{"id":194290,"date":"2013-09-25T09:13:54","date_gmt":"2013-09-25T13:13:54","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/?p=194290"},"modified":"2017-10-11T12:13:28","modified_gmt":"2017-10-11T16:13:28","slug":"career-nina-garcia","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/photos\/career-nina-garcia\/","title":{"rendered":"Career \/ Nina Garcia"},"content":{"rendered":"

La premi\u00e8re fois que je suis rentr\u00e9e en contact avec Nina Garcia, c’est \u00e0 travers ses livres, de petits pr\u00e9cis de style hyper beaux et bien faits.
\nPuis j’ai appris qu’elle faisait partie de l’\u00e9quipe des juges sur Project Runway, l’\u00e9mission de t\u00e9l\u00e9-r\u00e9alit\u00e9 qui a un succ\u00e8s fou aux \u00c9tats-Unis depuis plus de 10 ans. Elle est aussi creative director du magazine Marie-Claire et c’est l’une des personnes que j’aime le plus suivre sur Twitter.<\/p>\n

Bref, la carri\u00e8re de Nina m’int\u00e9resse beaucoup, cette mani\u00e8re tranquille d’arriver \u00e0 trouver l’\u00e9quilibre entre chacune de ses activit\u00e9s et aussi capacit\u00e9 \u00e0 \u00e9voluer avec son temps. Je me suis dit que la fashion week serait un bon moment pour aller lui rendre visite, dans ses bureaux lumineux et haut-perch\u00e9s…<\/p>\n

Le m\u00e9tier dont vous r\u00eaviez enfant ?<\/strong><\/p>\n

<\/p>\n

J\u2019ai grandi \u00e0 Barranquilla en Colombie, un port industriel situ\u00e9 \u00e0 la pointe nord-ouest de l\u2019Am\u00e9rique du Sud, et l\u00e0-bas, la mode, c\u2019\u00e9tait juste les couturiers. Je ne pensais pas que \u00e7a pouvait aussi \u00eatre tous ces autres aspects. En tout cas, toute petite d\u00e9j\u00e0, je me suis int\u00e9ress\u00e9e \u00e0 la mode. Je fantasmais sur cet univers et je passais des heures \u00e0 faire des croquis. J\u2019ai eu de la chance d\u2019avoir trouv\u00e9 ma voie si vite.<\/p>\n

Comment faisiez-vous pour vous tenir au courant ? Vous achetiez des magazines ?<\/strong><\/p>\n

Oui ! On recevait un magazine \u00e9tranger, Vanidades. Il existe toujours. Et, j\u2019\u00e9tais la petite derni\u00e8re, quand je suis arriv\u00e9e, mes parents \u00e9taient plus \u00e2g\u00e9s, ils avaient plus de temps \u00e0 me consacrer. Mon p\u00e8re adorait voyager, il me faisait donc parfois manquer l\u2019\u00e9cole pendant deux mois et m\u2019emmenait en Europe ou ici [New York]. C\u2019est l\u00e0 que je me tenais au courant : je voyais les magazines, les v\u00eatements.<\/p>\n

Que faisaient vos parents ?<\/strong><\/p>\n

Mon p\u00e8re avait une soci\u00e9t\u00e9 d\u2019import. Il travaillait beaucoup avec l\u2019\u00e9tranger, donc on voyageait souvent.<\/p>\n

Ma m\u00e8re n\u2019a jamais travaill\u00e9. Elle adorait la mode et son placard \u00e9tait une oasis de couleurs, de coupes et d\u2019imprim\u00e9s, sans compter tous les escarpins que je r\u00eavais de porter. Tout \u00e9tait rang\u00e9 dans un grand dressing dont l\u2019acc\u00e8s m\u2019\u00e9tait interdit. Je crois que c\u2019est ce qui a aussi piqu\u00e9 ma curiosit\u00e9, comme tous les interdits. C\u2019\u00e9tait vraiment la caverne d\u2019Ali Baba. Cette d\u00e9bauche de bijoux, des couleurs, des v\u00eatements, des chaussures\u2026 je mourais d\u2019envie d\u2019y aller.<\/p>\n

Je crois que tout \u00e7a tient aussi au fait qu\u2019en Am\u00e9rique latine, les femmes s\u2019appr\u00eatent beaucoup. On s\u2019habille, on se maquille, on va chez le coiffeur, c\u2019est culturel. Ma m\u00e8re ne sortait jamais sans s\u2019\u00eatre mis du rouge \u00e0 l\u00e8vres. C\u2019\u00e9tait impensable !<\/p>\n

Diriez-vous que votre \u00e9ducation a model\u00e9 votre regard sur la mode ?<\/strong><\/p>\n

Je crois qu\u2019elle y a contribu\u00e9. Quand j\u2019ai d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 aux Etats-Unis, \u00e7a a \u00e9t\u00e9 un dr\u00f4le de choc culturel. Pourtant, j\u2019y \u00e9tais d\u00e9j\u00e0 venue plusieurs fois, je croyais me sentir \u00ab am\u00e9ricaine \u00bb et comprendre la culture, mais en arrivant, je me suis rendu compte qu\u2019en fait, je ne connaissais encore rien.<\/p>\n

Qu\u2019est-ce qui s\u2019est pass\u00e9 ensuite ? Pour vous, la mode, c\u2019\u00e9tait forc\u00e9ment devenir cr\u00e9atrice ? Vous n\u2019aviez pas encore compris l\u2019\u00e9clectisme de cet univers ?<\/strong><\/p>\n

Non, et en plus, en Colombie, il n\u2019y avait pas de couturiers. Il y avait juste une femme, une amie de ma m\u00e8re, qui avait ouvert sa propre boutique. Je la trouvais vraiment super moderne ! Elle avait une boutique, elle travaillait elle avait acc\u00e8s \u00e0 l\u2019univers de la mode. C\u2019est le seul mod\u00e8le que j\u2019ai eu.<\/p>\n

