00e9tais en train de vous \u00e9crire sur l\u2019\u00e9conomie qui va se crasher et les gens de la mode qui l\u00e8vent les bras au ciel tellement ils sont p\u00e9trifi\u00e9s [comme s’ils avaient besoin de plus de p\u00e9trification, les gens de la mode. Booooootox !].\u201d<\/p>\n

style.com<\/a> me demande de d\u00e9crire ma journ\u00e9e, je passe de shows en shows. Mon blog, gr\u00e2ce aux photos qui deviennent tr\u00e8s populaires et qui n\u2019ont pas de fronti\u00e8res, est en train de devenir carr\u00e9ment international, et d\u2019ailleurs mon anglais s\u2019am\u00e9liore.
\n\u201cHi, my name is Gowance, can I take your pictures ?\u201d
\nJe veux le faire traduire, mais pour le moment, il est seulement en fran\u00e7ais.<\/p>\n

—<\/center> <\/p>\n

2009, basculation.<\/center><\/p>\n

Bon, ben \u00e7a y est, j\u2019ai rencontr\u00e9 Tim, mon traducteur ador\u00e9, et le blog est traduit en anglais. Je suis en mode sur-fashion week, je suis la caravane de la mode comme si ma vie en d\u00e9pendait et je vous d\u00e9taille les looks que j\u2019aime tous les jours – je suis hyper m\u00e9ga inspir\u00e9e.
\nJ\u2019ai un app\u00e9tit de mode insatiable et \u00e7a tombe hyper bien, parce qu\u2019on m\u2019ouvre de plus en plus de portes.<\/p>\n

\u00c7a commence \u00e0 se bousculer devant les shows. Les premi\u00e8res \u201cfashion people\u201d \u00e9mergent. On sait tous qui est Carine<\/a>, qui est Anna<\/a>, qui est Franca. Le public se transforme, s\u2019agrandit, de jeunes \u00e9tudiants sont l\u00e0 juste pour admirer le spectacle, de nouveaux bloggueurs font leur apparition, Alexa Chung<\/a> d\u00e9barque et les tenues sont de plus en plus \u00e9ditoriales.<\/p>\n

Tiens d\u2019ailleurs, j\u2019ai l\u2019impression que \u00e7a me travaille. Je dis \u00e7a<\/a> :<\/p>\n

\u201cC\u2019est d\u2019ailleurs en prenant une photo d\u2019une jolie people, absolument ravie de poser autant de temps que je voulais et que le voulait la horde de 365756 photographes \u00e0 mes c\u00f4t\u00e9s, people donc congel\u00e9e dans le vent glacial en robe d\u2019\u00e9t\u00e9, en Dior des pieds jusqu\u2019\u00e0 la t\u00eate au d\u00e9fil\u00e9 Dior et qui me r\u00e9p\u00e8te trois fois que \u201ctout vient de chez Dior\u201d que je me suis dit: Bon.
\n\u00c7a va deux secondes les conneries. C\u2019est bien joli, mais qu\u2019est-ce que je fous l\u00e0, moi ?\u201d<\/p>\n

Et dire qu\u2019en 2009 je trouvais qu\u2019il y avait trop de photographes, ahahahahahahah mort de rire hihihihih lololololol. Lol.<\/small><\/p>\n

Ce que j\u2019ai toujours ador\u00e9, c\u2019est de vous faire d\u00e9couvrir les choses \u00e0 mesure qu\u2019elles
\ns\u2019offraient \u00e0 moi.
\nJe commence \u00e0 prendre des photos aux d\u00e9fil\u00e9s, \u00e0 changer l\u00e9g\u00e8rement mon angle de vue.
\nTout un sujet sur le show
Chanel<\/a> et l\u2019incroyable d\u00e9fil\u00e9 de sacs dans l\u2019audience. Une rencontre (fantastique) avec Sonia Rykiel<\/a> avec ma copine Diane. Un d\u00e9tour par la chambre au Ritz d\u2019Anna Dello Russo<\/a>.<\/p>\n

\u00c7a commence \u00e0 \u00eatre la folie des m\u00e9dias sociaux<\/a>. La fashion week est partout, les images des d\u00e9fil\u00e9s sont partout, tout le monde peut montrer, commenter, c\u2019est l\u2019excitation totale. La photo de la photo de la photo\u2026<\/p>\n

