Upstate with Sara Elbert
6 years ago by
Je pourrais sans l’ombre d’un doute prendre quelques margaritas avec Sara et passer la nuit à rire avec elle. Elle est pleine de vie. Et nous partageons une passion pour les combinaisons pratiques, tout est dit (j’ai une passion étrange pour Amelia Earhart. Demandez à Veronica, elle ne comprend toujours pas). Sara et son mari ont quitté la ville il y a un moment, après s’être rencontrés à Brooklyn, et ils sont maintenant les heureux propriétaires d’un restaurant absolument délicieux, Brushland. Un endroit chaleureux au milieux de la rue principale de Bovina, dans l’état de New York. Cette superbe blonde est incroyable. Une vraie battante, et vous ne voudrez plus inviter personne d’autre une fois que vous l’aurez rencontrée et aurez découvert son petit monde, pensé jusque dans les moindres détails. Voilà Sara !
!
Ton style en trois mots.
Classique, pratique et dynamique.
Qu’est-ce qui compte le plus en matière de style : le confort, la beauté ou l’innovation ?
Le confort, avec une précision quand même – il faut que je puisse me sentir belle.
J’aime les vêtements que je peux porter toute la journée sans être gênée, sans me sentir limitée – si ce n’est pas confortable ou pratique, cela me distrait.
La pièce la plus précieuse que tu possèdes ?
Des vieux T-shirts que mes parents ont collectionné, de leur vingtaine à leur trentaine. Il y en a quelques-uns en particulier que je porte très fièrement. Je porte tout temps un T-shirt du concert de Third World, qui a une forme un peu blouse, et un T-shirt très seyant à manches courtes du carnaval de St. John avec des palmiers couleurs pastels. Ils ont une vraie personnalité, et ils ont été très bien entretenus.
Une figure de référence pour le style ?
Ma mère dans les années 70 et Caroline Bessettee. Je me souviens avoir vu des photos d’elles deux et m’être dit “le chic devrait toujours sembler aussi naturel, sans effort”. Leur style n’en faisait pas trop, n’était pas trop réfléchi et résiste à l’épreuve du temps.
Des pièces que tu ne portes jamais ?
Je ne porte pas beaucoup de couleurs vives ou de gros imprimés. Je préfère les couleurs chaudes et neutres, le jean, le noir et blanc. Mais quand même, j’adore le style “vacances” et je m’inspire des locaux. La dernière fois c’était pour mon enterrement de vie de jeune fille, à San Juan. Des roses vifs, des broderies et des grosses boucles d’oreilles semblaient parfaitement adaptés sous les palmiers, un verre de rhum à la main.
Nous n’avons passé qu’une journée ensemble mais je sais déjà que tu es très réfléchie et soignée dans tout ce que tu fais. Tu as une personnalité très authentique, le genre de personnes dont je veux être entourée. Comment cette attitude très naturelle se traduit-elle dans ta garde-robe, en termes de couleurs, de silhouettes, de qualité des vêtements, etc ?
Je suis vraiment touchée par ta gentille description. J’adore prendre soin des gens, et c’est vraiment important pour moi que tu te sentes à l’aise dans notre petit coin de paradis.
Prendre soin des gens – les nourrir, leur donner l’impression d’être à la maison – est notre priorité. Je n’ai pas le temps d’acheter des vêtements que je vais devoir retoucher donc je privilégie les marques qui font des pièces bien coupées que je peux directement enfiler et porter. Les jeans taille mi-haute d’Everlane m’arrivent juste au-dessus des chevilles et soulignent tout ce qu’il faut souligner donc j’en achète encore et encore. La qualité est aussi importante pour moi, pour les mêmes raisons. Je préfère passer mon temps à faire des choses agréables plutôt que courir toujours après la fast fashion et devoir toujours remplacer mes vêtements.