Bref, ensuite, je suis arriv\u00e9e aux Etats-Unis, dans un pensionnat. La situation en Colombie \u00e9tait vraiment devenue critique \u00e0 cause de la drogue. C\u2019\u00e9tait la fin des ann\u00e9es 80, il y avait beaucoup d\u2019enl\u00e8vements, beaucoup de probl\u00e8mes d\u2019ins\u00e9curit\u00e9, beaucoup de violence. Tous ceux qui pouvaient partir sont partis. Donc je suis venue poursuivre mes \u00e9tudes ici.<\/p>\n

Vous aviez quel \u00e2ge ?<\/strong><\/p>\n

15 ans. Mais je rentrais en Colombie pour les vacances. Du coup, je me suis vraiment concentr\u00e9e sur mes \u00e9tudes.<\/p>\n

Apr\u00e8s le bac, j\u2019ai pas mal pens\u00e9 \u00e0 ce que je voulais faire mais ce n\u2019\u00e9tait pas tr\u00e8s clair. Je me sentais un peu coup\u00e9e de la r\u00e9alit\u00e9. En revanche, d\u00e8s que j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 travailler, j\u2019ai tout de suite senti que le fait que je ne sois pas am\u00e9ricaine m\u2019aiderait \u00e0 aborder les choses avec un point de vue diff\u00e9rent. Je ne dis pas que mon regard \u00e9tait plus juste, mais simplement que j\u2019envisageais la mode avec du recul. Je consid\u00e9rais vraiment \u00e7a comme un atout, \u00e0 tel point qu\u2019effectivement, \u00e7a a \u00e9t\u00e9 un plus ! J\u2019avais la certitude que j\u2019apportais un regard neuf.<\/p>\n

Avez-vous fait des \u00e9tudes de mode ?<\/strong><\/p>\n

Je me suis inscrite \u00e0 l\u2019universit\u00e9 de Boston. Mon p\u00e8re tenait vraiment \u00e0 ce que je me construise une carri\u00e8re, que je ne me cantonne pas \u00e0 la mode. D\u2019une certaine mani\u00e8re, il a eu raison. Donc, j\u2019ai fait des \u00e9tudes d\u2019art \u00e0 Boston, et ensuite, j\u2019ai d\u00e9m\u00e9nag\u00e9 \u00e0 New York o\u00f9 je me suis inscrite au Fashion Institute of Technology [l\u2019une des meilleures \u00e9coles de mode de New York]. J\u2019y ai fait des \u00e9tudes de mode et de marchandising de la mode. A ce moment-l\u00e0, j\u2019avais d\u00e9j\u00e0 compris que je n\u2019\u00e9tais pas faite pour la cr\u00e9ation.<\/p>\n

Comment vous en \u00eates-vous aper\u00e7u ? Scott a v\u00e9cu exactement la m\u00eame chose.<\/strong><\/p>\n

J\u2019ai vraiment vu ce qu\u2019\u00e9tait le talent ! Je m\u2019extasiais : \u00ab Ouah ! Ces gens sont vraiment super dou\u00e9s ! \u00bb, j\u2019avais vraiment l\u2019\u0153il pour \u00e7a. Au fond de moi, je savais que je manquais de cr\u00e9ativit\u00e9 pour dessiner des v\u00eatements. Mon passage par le FIT a vraiment \u00e9t\u00e9 super. Et j\u2019\u00e9tais tr\u00e8s motiv\u00e9e, j\u2019avais envie de travailler, de faire des stages, j\u2019en ai fait beaucoup.<\/p>\n

Vous vous souvenez de votre premier stage ?<\/strong><\/p>\n

Oh oui, mon premier stage n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s glamour, c\u2019\u00e9tait une bo\u00eete appel\u00e9e Simplicity Patterns. Je ne sais pas si vous voyez ce que c\u2019est, mais il y a longtemps, il y avait des magazines dans lesquels on trouvait des patrons. J\u2019ai vraiment l\u2019impression d\u2019\u00eatre une antiquit\u00e9 \u00e0 raconter \u00e7a.<\/p>\n

Mais \u00e7a existe encore !<\/strong><\/p>\n

Bon, j\u2019ai travaill\u00e9 l\u00e0-bas, j\u2019archivais les magazines et les patrons. Mon deuxi\u00e8me stage a vraiment \u00e9t\u00e9 d\u00e9terminant, puisque c\u2019\u00e9tait chez Perry Ellis, la collection grunge de Marc Jacobs. <\/p>\n

C\u2019est g\u00e9nial !<\/strong><\/p>\n

Je me souviens encore de mon arriv\u00e9e, c\u2019\u00e9tait vraiment fou. Marc Jacobs \u00e9tait au sommet de son art. \u00c7a a aussi \u00e9t\u00e9 l\u2019occasion de rencontrer plein de gens qui sont toujours dans la mode. Il y avait Robert Duffy, Josh [Joshua Schulman] \u2013l\u2019actuel directeur de Bergdorf Goodman \u2013 qui \u00e9tait au service des ventes\u2026 et plein de gens qui travaillent encore avec Marc, c\u2019\u00e9tait vraiment dingue.<\/p>\n

Et donc vous avez vu tous ces gens \u00e0 l\u2019\u0153uvre ?<\/strong><\/p>\n

Moi, j\u2019\u00e9tais stagiaire, donc j\u2019\u00e9tais un peu dans un placard. Je v\u00e9rifiais les sacs, je les \u00e9tiquetais, je v\u00e9rifiais qu\u2019il y avait autant de chaussettes que de Birkenstock, je veillais sur les milliers de petites cha\u00eenes. Quand j\u2019envoyais les chaussures \u00e0 Vogue, je devais m\u2019assurer qu\u2019il y avait cinq cha\u00eenes \u2026 Bref, j\u2019emballais, je d\u00e9ballais. J\u2019\u00e9tais vraiment dans mon coin !<\/p>\n

J\u2019accueillais les r\u00e9dactrices, je leur proposais quelque chose \u00e0 boire. Comme une stagiaire classique. Et la vie r\u00e9serve parfois des surprises : c\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai rencontr\u00e9 Carlyne [Cerf de Dudzeele]. A l\u2019\u00e9poque, elle \u00e9tait r\u00e9dactrice en chef chez Vogue, elle est arriv\u00e9e au showroom, v\u00eatue de Chanel des pieds \u00e0 la t\u00eate, elle \u00e9tait hyper enthousiaste et je me suis dit : \u00ab Cette femme est vraiment g\u00e9niale. \u00bb<\/p>\n

