Atelier Doré

Ce portrait de Phoebe Philo, réalisé par David Sims pour Vogue en 2013, va bientôt devenir iconique, s’il ne l’est pas déjà. Les photos iconiques deviennent iconiques parce que chacun peut se voir dedans, ou voir dedans quelque chose qu’il souhaiterait reproduire. Personnellement, j’aimerais tout reproduire de cette photo, sauf ce sac de la taille d’un chien à ses pieds. Une journaliste mode qui a analysé toutes les subtilités de cette photo lorsqu’elle est devenue virale a décrit le sac comme “un chien assis à ses pieds”. Je dois avouer que je ne me souviens plus du nom de cette journaliste mais sa description du sac est gravée dans mon cerveau.

Je n’aime pas les sacs qui font la taille d’un animal domestique. Je suis là pour vous parler de quelque chose qui n’est pas du tout du style de Phoebe et écrire une ode au petit sac noir, ou le PSN comme j’aime le décrire.

Le PSN, la belle-soeur moche de la PRN (la “Petite Robe Noire”, au cas où vous avez du mal à suivre nos acronymes). C’est la PRN qui reçoit tous les éloges et toute l’attention. Elle finit toujours par se trouver systématiquement dans toutes les listes “d’essentiels” qui aident les femmes à construire leur garde-robe. Et le sac qui l’accompagne sur les mêmes listes d’essentiels ? Un sac imposant où vous pouvez facilement mettre toutes vos affaires pour les emporter partout avec vous. Parce que toutes les femmes modernes ont besoin d’emporter toutes leurs possessions avec elle en permanence pour… je ne sais pas ? Réparer un pneu ? Composer un bouquet ? Mesurer des meubles Ikea ?

Le PSN, c’est un cri de ralliement contre nos dos fatigués et nos pinces à épiler perdues. Sa taille à elle seule vous demande clairement ce dont vous avez vraiment besoin pour la journée. Qu’est-ce que vous allez vraiment toucher et utiliser dans ce sac de travail de la taille d’un dinosaure ? Votre portefeuille, votre téléphone, peut-être un rouge à lèvres, des clés, des lunettes de soleil, des airpods pour faire millenial et un tampon parce que vous êtes une femme adulte et que vous avez enfin compris qu’il fallait toujours avoir un tampon sur soi. JE BLAGUE. Personne ne maîtrise l’art d’avoir toujours un tampon sur soi, et ce n’est pas grave parce que c’est comme ça qu’on noue des liens dans les toilettes des femmes.

Et maintenant, avec ces produits de base, et seulement ces produits de base glissés dans votre PRN, vous pouvez BOUGER. Un concept innovant que je préfère suivre plutôt que de me demander où je peux caser mon énorme sac de la taille d’un chien (je n’ai ni le bon réseau ni l’argent nécessaire pour avoir mon sac Céline à mes pieds en permanence en priant pour qu’il reste dans un état suffisamment présentable) ou me demander si mon sac va tenir dans un métro bondé ou renverser le matcha artistiquement servi de quelqu’un en marchant dans un café de la taille d’une cabine téléphonique.

J’ai mieux compris mon malaise face à la taille des sacs à main féminins en lisant cet article de The Cut qui interroge la tendance des femmes à ressembler à des mules alors que les hommes se contentent de mettre les mains dans les poches et de dire que ça suffit. Nos sacs (et donc nous) ne devraient pas être les seules choses en charge de maintenir l’ordre du monde.

Bon, je vais avouer et dire que mon sac de travail est plus grand qu’un PSN parce que mon ordinateur doit tenir dedans. Mais le vendredi soir, quand le weekend arrive, j’abandonne ce sac et mon identité de femme qui travaille pour quelque chose de plus léger et, finalement, beaucoup plus moderne selon moi, un PSN.