Je me sens particulièrement sûre de moi, et donc particulièrement efficace, quand je me sens moi-même, ce qui commence le matin en mettant mes vêtements. Mon fiancé et moi nous gérons la Brushland Eating House donc nos tâches de la journée vont du nettoyage de la salle à manger à l’accueil de clients dans nos locations, de l’entretien du jardin à l’achat de produits auprès de fermiers. Je porte des bottes boueuses la moitié de l’année puisque le sol est toujours froid et boueux mais je mets aussi mon jean préféré et un T-shirt seyant dont je remonte les manches. C’est pratique, mais cela me donne des belles fesses. Je peux bouger dans tous les sens et me salir un peu mais j’ai quand même l’impression d’être bien quand je me regarde dans le miroir. Une chemise un peu lâche avec les manches remontées, un pull en cachemire légèrement rétréci, une nouvelle paire de baskets blanches, quelques bijoux dorés et cela suffit pour donner l’impression que “j’ai réfléchi à mon look mais ce n’est quand même pas la seule chose qui m’occupe”.
Tu nous as dit qu’un de tes vêtements préférés était un T-shirt de concert hérité de ton père (que tu portes aujourd’hui avec cette fantastique combinaison !). Pourquoi ? Qu’est-ce que cela veut dire pour toi ? Peux-tu nous raconter comment tu l’as découvert et pourquoi il est devenu si précieux à tes yeux ?
Déjà dans mon enfance, je détestais porter des nouveaux T-shirts – ils me semblent raides, m’enfermaient, n’avaient pas d’importance. Et puis j’ai découvert un sac avec des vieux T-shirt dans le placard de mon père quand j’avais à peu près 12 ans (j’étais à la recherche de ses chaussons LL Bean pour m’y pelotonner) et je me suis dit “voilà à quoi le coton devrait toujours ressembler”. Là, je ne pouvais plus revenir en arrière. Heureusement, après en avoir trouvé un, j’en ai découvert une dizaine d’autres.
Je me sens aussi vraiment chanceuse d’avoir ces petits bouts d’histoires sauvegardés comme ça, grâce à ma mère. Il y a des détails comme une côte très fine au col ou des manches sans ourlets qui en disent beaucoup sur une époque et on ne peut pas les reproduire aujourd’hui sans perdre une partie de l’histoire. Je repense à tous leurs voyages, aux gens qu’ils ont rencontrés et aux concerts qu’ils ont vus en portant ces T-shirts. Ces basiques sont vraiment importants pour moi et j’espère pouvoir continuer à les porter jusqu’à mes 90 ans – imagine un peu !
Tu as naturellement bon goût, depuis les jolies fleurs posées sur la table jusqu’aux gros meubles comme ce canapé en cuir vintage. Est-ce que cela a toujours été le cas ? Ou as-tu appris à bien choisir ? Quelle approche as-tu envers la décoration, pas seulement pour ton style mais aussi pour les intérieurs ?
Il faut que je remercie quelques personnes et répéter que, lorsque je choisis d’acheter quelque chose ou d’y consacrer du temps et de l’énergie, c’est le plus souvent pour les gens que j’aime – pour qu’ils se sentent uniques.
Ma mère, cette éternelle source d’énergie, était tout à fait du style à mettre la jolie nappe sur la table, cueillir quelques hibiscus dans le jardin, mettre de la musique de Earth, Wind & Fire, préparer un bol de chocolat et de berries, juste parce que c’était jeudi. Elle voulait vraiment célébrer le quotidien et s’entourer (et nous avec) de beauté. Mon futur époux, Sohail, est comme ça aussi. Il scrute les sites de ventes aux enchères à la recherche de mobilier ou de lampes au superbe design ou avec des détails délicats ; il peut dénicher une belle pièce de poterie sous une pile de déchets chez un antiquaire et sa cuisine ! Comme tu l’as vu, c’est de l’art… Tous nos espaces sont le produit de son regard talentueux. Je me sens chanceuse d’être entourée par de tels esthètes et leurs choix m’ont aidée à former mon goût, en m’encourageant progressivement à prendre en compte les détails.