C\u2019est l\u2019\u00e9poque o\u00f9 elle a fait cette c\u00e9l\u00e8bre couverture de Vogue\u2026<\/strong><\/p>\n

C\u2019\u00e9tait fantastique ! Et elle est toujours fantastique ! Toutes les filles qui travaillent avec moi la consid\u00e8rent toujours comme une r\u00e9f\u00e9rence, mais \u00e0 l\u2019\u00e9poque, elle m\u2019avait vraiment impressionn\u00e9e. <\/p>\n

Bref, \u00e0 l\u2019\u00e9poque j\u2019en \u00e9tais au point o\u00f9 je me disais \u00ab \u00e7a a l\u2019air int\u00e9ressant, ce boulot \u00bb. Je n\u2019avais jamais vraiment envisag\u00e9 de bosser pour un magazine, mais \u00e0 mesure que je rencontrais des journalistes et des r\u00e9dactrices, j\u2019\u00e9tais de plus en plus int\u00e9ress\u00e9e : elles avaient la chance de tout voir. Du coup, j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 m\u2019y int\u00e9resser de plus pr\u00e8s. Des ann\u00e9es plus tard, Carlyne a travaill\u00e9 avec moi chez Elle. La boucle \u00e9tait boucl\u00e9e, on est devenues de bonnes amies, c\u2019\u00e9tait un peu un r\u00eave qui devenait r\u00e9alit\u00e9. Pour en revenir au stage, Marc Jacobs a quitt\u00e9 Perry Ellis pour prendre un peu de recul, et moi j\u2019ai utilis\u00e9 tout le r\u00e9seau de contacts que je m\u2019\u00e9tais constitu\u00e9 pour trouver un poste d\u2019assistante dans un magazine. \u00c7a a \u00e9t\u00e9 Mirabella ; c\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai fait mes d\u00e9buts dans la presse magazine.<\/p>\n

Vous avez d\u00e9but\u00e9 en tant qu\u2019assistante ?<\/strong><\/p>\n

Oui.<\/p>\n

Assistante de qui ?<\/strong><\/p>\n

D\u2019une r\u00e9dactrice.<\/p>\n

Peu \u00e0 peu, je suis devenue une esp\u00e8ce de r\u00e9dactrice adjointe, j\u2019avais plus de responsabilit\u00e9s. Ensuite, je suis arriv\u00e9e chez Elle. Et j\u2019y suis rest\u00e9e 13 ans. A l\u2019\u00e9poque, cette marque m\u2019a vraiment parl\u00e9 : elle \u00e9tait fran\u00e7aise, \u00e9trang\u00e8re, diff\u00e9rente.<\/p>\n

Carlyne y travaillait, Gilles [Bensimon] aussi ; c\u2019\u00e9tait vraiment une chouette \u00e9poque. Tout \u00e9tait possible.<\/p>\n

Chez Elle, quel a \u00e9t\u00e9 votre poste au d\u00e9but ?<\/strong><\/p>\n

J\u2019ai d\u00e9but\u00e9 en tant que r\u00e9dactrice adjointe. Ensuite, je suis devenue Senior Fashion Editor et en 2000, r\u00e9dactrice en chef mode du Elle. C\u2019\u00e9tait vraiment chouette, j\u2019ai beaucoup aim\u00e9 y travailler.<\/p>\n

Apr\u00e8s Elle, vous \u00eates all\u00e9e chez Marie Claire ?<\/strong><\/p>\n

Oui, je suis arriv\u00e9e ici en 2008.<\/p>\n

Quel est le r\u00f4le de la directrice artistique et que faites-vous exactement chez Marie Claire?<\/strong><\/p>\n

Eh bien, la directrice artistique supervise le magazine de la premi\u00e8re \u00e0 la derni\u00e8re page. On choisit les photographes, on les rencontre, on s\u00e9lectionne les stylistes, on d\u00e9finit l\u2019\u00e9tat d\u2019esprit du magazine.<\/p>\n

Pensez-vous qu\u2019aujourd\u2019hui, on puisse encore \u00e9voluer dans la mode comme vous l\u2019avez fait ou est-ce que les choses ont chang\u00e9 ?<\/strong><\/p>\n

Les choses ont beaucoup chang\u00e9\u2026 parfois en mieux. Je pense que lorsque l\u2019on est motiv\u00e9 et qu\u2019on veut r\u00e9ussir dans la presse magazine, il y a quelques r\u00e8gles \u00e0 suivre. Il y a les stages, la constitution de son r\u00e9seau\u2026 mais il y a aussi beaucoup plus d\u2019occasions \u00e0 saisir. Quand je vois la nouvelle g\u00e9n\u00e9ration de femmes autour de moi, je suis vraiment tr\u00e8s fi\u00e8re d\u2019elles.<\/p>\n

Aujourd\u2019hui, on est aussi plus libre, on peut avoir son site, son blog et conna\u00eetre le succ\u00e8s gr\u00e2ce \u00e0 \u00e7a. C\u2019est vraiment une chance inou\u00efe ! S\u2019il y avait eu \u00e7a \u00e0 mon \u00e9poque\u2026 Franchement, je ne sais pas si j\u2019aurais pu faire tout \u00e7a. Mais je trouve bien que les femmes se lancent, qu\u2019elles soient motiv\u00e9es, que m\u00eame tr\u00e8s jeunes, elles aient un avis et qu\u2019elles l\u2018expriment. Je trouve g\u00e9nial qu\u2019il n\u2019y ait pas de r\u00e8gles. C\u2019est une \u00e9poque vraiment extra.<\/p>\n

Et la t\u00e9l\u00e9vision, comment est-ce que \u00e7a a commenc\u00e9 ? Ils sont venus vous voir directement ? Je suis vraiment curieuse de savoir.<\/strong><\/p>\n