Et Dolce Gabbana<\/a> l\u2019a bien compris, nous mettant \u00e0 grands roulements de tambour, moi, Scott, Brian et Tommy, en front row. La v\u00e9rit\u00e9, c\u2019est que ce n\u2019est pas mon premier front row, mais l\u00e0, chez Dolce, ils ont compris le pouvoir de l\u2019image. Ils nous ont mis des ordinateurs devant nos si\u00e8ges (\u201cPour qu\u2019on puisse live tweeter!\u201d)(Le truc que je ne fais jamais) et nous ont coll\u00e9 des photographes qui immortalisent le moment. On se sent un peu utilis\u00e9s, d\u2019autant plus que le lendemain c\u2019est en gros title dans tous les quotidiens de la mode \u201cDes Bloggers En Front Row !\u201d mais c\u2019est clair que le message est fort : les temps ont chang\u00e9. <\/p>\n

J\u2019\u00e9cris \u00e7a :<\/p>\n

\u201cLa mode est un petit monde tr\u00e8s organis\u00e9. Il y a des us, des coutumes, des rois, des reines, des fous, des princesses, une \u00e9tiquette, des codes, on n\u2019a jamais fini d\u2019apprendre, et c\u2019est particuli\u00e8rement fascinant.<\/p>\n

Le front row d\u2019un d\u00e9fil\u00e9 est avant tout l\u2019endroit duquel on voit le mieux les v\u00eatements. \u00c0 partir du troisi\u00e8me rang, on ne voit plus les chaussures et au cinqui\u00e8me, si l’on a de la chance, on peut apercevoir les coiffures. Les places au front row sont ch\u00e8res. Parce que c\u2019est aussi celles o\u00f9 l\u2019on est le mieux vu. On les gagne par la c\u00e9l\u00e9brit\u00e9, l\u2019exp\u00e9rience, ou le pouvoir. Elles cristallisent beaucoup de drames et donnent mati\u00e8re \u00e0 de jolies crises d\u2019\u00e9go.<\/p>\n

Cette saison, les cr\u00e9ateurs de Dolce & Gabbana ont eu une r\u00e9v\u00e9lation. En parlant avec leurs clientes, ils se sont rendus compte qu\u2019elles passaient leur temps sur internet. Qu\u2019elles \u00e9taient hyper inform\u00e9es, qu\u2019elles voulaient que \u00e7a aille vite, qu\u2019elles \u00e9taient pr\u00eates \u00e0 acheter tout de suite. Ils se sont dit que c\u2019\u00e9tait un \u00e2ge nouveau, qu\u2019il fallait avancer avec son temps.<\/p>\n

Ils ont d\u00e9cid\u00e9 d\u2019ouvrir grand leurs portes<\/a> \u00e0 quatre bloggueurs.\u201d<\/p>\n

—<\/center><\/p>\n

2010, integration.<\/center><\/p>\n

Voil\u00e0. Je fais des photos dedans, dehors, partout o\u00f9 je vais, et franchement je vais partout. Les choses ont chang\u00e9 pour moi.<\/p>\n

Tiens d\u2019ailleurs, je m\u2019\u00e9tonne<\/a> :<\/p>\n

\u201cEn ce moment je prends la mesure du temps qui passe. Des choses qui ont chang\u00e9. Aux fashion weeks, je connais un monde fou. Quand j\u2019arrive \u00e0 un d\u00e9fil\u00e9, souvent, on m\u2019attrape par la main, on me fait un sourire et on me guide jusqu\u2019\u00e0 ma place. On m\u2019appelle pour \u00eatre s\u00fbr que je ne vais pas manquer le show. On double checke, on triple checke. On n\u2019est pas content quand je manque un show. Ahah ! Oui, les choses changent !\u00a0\u00bb<\/p>\n

Bizarre la capacit\u00e9 d\u2019absorption et de rejet que peut avoir la mode. Entre les moments de pur snobage et ceux de cirage de bottes int\u00e9gral, on apprend vite \u00e0 ne se fier \u00e0 rien d\u2019autre qu\u2019\u00e0 son coeur. \u00c0 aller vers les gens qui nous font du bien, \u00e0 \u00eatre juste soi-m\u00eame et \u00e0 regarder la mode pour ce pour quoi on l\u2019aime.<\/p>\n

Je commence \u00e0 comprendre (enfin !) que la mode \u00e9tant une industrie, une fois le moment de la d\u00e9couverte pass\u00e9e, on peut vite se retrouver \u00e0 se r\u00e9p\u00e9ter. \u00c0 photographier les m\u00eames personnes, les m\u00eames attitudes. C\u2019est un tout petit monde !\u201d<\/p>\n

Heureusement le mat\u00e9riel photo, lui a aussi beaucoup chang\u00e9, \u00e7a devient hyper facile de faire des vid\u00e9os, alors, un peu par hasard, je me lance avec Chris mon assistant (ah oui, tiens, en 2010, j\u2019ai un assistant !), et \u00e7a donne quelque chose comme \u00e7a, et c\u2019est plein de bonheur\u2026<\/p>\n