{"id":143,"date":"2007-07-23T08:04:29","date_gmt":"2007-07-23T07:04:29","guid":{"rendered":"https:\/\/www.wearedore.com\/2007\/07\/23\/cousu-de-fil-blanc\/"},"modified":"2013-04-02T11:18:50","modified_gmt":"2013-04-02T15:18:50","slug":"cousu-de-fil-blanc","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/wp.wearedore.com\/fr\/beauty\/cousu-de-fil-blanc\/","title":{"rendered":"cousu de fil blanc"},"content":{"rendered":"

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Je m’\u00e9tais dit : de toutes fa\u00e7ons, d\u00e8s que t’en vois un, tu files chez le coiffeur et tu te transformes en blonde platine.<\/p>\n

Comme toutes les brunes, j’ai un jour r\u00eav\u00e9 d’\u00eatre blonde platine. Sauf que le blond que j’aime \u00e9voque les fjords, les immensit\u00e9s enneig\u00e9es et Ingmar Bergman, et le blond que je peux esp\u00e9rer avoir se tortille en tee-shirt mouill\u00e9 sur les plages de St-Tropez.<\/p>\n

Mais j’aimais bien me le dire, me donner du courage pour affronter le jour ou il arriverai. Mon premier cheveu blanc. La preuve tangible que je suis en train de vieillir et que le reste de ma vie ne sera qu’une douloureuse chute vers la respectabilit\u00e9.<\/p>\n

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Oui, parce qu’une ride c’est discutable. Selon la lumi\u00e8re et le nom qu’on lui donne par exemple. J’entends souvent : Mais non c’est magnifique, c’est une ride d’expression. Mais enfin, toutes les rides ne sont-elles pas d’expression? Alors qu’un cheveu, c’est une preuve. Et m\u00eame sans analyse ADN.<\/p>\n

Bref. Un beau matin, mon cheveu blanc identifi\u00e9 entre les doigts, seule devant le miroir de la salle de bain, j’ai bl\u00eami. Puis j’ai regard\u00e9 autour de moi. Tout le monde dormait. J’ai fait dispara\u00eetre l’intrus. Puis j’ai fait semblant d’oublier.<\/p>\n

\u00c0 partir du moment o\u00f9 qu’on l’a fait une fois, l’inavouable devient vite familier. J’ai d\u00fb d\u00e9gommer comme \u00e7a huit ou neuf cheveux blancs, sur une p\u00e9riode d’environ huit mois, craignant \u00e0 chaque instant que la brigade de l’honn\u00eatet\u00e9 d\u00e9cr\u00e9pitique ne d\u00e9boule et n’arr\u00eate le g\u00e9nocide.<\/p>\n

En m\u00eame temps, mon honn\u00eatet\u00e9 d\u00e9cr\u00e9pitique, je l’avais abandonn\u00e9e le jour o\u00f9 j’ai f\u00eat\u00e9 mes trente ans. Ce jour l\u00e0, j’avais clam\u00e9 \u00e0 l’assembl\u00e9e : \u00ab\u00a0Vous voyez cette f\u00eate, l\u00e0? Et bien profitez-en bien, parce que c’est la derni\u00e8re. \u00c0 partir d’aujourd’hui et jusqu’\u00e0 ce que m\u00eame la perspective d’un t\u00eate \u00e0 t\u00eate avec Nicolas Ghesqui\u00e8re ne me fasse plus d\u00e9faillir, j’ai trente ans.\u00a0\u00bb<\/p>\n

Oui, parce trente ans, \u00e7a m’apparaissait comme la porte de sortie d’un monde sexy, dr\u00f4le et plein d’aventures ou, en pleine possession de tous mes pouvoirs, de ma libert\u00e9, et de mon indiscutable jeunesse rigolant au nez de l’horloge biologique, j’\u00e9tais moi. Et qu’apr\u00e8s, je serais moi, mais vieille. Et \u00e7a ne me plaisait pas du tout.<\/p>\n

C’est pourquoi j’ai eu un sentiment \u00e9trange lorsque, il y a quelques jours, j’ai zoom\u00e9 sur mon cheveu blanc revenu me narguer, et que, \u00e0 mon orgueil d\u00e9fendant, je l’ai regard\u00e9 avec tendresse. Je ne sais pas ce qu’il s’est pass\u00e9 en moi, mais celui l\u00e0, je ne l’ai pas touch\u00e9. J’ai attendu de voir.<\/p>\n

Et j’ai commenc\u00e9 \u00e0 bien l’aimer . Je l’ai pr\u00e9venu que je n’\u00e9tais pas encore pr\u00eate \u00e0 accueillir toute la colonie, et que je les attendais m\u00eame arm\u00e9e jusqu’aux dents d’ammoniaque et de gants Mapa. Mais que pour le moment on pouvait \u00eatre amis. Et je me suis souri*.<\/p>\n

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*me sourire : Outre le fait que \u00e7a m’arrive rarement de me sourire \u00e0 moi m\u00eame, prenant toujours devant le miroir cet air myst\u00e9rieux et top-modelesque ridicule que nous faisons toutes, avec les joues plus ou moins rentr\u00e9es, j’assume parfaitement ma fin violonisante et sirupeuse \u00e0 souhait. Pourquoi cette NDBDP sinon? Hein, pourquoi?<\/small><\/p>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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