Au d\u00e9part, j\u2019\u00e9tais tr\u00e8s sceptique.<\/p>\n

Un jour, au bureau, j\u2019apprends qu\u2019il est question de faire une \u00e9mission t\u00e9l\u00e9 sur la mode et je me dis : \u00ab Ah bon ? C\u2019est vraiment pas une bonne id\u00e9e\u2026 la t\u00e9l\u00e9, tout le monde s\u2019en fiche. \u00bb En plus, la t\u00e9l\u00e9, il faut savoir que \u00e7a me p\u00e9trifie. Les producteurs sont arriv\u00e9s et ils ont rencontr\u00e9 plusieurs personnes du magazine. C\u2019\u00e9tait l\u2019\u00e9poque o\u00f9 ma m\u00e8re \u00e9tait tr\u00e8s malade, en Colombie.<\/p>\n

Bref, ils sont arriv\u00e9s, ils m\u2019ont demand\u00e9 ce que j\u2019en pensais et si j\u2019\u00e9tais int\u00e9ress\u00e9e. Je leur ai dit : \u00ab Je ne sais pas si \u00e7a int\u00e9ressera les gens, c\u2019est vraiment un tout petit monde, tr\u00e8s ferm\u00e9\u2026 \u00bb Je leur disais que je n\u2019avais pas le temps. C\u2019est vrai, je me rendais deux fois par mois en Colombie pour \u00eatre avec ma famille. Bref, je leur ai dit que je n\u2019\u00e9tais pas int\u00e9ress\u00e9e en invoquant toutes les raisons possibles.<\/p>\n

Mais plus je r\u00e9sistais, plus je penchais vers le \u00abnon \u00bb, plus \u00e7a leur a plu que je reste moi-m\u00eame, que je ne sois pas plus enthousiaste que \u00e7a. Du coup, ils me voulaient vraiment. Je leur ai donc dit : \u00ab D\u2019accord, je vais le faire, mais je veux qu\u2019on soit deux, parce que je ne pourrai pas \u00eatre l\u00e0 tout le temps, je voyage beaucoup, je dois m\u2019absenter. Il faut qu\u2019on fasse \u00e7a \u00e0 deux, moiti\u00e9-moiti\u00e9. \u00bb<\/p>\n

Il y avait Michael [Kors], que je connaissais. \u00c7a<\/em>, c\u2019\u00e9tait g\u00e9nial. On \u00e9tait amis, je savais qu\u2019il \u00e9tait tr\u00e8s intelligent, plein de bons sens. Je connaissais aussi Heidi, on avait d\u00e9j\u00e0 travaill\u00e9 ensemble plusieurs fois, on s\u2019entendait bien. Bref, j\u2019aimais bien les intervenants. Mais apr\u00e8s le premier \u00e9pisode, je me suis dit \u00ab C\u2019est termin\u00e9, jamais plus personne ne voudra me faire travailler dans cette ville. \u00bb Mais bon, voil\u00e0, je l\u2019avais fait. Tant qu\u2019on n’essaie pas, on ne peut pas savoir.<\/p>\n

Et chez Elle?<\/strong><\/p>\n

Cette opportunit\u00e9 est venue directement du groupe d\u2019\u00e9dition. Ce n\u2019est pas une id\u00e9e de la r\u00e9dactrice en chef ou de la directrice artistique. Je remercie vraiment le groupe d\u2019\u00e9dition, c\u2019est lui qui a vraiment d\u00e9cid\u00e9 de donner une visibilit\u00e9 diff\u00e9rente au magazine, et \u00e7a a \u00e9t\u00e9 une super id\u00e9e. \u00c7a a march\u00e9.<\/p>\n

Et alors, \u00e7a vous a fait quoi ? Votre nom a commenc\u00e9 \u00e0 devenir connu d\u2019un plus large cercle que celui de la mode.<\/strong><\/p>\n

Je me suis rendu compte que l\u2019\u00e9mission avait du succ\u00e8s en allant aux d\u00e9fil\u00e9s. Tout \u00e0 coup, toutes les r\u00e9dactrices se pr\u00e9cipitaient sur moi, il y avait Hamish [Bowles], Bee, la fille d\u2019Anna [Wintour], tout le monde voulait que je leur parle de l\u2019\u00e9mission. Et moi, j\u2019\u00e9tais l\u00e0 : \u00ab Vous voulez dire Project Runway ? \u00bb \u00ab Oui ! Qui est-ce qui gagne ? \u00bb J\u2019ai compris que si eux regardaient l\u2019\u00e9mission, tout le monde la regardait, car c\u2019est vraiment un microcosme. C\u2019est un milieu \u00e0 la fois tr\u00e8s concurrentiel et tr\u00e8s critique.<\/p>\n

L\u00e0, je me suis dit que j\u2019\u00e9tais tir\u00e9e d\u2019affaire. L\u2019\u00e9mission a commenc\u00e9 \u00e0 marcher de mieux en mieux et le magazine en a profit\u00e9, gr\u00e2ce \u00e0 la visibilit\u00e9 que lui offrait l\u2019\u00e9mission. Moi aussi, j\u2019en ai aussi profit\u00e9, bien s\u00fbr.<\/p>\n

Comment avez-vous g\u00e9r\u00e9 cette c\u00e9l\u00e9brit\u00e9 toute neuve ?<\/strong><\/p>\n

Je n\u2019y \u00e9tais pas pr\u00e9par\u00e9e. Je crois qu\u2019il y a des gens qui adorent \u00e7a, mais moi, je n\u2019\u00e9tais pas pr\u00eate et je ne crois pas que je le sois encore. Mais \u00e7a va, je crois que je n\u2019ai pas chang\u00e9, \u00e7a m\u2019a juste ouvert d\u2019autres horizons\u2026 il y a tellement de voies possibles. Franchement, s\u2019il n\u2019y avait pas eu l\u2019\u00e9mission, je crois que j\u2019aurais continu\u00e9 \u00e0 travailler pour le magazine sans penser aux opportunit\u00e9s qui potentiellement pouvaient s\u2019offrir \u00e0 moi, \u00e7a m\u2019a vraiment ouvert les yeux.<\/p>\n

