J’adore les voyages, mais je d\u00e9teste \u00eatre une touriste. C’est que, voyez-vous, diff\u00e9rents points de vue m’habitent.
\nJ’ai \u00e9t\u00e9 touriste (\u00e0 mon corps d\u00e9fendant) locale (et fi\u00e8re de l’\u00eatre) et grande voyageuse (du moins, c’est ce que je croyais). <\/p>\n
Mais laissez-moi vous raconter.<\/p>\n
Les touristes du point de vue de moi touriste, de 25 ans \u00e0 nos jours.<\/strong><\/p>\n <\/p>\n Foutus touristes. Toujours beaucoup trop voyants. Ils marchent au ralenti dans les rues, ils parlent trop fort et EN PLUS, soit ils parlent dans des langues que je comprends, ce qui me distrait de la beaut\u00e9 du paysage, soit dans des langues que je ne comprends pas, ce qui m\u2019\u00e9nerve parce que si j\u2019avais envie d\u2019entendre leur langue, j\u2019aurais choisi de voyager dans leur pays. Moi, quand je suis en voyage, je ne veux entendre que le doux son de la langue locale.<\/p>\n Et puis ils sont trop nombreux, les touristes. Ils ne pensent qu\u2019\u00e0 une chose, c\u2019est \u00e0 faire les m\u00eames activit\u00e9s que moi. \u00c0 aller dans les m\u00eames restaurants que moi et \u00e0 prendre les m\u00eames avions que moi. \u00c7a m’\u00e9nerve !<\/p>\n Moi, quand je voyage, je voyage local. Je cherche \u00e0 aller \u00e0 la rencontre de l\u2019habitant, voyez-vous. Je sors des sentiers battus, je mange les sp\u00e9cialit\u00e9s cuisin\u00e9es par les gens du coin et je n’ach\u00e8te JAMAIS de Guide du Routard. <\/p>\n Je suis vachement mieux qu’un touriste, quoi.<\/p>\n Les touristes du point de vue de moi locale, 14 ans, dans mon village<\/a>.<\/strong><\/p>\n Foutus touristes. Masse uniforme, bruyante et voyante qui vient g\u00e2cher MON paysage<\/a>. Et en plus, ils portent TOUS des Birkenstocks<\/a>, ces chaussures tr\u00e8s bizarres qui prennent la forme des pieds.<\/p>\n Bon, on pourrait pas trop vivre sans eux, vu qu’ils nous font gagner notre argent, mais ce qui serait bien, ce serait qu’ils viennent et qu’ils repartent en se faisant le plus discret possible. <\/p>\n Et puis, qu’ils arr\u00eatent d’essayer de parler le corse aussi, parce que franchement, je n’y comprends rien \u00e0 leur accent et QUE JE PARLE TR\u00c8S BIEN le FRAN\u00c7AIS merci au revoir. Alors moi je dis, vive le Guide Du Routard. <\/p>\n Les locaux vus par moi, \u00ab\u00a0Grande Voyageuse\u00a0\u00bb.<\/strong><\/p>\n Foutus touristes. Le tourisme, c’est nul. Le vrai truc, tu vois, c’est les voyages. C’est un autre concept, tu comprends ? Ouais, passe le joint. Nan mais tu vois ce que je veux dire ? On part en voyage ? Ouaaaaais on part en voyage. <\/p>\n On n’a qu’\u00e0 partir \u00e0 [Ins\u00e9rer le nom du pays en voie de d\u00e9veloppement] c’est trop cool! Tu vis l\u00e0-bas pour 20 Euros par mois. Voil\u00e0 \u00e0 peu pr\u00e8s mon discours \u00e0 18 ans. Aaaaah on est vachement s\u00e9rieux quand on a 18 ans.<\/p>\n Quelques mois plus tard, on y \u00e9tait, et apr\u00e8s quelques verres dans un bar local avec mes deux amis \u00ab\u00a0grands voyageurs\u201d, on s\u2019\u00e9tait fait copains avec des locaux. Trop cool. On a commenc\u00e9 \u00e0 passer du temps avec eux, ils nous ont montr\u00e9 leurs quartiers, leur fa\u00e7on de vivre. On a mang\u00e9 local, bu local, parl\u00e9 de grand th\u00e8mes et d\u2019amiti\u00e9 internationale. On a m\u00eame jou\u00e9 des percus sur la plage, man, tu vois, fr\u00e8re ? <\/p>\n Puis un jour, il fut temps de repartir.<\/p>\n Au moment de partir, l\u2019un de nos nouveaux amis m\u2019a demand\u00e9… …<\/p>\n Choqu\u00e9e, bless\u00e9e, vex\u00e9e, je suis partie en me disant que le monde entier \u00e9tait pourri et rempli de gens int\u00e9ress\u00e9s.<\/p>\n Il m\u2019a fallu quelques jours pour comprendre.<\/p>\n Quels petits cons pr\u00e9tentieux on avait \u00e9t\u00e9. J’ai encore honte de mon comportement quand j’y pense. Je n\u2019ai jamais oubli\u00e9 cette br\u00fblure, ce moment o\u00f9 je me suis rendue compte que dans le monde dans lequel on vit, les priorit\u00e9s sont diff\u00e9rentes selon les latitudes. <\/p>\n Que l\u2019amiti\u00e9 peut exister de millions de mani\u00e8res diff\u00e9rentes mais qu\u2019il ne faut jamais oublier d\u2019o\u00f9 l\u2019on vient. Et que m\u00eame quand on est un \u00e9tudiant sans le sou, dans certains pays, pour certaines personnes… on est milliardaire. <\/p>\n Pendant longtemps, je n\u2019ai voyag\u00e9 que dans des pays qui ressemblaient au mien, parce qu\u2019apr\u00e8s ce voyage, j\u2019ai compris qu\u2019il me faudrait du temps pour arriver \u00e0 comprendre comment voyager.<\/p>\n
\nNon ? Bah.<\/p>\n
\nEt, mais, non mais, OH ! … Qui est cette personne qui vient de s’introduire dans ma chambre \u00e0 coucher alors que je faisais la sieste ? Et QUI ME DEMANDE SI ELLE PEUT VISITER MA MAISON ? Il y a des panneaux partout ! D\u00e9fense d’entrer. Verboten. Attends ! C’est m\u00eame \u00e9crit en allemand ! Aucune excuse.
\nEncore l’une de ces touristes qui cherche \u00e0 sortir des sentiers battus. Ceux-l\u00e0, ce sont les pires. S’il y a des sentiers battus, c’est pour une bonne raison. C’est pour qu’on ait trois secondes tranquilles sans touristes. <\/p>\n
\nEt pas de Guide Du Routard. \u00c7a va pas la t\u00eate ? On est des voyageurs, nous. On va se faire des potes locaux, ils nous montreront leur pays, le vrai, amiti\u00e9 sans fronti\u00e8re, je te dis.
\n…
\nTu crois que je me fais des locks, ou bien ?<\/p>\n
\nSi j\u2019avais un peu d’argent pour lui.<\/p>\n
\nNous qui pensions que nous pouvions aller passer deux semaines \u00e0 la gr\u00e2ce de l\u2019habitant, sans penser une seconde que leurs probl\u00e8mes \u00e0 eux \u00e9taient bien plus s\u00e9rieux que \u201cne surtout pas regarder le Guide du Routard\u201d. Qu\u2019ils avaient des familles \u00e0 nourrir. Autre chose \u00e0 faire dans leur vie que de distraire trois jeunes cons \u00e0 la recherche de sensations. <\/p>\n