Bon, \u00e7a a quand m\u00eame donn\u00e9 lieu \u00e0 pas mal de tensions au sein du magazine. C\u2019est un peu le revers de la m\u00e9daille. Bien s\u00fbr, les gens \u00e9taient ravis que le Elle soit l\u2019objet de tous les regards, mais \u00e7a ne plaisait pas \u00e0 tout le monde que je sois devenue \u00ab la vitrine \u00bb du magazine. Une r\u00e9dactrice a \u00e9t\u00e9 contrari\u00e9e de se sentir un peu exclue, \u00e7a a donn\u00e9 lieu \u00e0 pas mal d\u2019hostilit\u00e9s et de man\u0153uvres politiques au sein de la r\u00e9daction, ce qui m\u2019a vraiment pein\u00e9e. R\u00e9trospectivement, je me dis que c\u2019est quand m\u00eame une bonne chose, \u00e7a m\u2019a vraiment permis de m\u2019int\u00e9resser \u00e0 d\u2019autres choses, c\u2019est l\u00e0 que j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 me lancer dans mes projets de livres, c\u2019\u00e9tait une nouvelle vie qui commen\u00e7ait.<\/p>\n

J\u2019ai achet\u00e9 tous vos livres avant m\u00eame de vous conna\u00eetre. De quand date le premier ?<\/strong><\/p>\n

Ce devait \u00eatre en 2007 parce que j\u2019\u00e9tais enceinte de mon premier enfant. J\u2019\u00e9crivais tout en travaillant chez Elle, j\u2019avais l\u2019impression d\u2019avoir deux b\u00e9b\u00e9s ! Je ne savais pas ce qui me stressait le plus, la perspective du b\u00e9b\u00e9 ou du nouveau livre ? Je n\u2019arr\u00eatais pas, je faisais tout en m\u00eame temps.<\/p>\n

D\u2019o\u00f9 vous est venue l\u2019id\u00e9e d\u2019un livre ?<\/strong><\/p>\n

Je ne sais pas, j\u2019adore et j\u2019ai toujours ador\u00e9 communiquer avec les lecteurs. J\u2019adore \u00e9crire et communiquer ce que je vois ou ce que j\u2019ai appris. On faisait le magazine et moi, je r\u00eavais de faire un livre dans lequel j\u2019aurais mis tout ce que je sais ! On \u00e9tait en 2004, j\u2019\u00e9tais d\u00e9j\u00e0 dans l\u2019\u00e9mission, les gens n\u2019arr\u00eataient pas de me demander : \u00ab Qu\u2019est-ce que je dois mettre ? Qu\u2019est-ce que je dois faire ? Et la mode, c\u2019est comment ? Comment \u00e7a marche ? \u00bb. Du coup, comme j\u2019avais toutes ces informations, je me suis dit que j\u2019allais les compiler.<\/p>\n

C\u2019est ce que je suis en train de faire\u2026<\/strong><\/p>\n

C\u2019est un travail \u00e9norme<\/em>.<\/p>\n

Quand on veut bien faire les choses, et vos livres sont vraiment g\u00e9niaux, \u00e7a doit effectivement \u00eatre un travail de titan.<\/strong><\/p>\n

Oui, vraiment. Je ne voulais pas d\u2019un livre avec des photos, je voulais quelque chose de plus intemporel, avec des illustrations. Et sans l\u2019aide de Ruben [Toledo, un illustrateur de mode tr\u00e8s connu], j\u2019avais d\u00e9cid\u00e9 que le livre ne se ferait pas. C\u2019\u00e9tait aussi simple que \u00e7a. J\u2019ai ador\u00e9 travailler avec lui, il a vraiment mis en sc\u00e8ne mes mots de fa\u00e7on incroyable\u2026 j\u2019ai eu beaucoup de chance.<\/p>\n

Ensuite, il y a eu les autres livres! Celui qui m\u2019a donn\u00e9 le plus de satisfaction, c\u2019est The One Hundred, c\u2019\u00e9tait vraiment sur la fa\u00e7on de se faire une garde-robe id\u00e9ale, en ne gardant que les classiques et les pi\u00e8ces qui nous tiennent \u00e0 c\u0153ur. Ces v\u00eatements qu\u2019on arr\u00eate parfois de porter quelque temps mais vers lesquels on finit toujours par revenir. \u00c7a a vraiment \u00e9t\u00e9 un tr\u00e8s bon moment.<\/p>\n

Vous communiquez avec les gens \u00e0 travers vos livres mais aussi gr\u00e2ce aux r\u00e9seaux sociaux. C\u2019\u00e9tait strat\u00e9gique de votre part ou est-ce que c\u2019est venu naturellement ? <\/strong><\/p>\n

\u00c7a a commenc\u00e9 avec l\u2019\u00e9mission de t\u00e9l\u00e9vision. Est-ce que c\u2019est venu naturellement ? Non, pas vraiment, parce que les r\u00e9seaux sociaux ne sont pas vraiment quelque chose de \u00ab naturel \u00bb pour les gens de ma g\u00e9n\u00e9ration, mais j\u2019ai commenc\u00e9 \u00e0 en comprendre l\u2019importance, notamment par le biais de l\u2019\u00e9mission. J\u2019avais envie de savoir ce que les gens pensaient de mes commentaires, des autres intervenants\u2026 j\u2019\u00e9tais tr\u00e8s curieuse ! Comme c\u2019\u00e9tait intimement li\u00e9 \u00e0 la mode, avec les d\u00e9fil\u00e9s, j\u2019ai endoss\u00e9 mon r\u00f4le de r\u00e9dactrice mode, tout naturellement. Je veux que mes lecteurs et mes followers voient ce que je vois. C\u2019est quelque chose que j\u2019aime faire, \u00e7a me fait vraiment plaisir de pouvoir partager \u00e7a.<\/p>\n

Comment avez-vous choisi les r\u00e9seaux sur lesquels vous seriez plus active et ceux sur lesquels vous seriez plus en retrait ? <\/strong><\/p>\n

Je ne peux pas \u00eatre partout, mais je pense qu\u2019Instagram, Tumblr, Twitter et Pinterest sont les plus int\u00e9ressants pour se renseigner, s\u2019informer et communiquer sur la mode.<\/p>\n

Comment utilisez-vous ces diff\u00e9rentes plateformes ? Vos tweets ont l\u2019air tr\u00e8s personnels. Y a-t-il des gens qui vous aident ?<\/strong><\/p>\n

Mon \u00e9quipe ici [chez Marie Claire] m\u2019aide beaucoup ; j\u2019ai tout un pool de r\u00e9dactrices qui m\u2019aident beaucoup. Je ne peux pas tout faire, mais quand je suis sur les d\u00e9fil\u00e9s, je communique de fa\u00e7on personnelle. Idem pour les showrooms. Mon compte Twitter, c\u2019est vraiment moi qui l\u2019alimente. Mon profil Facebook est surtout consacr\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9mission. On essaie d\u2019\u00eatre pr\u00e9sents un peu partout. Mais c\u2019est du travail et j\u2019ai besoin d\u2019aide Et mes journalistes m\u2019aident beaucoup.<\/p>\n

Avez-vous d\u00e9j\u00e0 fait des bourdes sur les r\u00e9seaux sociaux ?<\/strong><\/p>\n

Mais bien s\u00fbr, \u00e7a m\u2019arrive tout le temps ! Comme je n\u2019y vois rien, j\u2019\u00e9cris tr\u00e8s mal, je m\u2019emballe et du coup, je fais plein de fautes d\u2019orthographe !<\/p>\n

Ce que je trouve g\u00e9nial, ce que vous r\u00e9ussissez \u00e0 communiquer avec vos lecteurs anglophones et vos lecteurs hispanophones \u00e0 la fois.<\/strong><\/p>\n

Oui, \u00e7a compte beaucoup, pour moi. Tout le monde ne sait pas que je suis colombienne malgr\u00e9 mon nom, Garcia, qui est pourtant un bon indice. J\u2019aime communiquer avec les hispanophones, je vais souvent en Am\u00e9rique du Sud. J\u2019ai aussi envie que mes enfants parlent espagnol et qu\u2019ils connaissent la Colombie, c\u2019est aussi ma culture.<\/p>\n

Quand vous \u00ab parlez \u00bb en espagnol avec vos followers sur Twitter, est-ce que vous avez peur que vos followers anglophones se sentent exclus ? Ou est-ce que vous faites \u00e7a spontan\u00e9ment, sans y penser ?<\/strong><\/p>\n

Je n\u2019y pense pas, je le fais de fa\u00e7on spontan\u00e9e et on ne me l\u2019a jamais reproch\u00e9. Au contraire, je pense que c\u2019est tr\u00e8s positif. \u00c7a int\u00e9resse les gens, du coup, ils me disent : \u00ab On ne savait pas que vous parliez espagnol. On est vraiment fiers de vous. \u00bb Et puis aux Etats-Unis, il y a \u00e9norm\u00e9ment d\u2019hispanophones. Donc, franchement, je me fais plaisir et je vais continuer.<\/p>\n

Des d\u00e9convenues avec les r\u00e9seaux sociaux ? Twitter peut vraiment \u00eatre cassant, parfois.<\/strong><\/p>\n

Il y a eu un petit incident. J\u2019\u00e9tais au cirque, une histoire d\u2019\u00e9l\u00e9phant, je crois. Je me suis emball\u00e9e et j\u2019ai \u00e9crit : \u00ab C\u2019est super, je suis au cirque et je vois un \u00e9l\u00e9phant ! \u00bb Et j\u2019ai re\u00e7u des messages du genre : \u00ab A bas la cruaut\u00e9 animale ! \u00bb<\/p>\n

Comment g\u00e9rez-vous \u00e7a ? Vous laissez passer ?<\/strong><\/p>\n

Oui, je laisse passer.<\/p>\n

On ne sait jamais quand \u00e7a va frapper !<\/strong><\/p>\n

Mais \u00e7a arrive, c\u2019est la vie.<\/p>\n

Et dans ce cas, vous \u00eates du genre \u00e0 ne pas regarder ?<\/strong><\/p>\n

Je ferme les yeux.<\/p>\n

Vous ne ripostez pas ?<\/strong><\/p>\n

C\u2019est exact. Et \u00e0 la t\u00e9l\u00e9, quand je dis quelque chose qui ne pla\u00eet pas aux gens ou que je critique un cr\u00e9ateur qu\u2019ils aiment, j\u2019ai droit au m\u00eame genre de commentaires : \u00ab Elle a vraiment \u00e9t\u00e9 d\u00e9gueulasse avec untel ! \u00bb<\/p>\n

Justement, je voulais vous interroger \u00e0 ce sujet. J\u2019ai toujours l\u2019impression que la mode est souvent pr\u00e9sent\u00e9e de fa\u00e7on caricaturale \u00e0 la t\u00e9l\u00e9. Qu\u2019elle n\u2019a rien \u00e0 voir avec ce que c\u2019est vraiment. Comment arrivez-vous \u00e0 faire la part des chose ?<\/strong><\/p>\n

C\u2019est d\u00e9licat, la t\u00e9l\u00e9vision, parce que le montage est fait par une tierce personne. Si par exemple je dis \u00ab J\u2019adore ta coiffure mais je n\u2019aime pas trop ton collier \u00bb, ils couperont \u00ab J\u2019adore ta coiffure \u00bb pour ne garder que \u00ab Je n\u2019aime pas trop ton collier \u00bb, ils ne gardent que le n\u00e9gatif. Mais je crois qu\u2019il faut rester soi-m\u00eame. C\u2019est pour \u00e7a que les gens adorent Michael, il est tr\u00e8s naturel. Moi, j\u2019ai l\u2019impression d\u2019\u00eatre honn\u00eate, de mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale. Peut-\u00eatre qu\u2019ils me montrent un peu plus dure que je ne le suis vraiment \u00e0 cause de ma fa\u00e7on de m\u2019exprimer. Comme je l\u2019ai dit, souvent, ils ne gardent que ce que j\u2019ai dit de n\u00e9gatif, pas le positif.<\/p>\n

Avez-vous parfois envie d\u2019avoir un droit de regard sur le montage ?<\/strong><\/p>\n

Au d\u00e9but, j\u2019\u00e9tais vraiment contrari\u00e9e, voire m\u00eame mortifi\u00e9e. Un soir, je suis all\u00e9e \u00e0 un d\u00eener et quelqu\u2019un m\u2019a dit : \u00ab Ah, mais c\u2019est toi, la m\u00e9chante juge, la garce. \u00bb Je suis partie en larmes. Donc oui, au d\u00e9but, \u00e7a m\u2019a g\u00ean\u00e9e. Mais avec le temps, l\u2019\u00e9mission a chang\u00e9 et s\u2019est bonifi\u00e9e. D\u00e8s qu\u2019on donne son accord pour ce genre d\u2019\u00e9mission, on ne peut plus revenir en arri\u00e8re. A moins d\u2019\u00eatre le producteur de l\u2019\u00e9mission, de faire la pluie et le beau temps, et d\u2019avoir acc\u00e8s aux rushs, on n\u2019a pas son mot \u00e0 dire.<\/p>\n

Comment arrivez-vous \u00e0 trouver un \u00e9quilibre entre ce que vous aimez faire et ce que vous faites ? Pensez-vous parfois \u00e0 tout abandonner pour la TV ?<\/strong><\/p>\n

Oui, j\u2019y ai pens\u00e9. Tout simplement parce qu\u2019une fois qu\u2019on commence \u00e0 faire de la t\u00e9l\u00e9, on a un agent qui vous serine \u00e0 longueur de temps : \u00ab Arr\u00eate de bosser dans la presse magazine, viens \u00e0 Hollywood, on va devenir riches. \u00bb Mais la v\u00e9rit\u00e9, c\u2019est que j\u2019aime faire ce que je fais. C\u2019est vrai, j\u2019aime la t\u00e9l\u00e9, mais au fond, je reste une r\u00e9dactrice. C\u2019est ce qui me fait vibrer, c\u2019est ma passion. J\u2019adore les d\u00e9fil\u00e9s, les lecteurs, j\u2019adore cr\u00e9er le magazine, trouver le photographe auquel personne ne s\u2019\u00e9tait int\u00e9ress\u00e9 pour faire de belles photos et\u2026 je continue \u00e0 aimer \u00e7a. Tant que je pourrai faire les deux, je serai vraiment contente.<\/p>\n

Vous avez une grosse \u00e9quipe avec vous, au magazine et \u00e0 la t\u00e9l\u00e9 ?<\/strong><\/p>\n

Mes assistantes sont toujours avec moi. On collabore de fa\u00e7on tr\u00e8s \u00e9troite. J\u2019adore nourrir de jeunes talents. J\u2019aime rep\u00e9rer les filles avec qui je sens que j\u2019aurai des affinit\u00e9s, j\u2019adore trouver de nouveaux collaborateurs. Ils me donnent de l\u2019\u00e9nergie, ils sont \u00e0 la fois mes yeux et mes oreilles. Donc je fais tr\u00e8s attention \u00e0 \u00e7a, j\u2019ai vraiment besoin d\u2019appr\u00e9cier les gens avec qui je travaille. J\u2019aime aussi leur offrir une promotion, leur permettre de r\u00e9aliser leurs r\u00eaves. Je suis tr\u00e8s proche de mon \u00e9quipe.<\/p>\n

Comment fonctionne un magazine avec les r\u00e9volutions qui ont s\u00e9vi dans la mode et la technologie ?<\/strong><\/p>\n

Tout le monde sait maintenant qu\u2019il n\u2019y a plus qu\u2019un seul support. Alors qu\u2019avant on ne s\u2019adressait qu\u2019\u00e0 nos lecteurs, on a maintenant la possibilit\u00e9 de toucher tous ces autres lecteurs potentiels. On continue \u00e0 progresser dans ce sens, je ne dis pas que c\u2019est parfait, mais c\u2019est int\u00e9ressant de toucher de nouvelles cibles.<\/p>\n

Quand j\u2019ai d\u00e9but\u00e9 dans la mode, on allait en Europe voir les d\u00e9fil\u00e9s et les photos n\u2019\u00e9taient disponibles que deux semaines plus tard. C\u2019est pour \u00e7a que toutes les r\u00e9dactrices \u00e9taient arm\u00e9es d\u2019un carnet et qu\u2019elles faisaient des croquis. Maintenant, tout est disponible instantan\u00e9ment, tout va tr\u00e8s vite. Il n\u2019y a plus vraiment de saisons, on est dans l\u2019imm\u00e9diatet\u00e9. Instagram, c\u2019est exactement \u00e7a, c\u2019est sur le vif.<\/p>\n

Vous pensez que \u00e7a va faire \u00e9voluer la Fashion Week ?<\/strong><\/p>\n

Je pense que tout \u00e7a va finir par changer. Il le faut. Tout va trop vite pour que \u00e7a reste comme \u00e7a. On a l\u2019impression de nourrir un monstre insatiable. Et du coup, tout devient vite ennuyeux.<\/p>\n

Nous, journalistes, \u00e7a nous oblige \u00e0 \u00eatre encore plus cr\u00e9atifs et \u00e0 vraiment donner une personnalit\u00e9 \u00e0 notre magazine.<\/p>\n

Vous supervisez tous les supports de Marie Claire ?<\/strong><\/p>\n

Non, mais je travaille avec tout le monde.<\/p>\n

Est-ce que vous vous r\u00e9unissez pour vous demander : \u00ab Quel est notre message ? \u00bb Est-ce que vous avez l\u2019impression de devoir faire encore plus attention \u00e0 ce que vous dites ?<\/strong><\/p>\n

Oui, il faut vraiment bien r\u00e9fl\u00e9chir. Une fois encore, c\u2019est \u00e0 nous r\u00e9dactrices et journalistes de faire notre boulot, de faire des choix, trop d\u2019information tue l\u2019information.<\/p>\n

Comment arrivez-vous \u00e0 faire tout \u00e7a en \u00e9tant m\u00e8re de deux enfants ?<\/strong><\/p>\n

Je ne sais pas ! Comment est-ce que je fais ? J\u2019ai un mari qui m\u2019aide \u00e9norm\u00e9ment, j\u2019ai beaucoup de chance. C\u2019est un super papa. Mes enfants sont ma priorit\u00e9. Longtemps, j\u2019ai cru qu\u2019il \u00e9tait impossible de tout mener de front, que le fait d\u2019avoir des enfants m\u2019emp\u00eacherait de rester concentr\u00e9e sur mes objectifs. J\u2019avais peur de perdre ma motivation en ayant des enfants.<\/p>\n

Mais en fait, c\u2019est tout le contraire, et peu de personnes vous le disent. Avec des enfants, on est plus efficace, plus concentr\u00e9. On travaille mieux, on est plus efficace parce qu\u2019on a envie de rentrer chez soi plus vite. Tout devient plus rationnel : j\u2019adore ce que je fais, mais j\u2019aime aussi jouer mon r\u00f4le de maman. Je suis donc tr\u00e8s organis\u00e9e pour pouvoir passer un maximum de temps chez moi.<\/p>\n

Le seul truc qui p\u00e2tisse vraiment de tout \u00e7a, c\u2019est ma vie sociale, je n\u2019ai pas d\u2019amis. Tout le monde pense que jamais plus je ne ressortirai de chez moi ! Je suis dans ma forteresse. C\u2019est vrai !<\/p>\n

Il faut faire des concessions.<\/strong><\/p>\n

Et c\u2019est vraiment ma seule concession. C\u2019est vrai, je n\u2019ai pas d\u2019amis.<\/p>\n

Et vous prenez du temps pour vous ?<\/strong><\/p>\n

Non !<\/p>\n

Vous faites du sport ?<\/strong><\/p>\n

Parfois ! je me dis : \u00ab Tiens, je me ferais bien faire un massage, un soin\u2026 \u00bb, mais finalement, je n\u2019y arrive pas parce que je n\u2019ai pas le temps. Quand j\u2019ai du temps, j\u2019ai vraiment envie de le passer avec mes enfants, c\u2019est ma priorit\u00e9.<\/p>\n

C\u2019est gratifiant, j\u2019adore \u00e7a. En plus, \u00e7a permet de prendre un peu de recul, parce que dans l\u2019univers de la mode\u2026 C\u2019est un monde tr\u00e8s s\u00e9duisant, passionnant\u2026. Mais on peut facilement y laisser sa peau.<\/p>\n

Et \u00e7a ne s\u2019arr\u00eate jamais ! Il y a toujours quelque chose de nouveau.<\/strong><\/p>\n

Oui, bien s\u00fbr ! C\u2019est un cercle sans fin dans lequel je pourrais me perdre. On encha\u00eene les d\u00e9fil\u00e9s, les saisons\u2026. Et on parle toujours de changement, de nouveaut\u00e9, on est vite pris dans une spirale dont il est difficile de s\u2019extraire pour avoir une vie priv\u00e9e. Mais c\u2019est un \u00e9quilibre n\u00e9cessaire, je pense que c\u2019est sain.<\/p>\n

Diriez-vous que l\u2019apparence physique joue un r\u00f4le important dans votre m\u00e9tier ? Comment g\u00e9rez-vous \u00e7a, maintenant que vous \u00eates c\u00e9l\u00e8re et malgr\u00e9 votre agenda surcharg\u00e9 ?
\n<\/strong><\/p>\n

Mon apparence\u2026. Oui et non. J\u2019adore la mode mais je ne suis pas esclave de mon apparence physique. Il y a plein de gens qui font \u00e7a tr\u00e8s bien. Moi, je m\u2019habille pour aller bosser mais je n\u2019en fais pas une obsession non plus. Moi, il faut que je me sente \u00e0 l\u2019aise pour \u00eatre en confiance.<\/p>\n

Les plus gros obstacles que vous ayez rencontr\u00e9s dans votre carri\u00e8re ?<\/strong> <\/p>\n

La jalousie, la concurrence, la mesquinerie.<\/p>\n

Vous r\u00e9pondez, dans ce cas-l\u00e0 ?<\/strong><\/p>\n

Je ne m\u2019en m\u00eale pas. Je prends de la hauteur.<\/p>\n

Qu\u2019est-ce qui vous pla\u00eet le plus dans votre travail ?<\/strong><\/p>\n

La nouveaut\u00e9.<\/p>\n

Vos conseils \u00e0 quelqu\u2019un qui voudrait travailler dans la mode, la presse magazine ou \u00e0 la t\u00e9l\u00e9 ?<\/strong><\/p>\n

Pour pouvoir commencer dans ce milieu, il faut rencontrer quelqu\u2019un, faire un stage, se trouver un mentor. Je crois beaucoup aux mentors, surtout dans ce milieu. Il faut trouver qu\u2019un qui vous donnera votre chance, et plein de gens seront pr\u00eats \u00e0 le faire si vous travaillez dur et que vous \u00eates passionn\u00e9.<\/p>\n

De quoi r\u00eavez-vous pour l\u2019avenir ?<\/strong><\/p>\n

J\u2019ai envie de continuer pour voir ce qui va se passer. C\u2019est vraiment une \u00e9poque passionnante. Je pense notamment aux jeunes qui travaillent dans la mode et qui vivent une \u00e9poque d\u00e9cisive. Je me consid\u00e8re vraiment comme privil\u00e9gi\u00e9e de pouvoir vivre \u00e7a.<\/p>\n

Jetez un coup d\u2019oeil sur mes autres interviews<\/a> : <\/em><\/p>\n

Laura O’Neill<\/a>, Founder, Van Leeuwen Ice Cream
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Alice Lane<\/a>, Make Up Artist
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Constance Jablonski<\/a>, Model
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Rashida Jones<\/a>, Actress & Writer
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D\u00e9sol\u00e9, cet article est seulement disponible en Anglais Am\u00e9ricain.<\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[1399,1398,26,476],"tags":[95,2066,578,2065,4458,2067],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/194290"}],"collection":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts"}],"about":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments?post=194290"}],"version-history":[{"count":10,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/194290\/revisions"}],"predecessor-version":[{"id":260025,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/194290\/revisions\/260025"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/media?parent=194290"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories?post=194290"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags?post=194290"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}